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Usine de tabac reconstitué de Spay

L'usine de tabac reconstitué de Spay est un établissement industriel situé à Spay, dans les Pays de la Loire, en France.

Usine de tabac reconstitué de Spay
Installations
Type d'usine
Équipement (d)
Fonctionnement
Opérateur
Localisation
Adresse
Le Grand Plessis, 72700 Spay
Spay, Sarthe
France
Coordonnées
47° 56′ 13″ N, 0° 10′ 13″ E
Carte

Elle fabrique du tabac reconstitué, produit entrant dans la composition des cigarettes, selon un procédé inspiré des techniques de l'industrie papetière. Leader mondial de ce marché et unique producteur en Europe, ses clients sont les principaux acteurs de l'industrie du tabac au niveau mondial. Elle est exploitée par l'entreprise française LTR Industries, filiale du groupe américain Schweitzer-Mauduit International.

Construite en , l'usine connaĂ®t un important dĂ©veloppement dans la deuxième moitiĂ© du XXe siècle, jusqu'Ă  atteindre une production annuelle de 80 000 tonnes et un effectif de 440 salariĂ©s dans les annĂ©es , et compter parmi les principaux Ă©tablissements industriels de la rĂ©gion. Elle connaĂ®t ensuite une phase de dĂ©clin dans les annĂ©es , au cours de laquelle l'activitĂ© diminue de moitiĂ©. L'entreprise engage alors une stratĂ©gie de diversification et d'innovation pour commercialiser d'autres produits.

L'usine est une source de risque industriel et de nuisances pour l'environnement, notamment de pollution de l'eau, et pour cette raison régulièrement surveillée par les autorités françaises.

Histoire

Création de l'usine

L'usine de tabac reconstitué de Spay trouve son origine dans la mondialisation et la concentration de l'industrie du tabac.

Pendant la première moitié du XXe siècle, la société américaine Schweitzer, fondée en comme importatrice de papier à cigarettes de la France vers les États-Unis, s'est développée en faisant l'acquisition de plusieurs papeteries dans les deux pays. Elle exploite ainsi en France des Papeteries de Malaucène à partir de , et les Papeteries de Mauduit, à Quimperlé, à partir de . L'entreprise familiale est vendue en au groupe papetier américain Kimberly-Clark[1].

Les années voient aussi l'apparition du tabac reconstitué, au carrefour de l'industrie du tabac et de la papeterie. Il s'agit en effet d'utiliser les techniques de fabrication du papier, appliquées à la transformation des résidus de feuilles de tabac en une pâte, qui est étalée en feuille, elle-même séchée et broyée. La matière ainsi produite est réintroduite dans la composition des cigarettes[1]. Le procédé est breveté en par Peter Schweitzer[2].

L'usine de Spay, près du Mans dans les Pays de la Loire en France, est construite en , sous le nom Le Tabac ReconstituĂ©, par le groupe Kimberly-Clark[1]. SpĂ©cialisĂ©e dans la production de tabac reconstituĂ© en feuille, elle est implantĂ©e Ă  proximitĂ© de la Sarthe car elle consomme une grande quantitĂ© d'eau[3]. Elle comprend initialement une seule ligne de production, Ă©quipĂ©e d'une machine d'une capacitĂ© de production de 10 000 tonnes par an[4].

En , le chiffre d'affaires de l'usine reprĂ©sente l'Ă©quivalent de 20 000 â‚¬ en valeur d'euros [5].

L'entreprise est un succès, et en , une deuxième machine est installĂ©e, portant la capacitĂ© de production de l'usine Ă  30 000 tonnes par an[4].

La Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes acquiert des parts dans la société[6].

