Accueil🇫🇷Chercher

Tunnel routier du Somport

Le tunnel du Somport est un tunnel routier qui relie l'Espagne et la France à l'ouest de la chaîne pyrénéenne. Ouvert en 2003, il est parcouru par la route nationale espagnole N-330 et la route nationale française 134, éléments de l'itinéraire européen E7 Pau - Saragosse.

Tunnel du Somport
Image illustrative de l’article Tunnel routier du Somport
Entrée du tunnel depuis le côté français, juste après le pont franchissant le gave d'Aspe.

Type Tunnel routier
GĂ©ographie
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau de la France France
Itinéraire N-330 / N 134 E 7
Traversée Col du Somport (Pyrénées)
Altitude 1 180 m (Espagne) / 1 116 m (France)
CoordonnĂ©es 42° 48′ 21″ nord, 0° 33′ 28″ ouest
Exploitation
Exploitant États espagnol et français
PĂ©age Gratuit
Mode de transport tout sauf transport de matières dangereuses (sous conditions)
Trafic PrĂ©vision 2003 : 1 417 vĂ©h./jour dont 255 PL/jour
Caractéristiques techniques
Gabarit 4,3 m max autorisé
Diamètre 9 m
Longueur du tunnel 8 602 m
Nombre de tubes 1 tube bidirectionnel
Nombre de voies par tube 2 (double sens)
Construction
Ouverture Ă  la circulation 2003
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Tunnel du Somport
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
Tunnel du Somport
IntĂ©rieur du tunnel du Somport, les tĂ©moins bleus sur les cĂ´tĂ©s sont les distances de sĂ©curitĂ© Ă  respecter (100 m).

Présentation

La RN 134 franchit les PyrĂ©nĂ©es au col du Somport Ă  1 632 mètres d'altitude. La sĂ©curitĂ© du trafic et la viabilitĂ© hivernale sont difficilement assurĂ©es. De plus le transit routier traverse le Parc national des PyrĂ©nĂ©es. Le tunnel, situĂ© Ă  l'altitude moyenne de 1 150 m, permet de rĂ©soudre ces difficultĂ©s. Son accès du cĂ´tĂ© français se situe sur la commune d'Urdos (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques), au lieu-dit Les Forges d'Abel (1 116 mètres d'altitude) en vallĂ©e d'Aspe ; la sortie du cĂ´tĂ© espagnol se situe au sud de la commune de Canfranc (1 180 mètres d'altitude). Son tracĂ© longe le tunnel ferroviaire existant. La ligne ferroviaire Pau - Canfranc n'est plus en exploitation depuis l'effondrement d'un pont sur son tracĂ© en 1970, sa rĂ©ouverture Ă©tant en projet depuis les annĂ©es 2010. Les rails du tunnel ferroviaire ont Ă©tĂ© retirĂ©s et un enrobĂ© posĂ© pour pouvoir faire circuler les vĂ©hicules d'urgence et permettre une rapide Ă©vacuation. Cependant, une convention avec le concessionnaire du tunnel routier fixe les conditions de cette conversion, elle prĂ©voit la pose de rails Ă  gorge encastrĂ©e dans la chaussĂ©e (comme on en trouve dans les rĂ©seaux de tramway urbain) en cas de rĂ©ouverture de la ligne ferroviaire[1].

Histoire

Le est signée la convention hispano-française pour la construction de cet ouvrage[2]. Les travaux ont été déclarés d'utilité publique par décret en Conseil d'État du . Ils se réalisent à partir de 1994. En 1999, certains équipements restaient à réaliser de sorte que la mise en service du tunnel ne pouvait intervenir avant 2001.

