Viktor Tsoï
Viktor Robertovitch Tsoï (en russe : Виктор Робертович Цой, prononcé : /vʲikt̪ər ˈrobʲɪrt̪əvʲɪtɕ ˈtsoi̯/), né le à Léningrad et mort accidentellement le en RSS de Lettonie, est un chanteur de rock soviétique, qui fut actif dans les années 1980, et leader du groupe Kino[1] - [2].
Виктор Цой
Nom de naissance | Viktor Robertovitch Tsoï |
---|---|
Naissance |
Léningrad, RSFS de Russie Union soviétique |
Décès |
(à 28 ans) chaussée Sloka-Talsi, RSS de Lettonie Union soviétique |
Activité principale | chanteur, guitariste, compositeur |
Genre musical | rock russe |
Années actives | 1980 - 1990 |
Biographie
Son père, Robert Maksimovitch Tsoï, est un ingénieur koryo-saram (les Koryo-sarams sont des Coréens qui furent déportés en Asie centrale) et sa mère, Valentina Vassilievna, est enseignante. Le nom coréen Tsoï est très fréquent, souvent retranscrit Choi ou Choe et sa transcription chinoise est Cui. Il épouse Marianna Rodovanskaïa (ru) (1959-2005)[3] en 1985 et a avec elle un fils, Alexandre (Sacha) Tsoi (ru)[4], qui est depuis 2011 directeur de la discothèque Da:Da: à Saint-Pétersbourg[5].
Bien que Viktor Tsoï ne soit pas un vrai pionnier du rock (car ce genre de musique existait bien avant lui en URSS), il donne une couleur particulière à ce genre, un côté crépusculaire. Sa musique est inspirée fortement par des groupes anglais de la première moitié des années 1980, comme The Cure ou bien The Stranglers et The Sisters of Mercy[6]. Ce genre de musique est alors peu connu et peu apprécié en Union soviétique avant qu'il ne l'introduise. Mais il réussit très rapidement à se hisser au rang d'une icône du rock qui continue de trouver son public et d'avoir son influence encore dans la Russie actuelle[7]. Il a contribué à un nombre étonnant de travaux musicaux et artistiques avec divers groupes, dont dix albums qu'il a entièrement écrits.
Il rencontre la journaliste et critique de cinéma Natalia Emilevna Razlogova (ru), avec laquelle il vit en couple au no 116b, rue Profsoyouznaïa à Moscou.
Tsoï se tue en voiture après s'être endormi au volant le , sur la route près de Tukums, en Lettonie, alors en Union soviétique.
Le film Leto, de Kirill Serebrennikov sorti en 2018 raconte les débuts du groupe Kino au sein de la scène rock underground de Léningrad au début des années 1980.
Jeunesse
Viktor Tsoï est né à Léningrad en 1962 d'une mère russe et d'un père koryo-saram. La famille à cette époque habitait l'appartement 132 de l'immeuble 193 Perspective Moskovski, et plus tard (1973-1975) au 17, rue Poulkovskaïa[8]. Tsoï commence sa scolarité à l'école no 356 située au 68, rue Lensoviet puis continua 1976-1977 à l'école no 507 au 22, rue Frounze. Parallèlement, il suit les cours dans l'école municipale d'arts plastiques no 1[9] de sa ville natale dont il obtient le diplôme en 1977. Le batteur du groupe Kino Grigory Gourianov[10] est également diplômé de cette école un an plus tôt[11]. À cette époque, Tsoï fonde avec l'un de ses camarades d'études, un certain Maksim Pachkov, son premier groupe musical « La salle no 6 » (en russe : Пала́та № 6) en référence à une nouvelle homonyme de Tchekhov. En 1977, Tsoï est admis à l'École des beaux-arts de Serov renommée en 1992 en École des beaux-arts de Nicolas Roerich[12], mais fut renvoyé alors qu'il n'avait que 18 ans[13]. Il écrit ses premières chansons à l'âge de 17 ans. Ces premiers écrits évoquaient des thèmes comme la vie dans les rues de Léningrad, l'amour, les amis. De nombreux héros de ses chansons étaient de jeunes hommes aux opportunités limitées essayant de survivre dans un monde difficile. Pendant ce