Transfert et croissance à la fin des années 1990

En , le groupe Kimberly-Clark opère une stratĂ©gie de recentrage en se sĂ©parant de ses activitĂ©s liĂ©es au tabac par une opĂ©ration de scission. Celles-ci sont en effet considĂ©rĂ©es comme une menace juridique par une partie des actionnaires, en raison des effets nocifs du tabac pour la santĂ© humaine, d’autant plus que le cĹ“ur de compĂ©tence du groupe est constituĂ© des produits d'hygiène personnelle. Les activitĂ©s liĂ©es au tabac de Kimberly-Clark, qui reprĂ©sentent 10 usines dans plusieurs pays et 5,5 % du chiffre d’affaires du groupe, sont scindĂ©es dans une sociĂ©tĂ© anonyme de droit amĂ©ricain nommĂ©e Schweitzer-Mauduit International (SWM), dont les actions sont initialement distribuĂ©es aux actionnaires de Kimberly-Clark. L'usine de tabac reconstituĂ© de Spay fait partie des Ă©tablissements ainsi sĂ©parĂ©s[7] - [8].

L'annĂ©e est particulièrement profitable pour LTR Industries, devenue filiale de SWM. Elle rĂ©alise un chiffre d'affaires de près de 500 millions de francs, contre 389 millions de francs en , et emploie 332 salariĂ©s en effectif mensuel moyen, contre 290 salariĂ©s l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Premier fabricant mondial de tabac reconstituĂ©, elle enregistre un taux de rentabilitĂ© exceptionnel de 42,57 %. Son produit est commercialisĂ© aux grandes entreprises du tabac, principalement en Europe de l'Ouest[9].

Au niveau de la maison mère, le groupe Schweitzer-Mauduit International mène une stratĂ©gie de dĂ©veloppement ambitieuse de Ă  , puis connaĂ®t des difficultĂ©s financières entre et [1]. Celles-ci sont cependant Ă©trangères Ă  l'usine de tabac reconstituĂ© de Spay, dont le produit connaĂ®t un succès croissant. LTR Industries atteint ainsi en un chiffre d'affaires de 84,1 millions d'euros, supĂ©rieur de 8,9 % Ă  celui de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, et dĂ©gage une marge nette de 18,5 %. Elle compte 390 salariĂ©s[10].

Extension au début des années 2000

Le groupe Schweitzer-Mauduit International renoue avec la croissance à partir de , ce qui lui permet d'investir de nouveau dans sa filiale française de tabac reconstitué.

En , LTR Industries met aux normes la station d'Ă©puration de l'usine de Spay, pour un montant de 5,3 M€[11].

Surtout, l'extension de l'usine est engagĂ©e la mĂŞme annĂ©e afin d'installer une troisième ligne de production, les deux lignes existantes Ă©tant exploitĂ©es Ă  leur pleine capacitĂ©. La nouvelle installation a une capacitĂ© de production de 33 000 tonnes par an, portant la capacitĂ© totale de l'usine Ă  85 000 tonnes par an. L'extension reprĂ©sente 25 000 mètres carrĂ©s supplĂ©mentaires, dont une moitiĂ© sont occupĂ©s par la nouvelle machine, l'autre moitiĂ© par les quais et halles de stockage. La surface bâtie atteint ainsi 55 000 mètres carrĂ©s, et la surface impermĂ©abilisĂ©e passe de 8,7 Ă  14,5 hectares. L'investissement reprĂ©sente 57,8 millions d'euros soit 59,2 millions de dollars[10] - [12] - [13].

L'augmentation de l'activitĂ© conduit Ă  une augmentation de ses consĂ©quences dommageables sur l'environnement et en particulier sur l'eau de la Sarthe qui approvisionne le site. L'usine de tabac reconstituĂ© prĂ©levait auparavant 300 mètres cubes d'eau par heure ; ce chiffre double après son extension en . Environ 95 % de l'eau prĂ©levĂ©e est restituĂ©e dans le milieu après traitement par la station d'Ă©puration de l'usine[14].

Les rejets de polluants sont Ă©galement en hausse, faisant de l'usine l'une des principales sources de pollution de l'eau en rĂ©gion Pays de la Loire. En , des dysfonctionnements de la station d’épuration conduisent Ă  la pollution de la Sarthe par des substances chimiques. La sociĂ©tĂ© LTR Industries est condamnĂ©e Ă  20 000 euros d'amende, dont 5 000 euros avec sursis, et Ă  verser 9 000 euros de dommages-intĂ©rĂŞts Ă  deux associations de protection de l'environnement en [15].

