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Théâtre itinérant

Le théâtre itinérant, ou théâtre ambulant, est une forme de théâtre qui procède à des tournées quotidiennes de plusieurs villes ou villages, ou pays[1].

Stadtansicht mit Wanderbühne (« paysage avec théâtre ambulant ») de Job et Gerrit Berckheyde (1689).

Le théâtre itinérant existe depuis l'époque classique et Thespis, un comique ambulant (es) qui partait représenter son numéro dans différents villages. Le théâtre itinérant a ensuite évolué de plusieurs manières : d'abord les thèmes abordés (religion et surtout politique), puis les personnages utilisés (tirés au début de la commedia dell'arte, puis des personnalités politiques du moment, puis tout type de personnages), le nombre d'acteurs dans la troupe (ce qui a donné lieu a de multiples combinaisons et noms correspondants) et les moyens utilisés (d'abord un comique seul à pied, puis plusieurs à pied, puis ils partagent un char, etc. jusqu'à un navire avec La Fura dels Baus). Il y a eu parfois la volonté d'amener la culture à des endroits qui en manquaient, comme les troupes de théâtre itinérant universitaires espagnoles du XXe siècle ou plus contemporainement en France, avec les Tréteaux de France.

Définition

Jean-Luc Grandrie, ancien directeur-adjoint du Rond-Point et directeur-adjoint des Tréteaux de France, centre dramatique national à vocation itinérante, évoque le théâtre itinérant ainsi :

« Je pus alors découvrir cette façon originale de faire du théâtre : ces gens qui partaient sur les routes de France rencontrer des publics qu'ils allaient en définitive chercher, ce temps consacré aux représentations, mais aussi au montage du chapiteau, ces villages visités régulièrement... Ce théâtre itinérant était une folie, au service d'un public qui parfois, souvent, s'ignore...
Faire du théâtre là où il n'y en a pas, voilà la vocation de ce théâtre national dont la particularité est d'être sans murs. Et, à cause de cela, ou grâce à cela, tous les acteurs de cette structure deviennent, pendant une partie de l'année, des nomades. »

— Jean-Luc Grandie, Les Tréteaux de France: 2001- 2011 - Récit d'une reconquête théâtrale[2]

Au travers de la modalité du théâtre nomade, il faut en différencier deux types : le théâtre itinérant simple, « de contenu sans continent », et le théâtre ambulant de chapiteau, mobile ou portable, qui voyage avec une structure physique (ou « continent ») nécessaire pour la matérialisation de son spectacle. En général, le théâtre de chapiteau est une combinaison de plusieurs variantes, telles que le cirque ou la revue[3].

Histoire

La première compagnie ambulante

Relief de la Campanile de Giotto, à Florence, œuvre de Nino Pisano (1334-1336) représentant Thespis dans son char ambulant.

En Occident, le phénomène du théâtre itinérant tient son origine (d'ordre politico-culturel) du récit de l'activité du poète et comique ambulant (es) de la Grèce classique du VIe siècle av. J.-C., Thespis, qui après une fulgurante carrière dramatique dans les Grandes Dionisiennes athéniennes, est arrêté par le sage Solon et obligé à parcourir les chemins sur un char[4].

Lope de Rueda selon Cervantes

Le deuxième exemple remarquable a été protagonisé par la compagnie de théâtre de Lope de Rueda entre 1540 et 1565, dans l'Espagne des premiers Habsbourg. Miguel de Cervantes lui-même a écrit à ce sujet dans le prologue de ses Huit comédies et huit intermèdes (1615) :

