Accueil🇫🇷Chercher

Viking (fusée-sonde)

Viking est une famille de fusées-sondes américaines développée sous la direction du laboratoire de recherche de la Marine de guerre américaine (NRL). Sa réalisation, décidée en 1946, a pour objectif d'acquérir une expertise nationale dans le domaine des fusées sur la base des missiles V-2 allemands capturés durant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit également de disposer d'un engin permettant de lancer des expériences scientifiques dans la haute atmosphère après l'épuisement du stock des V-2. Douze fusées Viking sont lancées entre 1949 et 1955. La fusée Viking est utilisée par la suite comme premier étage du lanceur léger Vanguard mis au point dans le but de placer en orbite le premier satellite artificiel américain.

Viking
fusée-sonde
Décollage d'une fusée-sonde Viking
Décollage d'une fusée-sonde Viking
Données générales
Pays d’origine Etats-Unis
Constructeur Glenn L. Martin Company
Premier vol 3 mai 1949
Dernier vol 4 février 1955
Statut retirée du service
Lancements (Ă©checs) 12
1 Ă©checs
4 Ă©checs partiels
Longueur 15 m
Diamètre 81 cm
Masse totale 4,5 tonnes
Ergols éthanol et oxygène liquide
Nombre Ă©tage(s) 1
Poussée au décollage 92,5 kN
Durée propulsion 27 s.
Site(s) de lancement White Sands
Version décrite version longue
Autres versions version courte
Performances
Masse charge utile 250 kg
Altitude maximale 200 km
Motorisation
1er Ă©tage Reaction Motors XLR10-RM-2
Missions
Fusée-sonde expérimentale

Contexte

La rĂ©alisation de petites fusĂ©es dĂ©bute aux États-Unis avant la Seconde Guerre mondiale. Robert Goddard dĂ©veloppe des moteurs-fusĂ©es Ă  ergols liquides. Après 1945, l'activitĂ© des scientifiques dans le domaine se dĂ©veloppe grâce Ă  l'arrivĂ©e des technologies mises au point par les Allemands pour les missiles V-2. Dans le contexte de l'après guerre et de la guerre froide, les dĂ©veloppements amĂ©ricains se font avec l'appui des militaires. L'ArmĂ©e de Terre finance ainsi les projets du Jet Propulsion Laboratory sur les moteurs Ă  ergols liquides. Le premier rĂ©sultat de ces travaux est la fusĂ©e WAC Corporal dont le premier vol a lieu en 1945. Cette première fusĂ©e-sonde, qui sera utilisĂ©e Ă  des fins scientifiques, est une Ă©tape dans le dĂ©veloppement du missile sol-sol Corporal. Elle comprend un moteur Ă  ergols liquides ayant une poussĂ©e de 680 kg accĂ©lĂ©rĂ© par un moteur Ă  propergol solide militaire amĂ©ricain Tiny Tim. La WAC Corporal est utilisĂ©e comme second Ă©tage de la fusĂ©e Bumper dont le premier Ă©tage est un missile V-2. Une fusĂ©e Bumper atteint l'altitude record de 400 kilomètres le . Cet engin est la première dĂ©monstration d'une fusĂ©e Ă  plusieurs Ă©tages. La WAC Corporal dĂ©bouche sur le dĂ©veloppement de la fusĂ©e-sonde Aerobee, dotĂ©e d'une capacitĂ© accrue toute en rĂ©pondant Ă  des besoins purement civils. L'Aerobee est dĂ©veloppĂ©e par la sociĂ©tĂ© Aerojet Engineering Corporation pour le compte du laboratoire universitaire Applied Physics Laboratory. Cette fusĂ©e comprend un premier Ă©tage Ă  propergol solide d'une poussĂ©e de 8,2 tonnes et un second Ă©tage Ă  ergols liquides de 1,8 tonnes de poussĂ©e. Le premier vol a lieu le . Une version plus puissante, l'Aerobee-Hi, est lancĂ©e pour la première fois en 1956[1].

DĂ©veloppement

Les ingĂ©nieurs du laboratoire de recherche de la Marine de guerre amĂ©ricaine (NRL), placĂ© sous la direction de Milton Rosen, Ă©taient de grands utilisateurs des missiles V-2 rĂ©cupĂ©rĂ©s en Allemagne. A l'Ă©poque la Marine est le principal fournisseur des fusĂ©es-sondes amĂ©ricaines utilisĂ©es pour lancer des charges scientifiques Ă  haute altitude. Les ingĂ©nieurs effectuaient grâce Ă  ces engins des mesures atmosphĂ©riques Ă  des altitudes jamais atteintes jusque-lĂ . Ils dĂ©cident en 1946 de dĂ©velopper un successeur au missile V-2 dont le stock non renouvelable commençait Ă  s'Ă©puiser. L'Aerobee, avec sa capacitĂ© d'emport de 45 kg, ne permettait de rĂ©pondre Ă  l'ensemble de la demande. Ils dĂ©finissent un cahier des charges portant sur la rĂ©alisation d'une fusĂ©e-sonde guidĂ©e mono-Ă©tage capable de hisser une charge utile de 227 kg (500 livres) jusqu'Ă  une altitude de 152 km (500 000 pieds). La construction de la fusĂ©e-sonde, baptisĂ©e Viking par Rosen, est confiĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© Glenn Martin. tandis que la sociĂ©tĂ© Reaction Motors est retenue pour la propulsion. Ces deux sociĂ©tĂ©s sont choisies notamment parce que leurs Ă©tablissements sont proches du laboratoire NRL installĂ© près de Washington. Par rapport au missile V-2, la masse du Viking est divisĂ©e par trois et la fusĂ©e-sonde incorpore plusieurs avancĂ©es majeures : système de contrĂ´le et d'orientation, recours Ă  un montage sur cardan du moteur-fusĂ©e pour le contrĂ´le d'attitude, rĂ©servoirs intĂ©graux (la paroi du rĂ©servoir est Ă©galement celle de la fusĂ©e), recours Ă  l'aluminium pour la structure de la fusĂ©e[2].

