Théodora Raoulaina
ThĂ©odora PalĂ©ologue CantacuzĂšne Raoulaina (grec ÎΔοΎÏÏα ÎÎżÎŒÎœÎ·ÎœÎź ÎαΜÏαÎșÎżÏ Î¶Î·ÎœÎź ΠαλαÎčÎżÎ»ÎżÎłÎŻÎœÎ± ΥαοÏλαÎčΜα, v. 1240 â 1300) Ă©tait une princesse byzantine, niĂšce de lâempereur Michel VIII PalĂ©ologue (r. 1259â1282). Deux fois veuve, elle entra en conflit avec son oncle au sujet de la politique religieuse unioniste de celui-ci, et devint nonne. Elle restaura aussi le monastĂšre de Saint-AndrĂ©-du-Jugement, oĂč elle transfĂ©ra les reliques du patriarche ArsĂšne Autorianos. TrĂšs cultivĂ©e, elle fut un membre important des cercles littĂ©raires de la capitale Ă la fin du XIIIe siĂšcle.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
Activités | |
PĂšre | |
MĂšre |
IrÚne Eulogie Paléologue (en) |
Fratrie |
Anne Paléologue CantacuzÚne Marie Paléologue CantacuzÚne Eugénie Paléologue CantacuzÚne (d) |
Conjoints |
Georges Muzalon (de Ă ) Jean Raoul PĂ©traliphas (de Ă ) |
Enfants |
Biographie
Famille et enfance
ThĂ©odora est nĂ©e vers 1240 dans lâEmpire de NicĂ©e. Elle Ă©tait la troisiĂšme fille de Jean CantacuzĂšne et dâIrĂšne PalĂ©ologue. Son pĂšre Ă©tait pinkernĂšs et plus tard doux du thĂšme des ThracĂ©siens, et sa mĂšre Ă©tait la deuxiĂšme fille du megas domestikos Andronic PalĂ©ologue et donc la sĆur du futur empereur Michel VIII PalĂ©ologue (r. 1259â1282). AprĂšs la mort de son mari (peu de temps avant 1257), elle devint nonne et prit le nom dâEulogie[1] - [2] - [3]. ThĂ©odora avait trois autres sĆurs, Anne, Marie, and EugĂ©nie. Anne Ă©pousa le Despote dâĂpire, NicĂ©phore Ier ComnĂšne Doukas (r. 1267/1268 â v. 1297) et devint rĂ©gente aprĂšs sa mort. Marie Ă©pousa le Tsar Konstantin Tikh de Bulgarie (r. 1257â1277), tandis quâEugĂ©nie Ă©pousa megas domestikos couman SyrgiannĂšs, et fut la mĂšre de SyrgiannĂšs PalĂ©ologue[1] - [4].
En 1256, ThĂ©odora Ă©pousa Georges Muzalon. Le mariage avait Ă©tĂ© arrangĂ© par lâempereur ThĂ©odore II Lascaris (r. 1254â1258). Muzalon Ă©tait dâorigine modeste, mais avait Ă©tĂ© Ă©levĂ©e au rang de protovestiarios grĂące Ă la faveur de lâempereur byzantin, dont il Ă©tait lâami dâenfance. Le mariage, comme ceux dâautres « nouveaux hommes » de lâempereur, fut dĂ©cidĂ© par ThĂ©odore afin dâĂ©lever le statut de ses protĂ©gĂ©s de basse naissance. Toutefois, ces unions, et la politique constamment anti-aristocratique de ThĂ©odore, lui valurent lâhostilitĂ© des familles nobles traditionnelles[5] - [6]. Ă la mort de ThĂ©odore en , Muzalon devint rapidement rĂ©gent de lâEmpire au nom du jeune Jean IV Lascaris (r. 1258â1261), mais il fut assassinĂ© par des soldats avec dâautres membres de sa famille lors dâun coup dâĂtat, organisĂ© par les aristocrates, Ă peine quelques jours plus tard, pendant un service religieux Ă la mĂ©moire de lâempereur dĂ©funt. Cette conspiration des aristocrates avait Ă©tĂ© fomentĂ©e par Michel PalĂ©ologue, lâoncle de ThĂ©odora, qui succĂ©da rapidement Ă Muzalon comme rĂ©gent et fut couronnĂ© co-empereur au dĂ©but de lâannĂ©e 1259[7]. Pendant le coup dâĂtat, seule ThĂ©odora rĂ©agit aux assassinats : elle se rendit auprĂšs de son oncle et lui demanda dâĂ©pargner son mari. Michel lui reprocha son attitude et lui ordonna de se taire, si elle ne voulait pas subir le mĂȘme sort[8].
