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Théophile Alajouanine

Théophile Antonin Joseph Alajouanine, né le à Verneix dans l'Allier et mort le à Paris, est un neurologue et écrivain français.

Théophile Alajouanine
Portrait de Théophile Alajouanine
Photographie du Courrier royal du 26 juin 1937.
Biographie
Naissance
Verneix
DĂ©cès (Ă  89 ans)
16e arrondissement de Paris
Nationalité Française
Thématique
Profession Neurologue (en) et psychiatre
Distinctions Grand officier de la Légion d'honneur‎ (d)
Membre de Académie nationale de médecine (depuis le ) et Académie royale de médecine de Belgique

Biographie

Théophile Alajouanine est le fils d'Antoine Alajouanine, maréchal-ferrant à Verneix (Allier), et de Marie Duprat.

Il fait ses études secondaires au collège des Maristes de Moulins et ses études médicales à Paris. Il est Interne des hôpitaux en 1913 et son internat, interrompu par la Première Guerre mondiale, durera six ans. C'est sous l'influence de maîtres comme Achille Souques et surtout Charles Foix qu'il s'oriente vers la neurologie. Il reçoit aussi une solide formation en psychiatrie, notamment avec Philippe Chaslin. Il sera ensuite successivement chef de clinique des maladies nerveuses (en 1923), médecin des hôpitaux (en 1926) et professeur agrégé de neurologie dans le service du professeur Georges Guillain, poste qu'il conserve jusqu'en 1936. En 1947, il succède à Georges Guillain à la chaire de clinique des maladies du système nerveux de la Salpêtrière (dont le premier titulaire avait été Charcot). Il conservera ce poste jusqu'en 1960. Élu membre de l'Académie de médecine en 1951, il était également grand officier de la Légion d'honneur et Docteur Honoris causa de plusieurs universités[1]. Il est membre du comité médical de la Résistance avec Gabriel Richet.

Le professeur Alajouanine a consacré toute sa jeunesse à l'étude des problèmes de neuropathologie et individualisé des syndromes qui portent son nom. Il a publié plusieurs centaines d'articles dans la Revue neurologique. Il a contribué à l'essor de la neuropsychologie en s'intéressant à la sémiologie, aux mécanismes et à la rééducation des aphasies. Autour de lui se constitua dans les années 1950 un groupe de cliniciens dont les travaux se révélèrent particulièrement féconds et que l'on désigne sous le nom d'école sémiologique de la Salpêtrière.

Il a également été le directeur de la première présentation de malades par Jacques Lacan à la Société neurologique de Paris en 1926[2].

Théophile Alajouanine avait une double activité de neurologue et d'écrivain. Son livre sur Valery Larbaud, qu'il a soigné pendant vingt-deux ans, son amitié avec Paul Valéry et de nombreux poètes en témoignent. Il fit l'analyse sémiologique de la maladie neurologique dont souffrit Maurice Ravel à la fin de sa vie. Son ouvrage l'Aphasie et le langage pathologique a été couronné par l'Académie française en 1970.

Dessin humoristique au trait noir représentant trois personnages masculins, l'un à gauche parlant dans un micro, les deux autres assis à droite conversant en aparté.
Caricature de Théophile Alajouanine en conversation avec Charles Maurras dans La Dépêche de Brest du 3 mars 1938.

Quant à ses opinions politiques, il était royaliste, membre de l'Action française. Il aurait dû être l'un des orateurs d'un meeting en , interdit par les autorités[3]. Il a loué publiquement Charles Maurras lors du meeting organisé en 1937 à l'occasion de la sortie de prison du maître du "nationalisme intégral"[4] et encore à une réunion des étudiants d'Action française, qu'il préside, en 1938[5]. Il a participé aux banquets médicaux annuels d'Action française et a présidé celui de 1933[6]- et à ceux du Cercle Fustel de Coulanges[7]. Dans son discours de 1933, il déclare : « Parvenu maintenant aux situations officielles de notre profession, je n'ai en rien modifié l'expression de mes convictions politiques, estimant au contraire qu'il fallait d'autant plus les affirmer que leur proclamation risquerait d'être plus surprenante pour les uns, choquante pour les autres (...): la fidélité à un idéal politique (...) ne (peut) étonner que les lâches et les indécis ». Ses convictions se caractérisent par son hostilité à l'égard de l'« étatisme républicain », du « fonctionnarisme outrancier et monstrueux » qui menacerait sa profession, de la crainte d'une « fonctionnarisation totale des médecins », par son admiration pour Maurras, pour sa méthode qu'il compare à celle des médecins, par sa haine « d'un mal terrible : le mal démocratique », du « principe funeste de l'égalité », du « lamentable et stupide suffrage universel » qui lui fait préférer la monarchie[8].

On le trouve encore au banquet médical d'Action française en 1963 qui renoue avec la tradition des banquets interrompue depuis 1939[9].

Attaché à sa région d'origine, il achète vers 1935 le château de Chalouze à Lalizolle (Allier).

Éponymie

  • ManĹ“uvre d'Alajouanine : « mĂ©thode qui permet d’étudier la motilitĂ© automaticorĂ©flexe des globes oculaires : quand on modifie la position de la tĂŞte, les yeux effectuent un mouvement compensateur »[10].
  • Syndrome de Marie-Foix-Alajouanine[11] : atrophie cĂ©rĂ©belleuse corticale tardive.
  • Maladie de Foix-Alajouanine[12] : myĂ©lite nĂ©crotique subaigĂĽe.

