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Woman's Building (Los Angeles)

Le Woman's Building est un ancien centre artistique et éducatif à but non lucratif situé à Los Angeles, en Californie. Il se concentre sur l'art féministe et servait de lieu de rencontre pour le mouvement féministe. Il est dirigé par l'artiste Judy Chicago, la graphiste Sheila Levrant de Bretteville et l'historienne de l'art Arlene Raven[1]. Le centre a été ouvert de 1973 à 1991[2]. Pendant son existence, le Los Angeles Times a qualifié le Woman's Building de « Mecque féministe »[3] - [4].

Woman's Building
Le Woman's Building, vers 1978.
Présentation
Type
Fondation
Fermeture
Site web
Localisation
Localisation
Coordonnées
34° 04â€Č 12″ N, 118° 13â€Č 36″ O
Carte

Histoire

Le Feminist Studio Workshop

En 1973, les enseignantes du California Institute of the Arts, Ă  Los Angeles (CalArts), l'artiste Judy Chicago, la graphiste Sheila Levrant de Bretteville et l'historienne de l'art Arlene Raven en avaient fini d'essayer d'offrir une Ă©ducation fĂ©ministe dans une institution dominĂ©e par les hommes comme CalArts. Cette annĂ©e-lĂ , elles quittent l'institution et fondent le Feminist Studio Workshop (FSW)[3]. Cet atelier fĂ©ministe devient l'une des premiĂšres Ă©coles d'art indĂ©pendantes pour femmes, et s'articule autour d'un environnement d'atelier, permettant aux femmes de dĂ©velopper leurs compĂ©tences et connaissances artistiques en dehors d'un environnement Ă©ducatif traditionnel[5]. La vision du FSW est que l'art ne doit pas ĂȘtre sĂ©parĂ© des activitĂ©s liĂ©es au mouvement fĂ©ministe. À l'origine, le FSW se rĂ©unit au domicile de Bretteville, et en novembre 1973, les trois femmes commencent Ă  louer un espace d'atelier dans un bĂątiment vacant prĂšs de MacArthur Park[3], qu'elles appelent le Woman's Building, d'aprĂšs un bĂątiment de l'exposition universelle de 1893[6] - [7]. Le FSW sous-loue des espaces dans le bĂątiment Ă  des groupes de performance artistique, Ă  la librairie Sisterhood (« sororitĂ© »), Ă  l'Associated Women's Press, aux chapitres locaux de la National Organization for Women et de la Women's Liberation Union, ainsi qu'Ă  trois galeries : Womanspace Gallery, Gallery 707, et Grandview[8].

Nouveau bĂątiment

En 1975, le bùtiment que le FSW loue est vendu et la FSW, ainsi que les autres locataires, déménagent dans un ancien bùtiment de la Standard Oil Company datant des années 1920. Dans les années 1940, le bùtiment est transformé en entrepÎt, composé de trois étages d'espace ouvert, ce qui le rend idéal pour les cours et les expositions du FSW[2]. Cet espace devient la premiÚre organisation artistique à s'installer dans le centre-ville de Los Angeles, contribuant ainsi à la revitalisation du quartier au cours des années 1970 et 1980[3]. FSW devient le locataire principal aprÚs le départ des précédents petits locataires, et décide d'engager un administrateur et de créer un conseil d'administration pour gérer la croissance de l'organisation. Le FSW obtient des fonds grùce aux adhésions, aux frais de scolarité, aux collectes de fonds et aux subventions[2].

