Txai Surui
Txai Surui ou Txai SuruĂ (dont le prĂ©nom se prononce TchaĂŻ), est une juriste du peuple SuruĂ du RondĂ´nia et du Mato Grosso (oĂą les personnes se dĂ©signent plutĂ´t comme Paiter (ce qui signifie « vraies personnes, nous-mĂŞmes », dans le paiter-suruĂ, une langue de la famille linguistique MondĂ©s et du groupe linguistique Tupi)[1]. Ce peuple vit en Amazonie, dans l'État de RondĂ´nia.
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Txai SuruĂ s'est fait connaitre dans le monde en prononçant l'un des discours introductif Ă la COP26 Ă Glasgow en 2021 (d'autres militantes invitĂ©es Ă©taient Brianna Fruean, militante pour le climat samoane...). Txai Surui a ainsi parlĂ© Ă La Tribune de l'ONU, Ă l'âge de 24 ans. Ă€ cette occasion, elle a aussi pu rencontrer de nombreux ministres et autres dĂ©cideurs de diffĂ©rents pays pour faire valoir le point de vue la justice climatique[2]. Elle est nĂ©e au cĹ“ur de l'Amazonie dans l’État brĂ©silien de RondĂ´nia, et est la fille d'un chef de tribu Paiter-SuruĂ[3], figure connue de la lutte contre la dĂ©forestation de l'Amazonie[2] et d'une mère Ă©galement militante de l'environnement.
Éléments de biographie
Txai Surui, de son vrai nom Walelasoetxeige Paiter Bandeira SuruĂ, est nĂ©e en 1997. Elle est la fille de :
- Almir Narayamoga Surui, élu chef de son village (Lapetanha) en 1992 (année du premier Sommet de la Terre) et premier amérindien Suruà à avoir pu aller se former à l'Université (à Goiana), dans le domaine de la biologie ;
- Ivaneide Bandeira SuruĂ, Neidinha, Ă©galement militante pour la dĂ©fense de l'environnement, dont au sein de l'Association de dĂ©fense ethno-environnementale « KanindĂ© »)[4].
Le père de Txai Surui a dĂ©couvert l'Internet Ă l'UniversitĂ©. Comprenant l'intĂ©rĂŞt du Web2.0 pour porter la parole de son peuple et plus largement des peuples de l'Amazonie, il a acquis et rapportĂ© un ordinateur dans sa tribu (Peuple Paiter-SuruĂ), utilisant peu Ă peu les mĂ©dias et les rĂ©seaux sociaux pour relayer ses appels dans au moins 27 pays[5] et pour- via un partenariat avec Google Earth- mieux surveiller Ă partir de l'imagerie satellite le feux et le dĂ©boisement illĂ©gaux (notamment niĂ©s par Bolsonaro qui les a par ailleurs lui-mĂŞme encouragĂ©)[6] - [7]. Il a ainsi pu relativement prĂ©server le territoire de sa tribu, mais ses dĂ©nonciations du bucheronnage illĂ©gal et d'autres formes de dĂ©forestation (Ă©levage bovin, culture du soja OGM...), du braconnage, des impacts de l'industrie minière ou de l'orpaillage artisanal, et d'autres atteintes aux Ă©cosystèmes lui ont valu de nombreuses menaces de morts[5] - [8] le visant lui et sa famille. En 2007, après une prime offerte pour sa mort au BrĂ©sil[9], il a pu, avec sa famille se rĂ©fugier aux États-Unis, avec l'aide de l'ONG Amazon Conservation Team[10]. Il a ensuite poursuivi son combat pour la forĂŞt et les peuples autochtones[11].
En Europe, il a notamment (en ) rencontré l'ex-secrétaire d’État au numérique Mounir Mahjoubi et les députés, les alertant sur l'accélération de la déforestation depuis la présidence de Bolsonaro ()[12] - [9].
Txai Surui, qui se dit « aussi indigène que brésilienne », a été encouragée par ses parents à faire des études longues, et elle s'est inscrite à la faculté de droit de Porto Velho, avant même qu'elle ait fini ses études secondaires[2].
