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Ummo

Ummo (dans la transcription espagnole « initiale »), ou Oummo (en prononciation française), est le nom d'une prĂ©tendue planète qui se trouverait Ă  environ 14,4 annĂ©es-lumière de la Terre, suivant les « rĂ©vĂ©lations » faites par l'intermĂ©diaire de divers courriers dactylographiĂ©s et appels tĂ©lĂ©phoniques reçus Ă  partir du milieu des annĂ©es 1960, en grande majoritĂ© en Espagne mais Ă©galement dans d'autres pays. Ces lettres auraient Ă©tĂ© Ă©crites par des membres d'un groupe prĂ©sent sur Terre depuis le , se prĂ©sentant comme Ă©missaires d'une civilisation extraterrestre, les « Ummites » (parfois appelĂ©s « Oummains »).

SoupçonnĂ© depuis longtemps d'avoir fabriquĂ© les lettres ummites[1], JosĂ© Luis Jordán Peña, se prĂ©sentant comme l'initiateur de l'affaire, a reconnu en 1992 qu'il s'agissait d'une supercherie qu'il avait poursuivie pendant 25 ans.

Historique

Les premières lettres recensées sont celles reçues en 1966 par Fernando Sesma Manzano, employé du télégraphe espagnol et animateur d’une association ésotérique espagnole, « les amis des visiteurs de l'espace », qui réunissait ses membres régulièrement dans un bar dénommé « La ballena alegre » (« la baleine joyeuse ») à Madrid, en Espagne. D'autres destinataires en recevront par la suite dans plusieurs pays, jusqu'en 2009 en France et 2014 en Espagne.

Le chercheur Jean-Pierre Petit a affirmé avoir décelé les signes d'une intelligence supérieure — extraterrestre — dans certains écrits ummites qu'il dit avoir reçus. Il affirme aussi que les sujets scientifiques abordés dans les lettres ummites sont totalement novateurs et l'ont directement inspiré dans ses recherches en cosmologie et en magnétohydrodynamique[2] - [3] - [4].

En 1992, José Luis Jordán Peña a déclaré être l'auteur des lettres, lesquelles auraient donc été un canular. Cependant, M. Peña a ensuite déclaré que ces aveux avaient été demandés par les Ummites, pour désinformer, la popularité de l'affaire commençant à « compromettre leurs activités de surveillance ». En 2010, dans une lettre à Ignacio Darnaúde, il met en avant cette fois l'intervention de deux agents de la CIA pour qui il aurait travaillé avant son AVC.

La langue ummite

Sur la base des lettres, il est difficile de parler d’une langue ummite. Tout ce dont nous disposons, mis Ă  part quelques phrases complètes, c’est d’un lexique, un ensemble de vocables dont l’immense majoritĂ© nous est donnĂ©e isolĂ©ment. Antonio Ribera fait Ă©tat de 403 mots ummites dans une compilation rĂ©alisĂ©e en 1978[5] et Jean Pollion, dans Ummo, de vrais extraterrestres (2002), rĂ©pertorie plus d'un millier de mots considĂ©rant que chaque doublement de lettre dans un mot est signifiant.

Deux théories sont formulées par les analystes des lettres ummites :

  • la première, dĂ©fendue par Jean Pollion, considère que chaque lettre (son ou phonème) des mots transcrits sous forme dactylographiĂ©e est signifiante et il a appelĂ© ces sons des « soncepts ». Il considère qu'il s'agit d'une langue « idĂ©ophonĂ©mique »[6] : « Par analogie avec les langues idĂ©ographiques, qui procèdent par assemblage d'idĂ©es correspondant Ă  des signes Ă©crits et prononçables, j'ai choisi d'attribuer Ă  cette langue le caractère « idĂ©ophonĂ©mique ». J'ai dĂ©nombrĂ© Ă  ce jour 17 phonèmes et un procĂ©dĂ© « phonologique », ainsi que quelques règles « syntaxiques ». L'Ummite s'exprime par combinaisons associatives de ces phonèmes presque tous relationnels. »
  • La seconde considère que les diffĂ©rences d'orthographes (en particulier le redoublement des lettres) sont peu significatives et qu'elles sont dues Ă  des diffĂ©rences de comprĂ©hension de sons Ă©trangers par le ou les dactylographes, ou aux difficultĂ©s de retranscription alphabĂ©tique. Ils considèrent que la langue est bien formĂ©e de mots-objets et non de « soncepts ».