« Il s'agit également du premier à non seulement les avoir fait débuter en Espagne, mais fit également leur promotion en grande pompe ; moi, étant le plus vieux des personnes présentes, je dis que je me rappelais avoir vu représenté le grand Lope de Rueda, un homme éminent dans la représentation et la connaissance [...]
Aux temps de ce célèbre espagnol, tous les effets de mise en scène d'un auteur de comédie tenaient dans un sac, et se résumaient à peu près à quatre pelisse blancs garnis de pièces de cuir doré et de quatre barbes et perruques ainsi que quatre houppettes. Les comédies étaient des discussions, comme égloques, entre deux ou trois bergers et une bergère ; on les ornait et dilatait de deux ou trois intermèdes, parfois une noire, parfois une crapule, parfois un niais et parfois de Biscaïen : chacune de ces quatre figures et beaucoup d'autres créait ce Lope avec la plus grande excellence et correction que l'on puisse imaginer. Il n'y avait point alors de machinerie, de défis entre Maures et Chrétiens, ni à pied ni à cheval ; il n'y avait pas de figure qui sortît ou semblât sortir du centre de la terre par un trou sur la scène, qui était composée de quatre bancs en carré et quatre ou six tables dessus, ce qui l'élevait au-dessus du sol de quatre pieds ; il n'y avait pas non-plus de nuages avec des anges ou des âmes qui descendissent du ciel. La décoration du théâtre était une vieille couverture, tendue avec deux ficelles de part et d'autre, qui faisait ce qu'on appelait le vestiaire et derrière laquelle étaient les musiciens, chantant sans guitare une ancienne chanson. [...]
À Lope de Rueda succéda Navarro, originaire de Tolède, qui était célèbre pour sa représentation d'une lâche crapule ; il éleva quelque peu la décoration des comédies et transforma le sac de vêtements en coffres et malles ; il fit apparaître les musiciens, qui chantaient auparavant derrière le rideau, au public ; il enleva les barbes des comédiens, qui jusqu'alors ne jouaient pas sans barbe postiche, et fit que tous représentassent la belle race, mis à part ceux qui devaient représenter les vieux ou les autres personnages qui demandassent un changement de visage ; il inventa les machineries, les nuages, les tonnerres et les éclairs, les défis et les batailles, mais tout cela n'arriva pas au point sublime où nous sommes maintenant[5]. »

— Miguel de Cervantes Saavedra[6]

Les compagnies d'Agustín de Rojas

Première de couverture de El Viaje entretenido de Agustín de Rojas Villandrando (1624).

Le célèbre dramaturge et comique Agustín de Rojas Villandrando distingue, dans son ouvrage El Viaje entretenido[7] (1603, 1611 et 1624) jusqu'à huit types de compagnies de théâtre ambulant de l'époque : bululú (es), ñaque (es), gangarilla (es), cambaleo (es), garnacha, bojiganga (es), farándula et, finalement, la compagnie qu'il décrit ainsi :

« Dans les compagnies, il y a tous types de vermisseaux et de babioles : ils perçoivent chaque couture et connaissent bien la courtoisie ; il y a des gens très discrets, des hommes très apprécies, des personnes bien nées et encore des femmes très vertueuses (et quand il y en a beaucoup, c'est positif qu'il y ait de tout) — ils emmènent cinquante comédies, trois-cents arrobes de balluchon, seize représentants, trente qui mangent, un qui encaisse et Dieu sait combien dérobent. Certains demandent des mules, d'autres des charrues, d'autres des litières, d'autres des palefrois, et personne ne se satisfait de son char parce qu'ils prétendent qu'ils ont un mauvais estomac. Il y a en général beaucoup de déceptions à ce sujet. Leurs tâches sont excessives car ils étudient tant, leurs essais si continus et les goûts tant divers, bien que cela, Ríos y Ramírez ne le savent que trop bien, et c'est mieux de garder le silence à ce sujet, au cas où l'on puisse en dire trop. »

— Agustín de Rojas Villandrando, El viaje entretenido, Libro I, 1603[8]

Le bululú est un acteur solitaire ou un comédien espagnol qui voyage à pied de village en village pour faire de brève représentations dans lesquelles il interprète tous les personnages apparaissant dans l'éloge, farce ou intermède qu'il aura choisi parmi son répertoire varié, selon son auditoire[9].

Une ñaque est une compagnie de comiques ambulants composée de deux seuls acteurs[10] - [11]. Son répertoire théâtral se compose de quelque intermède, un fragment d'auto sacramental et des rimes d'octaves et d'éloges ; les deux acteurs accompagnent ces pièces de battements sur un tambour ou un tambour de basque[12].

Une gangarilla est une compagnie de comiques ambulants composée de trois ou quatre acteurs, accompagnés par un garçon qui interprète les rôles féminins[13]. L'un d'eux joue bien d'un instrument, ils jouent l'auto sacramental de La Oveja perdida, deux intermèdes de simplet, marchent à pied, portent barbe et perruque et sont assez rustiques[14].

