Vol Southern Airways 49
Le , un Douglas DC-9 effectuant le vol Southern Airways 49 est détourné peu après son décollage de l'aéroport de Birmingham, en Alabama, aux États-Unis. Le détournement s'étend sur près de trente heures, trois pays et plus de 6 400 kilomètres, ne se terminant que le lendemain soir dans la ville de La Havane à Cuba.
Vol Southern Airways 49 | |||
Un Douglas DC-9 de Southern Airways, similaire à celui impliqué dans l'incident. | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
---|---|---|---|
Date | |||
Type | Détournement d'avion | ||
Site | Birmingham, Alabama, États-Unis | ||
Coordonnées | 33° 33′ 52″ nord, 86° 45′ 16″ ouest | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | Douglas DC-9-15 | ||
Compagnie | Southern Airways | ||
Lieu d'origine | Memphis, Tennessee, États-Unis | ||
Lieu de destination | Miami, Floride, États-Unis | ||
Phase | Montée | ||
Passagers | 31 | ||
Équipage | 3 | ||
Morts | 0 | ||
Blessés | 1 | ||
Survivants | 34 (tous) | ||
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
| |||
Trois hommes détournent l'avion de la compagnie aérienne américaine Southern Airways qui effectue un vol reliant Memphis, dans le Tennessee, à Miami, en Floride avec des escales prévues à Birmingham et Montgomery, en Alabama puis à Orlando, en Floride. Trente-quatre personnes, dont trente-et-un passagers et trois membres d'équipage, se trouvent à bord lors du détournement. Finalement, les trois hommes sont appréhendés par les autorités cubaines puis plus tard transférés aux États-Unis. Aucune personne n'est décédée dans l'incident.
La menace des pirates de l'air de faire écraser l'avion sur un réacteur nucléaire conduit directement les autorités américaines à exiger que les passagers des compagnies aériennes soient physiquement contrôlés dans les aéroports, ce qui n'était pas le cas auparavant. Dès lors, cette mesure devient effective aux États-Unis à compter du et demeure un standard de sécurité de nos jours dans les aéroports du monde entier.
Détournement
Le , peu de temps après son décollage à 19 h 20 de Birmingham, en Alabama, trois pirates de l'air, Melvin Cale, Louis Moore et Henry D. Jackson Jr., tous trois faisant déjà l'objet d'accusations criminelles[1], brandissent des armes de poing et des grenades à main et prennent le contrôle de l'avion, exigeant une rançon de dix millions de dollars américains[2]. Les pirates de l'air font voler l'avion vers plusieurs villes aux États-Unis, au Canada et à Cuba, y compris Jackson, dans le Mississippi, Détroit, dans le Michigan, Cleveland, dans l'Ohio, Toronto, en Ontario, Knoxville et Chattanooga, dans le Tennessee, Lexington, dans le Kentucky, La Havane, à Cuba, Key West et Orlando, en Floride, le temps que ces derniers réfléchissent à leurs revendications, avant de finalement diriger à nouveau l'avion vers La Havane[3].
Sur le parcours, les pirates de l'air menacent de faire écraser l'avion sur un réacteur nucléaire de recherche, le réacteur isotopique à haut flux (en) du laboratoire national d'Oak Ridge, dans le Tennessee, si leurs demandes de rançon ne sont pas satisfaites[4] - [5] - [6].
Alors qu'ils se trouvent au-dessus d'Oak Ridge, les pirates de l'air négocient avec de nombreux responsables, y compris des membres du Federal Bureau of Investigation (FBI), qui ne réussissent qu'à obtenir deux millions de dollars de rançon. L'avion atterrit ensuite à Chattanooga, dans le Tennessee, après avoir décollé de Knoxville. Après avoir récupéré l'argent, qui ne constitue qu'une partie de la rançon demandée initialement, l'avion décolle à nouveau, en direction de La Havane, à Cuba. Les pirates de l'air distribuent alors une partie de l'argent de la rançon aux passagers[7]. Par la suite, malgré leur atterrissage sur le sol cubain et contrairement aux attentes des pirates, le dirigeant cubain Fidel Castro ne les accepte pas dans le pays. Les trois hommes dirigent alors l'avion vers Orlando, en Floride, puis envisagent même de voler vers l'Algérie (ce qui n'était pas possible en raison de la portée limitée de l'avion)[8]. Cette situation marque ainsi la première fois qu'un avion détourné quitte Cuba avec les pirates de l'air toujours présents à bord. Alors que l'avion est arrêté pour faire le plein à l'aéroport McCoy d'Orlando, le FBI tire sur deux des quatre pneus principaux de l'avion[9], précipitant les pirates de l'air à tirer sur le copilote Harold Johnson au bras et à forcer le commandant de bord William Haas à décoller[10] - [11] - [12].
Capture et conséquences
Le détournement prend fin lorsque l'avion atterrit à nouveau à La Havane, à Cuba, le , après avoir voyagé environ vingt-neuf heures sur plus de 6 400 kilomètres[13] - [14]. Dès lors, les pirates de l'air sont retirés de l'avion par les autorités cubaines et capturés après avoir tenté de s'échapper[13] - [15]. Ces derniers passent huit ans dans une prison cubaine avant de retourner aux États-Unis pour purger des peines de prison supplémentaires de vingt à vingt-cinq ans[14] - [16]. Par la suite, Cuba renvoie l'avion, l'équipage, les passagers et plus tard, en , l'argent de la rançon aux États-Unis[17]. L'incident conduit à un bref traité en 1973 entre les États-Unis et Cuba pour extrader les pirates de l'air, qui n'a pas été renouvelé depuis[18] - [19].