En 1261, Ă la suite de le reconquĂȘte de Constantinople par Michel VIII et son couronnement comme seul empereur de lâEmpire byzantin restaurĂ©, ThĂ©odora fut remariĂ© au protovestiarios nouvellement promu Jean Raoul PĂ©traliphas, un membre de la noble famille Raoul et commandant militaire. Avant la mort de ce dernier, vers 1274, elle donna naissance Ă deux filles, IrĂšne et Anne[6] - [9].
Conflit avec Michel VIII
Comme le voulait la coutume pour les femmes nobles de lâĂ©poque, quand son deuxiĂšme mari mourut, ThĂ©odora se retira dans un monastĂšre. Toutefois, câest Ă ce moment quâelle joua un rĂŽle public majeur dans le conflit qui divisait la sociĂ©tĂ© byzantine : la question de lâUnion avec lâĂglise romaine[10].
Depuis la reconquĂȘte de Constantinople, la position de Michel VIII Ă©tait prĂ©caire : la menace dâun nouvel effort latin pour reprendre la citĂ© Ă©tait omniprĂ©sent et intensifiĂ© par lâarrivĂ©e de lâambitieux Charles dâAnjou au pouvoir en Italie du Sud et son intention de restaurer lâEmpire latin sous son Ă©gide. La seule puissance capable dâĂ©viter une telle attaque Ă©tait la PapautĂ©, câest pourquoi Michel engagea des nĂ©gociations pour lâUnion des Ăglises, qui finit par porter ses fruits en 1274, au DeuxiĂšme concile de Lyon[11]. NĂ©anmoins, lâUnion et les concessions quâelle faisait Ă la PapautĂ© en matiĂšre de doctrine, furent profondĂ©ment impopulaires auprĂšs des Byzantins eux-mĂȘmes et aggravĂšrent les relations dĂ©jĂ tendues de Michel avec le clergĂ© orthodoxe depuis quâil avait renvoyĂ© le patriarche ArsĂšne Autorianos, qui avait excommuniĂ© lâempereur pour avoir usurpĂ© le trĂŽne de Jean IV Lascaris[12].
Lâopposition Ă lâUnion Ă©mergea au sein mĂȘme de la famille de Michel : parmi les dissidents les plus fanatiques se trouvait la mĂšre de ThĂ©odora, IrĂšne, qui avait Ă©tĂ© la sĆur prĂ©fĂ©rĂ©e de Michel. ThĂ©odora soutint rĂ©solument sa mĂšre, avec Manuel et Isaac Raoul, les frĂšres de son dĂ©funt mari Jean. En raison de leurs activitĂ©s anti-unionistes, mĂšre et fille furent exilĂ©es dans la forteresse de Saint-Georges sur la cĂŽte de la mer Noire. IrĂšne rĂ©ussit nĂ©anmoins Ă fuir sa prison et se rendit Ă la cour de sa fille Marie en Bulgarie, oĂč il monta une coalition militaire avec les Mamelouks afin de renverser son frĂšre[3] - [10] - [13].
Activités sous Andronic II
Lâexil de ThĂ©odora dura jusquâĂ la mort de Michel en 1282. Son fils et successeur, Andronic II PalĂ©ologue (r. 1282â1328) rejeta la politique religieuse de son pĂšre en ce qui concernait lâUnion. Le problĂšme des arsĂ©nites, les partisans du patriarche dĂ©posĂ© ArsĂšne, qui avaient refusĂ© de reconnaĂźtre ses successeurs, resta irrĂ©solu. Andronic II essaya de server de mĂ©diateur et convoqua un concile ecclĂ©siastique Ă Adramyttion en 1284. ThĂ©odora et sa mĂšre IrĂšne y participĂšrent toutes les deux, mais le schisme ne put ĂȘtre calmĂ©. ThĂ©odora elle-mĂȘme Ă©tait une arsĂ©nite, mais plus modĂ©rĂ©e que sa mĂšre. Elle forma dâailleurs des liens Ă©troits avec le nouveau patriarche, GrĂ©goire II, dont elle admirait lâĂ©rudition et qui devint son pĂšre spirituel[10] - [14].
