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Théâtre du Palais-Royal (1641–1781)

Le Théâtre du Palais-Royal (ou Salle du Palais-Royal) sur la rue Saint-Honoré à Paris, était le théâtre situé dans l'aile Est du Palais-Royal, inauguré le , avec une tragi-comédie de Jean Desmarets, Mirame.

Théâtre du Palais-Royal
Vue du Palais-Royal, en 1679. Le théâtre était dans l'aile Est, à droite
Présentation
Type
Style
Architecte
Ouverture
Démolition
État de conservation
détruit (d)
Remplacé par
Seconde salle du Palais-Royal (en)
Localisation
Localisation
Coordonnées
48° 51′ 47″ N, 2° 20′ 15″ E
Carte
Plan du Palais-Royal en 1679, avec l'emplacement du premier théâtre en bleu.
(48° 51′ 46″ N, 2° 20′ 14″ E)

Le théâtre était utilisé par la troupe de Molière de 1660 à 1673 et ensuite, comme théâtre d'opéra par l'Académie royale de musique pendant près d'un siècle, de 1663 à 1763, date à laquelle il a été détruit par un incendie. Reconstruit dès 1764 et rouvert en 1770, il fut de nouveau détruit par le feu en 1781 et jamais reconstruit[1].

Premier théâtre

Le Palais-Royal est connu à l'origine comme le Palais-Cardinal, puisque construit dans les années 1630, comme résidence principale du Cardinal de Richelieu[2]. En 1637, Richelieu demande à son architecte Jacques Lemercier d'y faire aménager une salle de spectacle, qui sera inaugurée en 1641 et connue pendant quelques années sous le nom de Grand Hall du Palais-Cardinal[3]. En mourant, en 1642, Richelieu lègue le palais à Louis XIII. Il prend alors le nom de Palais-Royal, bien que le nom de Palais-Cardinal continue parfois à être utilisé[4].

Molière

La troupe de Molière et la troupe des Italiens présentent leurs spectacles sur le grand théâtre du Palais, entre et Pâques 1673. Les plus célèbres comédies de Molière y sont créées, notamment L'École des femmes (représentée pour la première fois le ), Le Tartuffe (), Dom Juan ou le Festin de Pierre (), Le Misanthrope (), L'Avare (), Le Bourgeois gentilhomme (le ) et Le Malade imaginaire (le )[5].

Opéra de Paris

Armide de Lully, présenté dans la première Salle du Palais-Royal, dans la reprise de 1761.

À la mort de Molière, Lully, nommé en [6], se voit octroyer la salle pour y créer ses opéra, dans le cadre de l'Académie royale de musique — nom de l'Opéra de Paris à l'époque — fondée en 1669 à l'instigation de Colbert[6]. Il y fait réaliser de grands travaux, afin de permettre l'installation d'une nouvelle machinerie, conçue par Carlo Vigarani, capable de soutenir l'imposante série des opéras ultérieurs, qui y seront joués. Ce système remplace les anciennes machines conçues par Giacomo Torelli en 1645. Après les modifications de Vigarani, le théâtre permet d'accueillir près de 1 270 spectateurs : un parterre de 600 places debout, un amphithéâtre de 120 sièges et des loges avec balcon pouvant accueillir encore 550 fauteuils. La dimension de la scène est de 9,4 mètres sur 17 de profondeur, avec un espace à l'avant pour l'orchestre de 7,6 mètres et 3 mètres de profondeur[7]. Les spectateurs s'y trouvaient « à l'étroit et la scène petite ». Les visiteurs étrangers rapportent leurs impressions : « Les décorations du Théâtre de l'Opéra sont belles, mais elles ne peuvent pas se comparer à celles d'Italie, parce que la petitesse du Théâtre ne permet pas de les faire aussi grandes & aussi étendues que dans les vastes Théâtres de Venise, Milan, etc. »[8].

L'incendie de 1763.

Plusieurs opéras de Lully (tragédies en musique) sont créées au Palais-Royal, notamment Alceste (), Amadis () et Armide (). Au XVIIIe siècle, Alcyone de Marin Marais y est créé (), comme beaucoup d'œuvres de Rameau : Hippolyte et Aricie (), Les Indes galantes (), Castor et Pollux (), Dardanus () et Zoroastre ()[9].