temps, le rock était un mouvement underground limité presque exclusivement à Léningrad ; les stars de la pop de Moscou dominaient les classements et étaient presque les seuls dont on entendait parler dans les médias. Pour ce qui est du rock comme pour tout le reste, la compétition était vive entre les deux capitales, l'ancienne étant plus contestataire que la nouvelle, plus européenne et moins américaine aussi. Mais le genre léningradien pouvait aussi être représenté par des Moscovites et inversement. Le gouvernement soviétique donnait d'importants avantages aux artistes qu'il appréciait, comme des logements de fonction, des studios d'enregistrement, et tout ce dont ils pouvaient avoir besoin pour réussir. Malheureusement, la musique rock était franchement détestée au plus haut niveau de l'État. De ce fait, les seuls groupes de rock qui recevaient des aides financières était triés en fonction de critères de fidélité à la doctrine. Les autres n'étaient même pas évoqués dans les médias (il faut le rappeler, dirigés par l'État) ou quand ils l'étaient, c'était afin de leur coller le stéréotype de musique écoutée par des toxicomanes et des jeunes bagarreurs. Au départ, Tsoï donnait de petites représentations notamment lors de fêtes privées. C'est à l'une de ces représentations qu'il fut repéré par Boris Grebenchtchikov, membre du groupe Aquarium, établi et reconnu à l'époque. Grebenchtchikov prit Tsoi sous son aile et l'aida à fonder son propre groupe « Garin et Hyperboloïdes »[14] en 1981 qui un an plus tard fut rebaptisé Kino[15]. La carrière de chanteur de rock de Viktor Tsoï venait de commencer.
Les débuts de Kino
Le Leningrad's Rock Club[16] était l'un des rares lieux publics où des groupes de rock étaient autorisés à se produire. C'est là qu'en 1982, à leur premier concert annuel, que Viktor Tsoi fit ses débuts sur scène. Il jouait en tant qu'artiste solo aidé par deux membres d'Aquarium. Les paroles innovantes de Tsoi et sa musique impressionnèrent vite les foules[17].
Avant de viser gros, Tsoi disait que le problème avec la musique était que personne ne voulait tenter sa chance. Il voulait expérimenter ses paroles et sa musique dans l'intention de créer quelque chose de frais, un style original que jamais personne n'avait entendu auparavant. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que Tsoi réussit à atteindre cet objectif. Peu de temps après le concert, il recruta d'autres musiciens, et forma Kino, qui signifie en russe « cinéma ». Ils enregistrèrent une cassette de démonstration dans l'appartement de Tsoi. Cette cassette passa rapidement un peu partout dans Léningrad, puis dans tout le pays, colportée par des amateurs de rock. Kino connaissait déjà un certain succès dans le milieu rock non-néophyte.
Premier album
En 1982, Kino sortit leur premier album intitulé 45. Cet album montra pour la première fois la volonté de Tsoi d'approcher des thèmes politiques dans sa musique, quelque chose que, contrairement aux idées reçues, très peu d'artistes faisaient (en raison de la mainmise de l'État évoquée peu plus haut). Dans sa chanson Электричка (Elektritchka, « Train de banlieue »)[18], il évoque l'histoire d'un homme coincé dans un train qui l'emmenait là où il ne voulait pas aller ; ce qui était clairement une métaphore de la vie en Union des républiques socialistes soviétiques, ce qui valut rapidement au groupe l'interdiction de jouer cette chanson lors de concerts. Le message politique de la chanson la rendit populaire auprès des jeunes des mouvements opposés à l'ordre établi qui regardaient maintenant Viktor Tsoï et Kino comme leurs idoles.