Phase d'expansion de la fin des années 2000

Fin , la SociĂ©tĂ© d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes (Seita), vend sa participation de 28 % au capital de LTR Industries Ă  Schweitzer-Mauduit International pour un montant de 35 millions d'euros. Cette dernière, qui dĂ©tenait dĂ©jĂ  72 % des actions, devient ainsi propriĂ©taire de la totalitĂ© de l'entreprise Ă  compter du [16].

L'usine de Spay connaĂ®t une forte croissance de son activitĂ© en et . Sa production annuelle passe de 47 000 tonnes Ă  78 000 tonnes[4]. Elle dĂ©tient 60 % des parts de marchĂ© du tabac reconstituĂ©, pour un chiffre d'affaires de 128 millions d'euros. 56 % de la production a pour destination l'Europe de l'Ouest. Elle embauche cinquante personnes supplĂ©mentaires, portant son effectif Ă  440 salariĂ©s[3].

L'usine de Spay est temporairement en perte de vitesse en , ce que ses dirigeants attribuent à la concurrence mondiale. Une restructuration de l'usine est mise en œuvre, de traduisant par la suppression de neuf postes. La même année, le groupe Schweitzer-Mauduit International ferme les Papeteries de Malaucène, qui fabriquaient du papier à cigarettes[3].

En , deux salariés de l'usine sont poursuivis pour trafic de tabac, qu'ils auraient dérobé dans l'entreprise [17].

En , le chiffre d'affaires de l'usine atteint 141 millions d'euros ; elle emploie 400 salariĂ©s et produit près de 80 000 tonnes de tabac reconstituĂ©. La consommation de tabac est en baisse aux États-Unis et en Europe en raison de sa nocivitĂ©, mais la baisse des ventes est compensĂ©e par l'augmentation du tabagisme en Asie, notamment en Russie et en Chine[2]. L'entreprise compte parmi ses clients Philip Morris International et la China National Tobacco Corporation[5].

En , l'usine est dotĂ©e d'une chaudière biomasse, pour un coĂ»t de 6 millions d'euros dont 25 % de subventions publiques de l'Ademe. L'Ă©quipement, alimentĂ© en bois, doit fournir 40 % des besoins en Ă©nergie du site, par substitution au gaz naturel[2].

L'activitĂ© de tabac reconstituĂ© atteint son apogĂ©e en , avec 80 000 tonnes commercialisĂ©es[18].

Déclin du tabac reconstitué dans les années 2010

À partir de , l'usine de tabac reconstitué de Spay entre dans une situation économique défavorable. Les ventes sont en baisse, ce que ses dirigeants attribuent à la diminution du tabagisme, en raison de ses effets néfastes pour la santé humaine, et à la concurrence de la cigarette électronique[19].

En , un plan de dĂ©parts volontaires est adoptĂ© afin de supprimer 77 emplois, mais cet objectif n'est pas atteint[20].

La situation s'aggrave en , avec une baisse des ventes de 40 % en trois ans. La production n'est plus que de 50 000 tonnes annuelles ; l'une des trois machines de l'usine est mise Ă  l'arrĂŞt faute de dĂ©bouchĂ©s, une autre fonctionne Ă  la moitiĂ© de sa capacitĂ©. En , l'entreprise met en Ĺ“uvre un plan social pour rĂ©duire les effectifs de 68 postes sur 380, dont 22 par cessation anticipĂ©e d'activitĂ©. Les salariĂ©s de l'usine se mettent en grève pendant quatre semaines pour contester le nombre de licenciements et le montant des primes de dĂ©part : 80 % du personnel y participe, Ă  l'appel des syndicats CGT et Sud[21] - [22].

L'annĂ©e suivante, en , l'entreprise enregistre une lĂ©gère hausse de ses ventes, avec 53 500 tonnes de tabac reconstituĂ© Ă©coulĂ©es, mais elle estime qu'il s'agit d'une reprise temporaire et que la demande va continuer Ă  diminuer[23].

