École nationale professionnelle

Une école nationale professionnelle (ENP) est, dans le système éducatif français, un ancien établissement secondaire d'enseignement technique. Ce type d'établissement a été créé en 1880 et remplacé en 1960 par les lycées techniques d'État. Une trentaine d'écoles de ce type a existé. Elles avaient pour mission de former des contremaîtres et de préparer aux concours d'admission aux écoles d'arts et métiers.

École nationale professionnelle d'Armentières, début XX^e siècle.

Histoire

Les écoles nationales professionnelles trouvent leur origine dans la loi du 11 décembre 1880 créant des « écoles manuelles d'apprentissage »[grec 1], loi promue par Jules Ferry, à la fois ministre de l'Instruction publique et président du Conseil[1]. Les modalités d'application de cette loi sont précisées par le décret d'application du 30 juillet 1881, qui dispose[grec 2] - [1] :

« Art. 1^er. — Les écoles manuelles d'apprentissage, qui font l'objet de la loi du 11 décembre 1880, sont divisées en deux catégories :
1^o Les écoles manuelles d'apprentissage publiques ou libres, fondées en vue de développer chez les jeunes gens qui se destinent aux professions manuelles la dextérité nécessaire et les connaissances techniques ;
2^o Les écoles publiques d'enseignement primaire complémentaire dont le programme comprend des cours ou des classes d'enseignement professionnel et les écoles libres à la fois primaires et professionnelles. »

Les écoles nationales professionnelles correspondent à la première catégorie[1]. Les quatre premières d'entre elles sont créées à Vierzon (1881), Armentières (1882), Voiron (1882) et Nantes (1898)[2], sous le nom d'« écoles nationales d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage »[3]. Leur dénomination est fixée en « écoles nationales professionnelles » par le décret du 13 février 1903[grec 3] - [2].

D'autres écoles nationales professionnelles voient ensuite le jour dans l'entre-deux-guerres et après la Seconde Guerre mondiale, pour arriver à un total d'une trentaine, dont six pour filles[2] (ces écoles n'étant pas mixtes).

De plus l'école nationale d'horlogerie de Besançon (actuel lycée Jules-Haag) et l'école nationale d'horlogerie de Cluses reçoivent en 1948 le statut d'écoles nationales professionnelles d'horlogerie (ENPH)[alpha 1] - [4] - [2].

Le décret du 6 janvier 1959[grec 4] transforme les écoles nationales professionnelles en lycées techniques d'État[5].

Caractéristiques

Les écoles nationales professionnelles, réparties en particulier dans les centres industriels traditionnels, étaient des éléments très importants de l'enseignement technique en France entre 1880 et 1960. Elles étaient fortement corrélées aux écoles d'arts et métiers.

Liste

Commune	Département	Type	Création		Ouverture		Établissement actuel
Armentières	Nord	Garçons	10 mars 1882	[alpha 2]	10 octobre 1887	[6]	Lycée Gustave-Eiffel
Bourges	Cher	Filles	13 juillet 1925	[alpha 3]			Lycée Jacques-Cœur
Chalon-sur-Saône	Saône-et-Loire	Garçons	16 avril 1930	[alpha 4]			Cité scolaire Niepce-Balleure
Corte	Corse	Garçons	13 juillet 1925	[alpha 3]	jamais ouverte	[7]
Creil	Oise	Garçons	27 décembre 1927	[alpha 5]			Bâtiment désaffecté, transféré au lycée Marie-Curie de Nogent-sur-Oise[8]
Creil	Oise	Filles	31 mars 1932	[alpha 6]			Lycée Jules-Uhry
Dellys	Alger	Garçons	9 décembre 1950	[alpha 7]
Égletons	Corrèze	Garçons	16 avril 1930	[alpha 8]			Lycée Pierre-Caraminot
Épinal	Vosges	Garçons	15 novembre 1918	[alpha 9]
Limoges	Haute-Vienne	Garçons	31 mars 1931	[alpha 10]			Lycée Turgot
Lyon	Rhône	Garçons	13 juillet 1925	[alpha 3]
Lyon	Rhône	Filles	25 juillet 1936	[alpha 11]
Metz	Moselle	Garçons	16 avril 1930	[alpha 4]
Montluçon	Allier	Garçons	31 mars 1931	[alpha 10]
Morez	Jura	Garçons	13 juillet 1925	[alpha 3]			Lycée Victor-Bérard
Nancy	Meurthe-et-Moselle	Garçons	31 mars 1931	[alpha 10]			Lycée Henri-Loritz
Nantes	Loire-Atlantique	Garçons	13 octobre 1898	[alpha 12]	déjà ouverte[n 1]	[6]	Lycée Eugène-Livet
Oyonnax	Ain	Garçons	31 mars 1932	[alpha 6]			Lycée Paul-Painlevé
Poligny	Jura	Filles	16 avril 1930	[alpha 4]
Saint-Étienne	Loire	Garçons	13 juillet 1925	[alpha 3]			Lycée Étienne-Mimard
Saint-Ouen	Seine-et-Oise	Garçons	16 avril 1930	[alpha 4]			Bâtiment occupé par l'Institut supérieur de mécanique de Paris
Strasbourg	Bas-Rhin	Filles	27 septembre 1949	[alpha 13]
Tarbes	Hautes-Pyrénées	Garçons	25 juillet 1914	[alpha 14]			Lycée Jean-Dupuy
Thiers	Puy-de-Dôme	Garçons	13 juillet 1925	[alpha 3]			Lycée Jean-Zay
Toulouse	Haute-Garonne	Garçons	27 septembre 1949	[alpha 13]
Vierzon	Cher	Garçons	9 juillet 1881	[alpha 15]	1^er octobre 1887	[6]	Lycée Henri-Brisson
Vizille	Isère	Filles	30 mars 1929	[alpha 16]
Voiron	Isère	Garçons	26 juillet 1882	[alpha 17]	5 octobre 1886	[6]