À la suite de l'incident, les autorités américaines mettent en place l'obligation, effective à partir du , des contrôles physiques des passagers au sein des aéroports avant l'embarquement dans les avions, une mesure qui constitue de nos jours une norme de sécurité dans les aéroports du monde entier[20] - [2] - [21] - [22].
Le détournement a fait l'objet d'un épisode dans la série documentaire de National Geographic « Je suis un rebelle » (« I Am Rebel ») diffusé en [7].
Notes et références
- (en) Richard Within, « Cuba Reported Firm on Jailing Hijackers » [« Cuba décrit comme ferme dans l'emprisonnement des pirates de l'air »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) Brendan I. Koerner, « Louis Moore hijacked a plane to teach the city of Detroit a lesson : “We’re going to bomb Oak Ridge”: The hijacking that gave us airport security » [« Louis Moore a détourné un avion pour donner une leçon à la ville de Detroit : « Nous allons bombarder Oak Ridge », le détournement qui nous a assuré la sécurité aéroportuaire »], sur slate.com, Slate, (consulté le ).
- (en) United Press International, « Chronology of a Hijacking » [« Chronologie d'un détournement »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) Duncan Mansfield, Associated Press, « Tennessee Narrowly Dodged Bullet in Tense ‘72 Hijack Episode » [« Le Tennessee a esquivé de justesse une catastrophe dans l'épisode tendu du détournement de 1972 »], sur latimes.com, Los Angeles Times, (consulté le ).
- (en) KAIT, « Co-pilot shares harrowing experience during infamous hijacking » [« Un copilote partage son expérience déchirante lors d'un détournement tristement célèbre »], sur kait8.com, American Broadcasting Company, (consulté le ).
- (en) Frank Munger, « Recalling an earlier day of terror at Oak Ridge » [« Se rappeler d'un jour de terreur à Oak Ridge »], sur goupstate.com, Spartanburg Herald-Journal, (consulté le ).
- (en) Robert Allen et Steve Pepple, « Ex-Detroiter behind infamous 1972 skyjacking tells his story » [« Un homme originaire de Détroit derrière le tristement célèbre détournement de 1972 raconte son histoire »], sur freep.com, Detroit Free Press, (consulté le ).
- (en) Neal Embry, Associated Press, « Arkansas pilot recalls 1972 airplane hijacking » [« Un pilote de l'Arkansas se souvient du détournement d'avion de 1972 »], sur seattletimes.com, The Seattle Times, (consulté le ).
- (en) Richard Witkin, « Head of F.B.I. Says He Ordered Hijacked Plane's Tires Shot Out » [« Le patron du FBI déclare qu'il a ordonné que les pneus de l'avion détourné soient éclatés »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) « Hijacking : Who Should Make The Critical Decision? » [« Détournement : Qui devrait prendre les décisions critiques ? »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) « F.B.I. Chief Rebuts Critics in Hijacking » [« Le patron du FBI réfute les critiques concernant le détournement »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) Neal Wagner, « Co-pilot recounts 30-hour airline hijacking » [« Un copilote raconte un détournement d'avion de 30 heures »], sur shelbycountyreporter.com, Shelby County Reporter, (consulté le ).
- (en) « Hijacked Plane Lands In Havana A Second Time, 31 Hostages Free; 3 Gunmen Seized After 29 Hours » [« Un avion détourné atterrit à La Havane une deuxième fois, 31 otages libérés : 3 hommes armés saisis après 29 heures »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) Kenneth Heard, « Hijacked! The Inside Story of One of the Most Bizarre Hijackings in U.S. History » [« Détourné ! À l'intérieur de l'histoire de l'un des détournements d'avion les plus bizarres de l'histoire des États-Unis »], sur aymag.com, AY Magazine, (consulté le ).
- (en) Bernard Gwertzman, « Cuba Will Try 3 Hijackers; Accepts Proposal on Talks » [« Cuba va poursuivre en justice les trois pirates de l'air et accepte la proposition de pourparlers »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) « Three men accused in the 1972 hijacking of a... » [« Trois hommes accusés du détournement en 1972 d'un... »], sur upi.com, United Press International, (consulté le ).
- (en) Associated Press, « Cuba Refunds Ransom in ‘72 Hijacking » [« Cuba rembourse la rançon du détournement de 1972 »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- « Après le détournement d'un DC-9 de la Southern Airlines La Havane pourrait accorder à Washington l'extradition des pirates » , sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
- Département fédéral des affaires étrangères, « Accord contre le détournement d'avions », sur eda.admin.ch, Administration fédérale (Suisse), (consulté le ).
- (en) Robert Lindsey, « Airports Start Thorough Screening of All Passengers » [« Les aéroports commencent un contrôle approfondi de tous les passagers »], sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ).
- (en) Libby Nelson, « The US once had more than 130 hijackings in 4 years. Here’s why they finally stopped » [« Les États-Unis ont déjà eu plus de 130 détournements en quatre ans. Voici pourquoi ils se sont finalement arrêtés »], sur vox.com, Vox, (consulté le ).
- (en) Thom Patterson, « How the era of ‘skyjackings’ changed the way we fly » [« Comment l'ère des « skyjackings » a changé notre façon de voler »], sur cnn.com, Cable News Network, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Ed Blair et William R. Haas, Odyssey of Terror [« L'odyssée de la terreur »], Nashville, Broadman Press, (1re éd. 1977), 332 p. (ISBN 978-1-475-07844-2, OCLC 3353261).
- (en) Brendan I. Koerner, The Skies Belong to Us : Love and Terror in the Golden Age of Hijacking [« Le ciel nous appartient : Amour et terreur à l'âge d'or des détournements d'avions »], New York, Crown Publishing Group, (1re éd. 2013), 336 p. (ISBN 978-0-307-88611-8, OCLC 937049308).