Stratégie de diversification à la fin des années 2010

Pour faire face au dĂ©clin de son activitĂ©, les dirigeants de LTR Industries engagent Ă  partir de une stratĂ©gie de diversification de l'usine de Spay, visant Ă  compenser la baisse des ventes de tabac reconstituĂ© par la fabrication d'autres produits. Elle est associĂ©e Ă  une stratĂ©gie d'innovation, consistant Ă  dĂ©velopper de nouveaux produits. L’usine accueille un laboratoire de recherche-dĂ©veloppement, qui travaille dans deux directions : d’une part la fabrication de tabac chauffĂ©, d’autre part l’utilisation d’autres matières premières vĂ©gĂ©tales telles que le thĂ© ou le cacao. Des investissements sont rĂ©alisĂ©s Ă  cet effet : en , l’usine est dotĂ©e d’une enrouleuse d’essai pour 400 000 euros ; l’annĂ©e suivante, elle dĂ©pense 700 000 euros en amĂ©lioration des procĂ©dĂ©s de sĂ©chage en continu[23].

En , l’entreprise commercialise ainsi un papier d’emballage alimentaire fabriqué à partir de cosses de cacao[24] - [25].

Dans le mĂŞme temps, des essais de fabrication de tabac chauffĂ© sont rĂ©alisĂ©s, mais sans parvenir Ă  un rĂ©sultat satisfaisant. L'usine rĂ©alise un chiffre d'affaires de 88 millions d'euros en et ne compte plus que 276 salariĂ©s, soit une rĂ©duction d'une centaine de postes en cinq ans. Elle reste dans une mauvaise situation Ă©conomique, avec seulement 38 472 tonnes de tabac reconstituĂ© vendues en [26] - [27].

LTR Industries obtient des subventions de l'État français, Ă  hauteur de 1,5 million d'euros au titre du programme des investissements d'avenir (PIA), et de la rĂ©gion Pays de la Loire Ă  hauteur de 200 000 euros, en , pour la poursuite de son plan de recherche-dĂ©veloppement dans l'usine de Spay, dont le coĂ»t total est de 19,6 millions d'euros. La dĂ©cision est critiquĂ©e par les Ă©lus d'opposition au conseil rĂ©gional des Pays de la Loire, au motif qu'il serait contraire Ă  l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral de subventionner une industrie nuisible Ă  la santĂ© humaine[28] - [29].

Rebond de l'activité au début des années 2020

La stratĂ©gie de diversification de l'usine de Spay porte ses fruits Ă  partir de . La production de tabac reconstituĂ© a chutĂ© Ă  42 000 tonnes par an, mais les investissements rĂ©alisĂ©s permettent de relancer l'usine sur le marchĂ© du tabac chauffĂ©, qui est en forte croissance. Grâce Ă  l'adaptation des lignes de production, ce produit reprĂ©sente 30 % du chiffre d'affaires [30].

L'entreprise poursuit ses investissements, qui s'Ă©lèvent Ă  environ 7 millions d'euros entre et [30].

En , le chiffre d'affaires de l'usine atteint 80 millions d'euros. La troisième ligne de production, qui n'Ă©tait plus utilisĂ©e depuis , est remise en service. Les effectifs de l'usine progressent Ă©galement de nouveau : 45 personnes sont recrutĂ©es, ce qui porte le nombre de salariĂ©s Ă  310[30].

L'annĂ©e suivante, un espace de travail collaboratif de 377 mètres carrĂ©s est amĂ©nagĂ© au sein de l'usine pour amĂ©liorer les conditions de travail et moderniser l'image de l'entreprise, afin d'attirer et fidĂ©liser le personnel. Conçu par le prestataire spĂ©cialisĂ© La Colloc, il se compose d'espaces de travail en commun (salles de rĂ©union et de crĂ©ativitĂ©) et d'espaces de pause (cuisine, espaces de dĂ©tente)[31] - [32].

