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Veuve noire

Latrodectus mactans, la veuve noire d'Amérique du Nord, est une espÚce d'araignées aranéomorphes de la famille des Theridiidae[1]. Le nom veuve noire désigne également collectivement plusieurs autres espÚces d'araignées du genre Latrodectus. Ces espÚces occupent une place particuliÚre dans l'imaginaire humain, en raison notamment du puissant venin de la femelle veuve noire et de sa pratique supposée du cannibalisme sexuel qui ont inspiré de nombreux auteurs.

En dépit du folklore attaché à son nom, Latrodectus mactans ne fait pas partie des habituées du cannibalisme sexuel (contrairement à la Veuve noire à dos rouge). La femelle dévore exceptionnellement le mùle lorsque les ressources nutritives du milieu sont quasi-nulles et le mùle parvient le plus souvent à s'échapper[2].

Étymologie

Le nom scientifique vient du latin latro « soldat, voleur » et du grec dĂ©ktĂ©s « qui mord », allusion Ă  ses mƓurs cannibales. L'Ă©pithĂšte mactans signifie « exĂ©cutant, terrassant »[3]

RĂ©partition

Cette espĂšce est originaire d'AmĂ©rique du Nord[1]. Elle se rencontre naturellement aux États-Unis et au Mexique entre le niveau de la mer et 3 500 mĂštres d’altitude.

Elle a été introduite à Hawaï et à Cuba et a été signalée en de nombreux points du globe mais elle est souvent confondue avec d'autres Latrodectus.

Elle est appelĂ©e capulina ou chintatlahua au Mexique[4] (chintatlahua dĂ©rive du mot nĂĄhuatl tzintlatlauhqui). Elle est trĂšs frĂ©quente dans les villes de Guadalajara et d’Aguascalientes.

Description

Latrodectus mactans ♀
Latrodectus mactans ♂

Latrodectus mactans est une espĂšce de petite taille, la longueur du corps est de 15 mm chez les femelles. Le dimorphisme sexuel est assez marquĂ© : les mĂąles sont plus petits avec une longueur de 7 Ă  mm et sont moins colorĂ©s.

On peut aisĂ©ment la reconnaĂźtre grĂące Ă  un dessin en forme de sablier rouge vif, parfaitement symĂ©trique, situĂ© sur l’abdomen globuleux d’un noir brillant des femelles. Alors que les signaux aposĂ©matiques Ă©mis par un animal sont normalement destinĂ©s Ă  avertir ses prĂ©dateurs mais par la mĂȘme occasion ses proies, ce signal rouge de la Veuve noire a Ă©voluĂ© de telle façon Ă  ĂȘtre plus visible par les prĂ©dateurs vertĂ©brĂ©s (oiseaux) que par les proies, ce qui traduit un compromis coĂ»t-bĂ©nĂ©fice[5].

On attribue son nom au fait que la femelle mange le mĂąle aprĂšs l’accouplement. Mais cela n’est pas systĂ©matique chez cette espĂšce.

Bien que non agressive elle est connue pour sa dangerosité à cause de la toxicité de son venin.

Venin

L'envenimation par morsure d'araignée s'appelle aranéisme et la morsure spécifique à l'une du genre Latrodectus s'appelle latrodectisme.

L'alpha-latrotoxine contenue dans le venin de ces espÚces, quinze fois plus toxique que celui du serpent à sonnettes[6], détruit les vésicules synaptiques. Heureusement, la quantité injectée en cas de morsure est bien plus faible.

Cette toxine catalyse la production d'une quantitĂ© massive de neurotransmetteurs (notamment l'acĂ©tylcholine) aux extrĂ©mitĂ©s nerveuses en se fixant sur un rĂ©cepteur[7]. Les principaux symptĂŽmes sont des troubles neurovĂ©gĂ©tatifs (variations de la tempĂ©rature, transpiration et sueurs froides, et de la pression artĂ©rielle), des cĂ©phalĂ©es, des spasmes musculaires (contraction des muscles thoraciques, abdominaux et faciaux), des paresthĂ©sies (en particulier une paresthĂ©sie de la plante des pieds, pathognomonique) des troubles psychiques (Ă©tat d’anxiĂ©tĂ© intense, crainte de mourir, et hallucinations[7]), des nausĂ©es, un Ă©rythĂšme et un ƓdĂšme local.

Les cas mortels sont trÚs rares ; les personnes les plus sensibles sont les enfants en bas ùge, les personnes ùgées ou ayant des problÚmes cardiaques.

