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Travail précaire

Un « emploi précaire » ou un « travail précaire » désigne un emploi qui présente trop peu de garanties d’obtenir ou conserver dans un avenir proche un revenu « acceptable ». Dans la vie courante on parle aussi de petits boulots.

Des revenus très faibles ou des contrats courts sur un marché du travail fortement affecté par le chômage sont les principales sources du travail précaire.

Pour un actif, les situations de travail précaire peuvent avoir des origines diverses, notamment :

Les conséquences du travail précaire peuvent aller au-delà du risque d'une situation dégradée dans un avenir proche. Par exemple, une banque refusera plus facilement un prêt à un travailleur précaire, qui aura des difficultés à fournir des garanties.

En France

Description

En France, le contrat de travail le plus répandu est le contrat à durée indéterminée (CDI) ; le recours aux autres types de contrat doit faire l'objet de justifications expliquant leur nécessité[1].

À cause de leur faible durée, les contrats à durée déterminée(CDD) ou l'intérim, n'offrent pas la même sécurité de l'emploi qu'un CDI.

Il est important de faire la différence entre la continuité de l'emploi et la garantie qu'une situation ne se détériore pas. En France, le terme de « contrat précaire » est utilisé par les syndicats de salariés qui entendent faire un parallèle entre les contrats non garantis dans la durée par l'employeur et la précarité. L'analogie sous-entend une difficulté notable de retrouver un autre emploi et une assurance chômage ne couvrant pas suffisamment ce risque.

DĂ©finition et mesure

Pris dans leur ensemble, les contrats Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e, l’intĂ©rim, les stages et contrats aidĂ©s (SCA) reprĂ©sentent en mars 2000 plus d’un emploi salariĂ© sur dix. Cependant, leurs ampleurs croissantes concernent de plus en plus de personnes ((CDD : + 60 % entre 1990 et 2000, IntĂ©rim : + 130 %, stages et contrats aidĂ©s : + 65 %)[2].

En 2003, pour les personnes entrĂ©s depuis peu de temps sur le marchĂ© de l'emploi, c'est-Ă -dire essentiellement les jeunes[3], la part des emplois prĂ©caires est environ 18 % pour les hommes, et 12 % pour les femmes[4].

En 2005, l'ensemble des emplois prĂ©caires reprĂ©sentait 23 % des emplois totaux et 21 % de la population active[5].

Selon l'Insee[6], « la précarité ne répond pas à une définition univoque et son appréciation soulève des difficultés théoriques et méthodologiques ». « Deux dimensions de la précarité peuvent être distinguées [..] d’une part la précarité de l’emploi est caractérisée par la relation contractuelle et sa plus ou moins grande stabilité ; d’autre part la précarité du travail qui renvoie à la manière dont l’individu se représente son rapport à l’emploi (conditions de travail, possibilité de promotion, appréciation de l’environnement de travail, etc.) et la sécurité de l’emploi. »

Si les employés en CDI peuvent être licenciés, ils toucheront des indemnités de licenciement et des allocations chômage (si leur durée de cotisation a été supérieure à la durée minimale). En revanche, pour un « travailleur précaire » en CDD, la crainte d’un licenciement avant la fin du contrat est faible (les indemnités de licenciement sont alors très élevées), et le travailleur bénéficie d’une « prime de précarité »(sauf dans la fonction publique pour les contrats à durée déterminée (CDD) signés avant janvier 2021), cependant la crainte principale de ne pas retrouver immédiatement un autre emploi peut être difficile à vivre.

Les travailleurs précaires ont davantage de difficultés à obtenir des emprunts auprès des établissements de crédit. Ils ont également plus de mal à accéder à des formations[7].

Autres facteurs

D'autres facteurs remettent en cause la continuité de l'emploi, y compris dans le cadre de contrats à durée indéterminée, et peuvent entraîner un sentiment de précarité :

  • la mauvaise santĂ© Ă©conomique de son entreprise,
  • le risque de dĂ©cisions de l'employeur pouvant entraĂ®ner des fermetures de site, dĂ©placement d'atelier…
  • les situations peu protĂ©gĂ©es comme celles des travailleurs indĂ©pendants ou des responsables de petites entreprises dont le revenu est directement liĂ© aux alĂ©as de la demande de leurs clients,
  • les changements d'objectifs de l'employeur sans remise en cause de la continuitĂ© de l'emploi, c'est alors la nature de l'emploi qui est prĂ©caire (cas des fonctionnaires soumis aux alĂ©as politiques),
  • l'instabilitĂ© des lieux d'affectation (personnels non titulaires de postes).

