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Wilhelm Brasse

Wilhelm Brasse, né le à Żywiec et mort le dans la même ville, est un photographe polonais et ancien prisonnier du camp d'extermination d'Auschwitz où sous la contrainte de la SS, il fut contraint de travailler comme photographe du camp. Ses milliers de portraits en noir et blanc, rassemblés aujourd'hui dans les collections du musée national Auschwitz-Birkenau, ont servi dans les procès nazis après la guerre.

Wilhelm Brasse
Naissance
Żywiec, Autriche-Hongrie
Décès
Żywiec, voïvodie de Silésie,
Pologne
Nationalité Drapeau de la Pologne Polonais
Profession
Activité principale
1935-1945

Biographie

Né à Żywiec, Wilhelm Brasse est un petit-fils d'un jardinier alsacien qui s'installa en Silésie après la guerre franco-allemande de 1870 pour travailler au château des Habsbourg de Żywiec, à l'époque où cette partie de la Pologne était occupée par l'Empire austro-hongrois. Avec le retour de la Pologne à l'indépendance en 1918, Żywiec redevient une ville polonaise et l'archiduc Charles-Étienne de Teschen prend la nationalité polonaise[1].

À partir de 1935, Wilhelm Brasse travaille dans sa jeunesse comme photographe dans le studio Foto-Korekt tenu par sa tante à Katowice. Bien qu'il parle couramment allemand comme son père Rudolf Brasse et son grand-père Karol Brasse, il se sent polonais comme sa mère Helena. Son père autrichien a servi dans l'armée polonaise et a combattu les bolcheviks en 1920[2].

Après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie en 1939, Brasse refuse de se déclarer Allemand et de signer la Volksliste (en). Il travaille pendant un certain temps dans un laboratoire de photos à Krynica-Zdrój, puis tente de traverser la frontière avec la Hongrie d'où il veut rejoindre l'armée polonaise en reconstitution en France.

Arrêté et livré aux forces allemandes, Brasse, âgé alors de 22 ans, est déporté au camp de concentration d'Auschwitz le , dans un transport de 460 prisonniers politiques polonais. Pendant le transport vers le camp, les Allemands lui proposent de nouveau de signer la Volkslist et Brasse refuse à nouveau. Il reçoit le numéro 3444. En janvier 1941, sur l'ordre du commandant du camp Rudolf Höss, une cellule d'identification de prisonniers, la Erkennungsdienst, est créée. Elle est dirigée par Bernhard Walter (de), son adjoint est Ernst Hoffmann[3]. En raison de ses compétences professionnelles et de sa connaissance de la langue allemande, Brasse y est affecté dès février 1941 avec sept autres détenus. Leur travail consiste surtout à prendre en photo les nouveaux prisonniers, sauf ceux qui sont envoyés directement aux chambres à gaz. Ils doivent faire de chaque victime une série de trois images : une de face, une du profil droit et une de trois quart face gauche la tête levée avec coiffure (voir la série des trois photos officielles). Brasse est le seul photographe professionnel de l'unité. Il doit aussi tirer le portrait des SS et documenter les expériences pseudo-médicales de Josef Mengele, Carl Clauberg, Maximilian Samuel et d'Eduard Wirths[4].

Photo prise par Wilhelm Brasse de la jeune Polonaise Czesława Kwoka, 14 ans, lors de son arrivée à Auschwitz le . Elle a été assassinée le .

À partir de juillet 1943, l’Office Central de la Sécurité du Reich renonce à photographier les détenus à cause de la pénurie de matériel photographique et préfère leur tatouer des chiffres sur l’avant-bras. Seuls les prisonniers allemands sont photographiés jusqu’en 1945.

Au cours de son emprisonnement, Brasse a réussi à produire des faux documents pour aider quelques détenus à s'échapper et à fournir des informations au mouvement de résistance polonais Armia Krajowa.

À l'approche de l'Armée rouge, le , il reçoit l'ordre de brûler tout le matériel photographique, ce qu'il n'a pas fait. Ingénieux, Wilhelm Brasse et son codétenu Bronisław Jureczek jettent les photos et négatifs dans le four, mais ils en jettent trop, bloquant ainsi exprès la sortie de fumée, ce qui a permis de sauver environ 40 000 photographies d'identification. Elles ont ensuite servi de preuves dans les procès des nazis[5].

Quatre jours plus tard, il est Ă©vacuĂ© Ă  pied avec 60 000 dĂ©tenus encore capables de marcher vers le camp de Mauthausen en Autriche et plus tard au sous-camp de Melk et d'Ebensee, oĂą il est libĂ©rĂ© le par les forces armĂ©es amĂ©ricaines.

Après sa libĂ©ration, Brasse retourne Ă  Ĺ»ywiec, il s'y marie et a deux filles. Après avoir photographiĂ© environ 50 000 prisonniers, il ne touche plus Ă  l'appareil photo après la guerre. Il crĂ©e une entreprise de fabrication de boyaux Ă  saucisses et mène une vie modestement prospère[6].

Traumatisé, Wilhelm Brasse s’efforce pendant des années d’oublier son passé concentrationnaire et ses documents photographiques. Ce n’est qu'en 2004, qu’il accepte de se prêter à des interviews et de commenter les circonstances dans lesquelles il a réalisé les clichés.

En 2005, Ireneusz Dobrowolski réalise le documentaire Le Portraitiste (en). Anna Dobrowolska, la productrice du film et en privé la femme du réalisateur, a publié le témoignage de Wilhelm Brasse dans le livre "Le photographe d'Auschwitz".

Le musĂ©e du camp d’Auschwitz garde quelque 39 000 photos dont il est l'auteur.

Notes et références

  1. « La duchesse Marie-Christine de Habsbourg, locataire dans son propre palais », sur Lepoint.fr,
  2. Fergal Keane, « Returning to Auschwitz: Photographs from Hell », sur MailOnline,
  3. Janina Struk, « I will never forget these scenes », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  4. Jean-Louis Rouhart, « Wilhelm Brasse : le photographe d’Auschwitz », sur Les Territoires de la Mémoire, centre d'éducation à la résistance et à la citoyenneté.
  5. « Prisoners photos », sur Memorial and museum Auschwitz-Birkenau
  6. (en) Returning to Auschwitz: Photographs from Hell.

Voir aussi

Bibliographie

  • Maria Anna Potocka, Wilhelm Brasse. Fotograf. 3444. Auschwitz 1940–1945, Revolver Publishing, 2011 (ISBN 978-3868950878)
  • Luca Crispa, Maurizio Onnis, Wilhelm Brasse. Der Fotograf von Auschwitz, Piemme, 2013 (ISBN 978-8856634013)
  • Anna Dobrowolska, Fotograf z Auschwitz, Rekontrplan, 2015 (ISBN 9788393726110)
  • Janina Struk, Photographing the Holocaust: Interpretations of the Evidence, I.B. Tauris, 2003 (ISBN 978-1860645464)

Articles connexes

Liens externes

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