Victor Pierre Le Gorgeu
Victor Pierre Marie Le Gorgeu [viktÉÊ.lÉÉĄÉÊËÊy], nĂ© le 5 mai 1881 Ă Quimper et mort le 11 septembre 1963 Ă Paris, est un mĂ©decin, rĂ©sistant et homme politique français.
Victor Le Gorgeu | |
Fonctions | |
---|---|
SĂ©nateur du FinistĂšre (1930-1945) | |
Gouvernement | IIIe RĂ©publique |
Groupe politique | Gauche DĂ©mocratique |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Quimper |
Date de décÚs | |
Lieu de décÚs | 15e arrondissement de Paris |
|
|
Maires de Brest | |
Famille
La famille Le Gorgeu trouve ses racines depuis fort longtemps dans un village du sud du FinistĂšre, KernĂ©vel, dĂ©sormais rattachĂ© Ă Rosporden. C'est une famille de petits artisans boulangers. Les parents de Victor Ă©migrent vers Brest dans la deuxiĂšme partie du XIXe siĂšcle oĂč ils fondent un commerce de ravitaillement en gros des Ăźles de Sein, Ouessant et MolĂšne.
La famille Le Gorgeu Ă©tait, avant la Seconde Guerre mondiale, propriĂ©taire du journal La dĂ©pĂȘche de Brest et de l'Ouest . Victor Le Gorgeu, PrĂ©sident, dut cĂ©der ses parts en 1942, sous la menace du gouvernement de Vichy et de Yann FouĂ©rĂ©. La DĂ©pĂȘche renaitra en 1944 sous le nom du TĂ©lĂ©gramme de Brest et de l'Ouest, dont il restera le prĂ©sident jusqu'Ă sa mort en 1963.
Il épouse Madeleine Peltier dont il eut trois enfants : Victor-Léon (Inspecteur-général des Ponts et Chaussées), Maryvonne et Marie-Louise.
Ătudes
Victor Le Gorgeu fit ses Ă©tudes primaires et secondaires au LycĂ©e de Brest, situĂ© alors rue Voltaire, de 1886 Ă 1898. Il reçut le Grand prix d'honneur du lycĂ©e de Brest en 1898. Admis Ă l'Ăcole Principale du Service de SantĂ© de la Marine Ă Bordeaux en octobre 1900, il reçut la mĂ©daille d'argent du Prix de la facultĂ© de mĂ©decine de Bordeaux en 1903 et devint docteur en mĂ©decine le (mĂ©daille de bronze, le plus jeune docteur aprĂšs Cazanove en 1881). Il suivit les cours de l'Institut Pasteur en 1907 - 1908.
CarriÚre de médecin
Il devint médecin des troupes coloniales au Tonkin de mai 1904 à juillet 1906 puis fit des séjours en Mauritanie, au Sénégal, de novembre 1908 à novembre 1910. Il quitte l'armée en juin 1911 et exerce comme médecin civil à Brest jusqu'en octobre 1930 ; il ouvre le premier laboratoire d'analyses médicales à Recouvrance.
Pendant la PremiÚre Guerre mondiale, il est mobilisé et successivement :
CarriĂšre politique
Fonctions Ă©lectives
Victor Le Gorgeu est élu conseiller général du FinistÚre (Brest 1er canton) de décembre 1919 à 1925 puis de 1931 à 1941.
Il est Ă©lu conseiller municipal et maire de Brest le puis rĂ©Ă©lu le 19 mai 1935, jusqu'au 31 dĂ©cembre 1941, date oĂč il fut rĂ©voquĂ© par le gouvernement de Vichy Ă la suite de son refus de voter une adresse de reconnaissance et de confiance au chef de l'Ă©tat[1] - [2].
Il fut Ă©galement sĂ©nateur du FinistĂšre du au [3], il se montra trĂšs actif au SĂ©nat, oĂč il appartenait Ă la Gauche dĂ©mocratique. Il fut prĂ©sident du Groupe des SĂ©nateurs-Maires, qui rĂ©unissait Ă peu prĂšs la moitiĂ© des sĂ©nateurs.
Il était ami de longue date du docteur Pierre Mazé, résistant, député du FinistÚre et membre du parti radical.
Fonctions gouvernementales avant guerre
- Membre de la Commission de l'HygiÚne et de la Prévoyance Sociale.
- Membre de la Commission de la Marine dont il devait devenir vice-président, puis président en 1939 lorsque M. Rio fut nommé ministre de la Marine Marchande.
