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Tostaky

Tostaky est le quatrième album studio du groupe de rock français Noir Désir, sorti en 1992 sur le label Barclay. Enregistré après une longue pause, le son du groupe s'y fait plus percutant et les textes moins formels mais plus imagés. Porté par le single Tostaky (le continent), l'album obtient un succès à la fois critique et commercial qui fait du groupe le chef de file du rock français des années 1990.

Tostaky
Album de Noir DĂ©sir
Sortie
Enregistré septembre 1992
Outside Studios, Checkendon Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Durée 46:27
Genre Rock Alternatif
metal alternatif
Grunge
Producteur Ted Niceley, Noir DĂ©sir
Label Barclay

Albums de Noir DĂ©sir

Singles

En 2012, à l'occasion des 20 ans de l'album, sort une réédition avec un deuxième CD comportant de nombreuses versions inédites.

Historique

Fin mai 1991, la tournée promotionnelle de l'album Du ciment sous les plaines est brutalement interrompue à la suite d'une syncope faite par Bertrand Cantat pendant un concert à Besançon. Les membres de Noir Désir, qui ont aussi des problèmes de cohésion, conviennent alors de se séparer sans fixer de date précise pour se retrouver[1]. Après environ un an de séparation, période pendant laquelle Bertrand Cantat est parti au Mexique, à Cuba et au Guatemala[1] et en est rentré avec de nouveaux textes, le groupe se réunit pour quelques séances de jam. Lors de cette période de séparation, tous les membres du groupe ont été individuellement très marqués par l'écoute du groupe Fugazi. Ils font appel à Ted Niceley, producteur du premier album de ce groupe, pour produire Tostaky[2]. Serge Teyssot-Gay explique à propos du producteur « Sur tous les disques précédents, nous avions le même problème : tu prépares un son, et tu ne le retrouves pas en studio. Niceley nous a permis de restituer ce que nous avions en tête »[3]. Sonic Youth et Nirvana font aussi partie des influences musicales de l'album[4]. L'album est enregistré en septembre 1992 en Angleterre. Le groupe change sa méthode de travail en enregistrant titre par titre au lieu de chaque musicien à tour de rôle afin que tous se sentent impliqués durant tout l'enregistrement[5].

Analyse artistique

Le titre de l'album, Tostaky, est la contraction argotique de « todo está aquĂ­ » en espagnol (signifiant « tout est ici Â»), un des slogans de ralliement des rĂ©volutionnaires mexicains menĂ©s par Emiliano Zapata[6]. Le son est nettement plus saturĂ©, plus brut que sur les premiers albums avec une prĂ©sence accrue de la guitare de Serge Teyssot-Gay et ses riffs percutants et hypnotiques, notamment sur le single Tostaky (le continent), Here It Comes Slowly et 7 minutes[5]. Certains morceaux, comme 7 minutes, sont assez proches du noise rock et d'autres, It Spurts et Johnny colère, du metal. Quelques titres, comme OubliĂ©, One Trip/One Noise, Marlène et Lolita nie en bloc sont nĂ©anmoins plus calmes[5].

Les textes sont moins élaborés sur la forme que ceux des albums précédents mais plus imagés avec des slogans marquants[5]. Quelques morceaux de l'album comme Tostaky (le continent), One Trip/One Noise ou Lolita nie en bloc sont devenus des classiques repris régulièrement lors des tournées du groupe et joués de façons parfois très différentes, comme le montre l'album live Noir Désir en public. Here It Comes Slowly est la première chanson du groupe qui aborde frontalement le thème de la politique en évoquant la montée de l'extrême droite mais cette référence passe largement inaperçue car le texte est chanté en anglais[5]. Il est fait référence à Syd Barrett (Pink Floyd) dans les paroles de la chanson Ici Paris, seule fois de toutes les chansons de Noir Désir où le nom d'un musicien est cité[7]. Johnny colère est une reprise du groupe rennais Les Nus[8].

Tournée

De janvier à avril 1993, le groupe fait une tournée française qui s'achève par trois concerts au Bataclan. Il participe ensuite à plusieurs festivals estivaux et donne son dernier concert de l'année à l'occasion du Bol d'or. L'année suivante, le groupe donne des concerts en Suisse, en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie et en Scandinavie[9]. Bertrand Cantat ne ménage pas sa voix tout au long de ces tournées et doit prendre des injections de corticoïdes pour éviter l’extinction de voix. En 1994, il doit d'ailleurs se faire opérer pour des polypes sur les cordes vocales[10]. L'album live Dies irae, sorti en 1994, est enregistré à partir de concerts de cette tournée.

Accueil

Tostaky atteint la 11e place du classement de ventes d'albums en France, classement dans lequel il reste 33 semaines[11]. L'album s'est vendu Ă  plus de 350 000 exemplaires en Europe un an après sa sortie[12] et est certifiĂ© disque d'or en France[13].

En , l'édition française du magazine Rolling Stone classe cet album à la deuxième position des meilleurs albums de rock français[14]. Il est également inclus dans l'ouvrage Philippe Manœuvre présente : Rock français, de Johnny à BB Brunes, 123 albums essentiels[15]. Pour Gilles Verlant et Thomas Caussé, dans la Discothèque parfaite de l'odyssée du rock, l'album, « condensé de puissance, de maîtrise et d'inspiration », est un « moment essentiel dans l'histoire du rock français des années 1990 »[16].