Activité associative
Txai Surui a créé une association de jeunes pour la défense de l'environnement amazonien et des droits des peuples autochtones. Selon elle, « Sauver l'Amazonie, c'est sécuriser la vie humaine elle-même »[13].
Comme de nombreux représentants des populations amazoniennes, elle s’inquiète des conséquences de la pandémie de Covid-19 au sein des tribus qui sont très vulnérable aux afflictions respiratoires, et souvent éloignées des centres médicaux.
Action en justice contre le gouvernement brésilien
En , Txai Surui, accompagnée de cinq de ses amis, porte plainte devant le tribunal de São Paulo contre l’État brésilien pour non-respect de l'Accord de Paris sur le climat[14]. Cette plainte, soutenue par huit anciens ministres de l’écologie, a pour objectif de faire annuler un texte, présenté quelques mois plus tôt, autorisant le Brésil à émettre plus de gaz à effets de serre en 2030 que ce qu’il avait promis en 2015[14].
Comme son père, elle reçoit des menaces de mort et des messages de haine[2] et la police doit assurer sa sécurité.
Cop26
Pour la première fois, à la suite d'un vœu du Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) émis en 2021 à Marseille en France, un statut spécifique et officiel a été accordé à des représentants des peuples autochtones, et c'est la première fois qu'une COP accueille une délégation de représentants des peuples autochtones numériquement aussi importante. mais Txai souhaite que les populations indigènes soient plus intimement associées aux négociations pour le climat[2].
Elle était déjà présente à la COP25 (avec un petit groupe d'amérindiens amazoniens) mais sans avoir pu s'exprimer devant l'assemblée[15]. En novembre 2021, bien qu'invitée à la dernière minute, elle s'est rendue à la COP26, où elle a cette fois été invitée à prononcer un discours introductif devant les diplomates de plus de 190 pays, alors qu'elle finissait ses études universitaires de Droit, à l'âge de 24 ans.
Elle y a notamment cité le meurtre d'Ari Uru-Eu-Wau-Wau, son ami d'enfance et gardien indigène assassiné en 2020 pour avoir protégé la nature[16] et rappelé que son peuple vit en Amazonie depuis au moins 6 000 ans et que son père lui a appris à « écouter les étoiles, la lune, le vent, les animaux et les arbres (...) aujourd'hui, le climat se réchauffe. Les animaux disparaissent. Les rivières meurent et nos plantes ne fleurissent plus comme avant (...) la Terre parle. Elle nous dit que nous n'avons plus le temps »[15]. Elle implore les dirigeants internationaux à adopter une nouvelle approche, plus rapide, pour réduire les émissions de carbone et le réchauffement climatique[15].
Les jours suivants, durant plus d'une semaine, habillée du costume traditionnel de son village, la tête ornée d'une couronne de courtes plumes, Txai Surui a pu s'entretenir avec des ministres de pays riches qui ont souhaité la rencontrer, recevant même des appels du Vatican[2].
Le président Jair Bolsonaro (qui n'a pas souhaité se déplacer à Glasgow) a critiqué son discours, qui a suscité des messages de haine, racistes notamment envoyé à Txai Surui via les réseaux sociaux[16]. Comme son père et pour les mêmes raisons, la jeune militante est régulièrement menacée de mort. Dans l'enceinte même de la COP26, peu après qu'elle soit descendue de la tribune pour une interview, un homme arborant le badge de la délégation officielle du gouvernement brésilien a tenté de l'interrompre en lui menaçant qu'elle ne devrait pas dire du mal du Brésil[16].