- Sous-secrĂ©taire dâĂtat au MinistĂšre de lâĂducation nationale, chargĂ© de lâĂducation physique dans le cabinet d'Albert Sarraut : 26 octobre â 25 novembre 1933
- Sous-secrĂ©taire dâĂtat au ministĂšre de lâĂducation nationale, chargĂ© de lâEnseignement technique dans le cabinet de Camille Chautemps : 26 novembre 1933 â 29 janvier 1934. Partisan de la laĂŻcitĂ©, sa grande idĂ©e Ă©tait de permettre l'accĂšs aux Ă©tudes supĂ©rieures des enfants les plus dĂ©favorisĂ©s et de dĂ©velopper lâenseignement post-scolaire et professionnel.
CarriĂšre de haut Fonctionnaire aprĂšs la 2Ăšme guerre mondiale
- Conseil d'Etat : Commissaire régional de La République pour la Bretagne de 1944 à 1946 (il faisait office de doyen des Commissaires de La République) il est nommé au tour extérieur, au Conseil d'Etat, du 27 mars 1947 au 5 mai 1952, à la suite de la démission du général De GAULLE Le 20 janvier 1946, de son poste de chef du gouvernement provisoire de la République française (GRPF). Il y rejoint René Cassin , Vice Président . Il deviendra le président de l'amicale des Conseillers d'Etats, fait unique, ayant été nommé au tour extérieur.
- ENA : Il est nommé Président du jury de la premiÚre promotion "France Combattante" de l'ENA en 1947, qui est dirigée par Henri Bourdeau de Fontenay, grand résistant et ancien Commissaire Régional de La République pour la Normandie. Il rédige un rapport sur l'ENA en 1955, la sélection des élÚves et leur adaptation aux besoins bien compris de l'Administration.... Un autre rapport , non publié par le gouvernement , avait été rédigé en 1952 : voir dans Les débuts difficiles de l'Ecole Nationale d'Administration.
- Président du Conseil Supérieur de la Marine Marchande de 1952 jusqu'à sa mort en 1963
- Vice-PrĂ©sident du conseil d'administration de l'Institut Scientifique et Technique des PĂȘches Maritimes (ISTPH) en 1953
- Président du Comité d'examen des comptes de la Marine
- Président de la Société de Comptabilité de France
- Président du Conseil d'Administration du Muséum National d'Histoire Naturelle en 1961
- PrĂ©sident du Conseil dâadministration de l'Ăcole Nationale de la SantĂ© Publique en 1961
- Membre de l'Académie de Marine
Algérie
- Président de la Commission Centrale de contrÎle des élections municipales en mars 1959
- Président de la Commission Centrale de contrÎle des élections cantonales en avril 1960
Commissariat au Plan
- Président de la commission de l'équipement scolaire à partir du 4e Plan
- Président de la commission de l'équipement hospitalier
- Président de la commission de l'équipement Sanitaire et social en 1962
- Membre de la Commission des rapports entre l'Ătat et l'Enseignement PrivĂ©, prĂ©sidĂ©e par Mr Lafre du 25 juin au 29 octobre 1959
Activiste de la Seconde Guerre mondiale
Il fit partie des 80 parlementaires (dont 7 du FinistÚre sur 16 parlementaires en tout dans le département, emmenés par lui) qui refusÚrent de donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en disant non au projet de loi du , qui signifiait la fin de la République et le début de l'Etat Français et de la collaboration.
Son opposition au rĂ©gime s'affirma. Il accepta d'abord que son conseil municipal fĂ»t remaniĂ© par le gouvernement de Vichy et il multiplia les appels au calme pour Ă©viter que la population ne fĂ»t victime de reprĂ©sailles de la part des autoritĂ©s allemandes. Il entra en conflit de plus en plus ouvert avec le pouvoir et finit, dĂšs 1941, par ĂȘtre rĂ©voquĂ© pour 3 mois de ses fonctions de maire de Brest le pour avoir refusĂ© de voter une motion de confiance Ă PĂ©tain.
Rapport du préfet de la région de Rennes, M. François Ripert, le :
« Dans le FinistĂšre "l'Ăąme de la rĂ©sistance" semble ĂȘtre M Le Gorgeu, Maire de Brest, ancien sĂ©nateur vers lequel tous les yeux sont tournĂ©s (...). S'il affiche le portrait du MarĂ©chal PĂ©tain dans la salle du conseil municipal, il estime ne pas devoir aller jusqu'Ă la mettre dans son cabinet personnel. Il est d'autre part dĂ©cidĂ© Ă s'abstenir si les membres du conseil municipal proposaient une motion de confiance au MarĂ©chal (...) .L'attitude de M Le Gorgeu commande celles de tous les anciens parlementaires de la rĂ©gion (...). Ă mon avis la clĂ© de la RĂ©volution Nationale dans le FinistĂšre repose sur le Maire de Brest. Les milieux nationaux de la rĂ©gion en particulier la marine militaire, semble trĂšs montĂ©s contre la passivitĂ© de M. Le Gorgeu et sa rĂ©sistance Ă l'esprit nouveau qui donne le ton dans le pays et maintient la tiĂ©deur de la population envers le Gouvernement (...) . La seule difficultĂ© vient de l'absence d'homme pour remplacer M Le Gorgeu mais j'estime que si le Maire de Brest refusait de voter une motion s'adressant personnellement au MarĂ©chal, son remplacement s'imposerait de toute nĂ©cessitĂ©. »
Ă cette Ă©poque, il dut quitter Brest et s'en alla vivre Ă CrosmiĂšres, petit village de la Sarthe, dans la famille de l'Ă©pouse de son fils Victor LĂ©on Le Gorgeu.
