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T-28 (char)

Le T-28 est un char d'assaut moyen soviétique dont le prototype fut prêt en 1931. La production en série commença à la fin de l'année 1932. Son rôle était le soutien de l'infanterie lors de l'attaque de zones défensives fortifiées. Il est conçu pour soutenir le char lourd T-35 avec lequel il partage de nombreux éléments.

T28 modèle 1933
Image illustrative de l’article T-28 (char)
Char T-28 soviétique, exposé au musée des Blindés de Parola en Finlande.
Caractéristiques générales
Équipage 6
Longueur 7,44 m
Largeur 2,81 m
Hauteur 2,82 m
Masse au combat 27,8 tonnes
Blindage (Ă©paisseur/inclinaison)
Blindage 30 mm
Armement
Armement principal 76,2 mm KT28 avec 70 coups
Armement secondaire 5 mitrailleuses DT de 7,62 mm avec 7938 coups
Mobilité
Moteur V12 essence M17T
Puissance 500 ch (367,7 kW)
Vitesse sur route 45 km/h
Puissance massique 18 ch/tonne
Autonomie 220 km

Conception

Le T-28, comme le T-35, met en Ĺ“uvre la doctrine du char de rupture Ă  plusieurs tourelles, en vogue Ă  la fin des annĂ©es 1920 et au dĂ©but des annĂ©es 1930. La thĂ©orie prĂ©voyait que les chars devaient ĂŞtre Ă©quipĂ©s d'un armement puissant et multiple, capable d'ĂŞtre pointĂ© sur diffĂ©rents objectifs simultanĂ©ment, pour pouvoir opĂ©rer de façon isolĂ©e au milieu des lignes de dĂ©fense adverses. D'une taille plus raisonnable que le T-35, le T-28 possède seulement une tourelle principale armĂ©e d'un canon court de 76,2 mm et deux petites tourelles monoplaces permettant d'engager l'infanterie sur l'avant avec une mitrailleuse de 7,62 mm.

Dans la pratique, cette conception de l'emploi des chars montra vite ses limites ; pour servir cet armement multiple, l'Ă©quipage Ă©tait nombreux et isolĂ© dans plusieurs compartiments du char de combat, ce qui, ajoutĂ© Ă  l'absence de systèmes de communication internes Ă  l'Ă©poque, rendait la coordination de leurs actions difficile. Un autre dĂ©faut Ă©tait d'obliger le char Ă  avoir un vaste volume intĂ©rieur, et par lĂ  mĂŞme, de grandes dimensions externes, lui donnant une silhouette trop haute et trop longue. Un accroissement de la protection devenait alors coĂ»teux en termes de masse du vĂ©hicule, les surfaces Ă  protĂ©ger Ă©tant importantes, et on atteignit vite les limites du châssis au niveau de la suspension et de la motorisation. En effet, Ă  la suite de la guerre d'Hiver, les T-28, qui avaient montrĂ© leur vulnĂ©rabilitĂ© contre les dĂ©fenses de la ligne Mannerheim, virent leur blindage amĂ©liorĂ© par le montage de plaques supplĂ©mentaires, portant l'Ă©paisseur frontale Ă  80 mm et latĂ©rale Ă  40 mm ; cependant la masse atteignait dĂ©jĂ  32 tonnes : la mobilitĂ© et la fiabilitĂ© des chars en souffrirent grandement.

En dépit de sa configuration à tourelle multiple, le T-28 était conçu selon un agencement assez classique : le compartiment avant embarquait le pilote, flanqué des deux mitrailleurs servant les deux tourelles auxiliaires. Derrière eux, au centre, la tourelle principale avec ses trois hommes, enfin un compartiment machine, avec le moteur monté longitudinalement, puis la transmission entraînant les barbotins à l'arrière de la caisse. Les deux petites tourelles avaient un débattement de 165° en azimut, et étaient montées dans des espèces de redan de la caisse, de part et d'autre du poste de conduite, permettant ainsi à la tourelle principale de les surplomber.

Production

T-28 en production.