Ce planning a été remis en cause par les incendies survenus en mai 1999 dans les tunnels du Mont-Blanc et du Tauern (de). Les conséquences de ces incendies ont conduit à examiner les mesures de sécurité prises dans les tunnels et leurs modalités d'exploitation. Pour le tunnel du Somport, cette réflexion a entraîné plusieurs mesures de sécurité supplémentaires, notamment la création de trois liaisons entre les tunnels ferroviaire et routier au droit des refuges piétons, permettant ainsi l'intervention des secours en cas d'accès difficile par le tunnel routier. Le tunnel est surveillé en permanence par des équipes de secours de chaque pays. Un camion pompier spécialement conçu est prêt à intervenir, il est équipé de nombreux capteurs et de caméras permettant une intervention si le tunnel est enfumé, de nombreux autres véhicules pour la maintenance sont présents[3]. Le principal centre de gestion est situé du côté espagnol. Des exercices hispano-français se déroulent régulièrement pour tester les procédures d'urgence.

Le tunnel a été inauguré le .

Caractéristiques techniques

Plan des installations du tunnel.

Sa longueur est de 8 602 mètres, dont 5 754 en Espagne et 2 848 en France. La frontière est signalĂ©e par un logo de l'Europe peint sur les parois du tunnel[4].

Sa largeur de 9 mètres comprend deux voies de 3,50 mètres sĂ©parĂ©es par une bande de 1 mètre, et 2 bandes latĂ©rales de 0,50 mètre.

Sécurité[5]
  • 86 niches de sĂ©curitĂ© Ă©quipĂ©es de tĂ©lĂ©phones d'urgence, d'extincteurs et d'une bouche incendie tous les 200 mètres ;
  • 19 refuges pressurisĂ©s espacĂ©s d'environ 400 mètres (10 m Ă— 6,60 m). Ils sont reliĂ©s Ă  l'ancien tunnel ferroviaire par des galeries d'Ă©vacuation ;
  • 9 zones permettent aux opĂ©rateurs d'urgence d'inverser la direction du trafic de vĂ©hicules (15 m par 8,60 m)[6] - [7] ;
  • 5 zones d'arrĂŞt d'urgence Ă©quipĂ©es de tĂ©lĂ©phones d'urgence ;
  • 3 unitĂ©s de ventilation, dont 2 situĂ©es aux portails et une souterraine. L'unitĂ© de ventilation souterraine est reliĂ©e Ă  un puits vertical de 213 mètres, et au tunnel routier par une galerie de 555 mètres ;
  • Des centres de contrĂ´le et de sauvetage existent des deux cĂ´tĂ©s (le principal est du cĂ´tĂ© espagnol) ;
  • Alimentation redondante avec deux lignes indĂ©pendantes tant du cĂ´tĂ© français que du cĂ´tĂ© espagnol ;
  • Éclairage permanent sur les deux cĂ´tĂ©s avec des lampes de 100 w au sodium ;
  • Ventilation semi-transversale rĂ©versible, avec 14 ventilateurs d'une puissance totale de 2 900 kW. Un clapet d'aspiration pour le gaz tous les 100 mètres ;
  • Conduite d'eau le long de la galerie principale avec une bouche d'incendie tous les 200 mètres ;
  • CamĂ©ras tous les 100 mètres, avec dĂ©tection automatique des incidents ;
  • Câble rayonnant pour la communication entre les services d'urgence des deux pays et pour la diffusion de la radio et de communiquĂ©s aux utilisateurs ;
  • DĂ©tecteurs de monoxyde de carbone (CO), opacitĂ©-mètres et radars pour la vitesse (limitĂ©e Ă  80 km/h avec un minimal fixĂ© Ă  50 km/h) ;
  • Câble dĂ©tecteur d'incendie ;
  • Panneaux de signalisation Ă  messages variables (en espagnol et français)[8] ;
  • TĂ©moins de couleur bleue des deux cĂ´tĂ©s indiquant les distances de sĂ©curitĂ© Ă  respecter (100 mètres) ;
  • Rampe longeant tout le cĂ´tĂ© gauche du tunnel permettant aux Ă©quipes de sĂ©curitĂ© de se repĂ©rer dans la fumĂ©e et aux usagers de se tenir hors des voies de circulation lors d'une Ă©vacuation ;
  • Système de signalement des issues de secours avec de puissants feux incorporĂ©s dans la paroi du tunnel et phosphorescents ainsi que des flèches vertes de chaque cĂ´tĂ© de l'issue indiquant le sens vers oĂą se situe la sortie (permet de les localiser mĂŞme en cas de panne d'Ă©lectricitĂ©)[9] ;
  • Panneaux indiquant les refuges, espaces pressurisĂ©s et issues de secours de chaque cĂ´tĂ© du tunnel de façon rĂ©gulière ;
  • Feux de signalisation avant et dans le tunnel indiquant un arrĂŞt de la circulation ainsi que des barrières Ă  chaque entrĂ©e ;
  • 3 plates-formes pour hĂ©licoptère cĂ´tĂ© français ;
  • ContrĂ´le automatique de la vitesse ;
  • Bandes rugueuses au milieu de la route pour Ă©viter l'endormissement des conducteurs.