Économie

Processus de production

La matière première est composée des sous-produits de tabac issus de la fabrication des cigarettes, qui sont fournis par les clients eux-mêmes[3] :

  • les « cotes Â», nervures des feuilles de tabac
  • les « scraps Â», petits morceaux de feuilles
  • les poussières de feuilles.

Le procédé industriel consiste d'abord à réceptionner les matières premières, à procéder à leur mélange et à leur broyage, puis à les infuser, c'est-à-dire les mélanger avec de l'eau. Ce mélange forme deux substances : la fibre, une pâte solide, et la liqueur, un jus liquide, qui sont séparées par pressage, de façon similaire à une presse à huile, pour être ensuite traitées séparément[4] - [5].

Le coeur de la production est la transformation de la pâte en feuille : la pâte subit un raffinage, puis est Ă©talĂ©e et pressĂ©e. La presse de grandes dimensions, 10 mètres de haut et 100 mètres de long, est similaire Ă  une presse Ă  papier. La feuille, de 3,5 mètres de large et de longueur sans fin, a ainsi après sĂ©chage l'aspect d'une feuille de papier[4] - [5].

La liqueur est concentrée, puis appliquée sur la feuille. Enfin, le tabac ainsi reconstitué est séché, broyé et haché avant d'être stocké en cartons pour être expédié au client final[4] - [5].

Le tabac reconstituĂ© entre dans la composition des cigarettes en complĂ©ment aux feuilles de tabac. Il reprĂ©sente % Ă  20 % de la composition. Il a un intĂ©rĂŞt principalement Ă©conomique pour les fabricants de cigarettes, car il leur permet de rĂ©utiliser les sous-produits de leur propre process industriel. Il permet aussi d'influer sur les taux de goudron et de nicotine des cigarettes[2] - [33].

Quantités produites

Production annuelle de tabac reconstitué, en tonnes
Date Valeur Référence
2006 47 000 [3]
2008 78 000 [3]
2010 80 000 [2]
2012 80 000 [18]
2014 50 000 [21]
2015 53 500 [23]
2018 38 472 [27]
2021 42 000 [30]
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
80 000
90 000
2006
2008
2010
2012
2014
2015
2018
2021

Chiffre d'affaires

Chiffre d'affaires, en millions d'euros courants
Date Valeur Référence
1996 59,3 389 millions de francs[9]
1997 76,2 500 millions de francs[9]
2000 77,2 [10]
2001 84,1 [10]
2008 128 [3]
2010 141 [2]
2017 88 [26]
2021 80 [30]
25
50
75
100
125
150
1996
1997
2000
2001
2008
2010
2017
2021

Effectifs

Nombre de salariés
Date Valeur Référence
1996 290 [9]
1997 332 [9]
2001 390 [10]
2006 390 [3]
2008 440 [3]
2009 431 [3]
2010 400 [2]
2014 380 [21]
2017 276 [26]
2020 260 [30]
2021 310 [30]
100
200
300
400
500
1996
1997
2000
2001
2006
2008
2009
2010
2014
2017
2020
2021

Actionnariat

Avant le 31 janvier 2008 :

  • Schweitzer-Mauduit International: 78  %
  • SociĂ©tĂ© d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes: 22  %

Après le 31 janvier 2008 : Schweitzer-Mauduit International 100 %[16]

Conséquences sur l'environnement

Risque industriel

L'usine de tabac reconstituĂ© de Spay est classĂ©e SEVESO seuil bas pour le risque de toxicitĂ© aiguĂ« catĂ©gorie 3 pour les voies d'exposition par inhalation, car elle peut dĂ©tenir jusqu'Ă  80 000 tonnes d'acide nitrique Ă  58 %. Elle est Ă©galement soumise Ă  autorisation au titre des installations classĂ©es pour la protection de l'environnement (ICPE) pour ses installations de combustion, et soumise Ă  enregistrement ou Ă  dĂ©claration de plusieurs autres de ses produits et Ă©quipements[34] - [35].