À l'instar du salaire, la précarisation de l'emploi peut constituer une variable d'ajustement de l'économie[8]. À ce titre, les travailleurs peu qualifiés peuvent être les plus touchés par la précarité[9]. À une plus petite échelle, les employeurs ont recours aux contrats précaires pour :

  • accompagner les fluctuations Ă©conomiques, en reportant les alĂ©as de la demande sur les salariĂ©s, tout en Ă©vitant les fortes contraintes liĂ©es au licenciement de salariĂ©s sous contrat Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e[9] ;
  • Ă©viter d'atteindre un effectif de salariĂ©s en contrat Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e, situation qui peut amener une augmentation des exigences rĂ©glementaires applicables, ou dĂ©passer des quotas d'emploi statutaires ;
  • diverses autres raisons comme la substitution des pĂ©riodes de congĂ©s par des pĂ©riodes de chĂ´mage (cas de certaines compagnies aĂ©riennes qui utilisaient des hĂ´tesses en CDD renouvelĂ©s quelques semaines après leur interruption ou qui emploient des Ă©tudiants comme personnels complĂ©mentaires de bord[10] - [11]).

Allemagne

En 2005 le gouvernement de Gerhard Schröder a introduit des rĂ©formes sociales connues comme « Hartz IV Â». Ces rĂ©formes s'accompagnent de la crĂ©ation d'un nouveau type de contrat qu'on appelle officiellement « Minijob Â». En 2013 il y avait 7 millions de travailleurs[12], ou presque 20 % de la population active ayant un contrat « Minijob ». Ces contrats se caractĂ©risent par un manque d'assurance maladie ainsi que certains allocations sociales.

Royaume-Uni

Selon l'institut national de statistique (ONS) 1,4 million de Britanniques sont employĂ©s sous un « contrat Ă  zĂ©ro heure » et 1,3 million avec des contrats de travail ne garantissant aucune quantitĂ© d'heures hebdomadaire de travail. Les donnĂ©es publiĂ©es par l'ONS en [13] indiquent que le travail prĂ©caire en Grande-Bretagne Ă©tait considĂ©rablement sous-estimĂ© dans les statistiques publiques.

Au Royaume-Uni, cinq millions de personnes travaillent comme autoentrepreneurs, en particulier par l’intermédiaire de plates-formes dans cette Gig economy(«économie des petits boulots»)[14]. Les chantiers sont presque entièrement composés d’autoentrepreneurs. Maçons, peintres, électriciens, travailleurs manuels, de même les releveurs des compteurs de gaz ou d’électricité, distributeurs des produits en colis vendus sur Internet, les chauffeurs de taxi, les consultants, les journalistes pigistes sont sous ce statut[15].

Canada

Au Canada en 2001, environ 11 % des employĂ©s ont un emploi « non conventionnel ou temporaire »[16].

Portugal

Au Portugal, le travail prĂ©caire concerne plus de deux millions de travailleurs ; un sur six de ces travailleurs prĂ©caires (326 000) cumule plusieurs emplois[17]. Chez les moins de 25 ans, 53,3 % des travailleurs sont prĂ©caires : stages, contrats Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©s et recibos verdes[17].

Notes et références

  1. contrats de travail, site du Ministère du travail
  2. Perez & Thomas, 2006, p. 109
  3. Français entre 18 et 65 ans ayant terminé leur formation initiale entre 1998 et 2003
  4. Insee - Formation et qualification professionnelle en 2003 - Synthèse des résultats
  5. Calculs effectués à partir des chiffres de l’Insee
  6. Perez & Thomas, 2006, p. 111
  7. Perez & Thomas, 2006, p. 125
  8. Fitoussi, p. 285
  9. Paugam, p. 360
  10. Job d'été : ces trois étudiants ont fait un travail pas comme les autres. Le Parisien, 31 aout 2017. Lire en ligne
  11. Anne Lambert et Delphine Remillon. Une marche vers l’égalité professionnelle en trompe-l’œil. Travail et emploi 2018, n°154, pp. 5-41. Lire en ligne
  12. 2013 AFP, « Les «minijobs» critiqués dans une Allemagne qui doute de son modèle social », 20 minutes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) « UK Government Web Archive », sur ons.gov.uk (consulté le ).
  14. « Au Royaume-Uni, des propositions controversées pour améliorer le statut des travailleurs précaires », Le Monde, (consulté le )
  15. Eric Albert, « Royaume-Uni: les « self-employed Â», instruments du travail prĂ©caire », Le Monde, (consultĂ© le )
  16. Statistique Canada, 2003, p. 19
  17. Jean-Jacques Bozonnet, « Au Portugal, les « recibos verdes » incarnent l’extrême précarité du travail », Le Monde, 4 juin 2009, p. 10


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Coralie Perez et GwenaĂ«lle Thomas, « Trajectoires d'emploi prĂ©caire et formation continue », Économie et Statistique, Insee, nos 388-389,‎ , p. 107-127 (ISSN 0336-1454, lire en ligne, consultĂ© le )[PDF]
  • Leah F. Vosko, Nancy Zukewich et Cynthia Cranford, « Le travail prĂ©caire : une nouvelle typologie de l’emploi », L'emploi et le revenu en perspective, Statistique Canada, vol. 4, no 10,‎ , p. 17-28 (ISSN 1492-4978, lire en ligne, consultĂ© le )[PDF]
  • Film documentaire, 2009, Le travail en miettes.
  • Jean-Paul Fitoussi, "Chapitre 14, MarchĂ©, emploi et citoyennetĂ©", Le citoyen, Paris, Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), 2000
  • Serge Paugam, Le salariĂ© de la prĂ©caritĂ©, PUF, 2000
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