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Zibans

Les Zibans forment une région d'Algérie, située à cheval sur l'Atlas saharien et le Sahara, dont la ville principale est Biskra.

Zibans
Image illustrative de l’article Zibans
Localisation des Zibans en Algérie.

Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Subdivision administrative wilaya de Biskra, wilaya d'Ouled Djellal
Villes principales Biskra, Ouled Djellal, Sidi Okba, Tolga
SiĂšge du pays Biskra
Production Dattes
MaraĂźchage
Population totale 600 000 hab. (2008)
RĂ©gions naturelles
voisines
Souf, Oued Righ, AurĂšs
RĂ©gions et espaces connexes Grand erg oriental

Les Zibans sont la région saharienne la plus peuplée du pays et disposent de riches palmeraies qui produisent la plus grande quantité de Deglet nour.

Toponymie

Le nom de la rĂ©gion se rĂ©fĂšre Ă  un groupe d'oasis (en berbĂšre, zab (pluriel ziban[1]) signifie « oasis »). Il n'aurait aucun rapport avec la thĂšse arabisante ; la racine zĂąba indique l’instabilitĂ© et signifie, en outre, boire Ă  grands traits, en se dĂ©pĂȘchant ; ou la racine zĂąba peut signifier « couler », en parlant d’eau.

Le nom zabest peut-ĂȘtre en relation avec Zabi, ville romaine Ă  proximitĂ© du Hodna[2]. Le « pays de ZabĂš » est employĂ© Ă  l’époque byzantine et « bilād al-Zāb » Ă  l’époque mĂ©diĂ©vale[3]. Dans l’AntiquitĂ©, le terme de Zabenses, est motionnĂ© par une dĂ©dicace des environs de Berrouaghia et la Zabi, ou Zabe Justiniana, l'actuelle M'Sila sur la rive nord du Hodna, car la rĂ©gion de Berrouaghia est l’exutoire de la rĂ©gion du Hodna[4]. Deux siĂšges zabenses sont Ă©galement mentionnĂ©s dans la Notitia de 484 : l’un en Numidie (n° 70) et l’autre en SĂ©tifienne (n° 40)[4].

Au moyen Âge, le vocable ZĂąb Ă©tait employĂ© par les auteurs arabes pour dĂ©signer une vaste province s'Ă©tendant, de TĂ©bessa Ă  M'Sila. Elle Ă©tait dĂ©limitĂ©e au nord par le massif de l'AurĂšs et au sud par les sables du Sahara[1].

Le ZĂąb connut ensuite une Ă©volution territoriale significative. AprĂšs une subdivision en deux parties au cours du XIIe siĂšcle – le ZĂąb supĂ©rieur et le ZĂąb infĂ©rieur, la rĂ©gion du Hodna, soit le ZĂąb supĂ©rieur, se dĂ©tache de la province pour former une entitĂ© gĂ©ographique et humaine distincte. Le ZĂąb du XIVe siĂšcle n'englobait plus que Biskra et sa rĂ©gion (divisĂ©e en trois zones). À partir de cette pĂ©riode, le mot Ziban remplace celui de ZĂąb pour dĂ©signer la rĂ©gion[1].

Les Français ont repris ensuite le terme dans leur terminologie administrative, parfois sous la forme plurielle de Zibans. Biskra est dĂ©signĂ© Ă  l’époque coloniale, comme la reine des Ziban[4].

GĂ©ographie

Les Zibans sont des oasis de piémont saharien qui s'allongent au sud des monts du Zab et de l'AurÚs[5]. Située au nord du Bas-sahara, la région des Zibans constitue un contact entre deux domaines morpho-structuraux nettement différents : l'Atlas saharien et le Sahara[6].

La rĂ©gion se prĂ©sente comme un plan inclinĂ©, surbaissĂ© et court correspondant Ă  la frange nord de la cuvette du bas Sahara et commençant Ă  100 m d’altitude pour se terminer dans les Ă©tendues salĂ©es du Chott Melrhir, Ă  40 m sous le niveau de la mer. Elle couvre environ 150 km, sur 40 km[2].