Il s'engagea alors dans la lutte clandestine et rejoignit l'Organisation civile et militaire au dĂ©but 1943, oĂč il Ă©tait chargĂ© de l'organisation administrative de la Bretagne. De ce fait, il s'est trouvĂ© en rapport avec le mouvement LibĂ©ration-Nord. Il est pressenti en juin 1943 par le Conseil national de la RĂ©sistance pour les fonctions de Commissaire RĂ©gional de la RĂ©publique Ă Rennes ; le gĂ©nĂ©ral de Gaulle le nomme en octobre 1943 son reprĂ©sentant pour la rĂ©gion Bretagne.
Au cours de tournées périodiques en Bretagne, il s'occupe de l'organisation des Comités de libération des départements d'Ille-et-Vilaine, des CÎtes-du-Nord, du FinistÚre, du Morbihan, comités qu'il installe en janvier 1944.
Avisé le qu'il était dénoncé à la Gestapo et à Darnand, il fuit à Paris et dut se cacher en divers domiciles à compter de cette date tout en maintenant les contacts avec les organismes centraux de la Résistance.
Il rejoint Rennes le , conformément aux instructions reçues, pour y préparer la prise de pouvoir. Avec les premiers obus américains qui tombent sur Rennes le 1er août, il s'installe dans ses fonctions de Commissaire Régional de la République le lors de la libération de la ville[4] - [5] - [6], fonctions qu'il exerce jusqu'au , à la suite de la démission du général de Gaulle. Deux difficultés majeures se présentent à lui : gérer l'épuration et le ravitaillement.
Il a pour directeur de cabinet Henri Fréville, futur sénateur-maire de Rennes, qui fut en outre président de la commission de re-parution des titres de presse. La presse bretonne dans la tourmente : 1940-1946, Paris, Plon,
Cet engagement lui valut d'ĂȘtre dĂ©corĂ© de la mĂ©daille de la RĂ©sistance avec rosette Ă la LibĂ©ration.
DĂ©corations et hommages
- Commandeur de la LĂ©gion d'honneur (12 juillet 1952)
- Officier de la LĂ©gion d'honneur Ă titre militaire le 13 mars 1933
- Chevalier de la LĂ©gion d'honneur Ă titre militaire en janvier 1915
- Croix de guerre 1914-1918 avec Palme et Etoile de Vermeil
- Médaille de la Résistance française, avec rosette en juillet 1946[7]
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques le 19 février 1957
- Commandeur de l'ordre du MĂ©rite maritime le 5 avril 1962[8]
- MĂ©daille coloniale (Agrafe Mauritanie)
- Médaille d'honneur de la protection judiciaire de la jeunesse, bronze le 13 février 1962
- Chevalier de l'ordre de la Santé publique
- Grand Officier dans l'Ordre de lâĂtoile d'Anjouan le 18 mai 1949
Une avenue porte son nom Ă Brest, ainsi que des rues Ă Rennes, Quimper et Guipavas.
Notes et références
- « Installation du nouveau conseil municipal. », La dĂ©pĂȘche de Brest,
- « MM. Le Gorgeu et Lullien suspendus de leurs fonctions. », La dĂ©pĂȘche de Brest,
- « Victor Le Gorgeu », sur senat.fr
- Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest n°1 du 18 septembre 1944
- « Libération. Le rÎle de Victor Le Gorgeu. », Le Télégramme,
- « AprÚs la guerre, reconstruire la République (documentaire) », sur France 3,
- « Le Gorgeu », sur Mémoire des hommes
- « Liste des Médaillés du Mérite Maritime depuis 1930. », sur Fédération nationale du mérite maritime
Voir aussi
Sources
- « Victor Pierre Le Gorgeu », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
Liens externes
- Ressources relatives Ă la vie publique :
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative Ă la recherche :
- Victor Le Gorgeu sur Wiki-Brest
- MĂ©moire des RĂ©sistants et FFI de l'arrondissement de Brest