Pour C. P. Kouropulos, « Parler de langue ummite est abusif : seul un saupoudrage de mots exotiques et quelques rares phrases simplissimes sont connus. On a bien un vocabulaire construit selon une logique… idéogrammatique, mais non une langue ! »[7]. Pour Dominique Caudron, on peut « en conclure que les prétendus « ummites » ne maîtrisent pas la langue « ummite », dont ils semblent ignorer la grammaire »[8]. Selon l'avis d'Aimé Michel dans l'ouvrage collectif Les Religions : origine et actualité, paru en 1972, « la langue supposée d'Ummo est de structure indo-européenne, ce qui va dans le sens du faux élaboré par des amateurs »[9].

Wolf 424

Une erreur portant sur la distance entre la Terre et IUMMA (IOUMMA en transcription française, nom donnĂ© Ă  l'Ă©toile autour de laquelle orbiterait UMMO) est considĂ©rĂ©e par les sceptiques comme la preuve du faux. Une lettre (D41-1, probablement reçue le ) Ă©value la distance entre les foyers respectifs des systèmes stellaires Ă  3,685 02 al le . Une autre lettre datĂ©e du (D32) prĂ©cise que l'Ă©toile autour de laquelle graviterait UMMO est « peut-ĂŞtre » Wolf 424 (extrait : « Nous ne sommes pas sĂ»rs qu'il s'agisse de la mĂŞme Ă©toile, mĂŞme si les caractĂ©ristiques et la position enregistrĂ©es par quelques observatoires terrestres coĂŻncident d'une manière surprenante avec nos propres donnĂ©es »). Or cette distance coĂŻncide avec celle mesurĂ©e par le laboratoire de Yerkes en 1938 (3,6 Ă  3,8 al) pour Wolf 424[10], bien qu'Yerkes ait rectifiĂ© Ă  14,4 al dès 1952.

Identité des auteurs

Avant les aveux de supercherie faits par José Luis Jordán Peña en 1992, diverses hypothèses sur l'identité des auteurs avaient été émises : les Ummites ; les services d’espionnage ; une ou plusieurs sectes ; José Luis Jordán Peña en personne, qui aurait lancé le phénomène, avant d'être imité par la suite par d'autres auteurs qui gardent l'anonymat.

Le consensus, parmi les auteurs sceptiques, est que les lettres sont des contrefaçons plus ou moins élaborées, que José Luis Jordán Peña est à l'origine des premières lettres[11] et que les faussaires ultérieurs se sont basés sur celles-ci comme modèle afin d'étendre le mythe[12].

Aveux de supercherie de José Luis Jordán Peña

SoupçonnĂ© depuis longtemps d'avoir fabriquĂ© les lettres ummites[13], JosĂ© Luis Jordán Peña, se prĂ©sentant comme l'initiateur de l'affaire, a reconnu en 1992 qu'il s'agissait d'une supercherie qu'il avait poursuivie pendant 25 ans. En 1992, il expose aux policiers les dĂ©tails de la fraude qu'il avait menĂ©e Ă  bien pendant 25 ans. Au moyen d'un phonosymbolisme (le terme espagnol humo veut dire « fumĂ©e »), il voulait suggĂ©rer la faussetĂ© de son contenu :

« UMMO » Ă©voque la fumĂ©e. J'ai choisi au hasard l'Ă©toile Wolf 424. Puisque mon objectif rĂ©el n'Ă©tait pas de dĂ©velopper un monde extraplanĂ©taire crĂ©dible. […] Je me souviens que je rĂ©digeais les rapports les samedis et dimanches après-midi, et je profitais de mes voyages en France, en Angleterre, Mozambique, etc., ou ceux d'amis, pour envoyer depuis lĂ -bas les lettres. […] Nous utilisons la maquette accrochĂ©e Ă  un fil de nylon très mince. Je me rappelle que nous utilisons une vitesse très rapide 1/1000 pour que la soucoupe et le fond de la photo sortent plus ou moins Ă  la mĂŞme focalisation, et que la soucoupe paraisse plus grande. Le plus incroyable, c'est que j'en suis arrivĂ© Ă  interviewer des gens qui disaient avoir vu la soucoupe, mais qui n'Ă©taient pas payĂ©s par moi. […] J'ai commencĂ© Ă  m'indigner en voyant que la secte Edelweiss marquait au fer rouge des enfants innocents avec mon symbole. Et j'ai ensuite reçu une invitation anonyme de Cuba, pour assister Ă  je ne sais quelle rĂ©union ummite chez Farriols, donc j'ai dĂ©cidĂ© de cesser l'expĂ©rience qui avait durĂ© 25 annĂ©es. […] Je me repens d'avoir crĂ©Ă© une expĂ©rience, que je considère immorale, qui s'est retournĂ©e contre moi. »