Prélèvement d'eau

L'usine de tabac reconstituĂ© de Spay emploie une grande quantitĂ© d'eau. La proximitĂ© de la Sarthe a motivĂ© son installation Ă  cet emplacement afin de s'y approvisionner[3]. Les besoins augmentent dans les annĂ©es après l'extension de l'usine : elle prĂ©lève alors 600 mètres cubes d'eau par heure, deux fois plus qu'avant l'extension. Environ 95 % de l'eau prĂ©levĂ©e est restituĂ©e dans le milieu après traitement par la station d'Ă©puration[14].

Ces prĂ©lèvements sont une source de prĂ©occupation pour les autoritĂ©s publiques, car la ressource en eau est limitĂ©e. Cette inquiĂ©tude s'accroĂ®t Ă  partir des annĂ©es , en raison de l'augmentation des phĂ©nomènes de sĂ©cheresse dus au changement climatique. Au dĂ©but des annĂ©es , l'usine est Ă  elle seule Ă  l'origine de 10 % des prĂ©lèvements industriels d'eau en rĂ©gion Pays de la Loire, hors secteur de l'Ă©nergie[36].

En , l'usine de tabac reconstituĂ© prĂ©lève 2,8 millions de mètres cubes dans les eaux de surface, auxquelles s'ajoutent 16 000 mètres cubes d'eau potable. Ces niveaux en font l'un des six Ă©tablissements identifiĂ©s comme principaux prĂ©leveurs au niveau rĂ©gional. Ils conduisent l'État français Ă  imposer en Ă  l'entreprise de rĂ©aliser une Ă©tude sur son utilisation de l'eau et sur les mesures de rĂ©duction des prĂ©lèvements Ă  mettre en place, afin de « prendre en considĂ©ration les intĂ©rĂŞts des diffĂ©rents utilisateurs de l'eau » et de « limiter son impact sur le milieu naturel » et sur la disponibilitĂ© de l'eau potable[37] - [38].

Pollution de l'eau

L'usine de tabac reconstitué de Spay est une source importante de pollution de l'eau. Les industries du tabac et de la papeterie font partie des secteurs identifiés comme les plus polluants pour le milieu aquatique en région Pays de la Loire.

De mĂŞme que les prĂ©lèvements, les rejets polluants augmentent dans les annĂ©es après l’extension de l’usine, ce qui conduit Ă  son classement comme Ă©tablissement prioritaire national par l'État français. En , des dysfonctionnements de la station d’épuration conduisent Ă  la pollution de la Sarthe, au-delĂ  des normes admises. Les autoritĂ©s françaises concluent que la sociĂ©tĂ© n’était « pas suffisamment prĂ©parĂ©e et organisĂ©e Â» pour faire face Ă  ces dysfonctionnements et lui imposent de mettre en Ĺ“uvre de nouvelles mesures de prĂ©vention[14].

Des actions sont effectivement entreprises Ă  la fin des annĂ©es pour rĂ©duire la pollution Ă©mise, en optimisant l'usage de l'eau, en maĂ®trisant la charge polluante et en amĂ©liorant les traitements rĂ©alisĂ©s par sa station d'Ă©puration. Elles produisent des rĂ©sultats : entre et , la quantitĂ© de polluants par tonne de produits finis sortant de l'usine est significativement rĂ©duite. Pour certaines catĂ©gories de polluants (matières en suspension et phosphore), la baisse atteint mĂŞme 60 %[36].

MalgrĂ© ces progrès, les rejets restent importants dans les annĂ©es . L'usine de tabac reconstituĂ© de Spay fait partie des 75 Ă©tablissements Ă  l'origine de la majeure partie des rejets industriels en rĂ©gion Pays de la Loire, et elle figure dans les premiers contributeurs de quatre des cinq principales sources de pollution de l'eau[36].