De nombreux programmes et groupes se forment au sein ou aprĂšs un passage au FSW. Celui-ci offre un programme de deux ans en arts interdisciplinaires, tels que la performance, les arts graphiques, l'art vidĂ©o et l'Ă©criture. Deena Metzger (en) a lancĂ© le programme d'Ă©criture qui comprenait une sĂ©rie d'Ă©criture continue. Parmi les lectrices de cette sĂ©rie, citons Meridel Le Sueur, Honor Moore (en), Audre Lorde et Adrienne Rich. L'atelier accueilli Ă©galement des expositions Ă  grande Ă©chelle, des Ă©vĂ©nements mĂ©diatiques et sociaux. De 1976 Ă  1980, les Feminist Art Workers font une tournĂ©e dans le Midwest avec des performances interactives et des installations. Un groupe de performance appelĂ© les Waitresses s'est formĂ© et s'est produit dans des restaurants en utilisant la serveuse comme mĂ©taphore des femmes dans la sociĂ©tĂ©. Le projet de sensibilisation Ă  l'inceste consiste en une sĂ©rie d'expositions interactives entre 1978 et 1979, dont une installation vidĂ©o, Equal Time and Equal Space (ÉgalitĂ© de temps et d'espace), rĂ©alisĂ©e par Nancy Angelo (en), dans laquelle les spectateurs sont assis autour de moniteurs vidĂ©o diffusant des vidĂ©os de survivants de l'inceste partageant leurs expĂ©riences. Une Ɠuvre collective, In Mourning and in Rage (En deuil et en rage), crĂ©Ă©e par Suzanne Lacy et Leslie Labowitz, met en scĂšne dix grandes femmes, portant des extensions de tĂȘte de 2 mĂštres de haut, drapĂ©es de noir, debout sur les marches de l'hĂŽtel de ville de Los Angeles. Chaque femme reprĂ©sente une victime de l'Ă©trangleur de Hillside et une statistique de la violence contre les femmes. Des Ɠuvres comme celles-ci ont contribuĂ© Ă  façonner la scĂšne de la performance artistique contemporain[3]. Un autre collectif, Mother Art, crĂ©e des installations et des performances qui abordent les problĂšmes auxquels ses membres sont confrontĂ©es en tant que mĂšres et artistes[9].

L'artiste Sheila Levrant de Bretteville conçoit un collier d'un anneau de levage sur une chaßne, censé représenter « la force sans poing » (« strength without a fist » ; les membres du FSW fabriquent en 1978-1979 environ 500 de ces colliers pour célébrer le cinquiÚme anniversaire du Woman's Building[10].

AprĂšs avoir fondĂ© en 1977 le Lesbian Art Project, un mouvement d'art participatif (en) fĂ©ministe et lesbien[11], les artistes du Woman's Building lancent en 1979 un appel national aux artistes lesbiennes pour qu'elles organisent des expositions de leurs Ɠuvres dans le cadre du Great American Lesbian Art Show, dans le bĂątiment[12].

Années 1980 et fin

En 1981, le Feminist Studio Workshop ferme, en raison de la diminution de la demande d'éducation alternative. Avec la fermeture du FSW, les programmes du Woman's Building sont modifiés pour répondre aux besoins des femmes qui travaillent. Les heures d'ouverture du bùtiment sont réduites et les deux tiers de celui-ci sont loués à des artistes comme espace d'atelier. Cette année-là, les trois membres fondatrices quittent l'association et ce sont d'anciennes étudiantes, Terry Wolverton, Sue Maberry et Cheri Gaulke (en), qui dirigent l'organisation. Elles lancent les Vesta Awards, une collecte de fonds annuelle[3].

Le groupe de performance Sisters of Survival, se forme en 1981, expose et fait une tournĂ©e Ă  travers les États-Unis et l'Europe pour protester contre la prolifĂ©ration des armes nuclĂ©aires[13].

Cette année-là, le Woman's Building fonde le Women's Graphic Center Typesetting and Design, une entreprise à but lucratif destinée à renforcer ses finances et à soutenir ses activités artistiques. Elle fournit des services de photocomposition, de conception graphique, de production et d'impression. Cependant, en 1988, le Women's Graphic Center ferme ses portes, et les revenus destinés aux salaires du personnel ont disparu. Wolverton est la seule directrice exécutif de 1988 à avant de partir. Pauli De Witt remplace Wolverton, mais ne reste que briÚvement et ne réussit pas à sauver l'organisation sur le plan financier. AprÚs son départ, un conseil d'administration composé de 13 membres gÚre le Woman's Building[3].