1982 était aussi une année importante pour Tsoï car c'est l'année où il rencontra Marianna, qu'il épousera en 1985. Elle était source de réconfort pour Tsoi, marginalisé par son refus de faire son service militaire, et donna naissance à leur fils unique Alexandre (Sacha), le . En 1985 également, poursuivant encore sur la lancée romantique de ses débuts, le groupe enregistre leur album Это не любовь (Eto ne lioubov', « Ceci n'est pas l'amour »)[19] qui se démarque par son arrangement musical[20]. Puis, ils enchainent avec Ночь (Notch, « La nuit ») qui sort en 1986[21].
Kino exposa plus d'idées politiques lors de leur deuxième concert au Leningrad Rock Club. Le groupe remporta la première place de la compétition grâce à une chanson de Tsoi contre la guerre, Я объявляю свой дом… (Безъядерная зона), Ia ob'iavliaiou svoï dom… [Bez'iadernaïa zona], « Je déclare ma maison… [zone dénucléarisée] »). La popularité de la chanson reposait sur son opposition à la guerre en Afghanistan qui prenait les vies de milliers de jeunes citoyens soviétiques.
Perestroïka et glasnost
Kino ne connaissait cependant toujours pas un succès énorme à cause du peu d'enthousiasme du gouvernement à leur encontre. L'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev change la donne parce que les intellectuels qui appréciaient Kino se sentent d'un coup autorisés à en parler. Gorbatchev prit la tête de l'État en 1985. Son choix de faire toute la publicité Glasnost sur les problèmes sociaux et économiques existant en URSS et de refonder l'État Perestroïka, permirent pour la première fois des discussions ouvertes, y compris dans les médias. La Glasnost relâcha la pression pesant sur les médias et autorisa les groupes de rock à faire l'objet de publications dans les journaux, ainsi qu'à apparaître à la télévision. En 1986, Tsoi utilisa l'atmosphère ouverte et les ressentiments du public pour sortir une chanson intitulée Перемен! (Peremen!, « Changements ! »). La chanson appelait la nouvelle génération à demander des changements, et permit de propager le nom et la renommée de Kino dans l'ensemble de l'URSS. Cependant, dans une interview diffusée sur une chaîne de télévision soviétique peu de temps après sa mort, Tsoï prétend que ses chansons ont souvent été mal interprétées par le public et qu'il essayait au contraire d'éviter toute intention politique dans ses textes. En particulier, Peremen!, qui fut utilisée très largement dans les mouvements issus de la Perestroïka, alors que, selon Tsoï, la chanson n'a rien à voir avec la politique de Gorbatchev. En un sens, Tsoï voulait surtout des changements plus profonds que purement politiques.
Ascension vers la célébrité
L'année 1987 fut déterminante pour Kino. La sortie de leur 7e album, Группа крови (Grouppa krovi, « groupe sanguin »)[22] lança ce que l'on appela plus tard la « Kinomania ». Le climat politique ouvert de la Glasnost permit à Tsoï d'enregistrer Grouppa krovi, son album le plus engagé. Il fut aussi autorisé à enregistrer un genre de son que personne avant lui n'était parvenu à produire en Union Soviétique. La plupart des chansons de l'album étaient destinées aux jeunes de l'URSS, leur disant explicitement de prendre le contrôle et de réaliser les changements attendus dans toute la nation, certaines chansons traitant exclusivement des problèmes sociaux de l'époque. Le son et les paroles de l'album firent de Tsoï un héros chez la jeunesse russe et de Kino le groupe de rock le plus populaire de Russie. Cet album ne fut pas édité officiellement car Tsoï ne voulait pas le négocier avec la