Le climat est influencé par un climat semi-aride à tendance méditerranéenne des hautes plaines et l'Atlas saharien et les influences du climat désertique du Sahara[6]. Favorisée par sa position au pied des reliefs atlasiques, cette région est une exception dans le Bas-sahara du fait qu'elle utilise les eaux de surface et les eaux souterraines. Les oasis sont arrosées par le bassin de l'oued Djedi-Biskra[6].

Biskra, qui joue le rÎle de capitale régionale[7], se trouve au débouché d'une vallée entre les monts du Zab[8] et le massif de l'AurÚs reliant le nord et le sud. Les Zibans sont l'un des quatre « pays » qui constituent le Bas-Sahra, avec le Souf, l'Oued Righ et l'Oued Mya (Ouargla)[9].

La région est divisée en trois zones[1] :

  • le Zab occidental ou gharbi, piĂ©mont des monts du Zab[7] ;
  • le Zab oriental ou chergui[7] ;
  • le Zab central.
  • Monts du Zab prĂšs du col de ChaĂŻba.
    Monts du Zab prĂšs du col de ChaĂŻba.
  • Une palmeraie sur le piĂ©mont.
    Une palmeraie sur le piémont.
  • Une palmeraie dans la plaine.
    Une palmeraie dans la plaine.

Histoire

Période antique et médiévale

La région des Zibans était habitée depuis la préhistoire[10]. Le palmier y est introduit et répandu il y a plus deux millénaires[2]. Dans l'Antiquité, ce pays correspondait à des parties de la Gétulie et de la Mauretanie sitifienne. Les Romains établissent des camps militaires dont Veskera, sur l'emplacement de l'actuelle Biskra[10], ainsi que Gemellae, Tolga et Tabouda[2].

Le conquĂ©rant arabe Oqba ibn Nafi est tuĂ© Ă  proximitĂ© de l’oasis qui allait prendre son nom[2]. AprĂšs la conquĂȘte musulmane du Maghreb, le Zab Ă©tait un territoire dotĂ© de plusieurs centres urbains, mais c’était aussi un vaste espace de nomadisme. Ce pays est en grande partie ZĂ©nĂšte ou Louata[1]. La rĂ©gion avait une grande importance pour les gouverneurs omeyyades puis abbassides de Kairouan. La majoritĂ© des gouverneurs de la province accĂšdent par la suite Ă  la wilaya de toute l'Ifriqiya[1].

Toutefois, la rĂ©gion connaĂźt la diffusion du courant ibadite qui a entraĂźnĂ© l'intĂ©gration des communautĂ©s rurales au territoire de l'imamat de Tahert. AprĂšs un demi-siĂšcle, les communautĂ©s ibadites du Zab se rĂ©organisĂšrent en deux branches rivales, le wahbisme et le nukkĂąrisme[1]. Cette pĂ©riode coĂŻncide avec l'intensification de l'activitĂ© de propagande des Chiites faáč­imides et des Sunnites malikites Ă  partir des centres urbains. Ce qui provoqua une rĂ©volte sous le commandement d'Abu Yazid, suivie par d'autre dissidences contre les Fatimides. Biskra et sa rĂ©gion passent ensuite sous le contrĂŽle des Hammadides[1].

Sidi Okba durant la période coloniale au XIXe siÚcle

Menacées par les dynasties du Maghreb septentrional, les communautés ibadites sont progressivement exilés vers les oasis ou disparaissent totalement. L'arrivée des Hilaliens, provoque la formation d'une nouvelle carte socio-religieuse dans la région et un mouvement migratoire des ZénÚtes vers l'ouest et le sud. L'émergence de réseaux mystiques sunnites entraßne une malikisation progressive de la population[1].

Ibn Khaldoun dĂ©crit la rĂ©gion au XIVe siĂšcle : « Le Zab est un pays Ă©tendu, renfermant de nombreux villages, assez rapprochĂ©s les uns des autres et dont chacun s’appelle un zab. Le premier est le Zab de Doucen; ensuite on trouve le Zab de Tolga, le Zab de Melili, et ceux de Biskera, de Tehouda et de Badis. Biskera est la mĂ©tropole de tous les villages zabiens »[11]. Biskra s'impose au XIVe siĂšcle comme la vĂ©ritable capitale du Zab, sous la famille des BĂ©ni Mozni, qui s'appuyaient tour Ă  tour sur les diffĂ©rentes dynasties du Maghreb et les tribus nomades du Sahara pour imposer leur hĂ©gĂ©monie[11]. Au dĂ©but du xvie siĂšcle, LĂ©on l'Africain traite le Zab en tant que province du royaume de BĂ©jaĂŻa[12].

