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Wolff LĂ©vitan

Wolff Lévitan, né le à Misnitz (Myszyniec), en Russie (aujourd'hui en Pologne) et mort le dans le 16e arrondissement de Paris, est un entrepreneur français, fondateur du magasin Lévitan, à Paris.

Wolff LĂ©vitan

Biographie

Jeunesse et famille

Wolff Lévitan[1] naît le à Misnitz, en Russie, aujourd'hui en Pologne[2].

Il épouse Berthe Bleustein (sœur de Marcel Bleustein-Blanchet[3]), née le dans le 18e arrondissement de Paris et morte le dans le 16e arrondissement de Paris[4]. Ils ont deux enfants dont Jacqueline Myriam Lévitan (épouse Bokanowski)[5].

Il est l'oncle d'Elisabeth Badinter.

Le magasin LĂ©vitan

Anciens magasins LĂ©vitan.

Le magasin Aux Classes Laborieuses au 85 rue du Faubourg-Saint-Martin est installé depuis 1899 dans le 10e arrondissement de Paris[6].

La société anglaise Aux Classes Laborieuses Limited achète un immeuble situé au 46-48 boulevard de Strasbourg puis, peu après, l’immeuble au dos de celui-ci[6].

Le magasin vend des textiles, des tissus d’ameublements, des vêtements, des jouets, de la vaisselle, etc. Il fait partie des grands magasins de l’époque. Le nom Aux Classes Laborieuses vient du fait que les produits sont vendus à prix bas, à la classe populaire[6].

À la suite de la Première Guerre mondiale, l'entreprise doit louer le bâtiment quelque temps, puis le vendre[6]. En 1920, Wolff Lévitan acquiert l'immeuble, aux nos 85-87 rue du Faubourg-Saint-Martin, et devient le premier fabricant français de meubles[6].

Il demande à son beau-frère Marcel Bleustein-Blanchet, pionnier du métier de publicitaire, futur fondateur du groupe Publicis, de l'aider dans la promotion de son affaire[7].

Le camp LĂ©vitan

En 1940, les Allemands confisquent le magasin Lévitan avec tout son inventaire, y compris les caisses enregistreuses. Les meubles sont envoyés en Allemagne.

Le magasin devient un camp de travail forcé, le Lager-Ost (camp est), annexe parisienne de Drancy. Les trois premiers étages sont utilisés pour la marchandise ; le 4e est transformé en un dortoir rudimentaire pour les 795 prisonniers juifs sélectionnés du camp de Drancy[8].

Le , cent vingt internés juifs sont transférés du camp de Drancy au magasin Lévitan. Ils sont les premiers détenus de trois camps satellites dans Paris : Lévitan, Austerlitz et Bassano.

De à , environ 800 prisonniers vont constituer la main d'œuvre de travail forcé, d'une durée de quelques semaines à un an. Cent soixante-quatre de ces prisonniers sont déportés[9].

Après la guerre

L'immeuble est rendu à Wolff Lévitan après la Seconde Guerre mondiale.

Il meurt à son domicile du 16e arrondissement de Paris le [10] - [11]. Il est inhumé au cimetière parisien de Bagneux.

Postérité

L'entreprise décline au milieu des années 1970. En 1990, l'immeuble est vendu. Les lieux sont à l'abandon jusqu'en 2000.

Ironie de l'histoire, la société BETC, agence de publicité filiale de Havas, un des principaux concurrents de Publicis, est aujourd'hui installée dans l'ancien immeuble Lévitan[6] - [12]. En 2017, Leboncoin s’installe également dans les locaux.

Notes et références

  1. (en) David Lewis, The Story of a Store – How Nazis Robbed the Jews of Paris sur triumphofthewill.info.
  2. (en) « Wolff Lévitan (1885-) », sur wikitree.com (consulté le ).
  3. Trois sœurs de Marcel Bleustein-Blanchet ont épousé trois frères Levitan ; cf. Jean-Claude Daumas, Alain Chatriot, Danièle Fraboulet, Hervé Joly (dir.), Dictionnaire historique des patrons français, Flammarion, , p. 47.
  4. (en) Berthe Levitan (Bleustein) sur geni.com.
  5. (en) Jacqueline Myriam Bokanowski (LĂ©vitan) sur geni.com.
  6. Aux Classes Laborieuses - Le magasin Lévitan - Le siège du Bon Coin sur paris-promeneurs.com.
  7. Marcel Bleustein-Blanchet, créateur du slogan « Un meuble signé Lévitan est garanti pour longtemps » et de la publicité radiophonique l'illustrant :
    « Bien l'bonjour M'sieur Lévitan
    Vous avez des meubles, vous avez des meubles
    Bien l'bonjour M'sieur LĂ©vitan
    Vous avez des meubles qui durent longtemps »
  8. (en) Inside the Paris Department Store where Nazis Shopped for Stolen Jewish Belongings sur messynessychic.com.
  9. (en) Jean-Marc Dreyfus & Sarah Gensburger, Nazi Labour Camps in Paris: Austerlitz, LĂ©vitan, Bassano, July 1943-August 1944, 2011.
  10. Acte de décès no 663/1965 de la commune de Paris (16e arr.).
  11. « M. Wolff Lévitan est mort », Le Monde du .
  12. Le bâtiment des publicitaires du faubourg Saint-Martin. Histoire. Vue de Paris. 2 mai 2016.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Marc Dreyfus et Sarah Gensburger, Des Camps dans Paris : Austerlitz, LĂ©vitan, Bassano, juillet 1943-aoĂ»t 1944, Paris, Fayard, coll. « Pour une histoire du XXe siècle », , 323 p. (ISBN 978-2-213-61707-7, BNF 39097268, SUDOC 075658925). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Philippe Verheyde, Au bonheur des meubles. Galeries Barbès, Bleustein & LĂ©vitan (1880-1980), Ă©ditions de la Sorbonne, 2023.

Articles connexes


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