Le premier théâtre de l'Opéra est détruit par un incendie, le [10].

Second théâtre

Plan du Palais-Royal en 1780 avec le théâtre de l'opéra de Moreau, dans le quadrant inférieur droit.

La ville de Paris, qui est responsable de la maison de l'opéra, décide de construire un nouveau théâtre, sur un site un peu plus à l'Est (où se trouve aujourd'hui la rue de Valois)[11]. Dans l'intervalle, l'Académie se produit dans la Salle des Machines du Palais des Tuileries, réduite à une taille plus approprié pour l'opéra, tout d'abord, par l'architecte Jacques-Germain Soufflot[12]. Le nouveau théâtre du Palais-Royal est conçu par l'architecte Pierre-Louis Moreau Desproux et est le premier opéra spécialement construit à Paris[13]. La salle avait une capacité de plus de 2 000 spectateurs[14].

Le nouveau théâtre est inauguré le , avec un spectacle de Rameau, Zoroastre[15]. Il est particulièrement intéressant de noter que c'est le théâtre où la plupart des opéras français de Christoph Willibald Gluck ont d'abord été créés, notamment Iphigénie en Aulide (), Orphée et Eurydice (la version française d'Orfeo ed Euridice ; ), la version révisée d'Alceste (), Armide (), Iphigénie en Tauride () et Echo et Narcisse (). Parmi les nombreuses autres œuvres créées : Atys de Piccinni (), l'Andromaque de Grétry (), Persée de Philidor () et l'Iphigénie en Tauride de Piccinni ()[16].

Le théâtre est utilisé par l'Opéra, jusqu'au , date à laquelle il est détruit par le feu et jamais reconstruit[17]. Le Théâtre de la Porte Saint-Martin, beaucoup plus au nord sur le Boulevard Saint-Martin, a été construit à la hâte en deux mois pour le remplacer. Dans l'intervalle, la compagnie d'opéra se produit dans la Salle des Menus-Plaisirs, rue Bergère[17].

Dessins d'architecte de la seconde Salle du Palais-Royal (1770–1781).
(48° 51′ 46″ N, 2° 20′ 15″ E)
  • Facade du théâtre de l'Opéra de Moreau
    Facade du théâtre de l'Opéra de Moreau
  • Coupe transversale
    Coupe transversale
  • Plan au sol de l'étage
    Plan au sol de l'étage
  • Niveau des premières loges
    Niveau des premières loges
Destruction de la seconde salle du Palais-Royal par le feu
8 juin 1781
9 juin

Bibliographie

photo : plaque indiquant le lieu et l'usage du théâtre par Molière est l'académie
Plaque commémorative, rue Saint-Honoré à Paris.

Ouvrages généraux

  • Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle — Tome I : L'époque d'Henri IV et de Louis XIII, Paris, Éditions Albin Michel, (1re éd. 1956), 615 p. (ISBN 2-226-08910-1)
  • Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle — Tome II : L'apogée du siècle, Paris, Éditions Albin Michel, (1re éd. 1956), 845 p. (ISBN 2-226-08922-5)
  • (en) Andrew Ayers, The Architecture of Paris : an architectural guide, Stuttgart, Axel Menges, , 415 p. (ISBN 978-3-930698-96-7, OCLC 607070844, lire en ligne).
  • (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part II : The Period of Corneille (1635-1651), New York, Gordian Press, (1re éd. 1932), 804 p..
  • (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part III : The Period of Molière (1652-1672), New York, Gordian Press, (1re éd. 1936), 896 p..
  • (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part IV : The Period of Racine (1673-1700), New York, Gordian Press, (1re éd. 1940), 984 p..
  • (en) Stanley Sadie (éd.) (1992). The New Grove Dictionary of Opera (4 volumes). Londres Macmillan. (ISBN 978-1-56159-228-9).
  • (en) Nigel Simeone, Paris : a musical gazetteer, New Haven, Yale University Press, , ix-299 (ISBN 0-300-08054-9, OCLC 872497187, lire en ligne).