  • Matières en suspension (MES) : L'usine de tabac reconstituĂ© de Spay rejette 63,3 tonnes de matières en suspension dans le milieu naturel en , ce qui en fait le premier Ă©metteur en rĂ©gion Pays de la Loire. Les rejets ont fortement diminuĂ© grâce aux mesures prises dans les annĂ©es , car ils Ă©taient de 143 tonnes en avec des dĂ©passements importants des valeurs autorisĂ©es. Mais ils restent importants : combinĂ©s avec ceux de la papeterie Arjowiggins de BessĂ©-sur-Braye, ils reprĂ©sentent 20 % des rejets de la rĂ©gion.
  • Demande chimique en oxygène (DCO) : L'usine est le principal pollueur de la rĂ©gion pour cette catĂ©gorie, avec 805,8 tonnes rejetĂ©es dans le milieu naturel en , ce qui reprĂ©sente Ă  elle seule 25 % des rejets de la rĂ©gion. MalgrĂ© une station d'Ă©puration performante, elle fait partie des 25 plus grands Ă©metteurs industriels de France.
  • Azote total (N) : L'usine Ă©met 56,1 tonnes d'azote total en , ce qui en fait le deuxième contributeur en rĂ©gion Pays de la Loire.
  • Phosphore total (P) : L'usine rejette 2 tonnes de phosphore total dans le milieu naturel en , une valeur en forte diminution grâce aux mesures de rĂ©duction mises en Ĺ“uvre : elle Ă©tait de 9,4 tonnes six ans plus tĂ´t. L'Ă©tablissement reste le quatrième Ă©metteur au niveau rĂ©gional ; combinĂ© avec les trois autres, il est responsable de 25 % des rejets.

Références

  1. (en) « Schweitzer-Mauduit International, Inc. History » sur fundinguniverse.com, tiré de International Directory of Company Histories, Vol. 52. St. James Press, 2003.
  2. (fr) « LTR : Les marchés émergents font la croissance à Spay », Le Journal des entreprises, 6 mai 2011.
  3. (fr) « LTR industries fabrique du tabac comme du papier », Ouest-France, 18 juin 2009.
  4. (fr) Rapport de l'inspection des installations classées, DREAL des Pays de la Loire, 16 avril 2015.
  5. (fr) « A Spay, le tabac reconstitué a fait la fortune de LTR », France Bleu, 27 mai 2013.
  6. (fr) Arrêté du 30 septembre 1980 autorisation a la Société nationale d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes de souscrire une participation au capital de la société anonyme Le Tabac Reconstitué industries, JORF du 7 novembre 1980, numéro complémentaire.
  7. (fr) « Kimberly-Clark va se séparer de ses usines de papier à cigarette », Les Échos, 10 mai 1995.
  8. (en) « Kimberly-Clark Board Approves Spinoff », New York Times, 2 novembre 1995.
  9. (fr) « LTR, le plus grand des petits du tabac », L'Expansion, 5 novembre 1998.
  10. (fr) « LTR industries investit 59,2 millions de dollars dans la Sarthe », L'Usine nouvelle, 18 décembre 2002.
  11. (fr) « LTR Industries modernise sa station d'épuration », Le Moniteur, 12 avril 2002.
  12. (fr) « LTR industries investit 59 millions d'euros dans son usine sarthoise », Les Échos, 24 décembre 2002.
  13. (fr) Rapport de l'inspection des installations classées, DRIRE Pays de la Loire, 24 mars 2003.
  14. (fr) Rapport de l'inspection des installations classées, DREAL Pays de la Loire, 7 juin 2006.
  15. (fr) « Pollution de la Sarthe : 20 000 â‚¬ d'amende pour LTR », Ouest France, 24 mars 2009.
  16. (fr) « Schweitzer-Mauduit va détenir la totalité de LTR Industries », Le Télégramme, 27 décembre 2007.
  17. (fr) « Des salariés de LTR Industries poursuivis dans un trafic de tabac », Le Maine libre, 16 juillet 2010.
  18. (fr) « 19 médaillés du travail chez LTR industries », Ouest France, 12 janvier 2013.
  19. (fr) « LTR industries supprimera 68 emplois dans la Sarthe », L'Usine nouvelle, 17 novembre 2014.
  20. (fr) « L'usine de tabac recyclé n'a plus la santé », Ouest France, 15 novembre 2014.
  21. (fr) « Spay. LTR : 4e semaine de conflit et situation toujours bloquĂ©e », Ouest France, 3 dĂ©cembre 2014.
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