Comme exemple, en 2003, seulement aux États-Unis, 2 720 morsures de veuve noire ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©es par l'American Association of Poison Control Centers[8]. 635 enfants et adolescents en Ă©taient victimes, le reste Ă©tant des adultes. 860 ont Ă©tĂ© facilement traitĂ©es, avec des soins mĂ©dicaux appropriĂ©s ; 380 ont prĂ©sentĂ© des problĂšmes de santĂ© modĂ©rĂ©s, et 13 des problĂšmes graves. Il n'y a eu aucun dĂ©cĂšs. Cependant, ce rapport n'indique pas quelles espĂšces de veuves noires sont Ă  l'origine de ces morsures (il y a cinq espĂšces de veuve noire prĂ©sentes aux États-Unis, ayant chacune un venin de toxicitĂ© variable). Les dĂ©cĂšs consĂ©cutifs Ă  une morsure de veuve noire sont plutĂŽt rares de nos jours, les traitements mĂ©dicaux s'Ă©tant amĂ©liorĂ©s au fil du temps. Il faut cependant avoir accĂšs Ă  ces soins, ce qui n'est pas le cas dans toutes les parties du monde.

Le traitement est basé sur l'injection de gluconate de calcium IV, qui supprime les contractions et les douleurs musculaires, puis d'un sérum anti-latrodecte spécifique : fraction Fab de Latrodectus. En l'absence de ce sérum, on pratique une injection d'un relaxant musculaire, comme le dantrolÚne. Ce traitement est trÚs efficace s'il est administré dans les vingt-quatre heures suivant la morsure.

Recherche et développement

En 2007, une Ă©quipe de biologistes de l’universitĂ© de Californie (États-Unis) a finalement identifiĂ© les deux gĂšnes majeurs de la synthĂšse de la soie chez la veuve noire. Par ses propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques remarquables (Ă©lasticitĂ©, rĂ©sistance et lĂ©gĂšretĂ©), cette soie trouve des applications dans les armures de guerre (gilets pare-balle) ou les matĂ©riaux chirurgicaux. La production industrielle peut se faire par l’ajout de ces gĂšnes Ă  celui d’une bactĂ©rie (Escherichia coli) qui se met alors Ă  synthĂ©tiser la protĂ©ine recherchĂ©e[9].

Taxinomie

Cette espĂšce admet de nombreux synonymes[1] :

  • Aranea mactans Fabricius, 1775
  • Meta schuchii C. L. Koch, 1836
  • Latrodectus formidabilis Walckenaer, 1837
  • Latrodectus perfidus Walckenaer, 1837
  • Latrodectus intersector Walckenaer, 1837
  • Tetragnatha zorilla Walckenaer, 1841
  • Theridion verecundum Hentz, 1850
  • Theridion lineatum Hentz, 1850
  • Latrodectus malmignatus tropica Hasselt, 1860
  • Theridion carolinum Butler, 1877
  • Theridion lineamentum McCook, 1879
  • Latrodectus insularis Dahl, 1902
  • Latrodectus insularis lunulifer Dahl, 1902
  • Latrodectus sagittifer Dahl, 1902
  • Latrodectus hahli Dahl, 1902
  • Latrodectus luzonicus Dahl, 1902
  • Latrodectus albomaculatus Franganillo, 1930
  • Latrodectus agoyangyang Plantilla & Mabalay, 1935
  • Latrodectus mactans mexicanus Gonzalez, 1954

Aucune sous-espĂšce n'est reconnue par the World Spider Catalog 16.0[1].

Galerie

  • L. mactans - femelle avec son cocon
    L. mactans - femelle avec son cocon
  • L. mactans avec une proie emballĂ©e.
    L. mactans avec une proie emballée.
  • L. mactans
    L. mactans
  • L. mactans femelle avec son sac d'Ɠufs
    L. mactans femelle avec son sac d'Ɠufs
  • L. mactans
    L. mactans
  • L. mactans
    L. mactans
  • L. mactans en vue ventrale
    L. mactans en vue ventrale
  • L. mactans
    L. mactans

La Veuve noire dans la culture

L'aspect dangereux de cette araignée a servi de métaphore dans de nombreuses affaires criminelles, à l'instar des mantes religieuses, mais également de nombreuses fictions.

