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Union provinciale des arts décoratifs

L' Union provinciale des arts décoratifs, est une association fondée le , par Jean-Adolphe Chudant qui en devient le secrétaire général, au côté de Victor Prouvé, président.

Histoire

L' association est fondée le par Jean-Adolphe Chudant qui en devient le secrétaire général, au côté de Victor Prouvé qui, lui, est élu président.

L’Union Provinciale des Arts dĂ©coratifs a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e Ă  la suite d'un congrès sous l'initiative de l’Union comtoise dirigĂ©e par Jean Adolphe Chudant et Louis-Auguste Girardot, du 16 au . L’idĂ©e d’une fĂ©dĂ©ration d’artistes avait Ă©tĂ© soulevĂ©e par M. Alet de la SociĂ©tĂ© des artistes mĂ©ridionaux avec qui Chudant correspondait rĂ©gulièrement. Une cinquantaine de dĂ©lĂ©guĂ©s venus de toutes les parties de la France y assiste et la presse raconte l’évènement : 

« Un des derniers actes du Congrès a été de voter la création d'une Union Provinciale des Arts Décoratifs. La proposition venait de M. Alet, au nom de la Société des Artistes Méridionaux. Cette Union pourrait devenir une fédération des divers groupements déjà existants. En attendant qu'elle ait pris une forme pratique et positive, on peut bien augurer de son avenir, puisque M. Prouvé en a accepté la présidence, et que M. Chudant en sera le secrétaire. Trois commissions s'occuperont respectivement de la question de l'enseignement, de la défense des intérêts professionnels, de la création d'un organe spécial de publicité[1]. »

L’article 1er du statut précise qu’il s’agit d’une association dont le siège est celui de l’Union Comtoise, 8 rue d’Alsace à Besançon. L'Union Comtoise avait été fondée par Antonin Fanart.

Victor Prouvé et Jean-Adolphe Chudant

Victor Prouvé et Jean Adolphe Chudant vont collaborer pendant de longues années sur plusieurs projets. Un lien d’amitié certain, dû à une complicité et à une entente professionnelle, se retrouve dans bien des courriers.

Il n’est pas possible d’affirmer depuis quand Prouvé, alors directeur de l’École de Nancy[2], et Chudant se côtoient vraiment, mais il est clair qu’ils ont déjà exposé ensemble plusieurs fois avant la fondation de l’Union Provinciale en 1907, particulièrement au Salon des peintres orientalistes français auquel ils participent tous deux.

Peut-être se sont-ils rencontrés en 1894 lors d’une exposition en souvenir de Tanguy. Tanguy est le nom d'un fabricant de couleurs et de toiles à Montmartre, qui faisait crédit à bien des artistes débutants sans argent. En raison de cette générosité, il était mort laissant une veuve de 74 ans dans la misère. Puvis de Chavanne avait écrit une lettre faisant appel à tous les peintres pour organiser une vente de tableaux à l'hôtel Drouot. Avaient répondu : Monet, Signac, Berthe Morisot, Chudant, Carrier-Belleuse, Sisley, Pissaro, Renoir, Ernst, Prouvé et bien d'autres[3]. Il est cependant plus probable que Chudant ait pris contact avec Prouvé sur les conseils de Charles Fridrich, pour son exposition sur les Arts Appliqués en 1905.

Chudant se rend en 1919 à Paris et prévoit un rendez-vous avec Prouvé au mois d’octobre. Dans un courrier du plus ou moins illisible, ce dernier lui parle de leur rencontre et d’un rendez-vous avec M. Tenot, directeur de l’Enseignement Technique au Ministère.

Sur une note manuscrite adressĂ©e Ă  un ami qui n’est pas identifiĂ©, Chudant Ă©crit en 1920 : « C’est entendu, nous marchons tous trois d’accord : ProuvĂ©, toi et moi. Il faudra que nous nous entendions et nous groupions pour Ă©tendre notre champ d’action, chacun dans les limites que nous pouvons nous assigner et former dans l’Est, un tour d’influence agissante (sic) Â»[4]. Toujours la mĂŞme annĂ©e[5], il informe Paul Dugas-Steck[6] qu’il va voir Victor ProuvĂ© Ă  Nancy pour Ă©tudier les amĂ©liorations que celui-ci a apportĂ©es Ă  l’École des Beaux-arts.

Organisation

En 1911, elle recouvre dĂ©jĂ  une bonne partie de la France et porte Ă  son actif plus de 3 500 membres.

