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Tombe François

La tombe François est le nom donné à une tombe familiale étrusque découverte sur le site de Vulci en 1857 par l'archéologue florentin Alessandro François et l'historien français Adolphe Noël des Vergers, mandatés par Marie-Alexandrine Bonaparte, femme de Lucien Bonaparte pour des fouilles de leurs domaines princiers à Vulci et Cerveteri.

Tombe François
Présentation
Type
Partie de
Ponte Rotto necropolis (d)
Civilisation
Surface
50 m2
Localisation
Localisation
Coordonnées
42° 25′ 03″ N, 11° 38′ 21″ E
Carte
Plan du site.
Fresque de Vel Saties et Arnza reproduite par Carlo Ruspi.

Histoire

La tombe François fait partie de la nécropole de Ponte Rotto située aujourd'hui dans la partie orientale du Parco Archeologico Ambientale di Vulci. Son nom provient du nom de son découvreur, l'archéologue Alessandro François, archéologue florentin.

Description

Il s'agit d'une tombe datant du Ve siècle av. J.-C. (remaniée au IIe siècle av. J.-C.) destiné aux membres de la famille Saties (ou Satis) dont Vel Satis est le commanditaire. Sa femme Tanaquil est également représentée sur les fresques.

Un long dromos (couloir creusé dans le sol pour atteindre la tombe) de 27 m sur 1,30 m de large permet d'accéder à 10 chambres funéraires principales, par un tablinum, la chambre centrale distribuant l'accès à 7 d'entre elles.

Ce tablinum a une voûte en forme de pyramide tronquée, et les chambres, des plafonds à deux pentes avec une poutre centrale columen simulée (traditionnels dans ce genre de sépulture, rappel de la maison du vivant[1]).

Des banquettes le long des murs permettaient de poser les sarcophages et des fresques à sujets mythologiques ornaient les murs.

Sujets des fresques

La chambre centrale en forme de « T Â» était ornée de fresques, dont la plus grande partie a été détachée des murs en 1862 et transportée à la villa Albani à Rome. En partant de l'entrée on trouvait dans le sens des aiguilles d'une montre :

  • Cassandre traînée de l'autel par Ajax fils d'Oïlée
  • Nestor et Phénix devant des palmiers
  • le duel d'Étéocle et Polynice
  • une scène de l'Iliade représentant des prisonniers troyens égorgés par Achille, Agamemnon et Ajax fils de Télamon en l'honneur de Patrocle (désigné par l'expression hinθial patrucles, c'est-à-dire «ombre de Patrocle» en étrusque[2]), en présence de Vanth et Charun
  • Caile Vipinas délivré par Macstrana (Mastarna) ; Larth Ultes tuant Laris Papathnas Velznach ; Rasce sur le point de tuer Pesna Arcmsnas Svetimach ; Aule Vipinas (Aulus Vibenna) tuant Venthi Cavles ...plsachs[3]
  • Marce Camitlnas tuant Cneve Tarchunies Rumach
  • Vel Saties, le propriétaire de la tombe, et son serviteur atteint de nanisme, Arnza (c'est-à-dire le petit Arnth) tenant par un fil un pic, l'oiseau du dieu Laran. Il pourrait s'agir d'une scène d'observation du vol d'un oiseau à des fins divinatoires[4]. Cependant cette interprétation peut être remise en cause par le fil à la patte de l'oiseau (peu pratique pour observer son vol) ; ce serait plutôt le jeu d'un enfant[5].
  • Thanchvil Verati, épouse de Vel Saties
  • le martyre de Sisyphe en présence d'Amphiaraüs

Reproduction et copie des fresques

Si les fresques ont été détachées et transférées dans la collection Torlonia à la villa Albani, à Rome, des répliques à l'échelle 1/1 ont été exécutées par Carlo Ruspi pour remplacer les originaux dans leur site.

Scène de la libération de Caelius Vibenna ; de gauche à droite : Caile Vibenna, Mastarna, Larth Ultes, Laris Papathnas Velznach, Pesna Aremsnas Sveamach, Rasce, Venthikau et Aule Vibenna ; à droite : Marce Camitlnas et Cnaeve Tarchunies Rumach.
Copie/interprétation de Carlo Ruspi sur le site.