Le contrat original prévoit la fabrication de 10 fusées. Finalement 14 sont construites dont deux sont utilisées pour le développement du lanceur Vanguard. Le premier exemplaire Viking 1 est lancé le depuis la base de White Sands et la dernière le depuis le mêle site.

Caractéristiques techniques

Schéma des deux variantes de la fusée Viking.
Moteur XLR10 avec sa turbopompe.
Partie arrière d'une fusée Viking dans l'usine Martin.

La fusĂ©e Viking est inspirĂ©e du missile V-2 mais avec une masse et une poussĂ©e deux fois moins importantes. Comme celle-ci son moteur brĂ»le un mĂ©lange d'Ă©thanol et d'oxygène liquide mais dans des proportions diffĂ©rentes. La propulsion est assurĂ©e par un moteur-fusĂ©e XLR10-RM-2 utilisant une turbopompe et dĂ©veloppĂ© par la sociĂ©tĂ© Reaction Motors. Le moteur exerce une poussĂ©e de 92,5 kilokilonewtons au sol (110,5 kN dans le vide) durant 103 secondes et son impulsion spĂ©cifique est de 179,6 secondes au niveau de la mer et de 214,5 secondes dans l'espace. Deux versions de la fusĂ©e sont dĂ©veloppĂ©es successivement. La première version, dite longue, a une diamètre de 81 cm (avec l'empennage 2,8 m) pour une hauteur de 15 m et une masse de 4,5 tonnes. La seconde version, dite courte, a une hauteur rĂ©duite de 13 m pour un diamètre de 1,14 mètre (avec l'empennage 4,06 m) et sa masse est d'environ 7 tonnes. Cette dernière version peut lancer 450 kg Ă  une altitude de 254 kilomètres. Sa forme trapue la rapproche d'un missile et on envisagera, sans y donner suite, d'en faire un missile embarquĂ© sur sous-marin[3] - [4].

La caractéristique la plus innovante de Viking est le recours à un montage sur cardan du moteur-fusée pour l'orienter selon deux axes. Il remplace le système des déflecteurs de jet utilisé jusque là sur toutes les fusées. Son fonctionnement repose sur un système de contrôle qui envoie un signal aux servomoteurs qui inclinent la structure du moteur. Un potentiomètre mesure le déplacement et renvoie un signal au système de contrôle. La mise au point de ce processus ne doit pas entrainer une surcompensation du mouvement de la fusée est délicate et a recours à une théorie de la contre-réaction qui doit beaucoup à un sujet thèse de doctorat passé au MIT par un des consultants du constructeur. La mise au point du système a été particulièrement difficile et son fonctionnement ne sera exempt de problèmes qu'à partir du dixième tir. Le contrôle en roulis utilise des gouvernes placées aux extrémités des empennages relativement larges héritées du missile V-2 complétées par l'action de deux petites tuyères éjectant du peroxyde d'hydrogène produit par la turbopompe[3].

Historique des lancements

Douze exemplaires de la fusée-sonde Viking sont lancés entre 1949 et 1955 dont onze depuis la base de White Sands (Nouveau-Mexique) et un depuis le pont du transport d'hydravions reconverti USS Norton Sound. Enfin quatorze exemplaires, dans une version modifiée, sont utilisés comme premier étage du lanceur Vanguard entre 1956 et 1959[5].

Historique des lancements
N° Version Date lancement Site Charge utile Altitude Résultat
1Version longueWhite Sands80 kmÉchec partiel : arrĂŞt prĂ©maturĂ© de la propulsion
2Version longueWhite Sands51 kmÉchec partiel : arrĂŞt prĂ©maturĂ© de la propulsion
3Version longueWhite Sands80 kmÉchec partiel : instabilitĂ© en vol
4Version longueUSS Norton Sound80 km
5Version longueWhite Sands174 km
6Version longueWhite Sands40 kmÉchec partiel problème au niveau du plan de stabilisation
7Version longue7 aout 1951White Sands219 kmBat le record d'altitude dĂ©tenu par le missile V'2
8Version courteWhite SandskmÉchec Premier exemplaire de la version courte
9Version courteWhite Sands219 kmPremier vol rĂ©ussi de la version courte
10Version courteWhite Sands219 km
11Version courte124 White SandsTest de rentrée atmosphérique
Photographie à très haute altitude
254 kmBat le record d'altitude d'une fusĂ©e monoĂ©tage (hors Union soviĂ©tique)
12Version courteWhite SandsTest de rentrée atmosphérique
Photographie à très haute altitude
Recherche sur latosphère
230 km

Notes et références

  1. Jenkins et Launius 2002, p. 187-189.
  2. Jenkins et Launius 2002, p. 189.
  3. Hunley 2008, p. 10-17.
  4. Corliss 1971, p. 21-23.
  5. (en) Gunter Krebs, « Viking / Vanguard family », sur Gunter's space page (consulté le )

Bibliographie

  • (en) W. R. Corliss, NASA sounding rockets, 1958 - 1968 : A historical summary, NASA, , 168 p. (lire en ligne)
  • (en) J.D. Hunley, US Space-launch vehicle technology : Viking to space shuttle, University press of Florida, , 453 p. (ISBN 978-0-8130-3178-1)
  • (en) Dennis R. Jenkins et Roger D. Launius, To reach the high frontier : a history of U.S. launch vehicles, The university press of Kentucky, (ISBN 978-0-8131-2245-8)

Voir aussi

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.