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Aveuglement (chĂątiment)

L'aveuglement est un type de chùtiment corporel qui se traduit par une perte complÚte ou partielle de la vision. Il est utilisé comme un acte de vengeance et de torture[1] ou comme chùtiment pénal[2].

La mĂ©thode remonte Ă  l'AntiquitĂ©, elle est accomplie en arrachant ou en crevant les yeux, parfois en utilisant un tisonnier incandescent, ou en versant une substance en Ă©bullition, tels que le vinaigre, sur ces derniers[3]. Au Moyen Âge, l'aveuglement est utilisĂ© comme une punition pour trahison ou comme un moyen de rendre un adversaire politique incapable de gouverner et conduire une armĂ©e en temps de guerre[4]. Le chĂątiment Ă©tait parfois combinĂ© Ă  la castration, double mesure qui dĂ©truisait l'homme tout en lui laissant une vie dĂ©pourvue de qualitĂ©s humaines[5].

À l'Ă©poque contemporaine, l'aveuglement survit comme une forme de punition dans certains pays, en particulier dans le cadre de la loi de la charia, notamment en vertu du principe du qisas.

Quelques précédents historiques

La mythologie grecque fait plusieurs rĂ©fĂ©rences Ă  l'aveuglement comme un chĂątiment divin, reflĂ©tant la pratique humaine. Par exemple, ƒdipe crĂšve ses propres yeux aprĂšs avoir accompli accidentellement la prophĂ©tie annonçant qu'il finirait par tuer son pĂšre et Ă©pouser sa mĂšre[6]. Dans la Bible, Samson est aveuglĂ© lors de sa capture par les Philistins et est condamnĂ© Ă  tourner la meule de la prison[7].

Les premiers chrétiens étaient souvent aveuglés pour les punir de leurs croyances[8]. Par exemple, les tortionnaires de sainte Lucie lui arrachÚrent les yeux.

Le gĂ©nĂ©ral byzantin BĂ©lisaire (vers 500-565) aurait selon la lĂ©gende Ă©tĂ© aveuglĂ© sur ordre de l'empereur Justinien et serait devenu mendiant. En 713, Philippicos est le premier empereur byzantin Ă  subir l'aveuglement, pratique qui sera utilisĂ©e jusqu'Ă  la fin de l'empire. En 1014, l'empereur byzantin Basile II aveugle 99 % des 15 000 Bulgares capturĂ©s lors de la bataille du Kleidion, laissant 150 hommes borgnes pour les ramener Ă  leur commandant, cet Ă©pisode lui vaut d'ĂȘtre surnommĂ© le « tueur de Bulgares »[1] - [9]. Selon certains rĂ©cits de l'histoire, le tsar de Bulgarie Samuel meurt d'apoplexie devant l'arrivĂ©e de cette troupe[10].

En avril 818, Bernard d'Italie, petit-fils de Charlemagne est condamné à l'aveuglement au fer incandescent par son oncle Louis le Pieux. Il meurt trois jours aprÚs ce supplice.

En 1032, Vazul, membre de la Maison royale ÁrpĂĄd, se soulĂšve contre son cousin le roi Étienne Ier de Hongrie, aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©cartĂ© de la succession par ce dernier, mais sa tentative de coup d'État Ă©choue et il se fait crever les yeux en guise de chĂątiment[11].

Au XIe siÚcle, Guillaume le Conquérant remplace la peine de mort par l'aveuglement et la castration dans l'Angleterre conquise, jugeant la peine de mort trop légÚre[5]. Henri Ier d'Angleterre aveugle Guillaume de Mortain, qui avait combattu contre lui à Tinchebray en 1106[4].

En 1112, aprÚs des années de lutte fratricide pour le pouvoir entre Boleslas III Bouche-Torse et Zbigniew de Pologne, ce dernier est autorisé à retourner en Pologne aprÚs avoir été exilé, mais est rapidement accusé de trahison, puis se fait crever les yeux, ce dont il mourra rapidement.

Vers 1115, le prince Álmos de Hongrie, aprĂšs s'ĂȘtre rebellĂ© plusieurs fois contre son frĂšre le roi Coloman de Hongrie, se fait crever les yeux, ainsi que son fils de quatre ans BĂ©la (futur BĂ©la II l'Aveugle de Hongrie) et plusieurs dignitaires gagnĂ©s Ă  sa cause, par « mesure de clĂ©mence »[12] - [13].

En 1261, la reprise de Constantinople par Michel Paléologue, souverain de l'empire de Nicée, conduit au rétablissement de l'Empire byzantin et à la destruction du quartier vénitien, les citoyens vénitiens alors capturés subissent le chùtiment de l'aveuglement[14].

Notes et références

  1. (en) Frank Joseph Goes, The Eye in History, JP Medical Ltd, , 525 p. (ISBN 978-93-5090-274-5 et 93-5090-274-5, présentation en ligne), p. 234.
  2. Zina Weygand, Vivre sans voir : les aveugles dans la société française, du Moyen Age au siÚcle de Louis Braille, Créaphis Editions, , 374 p. (ISBN 978-2-913610-25-5, présentation en ligne), p. 23.
  3. (en) Jennifer Lawler, Encyclopedia of the Byzantine Empire, McFarland, , 376 p. (ISBN 1-4766-0929-2, présentation en ligne), p. 106.
  4. (en) Michael Evans, The Death of Kings : Royal Deaths in Medieval England, A&C Black, , 288 p. (ISBN 978-1-85285-585-7 et 1-85285-585-1, présentation en ligne).
  5. Recueils de la sociĂ©tĂ© Jean Bodin. La peine, tome 2, BrochĂ© – 31 aoĂ»t 1992, p. 129.
  6. Dominique Giovannangeli, MĂ©tamorphoses d'ƒdipe : Un conflit d'interprĂ©tations, De Boeck SupĂ©rieur, coll. « Oxalis », , 112 p. (ISBN 978-2-8041-3821-9), p. 10.
  7. Jg 16,21.
  8. (en) Tory Vandeventer Pearman, Women and Disability in Medieval Literature, Palgrave Macmillan, , 206 p. (ISBN 978-0-230-11756-3 et 0-230-11756-2, présentation en ligne), p. 89.
  9. Paul Lemerle, Histoire de Byzance, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (ISBN 978-2-13-045545-5 et 2-13-045545-X), p. 91.
  10. Louis BrĂ©hier, Le Monde byzantin : Vie et mort de Byzance, vol. 1, Paris, Éditions Albin Michel, coll. « L'Évolution de l'humanitĂ© », , 632 p., p. 192.
  11. (en) Gyula Kristó, « The Life of King Stephen the Saint », dans Attila Zsoldos, Saint Stephen and his Country : A Newborn Kingdom in Central Europe: Hungary, Budapest, Lucidus, , 183 p. (ISBN 9789638616395).
  12. (en) PĂĄl Engel, The Realm of St Stephen : A History of Medieval Hungary, 895–1526, I.B. Tauris Publishers, coll. « International Library of Historical Studies », , 416 p. (ISBN 1-86064-061-3), p. 35.
  13. (en) Ferenc Makk (trad. György Novåk), The Árpåds and the Comneni : Political Relations between Hungary and Byzantium in the 12th century, Budapest, Akadémiai Kiadó, , 215 p. (ISBN 963-05-5268-X), p. 16-17.
  14. (it) Alvise Zorzi, Vita di Marco Polo veneziano, Milan, Rusconi, .
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