La Revue des Beaux-Arts rĂ©vèle le que l'UPAD vient de fonder La CollectivitĂ© des Artistes DĂ©corateurs[7] « CrĂ©ateurs de modèles Â», pour participer aux expositions et aux foires. Cette collectivitĂ© fait aussitĂ´t une première manifestation rĂ©ussie Ă  la Foire de Paris. Elle rĂ©pète sa tentative avec un succès grandissant en 1919, son pavillon dans le Jardin des Tuileries fait d’ailleurs l'objet du plus vif intĂ©rĂŞt pour les acheteurs et le public.

Elle réalise à Bâle (Suisse), sur l'imitation de « l'Office du Commerce extérieur », une présentation d'échantillons qui affirme la vitalité de ses créateurs de modèles français et la qualité artistique de ses produits. Son but est de faire cesser le malentendu qui divise l’artiste, créateur de modèles, et l'industriel ou le commerçant qui les diffuse. Un service spécial d’informations professionnelles et commerciales a été créé pour préparer la mise en relation des intéressés, faciliter et multiplier les transactions ; ce service établit les collaborations nécessaires entre artistes et artisans, il rédige les contrats, conventions et traités utiles aux divers intéressés.

L’UPAD organise aussi de nombreuses expositions, entre autres : l’exposition des Arts du Feu à Bourges, du au à l’École Nationale des Arts appliqués de Bourges (exposition réservée aux productions des artisans et ouvriers d’art du Berry et du Nivernais, des membres et des sociétés faisant partie de l’Union Provinciale).

Objectifs

L’Union Provinciale est la plus intĂ©ressante des sociĂ©tĂ©s qui ont pour but « le relèvement de l’art dĂ©coratif français Â» Ă  cette Ă©poque.

Elle résulte d'un effort décentralisateur[8] et elle tente sur tous les points stratégiques de la France de susciter une renaissance en s'efforçant de grouper tous les centres artistiques régionaux. Elle fait appel aux divers éléments de la production, elle les incite à se grouper sans faire de distinction et s'efforce, dans les Congrès annuels, de trouver des remèdes à la crise qui touche l’enseignement, l’apprentissage, les relations patronales et ouvrières dans le domaine des arts appliqués. L'activité des membres de cette Union est remarquable et l’article de François Monod[9] ne ménage pas ses compliments à l’égard de l’initiateur des congrès. Naturellement, en tant que secrétaire général, c’est Chudant qui rédige, organise et structure tous les évènements. Chudant a donc directement contribué à émouvoir l'opinion publique au sujet des questions d’actualité, au moins jusqu’à la fin de la guerre. La revue mensuelle L'Art et les Métiers[10], son organe de communication et de propagande[11] sert de trait d'union aux diverses associations professionnelles d'artisans et d'artistes. L'Union s'inspire du principe de l'unité de l'art[12] et met sur le même pied d’égalité, peinture, sculpture, architecture et décoration. Son but est bien défini par ses fondateurs, à Besançon, ville fédéraliste où l'industrie locale, l'horlogerie surtout, poursuit un traditionnel effort d'art : restituer aux diverses régions de la France leur activité propre, leur autonomie intellectuelle, artistique et industrielle par la rénovation du dessin et des arts décoratifs à l'école, à l'atelier, à l'usine. L’UPAD s’efforce de démocratiser l'art en associant à sa compréhension, à son évolution, à ses productions, à ses expositions, les forces vives du peuple : apprentis, ouvriers, artisans, artistes, syndicats professionnels, assemblées municipales, départementales, régionales.

L’UPAD est également l’éditeur scientifique de la Revue des Beaux-arts à partir de 1906[13].

Dates des congrès organisés par l'UPAD

Le congrès de Munich a lieu sous le patronage de M. S. Pichon, Ministre des Affaires étrangères de France, et S. E. M. de Podewils, Ministre Conseil de Bavière. Il a été présidé par M. Couyba, sénateur, ancien rapporteur du budget des beaux-arts à la Chambre des députés, assisté de M. Réville, député, de M. Frantz Jourdain, président de la Société du Salon d’automne, des délégués de la ville de Paris, MM. Quentin Bouchart, Brunet et Rupert Carabin, de M. Victor Prouvé, président de l’École de Nancy, de M. Chudant, président de l’Union Comtoise des arts décoratifs et secrétaire général du congrès, etc. À la séance d’inauguration assistaient MM. De Bruner, second bourgmestre de Munich, et Bourgarel, Ministre de France.