maison de disques d'État. Malgré le début de la gloire qui s'annonçait le musicien, à cette époque, ne vivait pas encore de sa passion. Il exerçait le métier de chauffagiste dans la chaufferie à charbon au numéro 15 rue Blokhina à Saint-Pétersbourg, la célèbre Kamtchatka où travaillaient également d'autres musiciens: Sviatoslav Zadery, Andrei Machnin, Oleg Kotelnikov, Alexandre Bachlatchev, dont témoigne le journal du roulement d'équipes de l'établissement[23], transformé en musée depuis[24] et immortalisée dans la chanson homonyme[25]. Dans les années qui suivirent, Tsoï apparut dans de nombreux films à succès, et voyagea même aux États-Unis pour faire la promotion de ses films dans quelques festivals de cinéma. Deux autres albums sortirent ensuite, Posledniy geroy (Le dernier héros) et Zvezda po imeni Solntse (Cette étoile nommée Soleil), dont les thèmes étaient une fois de plus politiques, entretenant le succès du groupe. Même propulsé au rang de star Tsoï continuait par ailleurs de mener une vie relativement ordinaire. Par exemple, il conserva son ancien emploi de chauffagiste ce qui surprit beaucoup de personnes. Tsoï disait qu'il aimait son travail et aussi qu'il avait besoin d'argent pour assurer la pérennité du groupe, car ce dernier ne recevait toujours pas d'aide du gouvernement et leurs albums étaient copiés et diffusés presque exclusivement au moyen d'enregistrements sur bande magnétique de particulier à particulier, ce qui évidemment ne respectait aucun droit d'auteur. Cela rendit Tsoï encore plus populaire, car révélait une situation personnelle comparable à celle du citoyen moyen. L'heure de gloire de Kino sonna en 1990, lors d'un concert au stade Loujniki de Moscou. Soixante-deux mille fans célébrèrent le triomphe du groupe de rock russe le plus populaire de l'Histoire de la Russie.
Apparitions au cinéma
- En 1987, le film Assa de Sergueï Soloviov est sorti, avec la participation de plusieurs musiciens rock soviétiques de l'époque. Le groupe KINO avec Viktor Tsoï a joué son propre rôle; sa présentation de la chanson Changements (Перемен!) à la fin du film reste un des symboles cinématographiques de la perestroïka[26].
- En 1988, Viktor Tsoï joua le rôle principal dans un film réalisé par Rachid Nougmanov, écrit par Alexandre Baranov et Bakhyt Kilibaïev, dont le titre était Igla (en russe ИГЛА, Aiguille)[27]. Dans le film, son personnage Moro est une sorte de samouraï errant, figure charismatique et mystérieuse. Il rentre à Alma Ata afin de récupérer l'argent qu'on lui doit. Il y rend visite à son ancienne petite amie, Dina, et découvre qu'elle est devenue toxicomane. Voulant aider Dina d'arrêter la morphine il entre en conflit avec ses fournisseurs qui constituent une mafia locale avec un certain « docteur » à la tête - un affrontement suprême s'engage entre eux... Le film rend subtilement hommage aux histoires des Bandes Dessinées, aux westerns et aux personnages de Bruce Lee. L'image taciturne de Tsoï y trouve sa juste place. La bande originale du film, incluant plusieurs titres de Kino, contribua pour beaucoup à l'ambiance générale de ce film qui servit par la suite de référence au cinéma post-moderne et surréaliste. Le film sortit officiellement en 1988 en Union Soviétique et attire quinze millions de spectateurs en deux ans[28] - [29].
- En 1988, Tsoï joue sous la direction de Alekseï Outchitel[30] dans le film documentaire Rock[31] où il interprète son propre rôle. Le film raconte le développement du genre de musique rock en URSS et plonge le spectateur dans l'ambiance underground de l'époque.