PĂ©riode contemporaine

Timbre postal représentant la résistance de Zaatcha.

Les deys d’Alger et les beys de Constantine ne s’y rendaient qu’une fois par an, et avec de fortes troupes, pour lever l’impĂŽt. Hassan Agha avait donnĂ© Ă  Ali Bou Akkaz, le titre de Cheikh El Arab avec le commandement des tribus du Zab[13]. Durant la pĂ©riode de Ahmed Bey, le Cheikh El Arab commandait toujours le Zab de Biskra[14].

À la veille de la conquĂȘte coloniale, les Ziban, comportaient 38 oasis rĂ©putĂ©es pour l'importance de leurs palmeraies et la qualitĂ© de leurs dattes que les commerçants locaux allaient vendre jusqu'Ă  Alger[15].

L’émir Abd El-Kader entra Ă  Biskra en 1839[2]. Les Français, commandĂ©s par le duc d’Aumale, le conquirent en 1844. C’est dans le Zab du Nord qu’éclata en 1849 l’insurrection de Zaatcha aprĂšs la soumission de l'Ă©mir Abd El-Kader en , qui dĂ©tenait tout le Zab[15]. Son chef, Bouziane souleva toute la rĂ©gion ainsi que les AurĂšs et la confrĂ©rie soufie de la Rahmaniyya[2]

Pendant toute l’époque ottomane, puis française, la rĂ©gion est dominĂ©e par deux grandes familles, les Bouakkaz et les Ben Ganah, qui s’y disputĂšrent le pouvoir[2].

Population

À l'instar du reste du Bas-Sahara, les Zibans sont la rĂ©gion saharienne la plus peuplĂ©e, devant le Souf et l'Oued Righ. En 2008, elles comptent 600 000 habitants[16].

Les langues parlées sont l'arabe algérien (dialecte de l'est) et le chaoui : dialecte berbÚre parlé surtout dans le nord des Zibans.

Économie

Oasis de Tolga

SituĂ©e Ă  l'extrĂȘme nord de la zone dactylifĂšre, les Zibans possĂšdent des riches palmeraies[7]. La rĂ©gion prĂ©sente une grande variĂ©tĂ© : les oasis sont localisĂ©es tantĂŽt en sĂ©rie sur le haut du piĂ©mont, tantĂŽt loin au cƓur des plaines. Elles sont irriguĂ©s soit par eaux profondes, soit par les crues des oueds descendant des AurĂšs-Nemencha ; les unes sont vouĂ©es Ă  la monoculture du palmier, les autres sont tournĂ©es vers les cultures maraĂźchĂšres[17].

Au milieu des années 2000, les Zibans comptaient plus d'un 2 million de palmiers[18]. Le Zab al-Gharbi qui possÚde d'importantes ressources hydrauliques, concentre les trois-quarts des palmeraies. Les palmeraies les plus importantes, sont Biskra, Tolga, Doucen et Ouled Djellal[19]. Dans le Zab oriental, autour de Sidi Okba, les conditions sont moins favorables ; l'apport en eau est assuré par le seul ruissellement[7]. La région est devenue un des principaux foyers de production maraßchÚre de toute l'Algérie[18].

Les dattes de qualités y sont également favorisées par le climat, trÚs sec et trÚs chaud[17]. La région produit la plus grande quantité de Deglet nour[7]. Les oasis sont toutes aujourd'hui reliées par route[17].