Dix huit ans plus tard, dans une lettre adressée à Ignacio Darnaude et postée le , José Luis Jordán Peña apporte de nouveaux éclaircissements sur l'affaire. Celle-ci serait bien son œuvre, mais non en totalité : des plaisantins imitant son style sont les auteurs de certains écrits et lettres. Il précise aussi que des collaborateurs (par exemple Vicente Ortuno, Norman West, John Child, M. Carrascosa, Alberto Borras, T. Pastrami, Sean O’Connelly, Iker J.) envoyaient des lettres de lieux éloignés et qu'il a créé le personnage fictif de John Axee pour mieux diffuser ses connaissances. Il rapporte avoir été contacté au départ par deux docteurs américains (il affirmait auparavant qu'il s'agissait d'agents de la CIA travaillant pour un organisme étranger qui lui ont proposé, moyennant salaire, de réaliser une expérience sociologique dans l'intérêt de la culture occidentale, ce qu'il avait accepté).

Notes et références

  1. Claude Poher, « Les observations d'Aluche et de San José de Valderas ainsi que l'affaire UMMO : une supercherie de taille ! », in Lumières dans la Nuit, no 166, juin-.
  2. Jean-Pierre Petit, Enquête sur les extraterrestres qui sont déjà parmi nous, Albin Michel, 1991, (ISBN 2226055150).
  3. Jean-Pierre Petit, Le mystère des Ummites : une science venue d'une autre planète ?, Albin Michel, 1995, (ISBN 2226078452).
  4. Jean-Pierre Petit, Ovnis et armes secrètes américaines : L'extraordinaire témoignage d'un scientifique, Albin Michel, 2003, coll. « Aux marches de la science », 270 p., (ISBN 2253114944).
  5. Antonio Ribera, Les Extra-terrestres sont-ils parmi nous ? Le véritable langage Ummo (titre original espagnol : El misterio de Ummo en 1979), traduit par J. J. Pastor, Éditions du Rocher, 1re édition en 1984 ; 2e édition en 1991, (ISBN 2-268-012-905) ; p. 217.
  6. Jean Pollion, Ummo, de vrais extraterrestres !, Éditions Aldane, , page 281.
  7. C. P. Kouropoulos, La Mystification UMMO, sur ovni.ch.
  8. Dominique Caudron, "L'affaire" UMMO, sur oncle-dom.fr.
  9. Collectif, Les religions : origine et actualité (sous la direction de Jean Charlier), Retz, 1972, 546 p., p. 472 (Les sectes) : « Cependant, il y a quelques erreurs très grossières. Par exemple la langue supposée d'Ummo, n'ayant pas été inventée par un linguiste, se trouve être de structure indo-européenne ».
  10. Lettre 32 () intitulée « Correspondances entre les unités physiques Terre/Ummo ».
  11. Dominique Caudron, SPECIAL UMMO, OVNI présence, no 47, , p. 4.
  12. J.-M. Abrassart, « L'affaire Ummo : Une révélation religieuse ? », Les Mystères de l’Est, no 10, 2006, p. 87-93.
  13. Voir Claude Poher, Les observations d'Aluche et de San José de Valderas ainsi que l'affaire UMMO : une supercherie de taille !, in Lumières dans la Nuit, no 166, juin-.