Un cambaleo est une compagnie de comiques ambulants composée de cinq acteurs et une actrice chanteuse[15]. Agustín de Rojas Villandrando dit d'eux que l'actrice chante tandis que les cinq hommes pleurent. Leur répertoire est composé d'une comédie, de deux autos sacramentales et de trois ou quatre intermèdes. La femme bénéficie d'un transport et d'un lit, lors des tournées[14].

Une garnacha est une compagnie de comiques ambulants composée de cinq ou six acteurs masculins, d'une actrice pour le premier rôle féminin et d'un garçon pour le deuxième rôle féminin[16]. Leur répertoire est composé de quatre comédies, trois autos sacramentales et un certain nombre d'intermèdes[14].

Une bojiganga est une compagnie de comiques ambulants composée de deux actrices, un garçon et jusqu'à six ou sept acteurs. Leur répertoire est composé de six comédies, trois ou quatre autos sacramentales et cinq intermèdes. L'équipement devient plus important que pour les autres types de compagnie sus-cités, avec plusieurs chevaux, coffres et sacs[14].

La farándula est ce qui prépare à la compagnie de théâtre : elle peut être composée de nombreux acteurs, dont trois femmes. Elles se spécialisent essentiellement dans les comédies[17], en général au nombre de huit ou dix. La troupe est mieux organisée, possède de bons moyens de locomotion et de meilleurs accessoires et vêtements, choisissent de meilleurs villages ainsi que de meilleurs endroits pour dormir et se restaurer et gagnent bien leur vie[18].

La Barraca et le Teatro del Pueblo

Copie de l'affiche de la compagnie de théâtre La Barraca.

La Barraca est une troupe de théâtre universitaire de caractère ambulant créée en 1931 à l'initiative du Ministère de Culture et d'Information Publique espagnol[19] et est soutenue par le ministre de l'Instruction publique, Fernando de los Ríos, et par l'Unión Federal de Estudiantes Hispánicos (es) (UFEH), qui encadre administrativement le projet[20]. Sa naissance a lieu au début de la Seconde République espagnole et fait partie du projet gouvernemental des Misiones Pedagógicas (es) ; elle a pour but de rapprocher le théâtre classique espagnol aux zones de la péninsule Ibérique qui ont une faible activité culturelle. La Barraca a effectué 21 tournées dans 74 villes, où il a présenté un total de 13 œuvres[21] en plus d'une centaine de représentations[19]. En plus de représenter les grands classiques espagnols (Cervantes, Tirso de Molina, Calderón de la Barca, Lope de Vega), Federico García Lorca écrit également ses propres œuvres, comme Les Amours de Don Perlimplín avec Belise en son jardin, Así que pasen cinco años (es), Doña Rosita la soltera (es) et Retablillo de Don Cristóbal (es).

Avec l'éclatement de la Guerre civile en 1936, les différents membres du groupe disparaissent peu à peu, soit tragiquement, soit en s'exilant, condamnant ainsi la continuité de La Barraca[22] - [23]. Miguel Hernández est nommé directeur en 1937 pour réorganiser la compagnie, mais le conflit la dissout à nouveau[24].

Le projet est contemporain d'un autre théâtre itinérant, qui fonctionne au travers des actions d'amateurs qui sont souvent des étudiants universitaires provenant de l'Institution libre d'enseignement, le Teatro del pueblo (es) ou Teatro de las Misiones, dirigé par Alejandro Casona. Il écrit pour ce théâtre deux œuvres, Sancho Panza en la Ínsula et Entremés del mancebo que casó con mujer brava, et adapte des œuvres classiques qui sont aussi bien dirigées aux adultes qu'aux plus jeunes[25]. Ces deux initiatives sont l'œuvre des Misiones Pedagógicas (créées par Manuel Bartolomé Cossío à partir des misiones ambulantes élaborées par Giner de los Ríos[26]) qui utilisent ces institutions comme outils éducatifs, Teatro de las Misiones étant plus pédagogique qu'artistique[20] - [27].