ThĂ©odora et sa sĆur Anne revinrent Ă Constantinople aprĂšs le concile, tandis que leur mĂšre restait derriĂšre Ă Adramyttion, oĂč elle mourut plus tard dans lâannĂ©e[15]. Vers la mĂȘme Ă©poque, ThĂ©odora rĂ©nova le monastĂšre de Saint-AndrĂ©-du-Jugement Ă Constantinople et le transforma en couvent. Elle y fit venir les reliques du patriarche ArsĂšne (qui Ă©tait mort en 1273) de Hagia Sophia et passa le reste de sa vie Ă se consacrer Ă ses devoirs monastiques et Ă des recherches savantes[3] - [10] - [15]. En 1289, quand son ami le patriarche GrĂ©goire II dĂ©missionna, elle lui offrit un refuge dans le « manoir » Aristin, qui se trouvait prĂšs du monastĂšre de Saint AndrĂ©[10] - [16].
La derniĂšre action publique de ThĂ©odora eut lieu en 1295. GrĂące Ă ses succĂšs contre les Turcs et le mĂ©contentement des habitants dâAsie Mineure envers les PalĂ©ologues, le gĂ©nĂ©ral Alexis PhilanthropĂ©nos sâĂ©tait dĂ©clarĂ© empereur. ThĂ©odora fut envoyĂ©e par lâempereur Andronic II, avec son beau-frĂšre Isaac Raoul qui avait Ă©tĂ© aveuglĂ© aprĂšs avoir participĂ© Ă une conspiration, pour traiter avec Alexis et le persuader de se rendre. Son ambassade Ă©choua et peu aprĂšs, PhilanthropĂ©nos fut trahi et aveuglĂ©[10] - [17]. On ne sait rien dâautre de sa vie, jusquâĂ sa mort, le [18].
Références
- Charles Cawley, « Ioannes CantacuzÚne », sur fmg.ac (consulté en ).
- Charles Cawley, « Eirene Paléologue », sur fmg.ac (consulté en ).
- Kazhdan 1991, p. 1772.
- Charles Cawley, « Syrgiannes », sur fmg.ac (consulté en ).
- Kazhdan 1991, p. 1421, 1772; Nicol 1996, p. 34.
- Katsiampoura 2002, Chapitre 1.
- Kazhdan 1991, p. 1367, 1421; Nicol 1996, p. 34â35.
- Nicol 1996, p. 35.
- Nicol 1996, p. 35â36.
- Katsiampoura 2002, Chapter 2.
- Geanakoplos 1959, p. 175â180, 237â245, 264, 277.
- Nicol 1996, p. 34, 36; Geanakoplos 1959, p. 268ff.
- Geanakoplos 1959, p. 274.
- Nicol 1996, p. 39, 43.
- Nicol 1996, p. 40.
- Nicol 1996, p. 44.
- Nicol 1996, p. 46â47.
- Nicol 1996, p. 47.
Bibliographie
- Medieval Lands Project: Byzantine Nobility, , Foundation for Medieval Genealogy, consulté en
- Deno John Geanakoplos, Emperor Michel Palaeologus and the West, 1258â1282 â A Study in Byzantine-Latin Relations, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, (lire en ligne)
- Yanna Katsiampoura, « Théodora Raoulaina », Encyclopedia of the Hellenic World, Asia Minor, AthÚnes (GrÚce), Foundation of the Hellenic World, (consulté le )
- (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)
- Donald MacGillivray Nicol, The Byzantine Lady : Ten Portraits, 1250â1500, Cambridge (Royaume-Uni), Cambridge University Press, , 33â47 p. (ISBN 978-0-521-57623-9, lire en ligne), « ThĂ©odora Raoulaina, Nun and Scholar, c. 1240â1300 »