Financement

Le financement de ce tunnel a été partagé entre l'Espagne et la France en proportion de l'occupation du territoire par ce tunnel. Le coût atteint les 254 millions d'euros : 160 millions pour l'Espagne et 94 millions pour la France.

Trafic

En 2012, le trafic journalier Ă©tait de 1 536 vĂ©hicules dont 320 poids-lourds (20 % du trafic)[10].

Ce trafic est très infĂ©rieur aux chiffres de l'enquĂŞte publique avant la construction du tunnel qui prĂ©voyait pour 2013, 10 ans après l'ouverture, 3 064 dont 799 poids lourds mais en intĂ©grant la mise en service de deux autoroutes Pau-Bordeaux et Pau-Oloron et un amĂ©nagement de la RN 134[10]. Or le projet d'autoroute entre Pau et Oloron a Ă©tĂ© abandonnĂ© et peu d'amĂ©nagements ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur la RN 134, qui reste une route difficile pour les poids-lourds[10].

Pour 2019, la Direction interdĂ©partementale des routes atlantiques donnait un trafic journalier de 1 471 vĂ©hicules dont 340 poids-lourds[11].

Controverses sur le trafic poids-lourds

En 1994, la vallĂ©e d'Aspe connait une manifestation d'opposition sans prĂ©cĂ©dent au tunnel avec 8 000 personnes menĂ©es par Éric Petetin, qui a fait une grève de la faim de 30 jours[12]. Les manifestants venus d'Espagne et de toutes les rĂ©gions de France arrivĂ©s dans la vallĂ©e d'Aspe le militaient par ailleurs pour la rĂ©ouverture de la ligne ferroviaire Pau-Canfranc.

  • Manifestation Somport du 22 mai 1994
    Manifestation Somport du
  • ComitĂ© Somport Orne
    Comité Somport Orne

Le tunnel du Somport, s'il facilite le passage des PyrĂ©nĂ©es, encourage un important trafic routier qui doit se contenter cĂ´tĂ© français d'une route Ă©troite victime d'Ă©boulements[13] et mal adaptĂ©e Ă  la circulation moderne, de nombreux accidents de camions se produisant[14] - [15]. En effet, le un camion transportant du chlorite de sodium se renverse sur la RN 134 menant au tunnel, entrainant une pollution du gave d'Aspe avec la propagation de 12 000 litres de chlorite de sodium tuant des milliers de poissons (saumons et truites). Le chauffeur meurt dans l'accident[16].

Côté espagnol, il est prévu que l'autoroute A-23 arrive jusqu'au tunnel, aussi la juxtaposition d'un réseau moderne et rapide au sud et d'une route étroite au nord risque-t-elle de poser des problèmes de gestion sur le long terme.

La question de la légalité de la suppression de la ligne ferroviaire est également posée : officiellement, elle aurait dû être maintenue en état de fonctionnement conformément au traité franco-espagnol.