Compagnies de répertoire et théâtres démontables

Les compagnies théâtrales ambulantes ou « de répertoire » peuvent se considérer héritières des comique ambulant (es) ou des dramaturges de la route tels que Thespis, Lope de Rueda ou Agustín de Rojas Villandrando (c'est-à-dire : « bouger pour travailler et survivre »). Contemporaines de La Barraca ou du Teatro del pueblo (es), elles abondent tout au long du XXe siècle. Elles reçoivent ce nom parce qu'elles peuvent mettre en scène jusqu'à soixante œuvres (la moitié étant composées de trois actes et l'autre d'un seul). En général, elles sont composées de deux actrices et de cinq acteurs, souvent unis par des liens familiaux. Ils peuvent voyager en bus, en train ou en char avec peu d'équipage et peu de scénographie (des rideaux peints et rapiécés, quatre costumes d'époque et un ensemble de chapeaux assortis de plumes). Le répertoire est composé de comédies, de sainetes, de drames romantiques, de feuilletons (es) et autres poèmes en vers ainsi que des chansons populaires[28].

Ils visitent des villes et villages de toutes tailles, en suivant des circuits fixes pour ne pas entrer en conflit avec d'autres compagnies. Les compagnies de répertoire font essentiellement leur affaire dans toutes sortes de festivités (municipales, régionales, ou religieuses, telles que la Fête-Dieu, Pâques ou Noël[29].

Les plus grandes compagnies disposent de théâtre ou de chapiteaux portatifs, bien que plus discrets que ceux des cirques ; les deux entités s'arrangent d'ailleurs en général pour se répartir les circuits, événements ou même lieux de campement. En Espagne, les théâtres portatifs les plus célèbres sont le Teatro Candilejas, le Teatro Benavente, le Teatro Lope de Rueda, le Teatro portátil de los Hermanos Largo, etc.[30]

Chapiteaux ambulants mexicains

Pendant la première moitié du XXe siècle au Mexique, les carpas (es) sont particulièrement populaires. Elles sont une alternative culturelle sans prétentions intellectuelles qui prétend apporter aux plus pauvres un reflet de ce dont seuls les riches peuvent profiter[31], un peu à la manière de La Barraca.

Entre 1930 et 1960, après la Révolution mexicaine, les bas quartiers des villes importantes sont régulièrement visités par « un camion qui décharge un chapiteau avec un sol de terre et de la place pour une ou deux centaines de spectateurs sans autre loge que la parte basse de l'estrade, d'à peine six ou huit mètres, et d'une garde-robe rapiécée et poussiéreuse, mais avec beaucoup de plumes et de paillettes. Les artistes : comiques, danseurs et chanteurs, peut-être un ventriloque, un magicien ou un prestidigitateur et un groupe de jongleurs[32]. »

En général, le spectacle est composé de trois sessions : la première est destinée au public de tout âge, et on y présente les artistes les moins connus ou qui attirent le moins de public ; la deuxième session est celle de meilleure qualité ; et lors de la troisième, celle de la soirée, c'est au tour du reste des numéros. De ces humbles chapiteaux populaires sortent du lot des comiques qui atteignent une certaine célébrité, tels que Cantinflas, son partenaire Manuel Medel (es) ou encore « Resortes (es) » et « Clavillazo (es) ».

Le « Théâtre Mobile » de Navarro de Zuvillaga

En 1974, l'architecte, scénographe et dramaturge Javier Navarro de Zuvillaga obtient la médaille d'or du Salon de l'Invention et des Nouvelles Techniques de Genève pour son « théâtre mobile », élaboré en 1971, après l'avoir déjà exposé dans plusieurs festivals et musées en Angleterre et en Espagne[33] - [34].

Itinérants indépendants

Affiche commémorative des quarante ans de la troupe espagnole de théâtre itinérant, La Cuadra de Sevilla (es).

La situation politique lors des dernières années de la Dictature de Franco favorise l'émergence de quelques troupes de théâtre indépendantes, qui proposent nombre de manifestation en Espagne entre 1960 et 1980. En effet, du fait de la censure et parfois de la faim, des troupes telles que Tábano (es) et La Cuadra de Sevilla (es) parcourent l'Europe lors de plusieurs tournées successives et dans d'authentiques conditions de théâtre ambulant, où l'humour du comique ambulant (es) laisse la place au dialogue culturel avec un public qui vit la même situation d'errance : les exilés [35].

L'un des mécènes intellectuels de ce phénomène de nomadisme théâtral en Espagne est le critique José Monleón Bennácer (es)[36], qui a encouragé les groupes indépendants à participer aux festivals internationaux de théâtre les plus importants de l'époque, tels que celui de Nancy et Zagreb en Europe, et le Festival Internacional de Teatro de Manizales (es) en Colombie. Jack Lang, alors ministre de l'éducation française, a également beaucoup aidé le théâtre nomade[37].