Annexes

Bibliographie

En français
  • Jacques VallĂ©e, Le collège invisible, Éditions Albin Michel, 1975 (trad. de l'anglais The Invisible College, 1975).
  • Antonio Ribera et Rafael Farriols, Preuves de l'existence des soucoupes volantes (titre original espagnol : Un caso perfecto), Éditions de Vecchi, 1975.
  • Martine Castello, Philippe Chambon et Isabelle Blanc, La conspiration des Ă©toiles. Les Ummos : terrestres ou extraterrestres ?, Éditions Robert Laffont, 1991, (ISBN 978-2-2210-7016-1).
  • Jean Sider, « Ummo : Les raisons d’un doute », in Lumières dans la Nuit, no 307, janvier-.
  • Jacques VallĂ©e, RĂ©vĂ©lations, Éditions Robert Laffont, 1992.
  • Michel Meurger, « Science-fiction et croyance : l'affaire Ummo : Ă  propos de l'ouvrage de Jean-Pierre Petit, EnquĂŞte sur des extra-terrestres qui sont dĂ©jĂ  parmi nous : le mystères des Ummites », Études lovecraftiennes, Ermont, Joseph Altairac, no 11,‎ Épiphanie, 1992, p. 111-116.
  • Dominique Caudron, « Les Ummoristes sont parmi nous », dans le livre collectif Ă©ditĂ© par Thierry Pinvidic, OVNI. Vers une anthropologie d’un mythe contemporain, Éditions Heimdal, 1993.
  • Renaud Marhic, L’affaire Ummo : les extraterrestres qui venaient du froid, Éditions Les Classiques du Mystère, 1993.
  • Renaud Marhic, « La mystification d’Ummo : des aveux qui appartiennent Ă  l’histoire », in PhĂ©nomèna no 19, janvier-.
  • Jean Pollion, Ummo, de vrais extraterrestres !, Éditions Aldane, 2002.
En espagnol
  • Fernando Sesma Manzano, Yo, confidente de los hombres del espacio, Editorial Graficas Espejo, 1965.
  • Fernando Sesma Manzano, UMMO, otro planeta habitado, Editorial Graficas Espejo, 1967, 234 pages.
  • Oscar Rey Brea, « Algo sobre las fotografias del supuesto ovni de San JosĂ© de Valderas », in Stendek (en), no 9, .
  • Antonio Ribera et Rafael Farriols, Un caso perfecto, Pomaire, Barcelone, 1968 ; rĂ©Ă©dition en 1973 par Plaza & JanĂ©s (es), Barcelone.
  • Père Enrique Lopez Guerrero, Mirando a la lejania del universo, Plaza & JanĂ©s S. A. (es), Barcelone, 1978.
  • Antonio Ribera, El Misterio de Ummo, Plaza & JanĂ©s, Barcelone, 1979.
  • Juan Dominguez Montes, El pluricosmos, Éditions Libreria Agora S. A., 1983, (ISBN 84-85698-14-2).
  • (es) Antonio Ribera, UMMO : la increible verdad, Barcelone, Plaza & JanĂ©s, coll. « Otros horizontes » (no 1), , 410 p. (ISBN 84-01-47201-6, OCLC 15299901).
  • (es) Antonio Ribera, UMMO informa a la Tierra, Barcelone, Plaza & JanĂ©s, coll. « Otros horizontes », , 302 p. (ISBN 84-01-39025-7, OCLC 18433842).
  • Ummo, otro mito que hace crash, in La Alternativa racional, no 29, 1993.
  • Rafael Farriols, EL hombre, El cosmos y Dios, D'Arbo Productions, S. L. Collection : La punta del Iceberg, 1999, (ISBN 84-605-8814-9).
  • Carballal Pazos, Manuel (es). Los Expedientes Secretos. El Cesid, el control de las creencias y los fenĂłmenos inexplicables. Barcelona: Editorial Planeta. 2001, (ISBN 9788408037927).
  • Vicenç SolĂ© i FerrĂ©, A la BĂşsqueda de un mecanismo evolutivo inteligente, 2003, (ISBN 84-933294-2-8).
  • BenĂ­tez, Juan JosĂ© (es), El hombre que susurraba a los ummitas, Barcelona: Editorial Planeta, 2007, (ISBN 9788408071488).
En anglais
  • Jerome Clark, Ummo Hoax, in The UFO Encyclopedia Volume 3, 1996.
  • John R. Heapes, Other Worlds, iUniverse, 2014, 256 p. (dĂ©veloppement sur la planète Ummo, p. 101-122).

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