D'autres reproductions à la demande de Des Vergers, mais à l'échelle 1/10, ont ensuite été réalisées par Nicola Ortis (perdues aujourd'hui).

Il fallut attendre 1931 pour que soit exposé au public, au Musée archéologique national de Florence, un fac simile complet des fresques de la tombe exécuté par Augusto Guido Gatti[6].

Témoignage historique

« Cet événement dramatique, la délivrance de Mastarna par Caelius Vibenna et les siens, était resté dans les traditions de Vulci comme un épisode entre tous glorieux, digne de figurer dans la tombe François »

— Massimo Pallottino, Giovanni Colonna, François Villard, La Naissance de Rome, exposition au Petit-Palais, en mars-mai 1977.

Aulus et Caelius Vibenna sont des personnages historiques et leurs aventures aux côtés de Macstarna-Servius Tullius étaient connues de la tradition latine comme de la tradition étrusque[7].

Des informations sur Caelius Vibenna et son frère Aulus nous sont parvenues à travers de nombreux écrivains antiques parmi lesquels Tacite, Festus Grammaticus, Varron, Fabius Pictor, Arnobe et Denys d'Halicarnasse, Claude.

Le témoignage des fresques de la tombe François permet de situer à la fin du règne de Tarquin l'Ancien l'arrivée des Vibenna et de leurs guerriers à Rome, venus soutenir Servius Tullius/Macstarna contre Cneve Tarchunies Rumach (Gnæus Tarquin de Rome).

Il existe des divergences sur l'identité du roi secouru. Pour Tacite il s'agit de Tarquin l'Ancien[8], pour Festus de Servius Tullius[9].

Arnobe signale l'antagonisme entre les personnages. À la mort de Caelius, le « seruulus Â» (son petit esclave) tue Aulus Vibenna pour prendre le pouvoir. Ce seruulus est probablement le « sodalis fidelissimus», le compagnon d'armes fidèle de Caelius, des tables Claudiennes Servius Tullius/Mastarna. Le suffixe étrusque na signifie la dépendance, de fait Ma(c)star-na « l'homme dépendant du magister Â»[10].

L'action des frères Vibenna a eu un impact considérable dans la civilisation étrusque car ils sont encore évoqués au cours du IVe siècle av. J.-C. sur un miroir et quatre urnes funéraires et par les peintures de la tombe de Vel Saties, continuateur de la tradition des chefs de guerre étrusques de Vulci contre les Romains[11].

Notes et références

  1. Voir le site de Monterozzi et ses 6 000 tombes, dont 200 peintes.
  2. Jannot 1998, p. 71
  3. Forsythe 2005, p. 103
  4. Jannot 1998, p. 43
  5. O. de Cazanove
  6. Page de Canino.info sur les fresques
  7. Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie : recherches sur l'histoire de la légende, École française de Rome, 1984, p. 235.
  8. Tacite, Annales, IV, 65
  9. Festus Grammaticus, De la signification des mots, livre XIX, mot TUSCUS VICUS, 486 L12
  10. Massimo Pallottino
  11. Yves Liébert, Regards sur la truphè étrusque, p. 186-187

Voir aussi

Bibliographie

  • Massimo Pallottino, Origini e storia primitiva di Roma, Milan, Rusconi, 1993, p. 238 (ISBN 88-18-88033-0)
  • F. Coarelli, « Le pitture della tomba François a Vulci : una proposta di lettura » in Dialoghi di archeologia, s. III, 1983, 2, p. 43-69.
  • F. Roncalli, La Tomba François di Vulci, éd. F. Buranelli, Rome, 1987, p. 79-110, 88-89.
  • Jean-René Jannot, Devins, dieux et démons : Regards sur la religion de l'Etrurie antique, Picard, coll. « Antiqua »,
  • (en) Gary Forsythe, A Critical History of Early Rome : From Prehistory to the First Punic War, University of California Press,

Articles connexes

Liens externes

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