Salvador Távora (es), le leader de La Cuadra de Sevilla se souvient de son expérience d'itinérance lors des 40 ans de sa troupe ainsi :

« Nous avons acheté pour mille pesetas une fourgonnette à la troupe Las madres del cordero, qui nous aura servi de transport de matériel, d'entrepôt et même de toit pour dormir. Avec elle nous sommes arrivés jusqu'à Belgrade, où d'ailleurs nous avons gagné le deuxième prix du concours de théâtre. [...]
Notre théâtre était un compromis social car il n'avait pas de langage conventionnel. Nos textes étaient durs, agressifs, sans signe ni suspicion académique[38]. »

— Salvador Távora

XXIe siècle : La Fura dels Baus et l'itinérance par voie navigable

Le Naumon, navire de la troupe de théâtre itinérant La Fura dels Baus.

En 2004, La Fura dels Baus, une troupe née lors du retour de la démocratie en Espagne, inaugure une nouvelle forme de théâtre itinérant en transformant un navire de la marine marchande norvégienne en un théâtre ambulant, le « Naumon ». Selon sa propre définition, le Naumon est une « somme de spectacles qui ont pour pilier une scène insolite, un bateau, et a comme seule consigne le voyage[39]. »

La démarche du Naumon commence avec une tetralogía anfibia (« tétralogie amphibie »), une série de représentations dans les ports que visite le navire ; elles sont parfois faites sur le pont (ce sont les « Naumaquias »), parfois dans la cale (ce sont les « Matrias ») et parfois dans la ville visitée (ce sont les « Terramaquias »). Le premier voyage, en 2004, est fait sous le thème du mythe de la Création et a lieu dans plusieurs endroits de la mer Méditerranée. Le deuxième voyage, en 2005, a lieu dans l'océan Atlantique et a pour thème la migration. Le troisième voyage, en 2006, a lieu dans l'océan Pacifique et a pour thème la mémoire. Enfin, le quatrième et dernier voyage de cette tétralogie amphibie a lieu dans l'océan Indien en 2007 et a pour thème les divinités[40].

L'avenir du théâtre itinérant

L'espagnol Salvador Távora (es), leader de la plus ancienne et reconnue troupe de théâtre itinérant espagnol La Cuadra de Sevilla, ainsi que Jean-Luc Grandrie, directeur-adjoint des Tréteaux de France, centre dramatique national à vocation itinérante, s'accordent à dire que le théâtre itinérant ne saurait survivre sans les subventions gouvernementales[37] - [2].

Le CITI, Centre International pour les Théâtres Itinérants[41] est une plateforme qui rassemble depuis 1998 des compagnies itinérantes internationales. Il tient son origine du Footsbarn Travelling Theatre, compagnie cosmopolite emblématique. Le Citi met en plus en œuvre d’autres rencontres professionnelles, une publication papier et un site Internet. Il est soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication, est membre de l’Ufisc (Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles, et donc signataire du Manifeste « Pour une autre économie de l’art et de la culture ») et travaille en partenariat avec HorsLesMurs et le Syndicat des Cirques et Compagnies de Création[42].

Les compagnies itinérantes qui en font partie, associées aux compagnons de route, ont choisi de se doter d'un outil mobile de diffusion pour proposer leurs créations dans n'importe quel espace public[42].