Elle a à son tour dénoncé ces mesures d'intimidations : « C'était de l'intimidation. C'était très inconfortable. Ils ne veulent pas qu'on rapporte la réalité de ce qui se passe, ils veulent prétendre que cela n'existe pas » a-t-elle expliqué à DW Brasil, rappelant que les territoires indigènes restent sans cesse envahis et que la déforestation progresse et s’accélère en Amazonie. Elle a aussi déploré les critiques émises par le président Jair Bolsonaro en réponse à son discours devant le sommet climatique de l'ONU, ainsi que les messages de haines qu'elle a reçu[16], ajoutant : « Je n'ai pas peur car ce que vivent les peuples autochtones au Brésil est bien plus dangereux que les messages sur internet » ; rappelant aussi que quand elle rentrera au Brésil, elle aura besoin d'une protection, car « l’État dans lequel je vis est un des bastions de Bolsonaro et les défenseurs des droits de l'homme et de l'environnement y sont en danger (…) Le gouvernement brésilien mène une politique meurtrière ». Elle en donne pour exemple le fait que dans l'aire protégée où vivent les Surui, à Sete de Setembro, plus de 6 000 têtes de bétail paissent illégalement sur les terres indiennes ; les Surui doivent sans cesse surveiller leur territoire où les invasions sont fréquentes[2].
« Mais parler de l'Amazonie, c'est aussi parler d'une situation mondiale (…) Les peuples autochtones souhaitent recevoir de l'aide (…) sans violer notre souveraineté », a-t-elle précisé[2].
Elle considère que l'objectif de limiter le réchauffement climatique « à 1,5 °C en 2100 »[17] comme le l'exige l'Accord de Paris de 2015, ne peut être atteint sans l'aide des peuples autochtones, notamment parce qu'ils connaissent, dépendent et protègent les écosystèmes forestiers.
Réunis dans la plus grande délégation autochtone jamais vue lors d'une conférence sur le climat, les dirigeants font avancer la discussion et exigent le respect des droits autochtones. "C'est nous qui préservons la forêt", argumente la jeune femme
Notes et références
- (pt) Povos indigenas no Brasil, « Surui Paiter », sur pib.socioambiental.org (consulté le )
- « Txai Surui, la brésilienne qui poursuit le combat de ses parents », sur Quid.ma (consulté le )
- Nom donné par les anthropologistes, leur vrai nom est Paiter
- « Neidinha da Kanindé no Espaço Amazônia IX CBUC » (consulté le )
- « Le combat de l'Indien geek », Courrier international, no 1081,‎ , p. 30
- Thomas Pizer, « Le Peuple Paiter Surui » (consulté le )
- Anne Pastor et David Rochier, « Voyage en terre indigène », Libération,‎ (lire en ligne)
- Nicolás Alonso, Priscila Azevedo Rocha, « La guerra del indio geek », sur http://www.quepasa.cl/, (consulté le )
- François Ruffin, « "Mon crime c'est de défendre la forêt !" (ft. Almir Narayamoga) », sur Youtube, (consulté le )
- « ACT In the Media: 2007 » (consulté le )
- « Almir's trip » (consulté le )
- « Amazonie : le chef indien Surui alerte des députés sur les dangers de la déforestation », sur www.linfodurable.fr (consulté le )
- Présentation de Txai Surui par TG Time (entreprise spécialisée dans le divertissement, les tendances et les célébrités | URL:https://www.tvguidetime.com/people/txai-surui-height-weight-net-worth-age-birthday-wikipedia-who-nationality-biography-138006.html
- « Walela Surui, 24 ans, attaque en justice le gouvernement du Brésil pour inaction climatique », sur Franceinfo, (consulté le )
- (en-US) « The Earth is speaking: Who is Txai Surui? Age, Family, Net worth, Biography, Wiki, Ethnicity », sur LatestCelebArticles, (consulté le )
- « Connexion », sur www.instagram.com (consulté le )
- « COP26 à Glasgow : les bons et les mauvais élèves du climat », sur France 24, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Almir Narayamoga Surui (père de Txai Surui)
- Brianna Fruean (Samoa)
- Elizabeth Wathuti (Kenya)
- Greta Thunberg (Suède)
- Dominika Lasota (Pologne)
- Vanessa Nakate
- Youth for Climate
- Grève pour le climat
- Severn Cullis-Suzuki, adolescente qui avait prononcé un discours au sommet de Rio de 1992
- COP26
- Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux
- Peuple SuruĂ