Notes et références

  1. Allaoua Amara, « Entre le massif de l’AurĂšs et les oasis : apparition, Ă©volution et disparition des communautĂ©s ibñᾍites du ZĂąb (viiie – xive siĂšcle) », Revue des mondes musulmans et de la MĂ©diterranĂ©e, no 132,‎ , p. 115–135 (ISSN 0997-1327, DOI 10.4000/remmm.7837, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. Marc CĂŽte, “Zāb”, EncyclopĂ©die de l’Islam. PremiĂšre publication en ligne: 2010
  3. Ahmed M'Charek, « ContinuitĂ© de l’ethnonymie, continuitĂ© du peuplement au Maghreb, de l’antiquitĂ© Ă  nos jours : le cas des avares (haouara) et dianenses ou zanenses (zanāta) », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 159, no 1,‎ , p. 468 (DOI 10.3406/crai.2015.95527, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Pierre Morizot, Romains et BerbĂšres face Ă  face, Errance, (ISBN 978-2-87772-858-4, lire en ligne), p. 34
  5. Éditions Larousse, « EncyclopĂ©die Larousse en ligne - monts du Zab ou monts des Ziban », sur www.larousse.fr (consultĂ© le )
  6. Salah Aidaoui, « Ressource en eau et amĂ©nagement hydro-agricole dans la rĂ©gion de Biskra ”Ziban” [AlgĂ©rie] », ThĂšse, UniversitĂ© Nancy 2,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. G. Camps, « Dattes/Dattiers », EncyclopĂ©die berbĂšre, no 15,‎ , p. 2234–2245 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2224, lire en ligne, consultĂ© le )
  8. Cf. carte Michelin 743, « Algérie Tunisie »
  9. Marc Coté, La ville et le désert : le bas-Sahara algérien, KARTHALA Editions, , 306 p. (ISBN 978-2-84586-733-8, lire en ligne), p. 203
  10. M A Haddadou, « Mon beau pays : Les Ziban (II) », sur Djazairess, (consulté le )
  11. SaĂŻd Belguidoum et Aines Boudinar, « Les citĂ©s du Bas-Sahara. ElĂ©ments d'histoire urbaine », Les mutations de la ville saharienne – Approches croisĂ©es sur le changement social et les pratiques urbaines, FacultĂ© des Sciences Sociales et Humaines-UniversitĂ© Kasdi Merbah, Ouargla.,‎ , p. 4,14 (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Samira Haoui, « L’identification des rĂ©seaux d’oasis prĂ©coloniaux dans le Zab occidental (AlgĂ©rie, Wilaya de Biskra) Ă  travers le systĂšme d’irrigation traditionnel », Revue des mondes musulmans et de la MĂ©diterranĂ©e, no 149,‎ , p. 213–236 (ISSN 0997-1327, DOI 10.4000/remmm.16049, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Mahfoud Kaddache, L'Algérie durant la période ottomane., Alger, Alger : O.P.U., , 239 p. (ISBN 978-9961-0-0099-1), p. 66
  14. EugĂšne Vayssettes, Histoire de Constantine sous la domination turque, 1517-1837, Editions BouchĂšne, , 256 p. (ISBN 978-2-35676-094-4, lire en ligne), p. 34
  15. Bernard Nantet, Le Sahara : Histoire, guerres et conquĂȘtes, Paris, Tallandier, , 399 p. (ISBN 979-10-210-0239-5, lire en ligne), p. 112
  16. YaĂ«l Kouzmine et Jacques Fontaine, « DĂ©mographie et urbanisation au Sahara algĂ©rien Ă  l’aube du XXIe siĂšcle », Les Cahiers d’EMAM En ligne, 30 | 2018, mis en ligne le 18 avril 2018, consultĂ© le 29 dĂ©cembre 2019. DOI : 10.4000/emam.1426
  17. Marc CÎte, Guide d'Algérie : paysages et patrimoine, Algérie, Média-Plus, , 319 p. (ISBN 9961-922-00-X), p. 264
  18. Yaël Kouzmine, Le Sahara algérien : Intégration nationale et développement régional, Paris, L'Harmattan, , 291 p. (ISBN 978-2-336-00418-1 et 2-336-00418-6, lire en ligne), p. 66, 70
  19. M A Haddadou, « Mon beau pays : Les Ziban (I) », sur Djazairess, (consulté le )

Articles connexes

Articles connexes

Bibliographie

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