Ĺ’uvres et publications

  • « De l’atrophie cĂ©rĂ©belleuse tardive Ă  prĂ©dominance corticale Â» Revue neurologique, Paris, 1922;38:849-885, 1082-1111.(en collaboration avec Pierre Marie et Charles Foix)
  • « Le rĂ©flexe mĂ©diopubien Â» Comptes rendus des sĂ©ances de la SociĂ©tĂ© de biologie, Paris, 1923;89:874. (en collaboration avec Georges Guillain).
  • « La myĂ©lite nĂ©crotique subaiguĂ« (MyĂ©lite centrale angiohypertrophique Ă  Ă©volution progressive) Â» Revue neurologique, Paris, 1926;2:1-42. (en collaboration avec Charles Foix).
  • Titres et Travaux scientifiques du docteur Th. Alajouanine, Coulommiers, impr. Paul Brodard, Masson et Cie, Ă©diteurs, 1927, Texte intĂ©gral.
  • Le syndrome de dĂ©sintĂ©gration phonĂ©tique dans l’aphasie, Paris, Ă©d. Masson, 1939, 138 p. (en collaboration avec AndrĂ© Ombredane et Marguerite Durand)
  • L’aphasie et le langage pathologique. Paris, Ballière, 1968, prix Durchon-Louvet de l’AcadĂ©mie française en 1970.
  • L'aphasie et la dĂ©sintĂ©gration du langage (en collaboration avec Paul Mozziconacci), L'Expansion scientifique française Éditeur, Collection Symposiums et monographies de la semaine des hĂ´pitaux, 1948, 156 p.
  • Les grandes activitĂ©s du lobe temporal, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1955.
  • Les grandes activitĂ©s du lobe occipital, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1960.
  • La douleur et les douleurs, (sous la direction du Pr Th. Alajouanine), Paris, Masson, 1957.

Bibliographie

  • « NĂ©crologie de ThĂ©ophile Alajouanine Â» Le Monde, .
  • Jean MĂ©tellus, L'Ĺ“uvre d'Alajouanine. Inauguration du Centre Hospitalier CĂ´te des Neiges, MontrĂ©al, .
  • Jean MĂ©tellus, Le parcours d'Alajouanine, La nouvelle revue française, 1978, 305
  • « Vie de ThĂ©ophile Alajouanine, Neurologue 1890-1980 Â» Encyclopaedia Universalis. 1981. p. 521.
  • Boudin G, Nick J., « ThĂ©ophile Alajouanine (1890-1980) Â» Bulletin de l’AcadĂ©mie Nationale de MĂ©decine, ; 166(3):313-23.
  • (en) Lhermitte F, Lecours AR, Signoret JL. « ThĂ©ophile Alajouanine (1890-1980) Â» Brain and Language, 1981 mai;13(1):191-6.
  • Marc Trillet, « Les Ă©crivains d'Alajouanine », Histoire des sciences mĂ©dicales, vol. 31 (2),‎ , p. 181-188 (lire en ligne)
  • (en) François Boller, « Modern neuropsychology in France: ThĂ©ophile Alajouanine (1890-1980) Â» Cortex, 2006 Jan;42(1):3-4.
  • (en) James L. Franklin, « Revisiting a medical classic. ThĂ©ophile Alajouanine Â», Hektoen International Journal, Spring 2012, Texte intĂ©gral en ligne.

Notes et références

  1. Rohmer F. « ThĂ©ophile Alajouanine (1890-1980) Â» Rev. Neurol. (Paris) 1980;136:885-91.
  2. Élisabeth Roudinesco, Jacques Lacan : Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », (1re éd. 1993), 2118 p. (ISBN 978-2-253-08851-6), p. 1531
  3. L'Action française, 17 mai 1936
  4. L'Action française, 9 juillet 1937
  5. L'Action française, 25 février 1938, "La réunion de la Mutualité", L'Etudiant français,10 mars 1938, "Les leçons d'une réunion"
  6. Dès le premier en 1927: L'Action française, 24 mai 1927, "Le banquet des médecins d'Action française", L'Action française, 11 juin 1931, L'Action française, 16 juin 1932, L'Action française, 18 juin 1933, L'Action française, 8 juin 1934, L'Action française, 8 mai 1935, L'Action française, 17 mai 1935,L'Action française, 20 mars 1939, L'Étudiant français, mars 1939.
  7. Le Matin, 25 juin 1933, "Au cercle Fustel de Coulanges", L'Action française, 15 juin 1934, "Le banquet Fustel de Coulanges", Journal des débats, 25 juin 1935, "Le banquet du cercle Fustel de Coulanges", L'Action française, 29 mai 1937, "Le banquet du Cercle Fustel de Coulanges", Journal des débats, 18 juin 1938, "Le banquet du Cercle Fustel de Coulanges", Journal des débats, 27 mai 1939, "Le banquet du Cercle Fustel de Coulanges" (il y prit la parole pour faire l'éloge du Cercle)
  8. L'Action française, 19 juin 1933 (discours d'Alajouanine)
  9. Aspects de la France, 13 juin 1963, n° 770
  10. « Alajouanine (manœuvre d’) », sur le dictionnaire de l’Académie nationale de médecine
  11. (en)Marie-Foix-Alajouanine syndrome
  12. (en)Foix-Alajouanine disease

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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