Notes et références

Notes

Prend la suite de l'institution Livet ouverte depuis 1846.

Références

Meylan 1983, p. 31.
Meylan 1983, p. 36.
Gérard Bodé, « La dénomination de l'enseignement technique en France et en Allemagne, XIX^e et XX^e siècles », dans Georges Hanne (dir.) et Claire Judde de Larivière (dir.), Noms de métiers et catégories professionnelles : Acteurs, pratiques, discours (XV^e siècle à nos jours) (actes du colloque Langage du travail, travail du langage. Approche historique de l'identité professionnelle dans les dispositifs de nomination et d'enregistrement des personnes, organisé par le laboratoire France, Amériques, Espagne - Sociétés, pouvoirs, acteurs (FRAMESPA), Université Toulouse II, 22-24 octobre 2008), Toulouse, Presses universitaires du Midi, coll. « Méridiennes / Études médiévales ibériques », 2010, 367 p. (ISBN 978-2-912025-64-7, DOI 10.4000/books.pumi.33116, lire en ligne), p. 217–226.
Louis Bastain, « Nos écoles nationales professionnelles d'horlogerie », Annales françaises de chronométrie, vol. 19,‎ 7 janvier 1949, p. 95–96 (Bibcode 1949AFChr..19...95B, lire en ligne).
Meylan 1983, p. 41.
Meylan 1983, p. 33.
Lambert 2017.
Simon Gourru, « Creil : quel avenir pour le site de l'ancien lycée technique ? », Le Parisien, 23 septembre 2018.

Dans le Journal officiel de la République française (JORF), sur Gallica ou Légifrance :

Textes de portée générale :

Loi du 11 décembre 1880 sur les écoles manuelles d'apprentissage, JORF, n^o 340, 12 décembre 1880, p. 12213.
Décret du 30 juillet 1881 sur l'organisation des écoles manuelles d'apprentissage, JORF, n^o 209, 2 août 1881, p. 4301–4302.
Décret du 13 février 1903 réglant l'organisation et le fonctionnement des écoles nationales professionnelles d'Armentières, de Vierzon, de Voiron et de Nantes transférées du ministère de l'instruction publique et des beaux-arts au ministère du Commerce et de l'industrie par la loi de finances de l'exercice 1900, JORF, n^o 49, 19 février 1903, p. 1042–1043.
Décret n^o 59-57 du 6 janvier 1959 portant réforme de l'enseignement public, JORF, n^o 5, 7 janvier 1959, p. 422–430.
Exposé des motifs reproduit dans « Décret n^o 59-57 du janvier 1959 portant réforme de l'enseignement public », Enfance, vol. 13, n^o 1 « La Classe de Sixième »,‎ 1960, p. 101–109 (DOI 10.3406/enfan.1960.2224, lire en ligne).