Le Woman's Building ne s'en remet jamais et, malgré les pressions exercées pour qu'il déménage dans un autre lieu[3], il ferme la galerie et la salle de spectacle en 1991[2]. Il continue à organiser les Vesta Awards, avec la conférenciÚre d'honneur Lucy Lippard, et les recettes sont consacrées à la rédaction d'une histoire orale de l'organisation[3].

Postérité

En 1991, Sandra Golvin, présidente du conseil d'administration, fait don des archives du Woman's Building aux Archives of American Art de la Smithsonian Institution[2]. D'autres collections d'archives se trouvent au Getty Research Institute et aux ONE Archives, tous deux à Los Angeles[14] - [15].

Le Woman's Building et son héritage ont fait l'objet d'une grande exposition intitulée « Doin It In Public : Feminism and Art at the Woman's Building » (Faire ça en public : le féminisme et l'art au Woman's Building) à la Ben Maltz Gallery (en) de l'Otis College of Art and Design en 2011-2012[16]. L'exposition faisait partie de l'initiative du Getty, Pacific Standard Time[17]. L'exposition était accompagnée d'un catalogue en 2 volumes, et d'un site web qui comprend des informations historiques sur le Woman's Building[18].

Le 8 juin 2018, le conseil municipal de Los Angeles a désigné le Woman's Building comme monument culturel historique[19].

Notes et références

  1. (en) « Los Angeles’ Woman’s Building remembered », sur jwa.org, (consultĂ© le ).
  2. (en) Diana L. Shenk et Rihoko Ueno, « Woman's Building records, 1970-1992 », sur Smithsonian Institution (consulté le ).
  3. (en) Jan Breslauer, « Woman's Building Lost to a Hitch in 'Herstory' », sur Los Angeles Times, (consulté le ).
  4. (en-US) « Celebrating the Woman’s Building, ‘Feminist Mecca’ for art and culture », sur Los Angeles Blade: LGBTQ News, Rights, Politics, Entertainment, (consultĂ© le ).
  5. (en) « The Woman's Building », sur laconservancy.org, Los Angeles Conservancy (consulté le ).
  6. (en) Mike Sonksen, « The Legacy of the Woman's Building and How it Lives On », sur kcet.org, (consulté le ).
  7. « Celebrating The Woman's Building on International Women's Day », Otis College of Art and Design, Otis College of Art and Design (consulté le )
  8. (en) Judy Chicago, Through the Flower: My Struggle as A Woman Artist, Garden City, New York, Doubleday, (lire en ligne), p. 201–202.
  9. (en) Andrea Liss, Feminist Art and the Maternal, U of Minnesota Press, , 176 p. (ISBN 978-0-8166-4622-7, lire en ligne), p. 1-2.
  10. (en) « Hello Sheila! », sur sistersofjam.com (consulté le ).
  11. (en) « Lesbian Art: A partial Inventory », sur http://thewomansbuilding.org (consulté le ).
  12. (en) « Woman’s Building Timeline », sur womansbuilding.org (consultĂ© le ).
  13. Klein 2012, p. 129–136.
  14. (en) « Woman's Building records, 1960-2016, undated », sur Getty Research Institute (consulté le ).
  15. (en) « Woman's Building Records », sur Online Archive of California (consulté le ).
  16. (en) Susannah Magers, « From Los Angeles: Doin' It In Public: Feminism and Art at the Woman's Building », sur Art Practical (consulté le ).
  17. (en) « Woman's Building : Doin' It In Public », sur Otis College of Art and Design (consulté le ).
  18. (en) « "Doin' It In Public" Exhibition Explores History And Impact Of The Woman's Building (PHOTOS) », sur Huffington Post, (consulté le ).
  19. (en) « Status Update: The Woman's Building Earns Historic Cultural Monument Designation », sur L.A. Weekly, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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