Notes et références

  1. Gómez García 1997, p. 807, 812
  2. Grandrie 2012, p. 10
  3. Montijano Ruíz 2010
  4. Gómez García 1997, p. 829
  5. Ceci est une tentative de traduction. Le texte traduit est en cours de recherche. Texte original : « Tratóse también de quién fue el primero que en España las sacó de mantillas, y las puso en toldo y vistió de gala y apariencia; yo, como el más viejo que allí estaba, dije que me acordaba de haber visto representar al gran Lope de Rueda, varón insigne en la representación y en el entendimiento. [...]
    En el tiempo deste célebre español, todos los aparatos de un autor de comedias se encerraban en un costal, y se cifraban en cuatro pellicos blancos guarnecidos de guadamecí dorado, y en cuatro barbas y cabelleras y cuatro cayados, poco más o menos. Las comedias eran unos coloquios, como églogas, entre dos o tres pastores y alguna pastora; aderezábanlas y dilatábanlas con dos o tres entremeses, ya de negra, ya de rufián, ya de bobo y ya de vizcaíno: que todas estas cuatro figuras y otras muchas hacía el tal Lope con la mayor excelencia y propiedad que pudiera imaginarse. No había en aquel tiempo tramoyas, ni desafíos de moros y cristianos, a pie ni a caballo; no había figura que saliese o pareciese salir del centro de la tierra por lo hueco del teatro, al cual componían cuatro bancos en cuadro y cuatro o seis tablas encima, con que se levantaba del suelo cuatro palmos; ni menos bajaban del cielo nubes con ángeles o con almas. El adorno del teatro era una manta vieja, tirada con dos cordeles de una parte a otra, que hacía lo que llaman vestuario, detrás de la cual estaban los músicos, cantando sin guitarra algún romance antiguo. [...]
    Sucedió a Lope de Rueda, Navarro, natural de Toledo, el cual fue famoso en hacer la figura de un rufián cobarde; éste levantó algún tanto más el adorno de las comedias y mudó el costal de vestidos en cofres y en baúles; sacó la música, que antes cantaba detrás de la manta, al teatro público; quitó las barbas de los farsantes, que hasta entonces ninguno representaba sin barba postiza, y hizo que todos representasen a cureña rasa, si no era los que habían de representar los viejos o otras figuras que pidiesen mudanza de rostro; inventó tramoyas, nubes, truenos y relámpagos, desafíos y batallas, pero esto no llegó al sublime punto en que está agora.
    »
  6. (es) Miguel de Cervantes Saavedra, « Ocho comedias y ocho entremeses nuevos nunca representados », sur cervantes.uah.es, (consulté le )
  7. de Rojas Villandrando 1977
  8. Texte original : « En las compañías hay todo género de gusarapas y baratijas: entrevan cualquiera costura, saben de mucha cortesía; hay gente muy discreta, hombres muy estimados, personas bien nacidas y aun mujeres muy honradas (que donde hay mucho, es fuerza que haya de todo), traen cincuenta comedias, trescientas arrobas de hato, diez y seis personas que representan, treinta que comen, uno que cobra y Dios sabe el que hurta. Unos piden mulas, otros coches, otros literas, otros palafrenes, y ningunos hay que se contenten con carros, porque dicen que tienen malos estómagos. Sobre esto suele haber muchos disgustos. Son sus trabajos excesivos, por ser los estudios tantos, los ensayos tan continuos y los gustos tan diversos, aunque de esto Ríos y Ramírez saben harto, y así es mejor dejarlo en silencio, que a fe que pudiera decir mucho. » in (es) Agustín de Rojas Villandrando, « Définition de chacun des huit types de compagnies de théâtre ambulant de l'époque », sur chvalcarcel.es, (consulté le )
  9. (es) « Définition de ñaque », sur rae.es, (consulté le )
  10. (es) Conde de Schak et Adolfo Federico, Historia de la Literatura y el Arte dramático en España, Madrid, Imprenta y fundición de M. Tello, 1885-1887, p. 406-411
  11. (es) « Définition de ñaque », sur rae.es, (consulté le )
  12. Gómez García 1997, p. 599
  13. (es) « Définition de gangarilla », sur rae.es, (consulté le )
  14. de Rojas Villandrando 1977, p. 40 (document en ligne)
  15. (es) « Définition de cambaleo », sur rae.es, (consulté le )
  16. (es) « Définition de garnacha », sur rae.es, (consulté le )
  17. (es) « Définition de farándula », sur rae.es, (consulté le )
  18. de Rojas Villandrando 1977, p. 41 (document en ligne)
  19. (es) « Federico García Lorca y La Barraca en Avilés (75 aniversario) », sur elcomercio.es, (consulté le )