  • 1907 : Besançon : congrès des artisans Francs-comtois et crĂ©ation de l’UPAD
  • 1908 : Munich
  • 1909 : Nancy
  • 1910 : Toulouse
  • 1911 : Paris
  • 1912 : Dijon

Étude de l'apprentissage allemand en Art appliqué

En 1908, l'Union Provinciale installe ses assises à Munich, foyer d'art industriel, et s’efforce de montrer que la meilleure manière de progresser est encore d'étudier, pour les surpasser, les progrès des autres. Munich fêtait alors, par une splendide exposition, le quarante-cinquième anniversaire de sa grande école d'Art appliqué « Kunstgewerbeschule », sorte de conservatoire des métiers d'art en même temps qu’un vivant atelier de travail. À cette occasion, l'Union reçoit une leçon magistrale et saisit sur le vif, l'organisation et les étapes d'un enseignement professionnel où l'on unit constamment la théorie à la pratique, la probité du dessin au respect de la nature. Le dessin tel que l'enseignent les professeurs bavarois est une révélation pour les congressistes et M. Quénioux, déjà très actif dans son discours, trouve là un encouragement précieux à la réforme « naturaliste » de l'enseignement du dessin qui sera sanctionnée par le Ministère et le Conseil supérieur de l'Instruction publique en 1909. Désormais, en France, à l'école primaire comme à l'école professionnelle, cet enseignement se proposera comme chez nos voisins, non de copier machinalement des modèles, mais de développer chez l'enfant l'esprit d'observation, le sentiment de la nature, de la mesure, c'est-à-dire, le goût.

Pour ce qui concerne l’art appliqué et la question de la propriété artistique chère à Chudant, la protection légale doit être attachée à la personne des véritables auteurs et non édictée en considération uniquement des œuvres. La question d’une législation en matière de délits est envisagée en cas de suppression non autorisée du nom de l’auteur[14].

Le Figaro du relate l’évènement de ce « congrès qui soulève des questions vitales pour notre industrie nationale. Â»

Le congrès de 1909 se tient à Nancy. Le congrès coïncide avec l'exposition de l'Est de la France et de l'École de Nancy. Les séances à l'étude portent sur l'éducation professionnelle et l'apprentissage, leur organisation, leur rôle futur avec l'aide de l'État, des départements, des communes, et des industries régionales.

À Toulouse, en 1910, l'Union Provinciale étudie la décentralisation et la reconstitution des métiers régionaux, la situation économique des industries d'art et la situation sociale des artisans.

La crise de l'apprentissage en France et l'UPAD

À son avant-dernier Congrès qui se tient à Paris, au Conservatoire des Arts et Métiers (1911) l'Union Provinciale s'occupe surtout de la crise de l'apprentissage. L'Union Provinciale s’est donné une large tâche et elle pourrait y suffire grâce aux initiatives aussi bien privées que des pouvoirs publics. Son importance croît de jour en jour et elle s'intitule à juste titre «Fédération de l'art décoratif».

Le conseil municipal de Paris a envoyĂ© ses dĂ©lĂ©guĂ©s Ă  chacun des Congrès qu'il subventionne utilement. L'État, lui aussi, accorde une lĂ©gère subvention sur l'initiative de M. Couyba, alors ministre du Commerce et qui est un des membres les plus actifs de l'Union. Quand Couyba est Ă©lu ministre, l’Union Provinciale l'honore[15]. L’article, naturellement, paraĂ®t dans la revue L’Art et les MĂ©tiers et plĂ©biscite les actions dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©es de leur illustre sociĂ©taire : « Nous sommes heureux qu’arrivĂ© au pouvoir, il s’honore en affirmant les liens qui l’attachent Ă  notre Ĺ“uvre Â».

Une lettre de Vaunois[16] du , adressée à Chudant, nous apprend que M. Numa Raffin, enquêteur à l’Office du Travail et Secrétaire au Conseil Supérieur du Travail aurait besoin d’obtenir une collection complète de la revue de l’Union, pour un rapport à remettre au Ministère. On s’empresse de satisfaire sa demande et on y ajoute une brochure contenant le compte rendu du Congrès de Besançon en 1907.