Galerie d'images et de vidéos

  • Tunnel du Somport sous la neige.
    Tunnel du Somport sous la neige.
  • EntrĂ©e du tunnel du Somport cĂ´tĂ© espagnol.
    Entrée du tunnel du Somport côté espagnol.
  • EntrĂ©e du tunnel du Somport cĂ´tĂ© français.
    Entrée du tunnel du Somport côté français.
  • Centre de secours 1 cĂ´tĂ© français.
    Centre de secours 1 côté français.
  • Centre de secours 2 cĂ´tĂ© français.
    Centre de secours 2 côté français.
  • VidĂ©o prise en roulant depuis l'entrĂ©e du tunnel du Somport depuis la France.
  • VidĂ©o prise en roulant depuis l'entrĂ©e du tunnel du Somport depuis l'Espagne.

Notes et références

  1. « Route et rail », sur transpyreneen.free.fr (consulté le ).
  2. « Accord entre la République française et le royaume d'Espagne en vue de la construction d'un tunnel routier au col du Somport », texte disponible sur France Diplomatie sous la référence TRA19910111.
  3. http://maps.google.com/?ie=UTF8&ll=42.744995,-0.517817&spn=0,0.120163&z=14&layer=c&cbll=42.744826,-0.517814&panoid=QkIxUsMe_sCWTFP80b53RA&cbp=12,51.35,,1,7.15
  4. http://maps.google.com/?ie=UTF8&layer=c&cbll=42.792434,-0.543353&panoid=EJjm_v-DlmsCvzBHu9FvRw&cbp=12,289.73,,0,8.9&t=h&ll=42.792755,-0.510864&spn=0.090697,0.168743&z=13
  5. Fiche signalétique
  6. http://maps.google.com/?ie=UTF8&layer=c&cbll=42.806678,-0.557967&panoid=WbcroYO0k_d9k67Y7ifBgQ&cbp=12,211.62,,0,1.75&ll=42.807366,-0.558414&spn=0,0.240326&t=h&z=13
  7. http://maps.google.com/?ie=UTF8&layer=c&cbll=42.799922,-0.551977&panoid=43KL2nij4eki3F-uqOUK_w&cbp=12,166.66,,1,3.94&ll=42.800061,-0.552063&spn=0,0.240326&t=h&z=13
  8. http://maps.google.com/?ie=UTF8&layer=c&cbll=42.801252,-0.553279&panoid=jTZGSDFpaUf_u5uR1PNTSQ&cbp=12,142.98,,1,-5.03&ll=42.800352,-0.55239&spn=0,0.003755&t=h&z=19
  9. http://maps.google.com/?ie=UTF8&layer=c&cbll=42.752772,-0.518704&panoid=u0PM0f-Ofzrq_4kygakx0A&cbp=12,55.45,,0,7.19&ll=42.752921,-0.518739&spn=0,0.030041&t=h&z=16
  10. Hubert Bruyère, « Somport : dix ans après son ouverture, le tunnel tourne au ralenti », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Année 2019: recensement de la circulation sur le réseau national atlantique, trafic moyen journalier annuel », sur http://www.dir.atlantique.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).
  12. « Petetin cesse sa grève de la faim », La Depeche du Midi,‎ (lire en ligne).
  13. « Le tunnel du Somport ouvert aux poids-lourds », La Depeche du Midi,‎ (lire en ligne).
  14. « Le Somport sème toujours la zizanie », La Depeche du Midi,‎ (lire en ligne).
  15. « Somport : le tunnel de la discorde », La Depeche du Midi,‎ (lire en ligne).
  16. « Accident de camion en Vallée d'Aspe : la colère des élus locaux », La République des Pyrénées,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • J.-P. Forgerit, M. Decopons, M. Marec, Le tunnel du Somport. CoopĂ©ration franco-espagnol et problèmes Ă©cologiques, dans Travaux, , no 709
  • Guy Cueille, La partie française du tunnel du Somport, dans Travaux, juillet - , no 744
  • Patrice Voron, Galerie de sĂ©curitĂ© du tunnel du Somport. Galerie d'interconnexion entre les tunnels routier et ferroviaire, dans Travaux, , no 794

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.