  20. (es)Présentation de La Barraca sur un fascicule fac-similé de l'époque.[image]
  21. (es) Liste des itinéraires et répertoire sur un fascicule fac-similé de l'époque.[image]
  22. (es) « La Barraca de García Lorca en La Nau de Valencia », sur comunitatvalenciana.com, (consulté le )
  23. (es) Genoveva Dieterich, Diccionario del teatro, Madrid, Alianza, , 408 p. (ISBN 978-84-206-6173-5), p. 201
  24. (es) Luis Toledo Sande, « La Barraca, Teatro Popular: el mundo en el corazón », sur cubarte.cult.cu, (consulté le )
  25. (es) Alfonso Zurro, « Sobre el teatro popular », sur uclm.es, (consulté le ) [PDF]
  26. (es) Eugenio Otero Urtaza et María García Alonso, Las Misiones Pedagógicas : 1931-1936, Madrid, Publicaciones de la Residencia de Estudiantes : Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales, , 548 p. (ISBN 978-84-95078-53-7)
  27. (es) Carmen Díaz Castañón, « Casona y el Teatro del Pueblo », sur la-ratonera.net, (consulté le )
  28. Montijano Ruíz 2012, p. 35-61
  29. (es) José María Amorós, Andrés y Díez Borque, Historia de los espectáculos en España, Madrid, Castalia, , 575 p. (ISBN 84-7039-825-3), p. 142
  30. Montijano Ruíz 2012, p. 41
  31. (es) Natalia Quezada Goncen et Ada Contreras Julián, « La Carpa en la Ciudad de los Palacios », sur filos.unam.mx (version du 21 novembre 2010 sur Internet Archive)
  32. Texte original : un camión que descargaba una carpa con piso de tierra y aforo para un centenar o dos de espectadores, sin más camerinos que la parte baja de un entarimado de apenas seis por ocho metros, y un vestuario remendado y empolvado pero con muchas plumas y lentejuelas. Los artistas: cómicos, bailarinas y cantantes, algún ventrílocuo, algún mago o prestidigitador y un grupo de malabaristas in Montijano Ruíz 2012, p. 50
  33. (es) « Fiche biographique de Javier Navarro de Zuvillaga », sur adeteatro.com (consulté le )
  34. (es) Javier Navarro de Zuvillaga, El Teatro español a fines del siglo XVII : Historia, cultura y teatro en la España de Carlos II, vol. 1, Rodopi, , 935 p. (ISBN 978-90-5183-102-3, lire en ligne)
  35. (es) Santiago Trancón, Castañuela 70 : Esto era España, señores, Madrid, Prosopon, , 459 p. (ISBN 978-84-934307-4-0), p. 358-364
  36. Gómez García 1997, p. 563
  37. (es) Marta Carrasco, « Teatro La Cuadra: «Cumplimos 40 años y veremos a ver si aguantamos» », sur abcdesevilla.es, (consulté le )
  38. Texte original : « Le compramos por mil pesetas una furgoneta al grupo Las madres del cordero, que nos serviría de transporte de material, almacén, y hasta para dormir. Con ella llegaríamos hasta Belgrado [...]
    Nuestro teatro era un compromiso social porque no tenía un lenguaje convencional. Nuestros textos eran duros, agresivos, sin signo ni sospecha académica.
    »
    in (es) Marta Carrasco, « Teatro La Cuadra: «Cumplimos 40 años y veremos a ver si aguantamos» », sur abcdesevilla.es, (consulté le )
  39. (es) « Naumon », sur lafura.com (version du 9 septembre 2013 sur Internet Archive)
  40. (es) Younes Bachir, « Naumaquia / Fura dels Baus 2004-2009 », sur vimeo.com, (consulté le )
  41. Site du CITI.
  42. « CITI - Présentation », sur citinerant.eu (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Pierre Thibaudat, « Ballade pour le théâtre ambulant », Libération, (lire en ligne).
  • « Un musée du théâtre à Artenay », Le Monde, (lire en ligne).
  • Régis Guyotat, « Le théâtre ambulant s'arrête à Artenay », Le Monde, (lire en ligne).
  • (es) Manuel Gómez García, Diccionario del teatro, Madrid, Ediciones Akal, , 908 p. (ISBN 84-460-0827-0, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es) Juan José Montijano Ruíz, Historia del teatro frívolo español : 1864-2010, Madrid, Fundamentos, , 272 p. (ISBN 978-84-245-1233-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es) Agustín de Rojas Villandrando, El Viaje entretenido, Espasa, , 640 p. (ISBN 978-84-239-6875-6, lire en ligne [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es) Juan José Montijano Ruíz, El teatro chino de Manolita Chen, Madrid, Círculo Rojo, , 828 p. (ISBN 978-84-9991-661-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Luc Grandrie, Les Tréteaux de France : 2001- 2011 - Récit d'une reconquête théâtrale, L'Harmattan, , 128 p. (ISBN 978-2-296-48768-0, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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