MĂŞme si Chudant Ă©coute, rĂ©colte les idĂ©es (celle de M. Alet pour la crĂ©ation d’une FĂ©dĂ©ration d’artistes) et qu’il est très entourĂ©, Jean Adolphe Chudant est le fer de lance de cette SociĂ©tĂ©. Il est donc bien dommage que son nom soit Ă  peine connu aujourd’hui, surtout dans sa ville natale, oĂą Ă  l’époque, il devient un personnage important et influent. MĂŞme si nul n’est prophète en son pays, les recherches ont parfois l’avantage de rĂ©tablir des personnalitĂ©s qui le mĂ©ritent. La Ville de Besançon peut ĂŞtre fière d’avoir Ă©tĂ© Ă  l’origine de telles manifestations intellectuelles par l’intermĂ©diaire de leur fondateur. C’est Jean Adolphe Chudant qui dresse les listes des hommes politiques susceptibles de l’appuyer, c’est lui qui se dĂ©place Ă  Paris, motive « les troupes Â» de son rĂ©seau d’influence pour obtenir des subventions, gère les frais de dĂ©placements, postaux ou autres de la SociĂ©tĂ©, en tĂ©moignent tous les documents de gestion et d’organisation de l’Union Provinciale trouvĂ©s aux archives dĂ©partementales du Doubs et des articles de presse sur la politique avec les questions brĂ»lantes qui l’intĂ©ressent. Il est alors presque incroyable de constater que cent ans plus tard, le MusĂ©e des Beaux-Arts de Nancy ignore tout de cette collaboration entre Chudant et ProuvĂ©.

Bibliographie

  • Virginie Cadot, Jean Adolphe Chudant, de la peinture aux arts dĂ©coratifs (1880-1929), [MĂ©moire de master], UFR SLHS de Besançon, 2012
  • Virginie Cadot, Jean-Adolphe Chudant, de la peinture aux arts dĂ©coratifs (1880-1929), Ă©ditions universitaires europĂ©ennes, 2013 - (ISBN 978-613-1-58518-0)

Notes et références

  1. François, Monnot, « Le congrès des artisans franc-comtois », Art et décoration, no supplément,‎
  2. Prouvé succède à Émile Gallé, fondateur de l’Alliance Provinciale des Arts décoratifs ou École de Nancy à la mort de celui-ci en 1904.
  3. Le Figaro, 29 mai 1894, article de Léon Roger-Milès, Rubrique Au jour le jour
  4. AMB, 2R60, note trouvĂ©e avec une lettre sur le programme de l’École des Beaux-arts dont Chudant vient de prendre la direction officiellement. Juste avant ce que nous venons de citer il disait, « Je viens d’être nommĂ© aux fonctions de Directeur de l’École des Beaux-Arts et tout naturellement je cherche Ă  me documenter de mon mieux sur les amĂ©liorations qu’il serait possible d’y introduire progressivement Â»
  5. Archives Municipales de Besançon 2R59, lettre manuscrite du 10 juillet 1920
  6. (1866-1924) Inspecteur des Beaux-arts, sous directeur de l’École Nationale des Arts décoratifs.
  7. Une lettre du 18 mai 1916 d’Henri Michel nomme une société similaire : La Société d’Encouragement aux Artistes Décorateurs, qui correspondrait à un sigle retrouvé sur quelques pièces de céramiques et sur papiers : SEAD. L’Union Comtoise ayant survécu à L’UPAD, c’est dans les céramiques appartenant à l’UCAD, qu’on les retrouve
  8. La Propriété Industrielle, 30 novembre 1908, article de A. Vaunois, p. 166
  9. Art et DĂ©coration, supplĂ©ment novembre 1907, Chronique : « Le Congrès des Artisans Francs-comtois Â»
  10. Chudant est le directeur de publication
  11. À partir de mars 1925, La Revue des Beaux-Arts prendra la relève ; un article du mois d’avril 1925 de M. Grandigneaux, membre du Bureau de l’Union Provinciale annonce : « La grande guerre a malheureusement interrompu les relations si cordiales établies entre nous durant tant d'années. Les conditions économiques de l'après-guerre n'ont pas permis à notre Fédération de reprendre la publication de sa revue « L'Art et les Métiers ». Toujours convaincu de la nécessité de coordonner les efforts artistiques de nos divers milieux régionaux, le bureau de la Fédération nous signale que la présente Revue nous offre fort aimablement l'insertion de toutes les communications de nature à intéresser les artistes, les artisans et les sociétés artistiques de nos Provinces ». « Nous ne pensons pas qu'il soit utile d'insister beaucoup pour faire comprendre l'intérêt de cette combinaison qui permettra à nos groupements et collègues de faire connaître à un grand nombre de lecteurs leurs efforts et leurs innovations. Sous une rubrique (Bulletin officiel de l'Union Provinciale des Arts décoratifs) nous vous tiendrons au courant de tous les événements intéressants, sans parler des informations particulières que le bureau de l'Union aura périodiquement à vous faire connaître »
  12. M.C. Genet-Delacroix, Art et État sous la IIIe République…, 1992, p. 126
  13. Référencée dans le catalogue Sudoc en tant qu’éditeur scientifique.
  14. Loi Couyba du 9 avril 1910 sur les droits d’auteur.
  15. ADD 1J 417, (liasse du fonctionnement de la Société)
  16. Président délégué de l’UPAD
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