Monographies

  • (en) Per Bjurström, (1962). Giacomo Torelli and Baroque Stage Design, 2e éd. révisée, traduit du suédois. Stockholm, Almqvist & Wiksell. (OCLC 10226792).
  • (en) Jan Clarke, (1998). The Guénégaud Theatre in Paris (1673–1680). Volume One: Founding, Design and Production. Lewiston, New York, The Edwin Mellen Press. (ISBN 9780773483927).
  • (en) Barbara Coeyman, (1998). « Opera and Ballet in Seventeenth-Century French Theatres: Case Studies of the Salle des Machines and the Palais Royal Theater », dans Radice 1998, p. 37–71.
  • (en) Joseph E. Garreau, (1984). « Molière », p. 397–418, dans McGraw-Hill Encyclopedia of World Drama, Stanley Hochman, éd. en chef. New York, McGraw-Hill. (ISBN 9780070791695).
  • (en) Christopher Curtis Mead, (1991). Charles Garnier's Paris Opera. Cambridge, Massachusetts: The MIT Press. (ISBN 978-0-262-13275-6).
  • Louis Duret de Noinville et Jacques-Bernard Travenol, Histoire du théâtre de l'Académie royale de musique en France depuis son établissement jusqu'à présent, Paris, 1757 (BNF 30386508).
  • (en) Spire Pitou, The Paris Opéra : An Encyclopedia of Operas, Ballets, Composers, and Performers. Genesis and Glory, 1671–1715, vol. I, Westport, Greenwood Press, , xii-365 (ISBN 978-0-313-21420-2, OCLC 906418661).
  • (en) Spire Pitou, The Paris Opera : An Encyclopedia of Operas, Ballets, Composers, and Performers. Rococo and Romantic, 1715-1815, vol. II, Westport, Greenwood Press, , 364 p. (ISBN 0-313-21420-4).
  • (en) Mark A. Radice (éd.), (1998). Opera in Context: Essays on Historical Staging from the Late Renaissance to the Time of Puccini. Portland, Amadeus Press. (ISBN 9781574670325).

Articles

  • Ivan A. Alexandre, « 1650–1750, l'Harmonie des nations : l'Europe baroques en 50 lieux et en 50 disques », Diapason, Paris, no 532, , p. 26–45 (Paris : 32–34) (ISSN 1292-0703)
  • Géraldine Gaudefroy-Demombynes, Opéra français (1650-1791) et Opéra de Paris sous l’Ancien Régime..., Université de Rennes 2, 2017, 81p. [lire en ligne la préface] [PDF]

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Théâtre du Palais-Royal (rue Saint-Honoré) » (voir la liste des auteurs).
  1. Histoire des Théâtres et des Pompiers 1763-1781 Parie Théâtre de Palais Royal
  2. Ayers 2004, p. 47.
  3. Clarke 1998, p. 1–2, 19–20.
  4. Ayers 2004, p. 47 ; Bjurstrom 1961, p. 123.
  5. Garreau 1984, p. 417–418.
  6. Marcelle Benoit (dir.), Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, , XVI-811 p. (ISBN 2-213-02824-9, OCLC 409538325, BNF 36660742), « Académie royale de musique », p. 3.
  7. Harris-Warrick, Rebecca (1992). « Paris. 2. 1669–1725 » dans Sadie (1992) vol. 3, p. 856–857.
  8. Luigi Ribboconi, Réflexion historiques et critiques sur les différents Théâtres de l'Europe (1738), p. 141. Cité par James R. Anthony (trad. Beatrice Vierne), La Musique en France à l’époque baroque, Paris, Flammarion, coll. « Harmoniques », , 556 p. (ISBN 2-08-064322-3, OCLC 299372215), p. 32.
  9. Simeone 2000, p. 181.
  10. Coeyman 1998, p. 60–71.
  11. Pitou 1983, p. 26 ; Ayers 2004, p. 47–48.
  12. Rebecca Harris-Warrick, « Paris. 3. 1725–1789 », dans Sadie 1992, vol. 3, p. 860–864.
  13. Mead 1991, p. 45.
  14. Pitou 1983, p. 26, donne une capacité de 2 500 places.
  15. Pitou 1983, p. 26, et Mead 1991, p. 45, les deux indiquent l'ouverture le 20 janvier 1770.
  16. Pitou 1985, p. 566–567.
  17. Pitou 1983, p. 26–30.

Voir aussi

Liens externes

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