- En 1990, peu après la disparition de Tsoï, Alekseï Outchitel réalise le second volet intitulé Le Dernier des héros en incluant dans son film le matériel coupé au montage du Rock, mais le film à la suite des empêchements à répétition ne rencontre son public qu'en 2009, dans sa version retravaillée, c'est pourquoi on a ajouté au titre initial XX ans plus tard (en russe : Последний герой: Двадцать лет спустя)[32]
À la suite du succès de Igla, Rachid Nougmanov projetait de tourner un autre film avec la participation du groupe Kino au complet. Les négociations ont été menées avec le producteur américain Ed Pressman et la société cinématographique Mosfilm. Le film devait s'intituler Les Enfants du soleil. Mais à la suite de la disparition de Tsoï tout a été abandonné pendant de longues années. Finalement, le film est sorti en 1993, sous le titre de L'Est sauvage[33] où Tsoï et Kino furent remplacés par les musiciens du futur groupe « Téquilajazz »[34]. Le scénario fut également retravaillé au point que, selon Rashid Nougmanov, son genre de triller ironique s'est mis à ressembler plutôt à une sorte de western décalé[35].
Mort et légende
Le chanteur a péri dans un accident de circulation le . Il se trouvait en Lettonie où, tous les ans, il louait une petite maison dans le village de Plieņciems situé au bord du golfe de Riga. Au kilomètre 35 de la route entre Sloka et Talsi[36] sa voiture Moskvitch 2141 percute un bus Ikarus[37]. La voiture fut complètement détruite, au point que l'un de ses pneus ne fut jamais retrouvé. Cet accident se produisit alors que Tsoï revenait d'une partie de pêche. Il avait voulu prendre avec lui son fils Sacha qui heureusement à la dernière minute ne partit pas.
Tsoï venait de terminer l'enregistrement des paroles du nouvel album de Kino. Il était censé rentrer à Leningrad afin que son groupe puisse enregistrer la partie musicale de l'album.
À son enterrement au cimetière Bogoslovskoïe à Saint-Pétersbourg[38], le cercueil resta fermé[39]. Le un monument a été érigé à l'endroit de l'accident qui a pris la vie du chanteur[40].
Le , le Komsomolskaïa Pravda, l'un des principaux journaux soviétiques, écrivait à propos de Tsoï et du sens de la jeunesse de la nation :
« Tsoï est plus porteur de sens auprès des jeunes que tout politicien, célébrité ou écrivain. C'est parce que Tsoï n'a jamais menti et n'a jamais retourné sa veste. Il était et resta lui-même. Vous ne pouvez pas ne pas le croire... Tsoï est le seul rockeur qui ne présente aucune différence entre son image et sa vie réelle, il vivait de la façon dont il chantait... Tsoï est le dernier héros du rock. »[41]
Une légende a été forgée immédiatement après la mort du chanteur et jamais démentie jusqu'à l'été 2010, date à laquelle le guitariste Iouri Kasparian fit l'aveu d'une invention par l'ancien producteur du groupe, décédé en 2006. Cette légende disait que la seule chose qui avait survécu à l'accident était la bande qui contenait les seuls enregistrements de Tsoï en vue du nouvel album et que cette bande avait été retrouvée miraculeusement intacte. En fait, Tsoï ne disposait ce matin là que d'une cassette sur laquelle la vraie bande avait été copiée et il projetait des modifications. L'enregistrement était donc presque prêt. Il fallut reposer la voix sur certaine chansons à partir d'une prise faite trois jours avant l'accident.
Moins d'un mois plus tard, les musiciens de Kino purent mixer le dernier album du groupe en France, dans le studio qui avait remixé vingt mois avant l'album Posledniy geroy (« Le Dernier des héros »). Le nouveau disque n'avait pas de nom mais fut baptisé « Album noir » (en russe : Чёрный альбом, Tchorni albom), en signe de deuil pour la star disparue. L'album, présenté à Moscou en janvier 1991, a été vite le plus vendu de l'histoire du rock en Russie, consolidant la place de Kino au top de l'histoire du rock russe, ainsi que la place de Viktor Tsoï, héros et légende du rock russe. Plusieurs fans principalement de l'âge de moins de 21 ans[42] se sont également donné la mort croyant que leur vie avait perdu son sens avec la disparition de leur idole[43].