Romans

  • Leslie Charteris, Le Saint et la Veuve noire, Paris, A. Fayard, 1953, 224 p.
  • Robert Standish, La Veuve noire (The Widow Hack), Paris, Stock, 1968, 253 p.
  • Patrick Quentin, La Veuve noire (The Black widow), Paris, Ch. Bourgois, 1982, 268 p. (sĂ©rie B) (ISBN 2-267-00307-4)
  • Christina Crawford, La Veuve noire (Black widow), Paris, Hachette, 1982, 262 p. (ISBN 2-01-008870-0)
  • Stuart Woods, La Veuve noire (Choke). Paris, de Fallois, 1997, 314 p. (ISBN 2-87706-296-1)
  • Maxime Chattam, MalĂ©fices (Lafon), 2004.

Films

Musique

Comics

Jeux vidéo

  • Black Widow, jeu vidĂ©o (arcade) d'Atari (1982)
  • Black Widow est une aptitude permettant aux personnages fĂ©minins d'infliger plus de dĂ©gĂąts aux adversaires masculins dans les jeux Fallout 3, Fallout: New Vegas et Fallout 4
  • Black Widow est le nom d'un vaisseau de combat venant du jeu Eve Online
  • Black Widow est le nom d'un fusil de prĂ©cision venant du jeu Mass Effect 3
  • Black Widow est la prise de finition de la catcheuse professionnelle AJ Lee
  • Widowmaker (de son nom Anglais, son nom Fr Ă©tant Fatale), un personnage fĂ©minin du jeu vidĂ©o Overwatch, est souvent associĂ©e Ă  la Veuve Noire, de par le nom de ses Ă©quipements de combat, ses lignes de dialogues, et son histoire personnelle oĂč elle est notamment responsable du meurtre de son mari. (Les couleurs de son apparence "Widowmaker Noire" font aussi rĂ©fĂ©rence Ă  l'araignĂ©e").

Publication originale

  • Fabricius, 1775 : Araneae. Systema entomologiae, sistens insectorum classes, ordines, genera, species, adiectis, synonymis, locis descriptionibus observationibus. Flensburg and Lipsiae, p. 431-441.

Notes et références

  1. WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. (en) Rainer Foelix, Biology of spiders, Harvard University Press Cambridge, , p. 248.
  3. (en) Cleveland Pendleton Hickman, Integrated Principles of Zoology, Mosby, , p. 388.
  4. Manual de procedimientos del Programa de Adopción de la Reserva Ecológica del Pedregal de San Ángel (PROREPSA)
  5. (en) Nicholas Brandley, Matthew Johnson, Sönke Johnsen, « Aposematic signals in North American black widows are more conspicuous to predators than to prey », Behavioral Ecology, vol. 27, no 4,‎ , p. 1104–1112 (DOI 10.1093/beheco/arw014).
  6. Cours ComplĂ©ments de biologie animale (BIO1231) de l'UniversitĂ© catholique de Louvain, « image 151 des arthropodes »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) (« voir le texte »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?))
  7. John Timbrell, The Poison Paradox : Chemicals as Friends and Foes, Oxford University Press, , 348 p. (ISBN 0-19-280495-2, lire en ligne), « Natural born killers », p. 162
  8. CPCS: Call Us!... Newsletter (Fall 2006)
  9. (en) Amanda Kelly Lane, Cheryl Y Hayashi, Gregg B Whitworth et Nadia A Ayoub, « Complex gene expression in the dragline silk producing glands of the Western black widow (Latrodectus hesperus) », BMC Genomics, vol. 14, no 1,‎ , p. 846 (ISSN 1471-2164, PMID 24295234, PMCID PMC3879032, DOI 10.1186/1471-2164-14-846, lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Discovery Books, 2000 : Insects and Spiders; St. Remy Media Inc.; New York; 35
  • Freeman, Scott, 2003 : Biological Science; Prentice-Hall
  • Hillyard, Paul, 1994 : the Book of Spiders; Random House, Inc.; New York; 47-50
  • Hillyard, Paul, 1994 : The Book of the Spider; Avon Books; New York; 22-25
  • Martin, Louise, 1988 : Black Widow Spiders; Rourke Enterprises, Inc.; 18-20
  • Preston-Malfham, Ken : 1998; Spiders; Chartwell Books; Edison; New Jersey; 40.
  • Abalos, J.W. 1962 : The Egg-sac in the Identification of Species of Latrodectus (Black-Widow Spiders). Psyche vol. 69, p. 268-270.
  • Levi, H.W. & McCrone, J.D. 1964 : North American Widow Spiders of the Latrodectus curacaviensis Group (Araneae, Theridiidae. Psyche, vol. 71, p. 12-27.

Liens externes

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