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Ventriloque

Un ventriloque (ou plus rarement un engastrimythe) est un illusionniste qui prête la parole à un autre personnage, généralement une marionnette, en émettant les paroles sans bouger les lèvres, comme s'il ne faisait qu'écouter sa marionnette, le public ayant l'impression que la voix vient de plus loin. Il utilise ses cordes vocales et non son ventre, contrairement à l'étymologie du mot.

Le ventriloque allemand Jörg Jará et sa marionnette Olga en décembre 2010.

Caractéristiques

Une des difficultés de l'exercice réside notamment dans le fait que les labiales (B, P, M) et les fricatives (F, V) ne peuvent pas être articulées. La pratique de la ventriloquie nécessite un entraînement afin de maîtriser les muscles faciaux, la langue et les cordes vocales. Elle nécessite également un travail de coordination puisque le ventriloque doit donner l'illusion que la marionnette est en vie tout en gardant son attitude propre sur scène.

On crut pendant longtemps que les ventriloques parlaient du ventre, ce qui les a fait désigner sous une foule de noms exprimant cette idée : engastriloques, engastrimandres, engastrimythes, engastromandres, gastriloques, sibilots[1]. Par exemple, selon Jean-Eugène Robert-Houdin, qui en parle dans son autobiographie concernant Louis Comte, la « ventriloquie est la science de l'engastrimysme ». L'abbé Jean-Baptiste de La Chapelle, mathématicien français (vers 1710-1792), donne le premier ouvrage en langue française concernant la ventriloquie, Le Ventriloque, ou l'engastrimythe.

Usage allégorique

Dans des écrits récents, des commentateurs de la vie publique utilisent des termes comme « énonciation ventriloque » ou « ventriloquie » pour désigner le fait de parler au nom d'une catégorie sociale opprimée ou discriminée sans en faire soi-même partie [2] - [3] - [4] - [5]. Anne Paveau, à l'origine du terme, y voit une manière pour les dominants de garder le pouvoir en s'arrogeant le décryptage de la souffrance de l'autre et son expression[6]. L'auteur associe la notion d'énonciation ventriloque à la dénonciation du racisme institutionnel. « L’énonciation ventriloque consiste en la production d’énoncés par un locuteur au nom d’un autre locuteur, sans l’information ni le consentement de ce dernier, à des fins, ou des effets d’exercice du pouvoir, de minorisation ou d’invisibilisation »

Histoire

Le poète comique grec Aristophane parle d'un Euryclés[7] dans sa pièce Les Guêpes. Platon le nomme également, dans son dialogue Le sophiste : « D’une certaine manière, ils sont obligés à l'égard de toutes choses de se servir de “être” et de “séparé”, de “les autres”, de “en soi” et de milliers d'autres appellations semblables qu'ils ne sont pas capables ni d'écarter, ni d'éviter d'attacher ensemble dans le logos et qu'ainsi ils n'ont pas besoin de quelqu'un d'autre pour les réfuter ; ils logent chez eux comme on dit l'ennemi et l'opposant et marchent en portant une voix qui résonne en leur intérieur comme l'étrange Euryclée. »[8]. D’après une scholie, Eurcyclès est un devin qui croyait loger dans son ventre un démon qui lui révélait l’avenir. Certains auteurs voient en Euryclés un ventriloque.

Ventriloques renommés

Ventriloques anciens

Un dictionnaire paru à Paris en 1906[1], indique que, parmi les ventriloques, dont le souvenir a été conservé, on peut citer un valet de chambre de François Ier, un sieur Constantin, qu'Étienne Pasquier avait connu[9] ; Collet, dit l'Esprit de Montmartre, ainsi nommé, écrit Tallemant des Réaux, parce qu'il habitait Montmartre, et « qu'à cause d'une petite voix qu'il faisoit, il sembloit que ce fust un esprit qui parlast de bien loin, en l'air[10] ; » l'auteur de la Poupée parlante, qui fit courir tout Paris en 1784[9] ; le comédien Lécluse ; Borel et Fitz-James, tous deux propriétaires d'un café au Palais-Royal, et qui excellèrent, sous le Premier Empire, dans l'art ventriloque[9]. Pendant la première partie du 19e siècle, on peut également citer Alexandre Vattemare, un génie peu commun de l’imitation et de la transformation physique ; il sera ensuite le créateur du système international d’échange.

Dans le film Letter of introduction (1938) de John M. Stahl, le célèbre ventriloque américain Edgar Bergen intervient dans plusieurs séquences avec ses marionnettes Charlie McCarthy et Mortimer Snerd.

Ventriloques contemporains


Personnages de fiction

Voir aussi

Notes et références

  1. Article Ventriloques, Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans Paris depuis le treizième siècle, par Alfred Franklin,... ; avec une préface de M. E. Levasseur,... Éditeur : H. Welter Paris 1906, page 725.
  2. Marie-Anne Paveau, « Parler du burkini sans les concernées. De l’énonciation ventriloque », sur La pensée du discours (consulté le )
  3. (en) Albin Wagener, « Qui pour « incarner » l’action climatique en France ? », sur The Conversation (consulté le )
  4. Marys Renné Hertiman, « L'empiétement discursif : formes et mécanismes d'un processus hégémonique », Sociocriticism,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Eva Sandri, « Quels imaginaires pour les outils numériques participatifs au musée ? », Hybrid. Revue des arts et médiations humaines, no 8,‎ (ISSN 2276-3538, DOI 10.4000/hybrid.1569, lire en ligne, consulté le )
  6. Paveau, M. A. (2017). Le discours des vulnérables. Proposition théorique et politique. Cadernos de Linguagem e Sociedade, 18(1), 135-157.
  7. 1017-1020
  8. 252c
  9. Prudhomme, Miroir de Paris, t. V, p. 255 Ă  257.
  10. 2 Historiettes, t. V, p. 94.
  11. (en) Youtube : Darci Lynne Farmer, gagnante Ă  13 ans de la saison 12 de America's Got Talent, et ses marionnettes Petunia, Oscar et Edna.

Liens externes

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