L'impact de Kino sur la musique soviétique et plus globalement sur la société fut énorme. Ils introduisaient un son et des paroles qu'aucun Soviétique n'avait atteint auparavant. Kino ouvrit les portes aux groupes russes modernes[44]. Son influence se mesure aujourd'hui dans bien des endroits de Russie, des graffitis sur les murs de Saint-Pétersbourg, jusqu'à un mur entier dédié à Viktor Tsoï sur la célèbre rue Arbat, à Moscou, où des fans se réunissent toujours en mémoire de leur héros. En 2000, de nombreux groupes de rock à succès s'y rendirent et rendirent hommage à ce qui aurait été le 38e anniversaire de Tsoï en interprétant ses chansons. Même s'il a disparu, Tsoï continue de vivre dans l'esprit de beaucoup de jeunes Russes.
Monuments
- Le mur Tsoï à Moscou. Son histoire a commencé en 1990 quand le jour de l'accident du chanteur quelqu'un avait écrit sur la façade de la maison numéro 37, rue Arbat « Tsoï est mort » suivi de réponse le jour même « Tsoï est vivant » et depuis cet échange n'a plus arrêté à grand renfort de graffiti. En 2006, l'objet a été saboté par les membres du mouvement Art Destroy[45]. Mais depuis l'activité de ses fans a repris. L'importance de l'édifice est telle que la législation prévoyant une amende pour dégradation renforcée au mois de ne s'y applique pas[46]. Ce lieu a également ses opposants. Il s'est constitué notamment sur le site VKontakte un groupe militant pour sa démolition[47].
- Le mur de Tsoï, rue Mikhaïl Grouchevski à Kiev, reprend l'idée du mur à Moscou à l'initiative de Dacha Souvorova[48] et acquiert le statut officiel de monument le [49].
- Le passage de Tsoï à Iekaterinbourg exécuté dans l'art de graffiti dans le souterrain de Plotinka est inauguré le [50] pour la célébration de son cinquantième anniversaire[51].
- Monument sur la tombe de Tsoï au cimetière Bogoslovskoïe[52] à Saint-Pétersbourg. Il y a eu question de sculpture indépendante quelque part dans la ville à la demande des parents du chanteur en 2008, mais le projet n'a pas abouti pour l'instant[53].
- Le on a inauguré le monument à Barnaoul exécuté dans le style académique par le sculpteur Sergey Kulgachev. Le projet a été lancé et mené à bout par l'enfant du pays, le culturiste Aleksandr Stariguine qui toutefois n'a pas pu voir le résultat final ayant péri un mois avant qu'il ne soit dévoilé au public[54].
- À Saint-Pétersbourg, 15, rue Blokhina, une plaque commémorative décore l'entrée du premier studio de Viktor Tsoï dans le local de la chaufferie dit Kamtchatka[55] où il travaillait avant de se faire connaître (1986-1988) et qui est transformée en musée par ses fans et amis en 2006[56].
- Au km 35 de la route Sloka-Talsi, en Lettonie, où Tsoï a trouvé la mort le , a été inauguré en 2002 le mémorial de 2,3 m dont les auteurs sont Ruslan Vereshtchagin et Amiran Habelashvili. Sur le socle, a été gravé les vers de la chanson de Tsoï La Légende « ...la mort vaut la peine d'être attendue... »[57].
- Il existe une sculpture démontable en plâtre de Viktor Tsoï exécutée par Alekseï Blagovestnov en 2009 et exposée pour la première fois devant le cinéma Avrora sur la perspective Nevski qui a été démontée le jour même et par la suite n'a jamais trouvé sa place définitive ni été coulée dans le bronze[58].
- Dans la ville de Noyabrsk[59] une rue s'appelle rue V.Tsoï (Улица Виктора Цоя)[60]. Il y a eu également le projet d'appeler l'une des rues de Saint-Pétersbourg en son nom, mais qui pour l'instant ne s'est pas concrétisé davantage[61].
- (2740) Tsoj est un astéroïde nommé en son hommage[62].
Bibliographie
Notes et références
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