Pascal Bertin, des Inrockuptibles, affirme que c'est le « disque Ă  ce jour le plus solide du groupe », « celui qui concrĂ©tise toutes ses ambitions, avec encore plus de bruit, mais mieux maĂ®trisĂ© » et comptant « quelques morceaux qui se dĂ©gagent irrĂ©sistiblement de cet assemblage mĂ©tallique […] Marlène et Tostaky (le continent), un titre qui rĂ©sume Ă  lui seul toute la puissance dĂ©gagĂ©e par la musique du groupe »[17]. Pour Anthony Triaureau, de Music Story, qui lui donne 4 Ă©toiles sur 5, « les guitares sont Ă  l’honneur avec les dĂ©ferlantes de Here It Comes Slowly et Tostaky, les riffs hypnotiques de One Trip/One Noise, 7 minutes et It Spurts puis avec l’apocalyptique refrain de Lolita nie en bloc » et la voix « brute » sert des textes « dĂ©pouillĂ©s »[18]. Le site albumrock lui donne 5 guitares sur 5, Ă©voquant un « explosif mĂ©lange de rock abrasif et de poĂ©sie incantatrice » et affirmant qu'en « parvenant enfin Ă  capter cette Ă©nergie brute, presque animale sur ce disque, Noir DĂ©sir a ainsi prouvĂ© qu'un cap avait Ă©tĂ© franchi dans son parcours dĂ©jĂ  riche de trĂ©sors plus ou moins cachĂ©s »[19]. Pour le site Forces parallèles, qui lui donne 5 Ă©toiles sur 5, c'est un « album surprenant, unique, Ă©poustouflant » oĂą « il est laissĂ© Ă  l'auditeur une libertĂ© d'interprĂ©tation inĂ©galable » et oĂą « du blues au folk en passant par un rock sauvage et puissant, le paysage est très influencĂ© par la musique outre-Atlantique, Ă©lectrique ou acoustique, noire ou blanche. Tout comme les textes de Bertrand qui alternent entre français, anglais et espagnol »[20]. Alex Garcia, d'AllMusic, lui donne 3 Ă©toiles sur 5, estimant que « l'Ă©nergie est toujours lĂ  », que « tout s'assemble parfaitement comme les pièces d'un puzzle » et que les seuls dĂ©fauts de l'album sont sa production avec la voix difficilement audible sur certains morceaux (Alice, It Spurts, 7 minutes) et des « mĂ©lodies pas toujours aussi accrocheuses » qu'auparavant[21].

Liste des chansons

Toutes les paroles sont écrites par Bertrand Cantat, toute la musique est composée par Noir Désir sauf Johnny colère, reprise du groupe Les Nus.

Tostaky
No Titre Durée
1. Here It Comes Slowly 3:03
2. Ici Paris 3:37
3. Oublié 4:33
4. Alice 3:55
5. One Trip/One Noise 4:12
6. Tostaky (le continent) 5:29
7. Marlène 3:03
8. Johnny colère 2:17
9. 7 minutes 6:00
10. Sober Song 2:51
11. It Spurts 3:53
12. Lolita nie en bloc 3:30

Classements et certifications

PaysCertificationDate
Drapeau de la France France Disque d'or Or 1993

Crédits

Interprètes

Noir DĂ©sir

Musiciens additionnels

Équipe de production et artistique

  • Ted Niceley, Noir DĂ©sir – production
  • Andy Baker - assistant enregistrement
  • Graig Sangster et Avril Mackintosh – mixage
  • Eli Janney – ingĂ©nieur du son
  • Yohannes Camps-Campins - design
  • Anton Corbijn, Philippe LĂ©vy, Philippe Prevost, Xavier Cantat - photographie

Notes et références

  1. Laufer 2005, p. 80-81
  2. Laufer 2005, p. 44
  3. Laufer 2005, p. 64
  4. Laufer 2005, p. 52
  5. Laufer 2005, p. 97-99
  6. Laufer 2005, p. 40
  7. Laufer 2005, p. 12
  8. Laufer 2005, p. 78
  9. « Concerts de Noir Désir », sur noirdesir.net (consulté le )
  10. Laufer 2005, p. 85
  11. « Détails Albums Noir Désir » (consulté le )
  12. Laufer 2005, p. 114
  13. « Les Certifications depuis 1973 - Noir Désir », sur infodisc.fr (consulté le )
  14. « 100 disques essentiels du rock français », Rolling Stone, no 18,‎ (ISSN 0035-791X)
  15. Philippe Manœuvre, Philippe Manœuvre présente : Rock français, de Johnny à BB Brunes, 123 albums essentiels, Paris, Hoëbeke, , 255 p. (ISBN 978-2-84230-353-2)
  16. Gilles Verlant et Thomas Caussé, La Discothèque parfaite de l'odyssée du rock, Presses de la Cité, , 381 p. (ISBN 978-2-258-08007-2 et 2-258-08007-X), p. 254
  17. Pascal Bertin, « Tostaky Chronique Les Inrockuptibles », Les Inrockuptibles (consulté le )
  18. Anthony Triaureau, « Tostaky Chronique Music Story », Music Story (consulté le )
  19. « Tostaky Chronique Albumrock », sur albumrock.net (consulté le )
  20. « Tostaky Chronique Forces parallèles » (consulté le )
  21. (en) Alex Garcia, « Tostaky Review », AllMusic (consulté le )

Bibliographie

  • Catherine Rudent, « Comprendre les musiques Ă  succès : Tostaky de Noir DĂ©sir », Musurgia, vol. 9, no 2,‎ , p. 43-58.
  • Vincent Laufer, Noir dĂ©sir : de A Ă  Z, Paris, Express Éditions, , 119 p. (ISBN 2-84343-323-1).
  • Marc Besse, Noir DĂ©sir Ă  l'envers, Ă  l'endroit, Ring, , 253 p. (ISBN 979-10-91447-02-7).

Lien externe

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