Textes portant création des écoles :

Décret du 6 décembre 1948 portant attribution de la dénomination « écoles nationales professionnelles d'horlogerie » aux écoles nationales d'horlogerie de Besançon et de Cluses, JORF, n^o 289, 8 décembre 1948, p. 11940.
Décret du 10 mars 1882 portant création à Armentières (Nord) d'une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, n^o 73, 15 mars 1882, p. 1451.
Loi du 13 juillet 1925 portant fixation du budget général de l'exercice 1926, JORF, n^o 164, 14 juillet 1925, art. 248, p. 6586.
Loi du 16 avril 1930 portant fixation du budget général de l'exercice 1930-1931, JORF, n^o 93, 17 avril 1930, art. 160, p. 4230.
Loi du 27 décembre 1927 portant fixation du budget général de l'exercice 1928, JORF, n^o 301, 28 décembre 1927, art. 101, p. 13074.
Loi du 31 mars 1932 portant fixation du budget général de l'exercice 1932, JO, n^o 77, 1^er avril 1932, art. 116, p. 3355.
Arrêté du 9 décembre 1950 portant assimilation de l'école d'industrie de Dellys (Algérie) à une école nationale professionnelle, JORF, n^o 302, 23 décembre 1950, p. 13120.
Loi du 16 avril 1930 portant fixation du budget général de l'exercice 1930-1931, JORF, n^o 93, 17 avril 1930, art. 162, p. 4230 et Décret du 14 mai 1930 fixant le siège d'une école nationale professionnelle, JORF, n^o 121, 21 mai 1930, p. 5596.
Loi du 15 novembre 1918 ayant pour but la création d'une école nationale professionnelle d'industrie et de commerce à Épinal, JORF, n^o 313, 17 novembre 1918, p. 9944.
Loi du 31 mars 1931 portant fixation du budget général de l'exercice 1931-1932, JORF, n^o 77, 1^er avril 1931, art. 93, § 3, p. 3585.
Décret du 25 juillet 1936 transformant l'école pratique de commerce et d'industrie de jeunes filles de La Martinière, de Lyon, en école nationale professionnelle, JORF, n^o 175, 27 juillet 1936, p. 7906.
Décret du 13 octobre 1898 portant création à Nantes d'une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, n^o 286, 21 octobre 1898, p. 6467–6468.
Décret du 27 septembre 1949 relatif à l'ouverture d'écoles nationales professionnelles, JORF, n^o 231, 30 septembre 1949, p. 9715.
Loi du 25 juillet 1914 ayant pour objet la création d'une école nationale professionnelle à Tarbes, JORF, n^o 213, 6 août 1914, p. 7228.
Décret du 9 juillet 1881 créant à Vierzon (Cher) une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, n^o 187, 10 juillet 1881, p. 3802–3803.
Loi du 30 mars 1929 portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice 1928 au titre du budget général et des budgets annexes, JORF, n^o 77, 31 mars 1929, art. 60, p. 3782.
Décret du 26 juillet 1882 portant création à Voiron (Isère) d'une école nationale d'enseignement primaire supérieur et d'enseignement professionnel préparatoire à l'apprentissage, JORF, n^o 204, 28 juillet 1882, p. 4051.

Bibliographie

Françoise Meylan, « De l'école nationale professionnelle au baccalauréat de technicien ou l'évolution d'une filière de l'enseignement technique », Formation Emploi : Revue française de sciences sociales, n^o 4,‎ 1983, p. 29–46 (DOI 10.3406/forem.1983.1051, lire en ligne).
Guy Lambert, « L'architecture des écoles nationales professionnelles dans l'entre-deux-guerres : Le pragmatisme d'une politique centralisée », Histoire de l'éducation, n^o 147 « Les lieux de l’enseignement technique (XIX^e – XX^e siècles) »,‎ 2017, p. 147–176 (DOI 10.4000/histoire-education.3311, lire en ligne).
Jean-Louis Eytier, « 1881 : Ces ENP qui ont nourri l'École », sur Arts & Métiers Mag, École nationale supérieure d'arts et métiers, 28 février 2017.
André Colas, Michel Claude et Georges Duhaut (préf. Paul Le Rolland), Les Écoles nationales professionnelles de France, 1895-1945 (à l'occasion du cinquantenaire de la Société amicale), Paris, Société amicale des anciens élèves des ENP, 1947, 259 p. (lire en ligne).

Sources primaires :

Ministère de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts, Écoles nationales professionnelles (Vierzon, Voiron, Armentières), Paris, Imprimerie nationale, coll. « Mémoires et documents scolaires publiés par le Musée pédagogique » (n^o 56), 1888, 48 p. (BNF 33360539, lire en ligne)
J. Roux, Les écoles nationales professionnelles (Armentières, Nantes, Vierzon, Voiron) : But, organisation, fonctionnement, conditions d'admission, sujets de concours, Paris, Vuibert, 1916, 56 p. (BNF 31261855, lire en ligne).

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