Le dĂ©veloppement du char commença, en 1931, comme un projet du bureau OKMO (en) de l'usine « Bolshevik » de LĂ©ningrad. MenĂ©e par N.V. Barykov et N.V. Tzeitz, l'Ă©tude dĂ©boucha Ă  la fin de l'annĂ©e sur un prototype dont la tourelle principale Ă©tait armĂ©e d'un canon antichar de 45 mm et d'une mitrailleuse Degtyarev DP 28 ; devant elle deux petites tourelles n'embarquaient, elles, qu'un mitrailleuse DT. La tourelle principale Ă©tait pointĂ©e par un système Ă©lectrique, une nouveautĂ© pour l'Ă©poque. Les essais montrèrent tout de mĂŞme de nombreux dĂ©fauts, en particulier au niveau du châssis et de la transmission. Au cours de l'annĂ©e 1932, les infrastructures de fabrication de chars de l'usine « Bolshevik » furent dĂ©tachĂ©es pour former une nouvelle usine, la no 174, mais celle-ci Ă©tait pleinement occupĂ©e Ă  produire des T-26. On dĂ©cida donc de confier la production du nouveau char Ă  l'usine « Krasnij Putilovetz » oĂą les diffĂ©rents documents arrivèrent en . Le , la production dĂ©buta et, au , douze chars Ă©taient construits et utilisĂ©s lors de parades Ă  Moscou et LĂ©ningrad. Finalement, le char Ă©tait officiellement adoptĂ© le par l'ArmĂ©e rouge, sous la dĂ©signation de T-28.

Un groupe d'ingĂ©nieurs SKB-2, fut organisĂ© au sein de l'usine, pour les Ă©tudes concernant la fabrication et l'amĂ©lioration de l'engin. MalgrĂ© un ordre de fabrication de 90 chars, la production Ă  la fin de 1933 n'atteignait que 41 exemplaires. Au total, 503 chars allaient ĂŞtre produits jusqu'en 1940. Les exemplaires de sĂ©rie diffĂ©raient du prototype par la modification de leur tourelle principale qui avait Ă©tĂ© rĂ©armĂ©e avec un canon de 76,2 mm KT-28 et par une transmission renforcĂ©e. En cours de production, le char fut constamment modifiĂ© et amĂ©liorĂ©, mĂŞme si les ingĂ©nieurs n'arrivèrent jamais Ă  rĂ©soudre dĂ©finitivement le manque de fiabilitĂ© du moteur et de la transmission. Un effort particulier fut nĂ©anmoins fait pour unifier une bonne partie des pièces avec celles du T-35 : ainsi les deux chars Ă©taient Ă©quipĂ©s des mĂŞmes tourelles principales et auxiliaires. Une des principales amĂ©liorations fut mise en production en 1938 : le canon KT-28 y Ă©tait remplacĂ© par un L-10 plus long avec 26 calibres, au lieu de 16,5, le moteur Ă©tait remplacĂ© par un M-17L. Le canon L-10 renforçait de beaucoup la capacitĂ© antichar du T-28, la vitesse initiale des obus Ă©tant de 555 m/s, lui donnant ainsi plus de pouvoir perforant. Cependant le nouveau canon Ă©tant disponible en nombre insuffisant, de nombreux chars continuaient Ă  ĂŞtre armĂ©s du KT-28.

  • 1931 : 1 prototype
  • 1933 : 41 exemplaires
  • 1934 : 50 exemplaires
  • 1935 : 32 exemplaires
  • 1936 : 101 exemplaires
  • 1937 : 39 exemplaires
  • 1938 : 96 exemplaires
  • 1939 : 131 exemplaires
  • 1940 : 13 exemplaires

Emploi opérationnel

Si son emploi en 1941 allait démontrer la faiblesse du T-28 par rapport aux chars modernes, lorsqu'il apparaît au début des années 1930, ce char est sans équivalent au monde. Il est l'un des rares chars moyens employés en unité de combat. À titre de comparaison, l'armée française ne dispose que de FT-17, et la Wehrmacht ne possède aucun char. La propagande soviétique va d'ailleurs l'employer largement comme preuve de la supériorité de son industrie en le montrant à de nombreuses reprises lors de défilés et autres démonstrations de force. Les T-28 et les T-35 sont affectés au régiment de chars de réserve du haut commandement, les dix premiers T-28 étant envoyés au 2e régiment basé à Leningrad (existant depuis 1929) ; par la suite, le nombre de chars livrés augmentant, quatre régiments supplémentaires sont créés à Smolensk, Kiev, Kharkov et Sloutsk. La composition de ces unités varie régulièrement mais à la fin de l'année 1935, ils regroupent trois bataillons de trente chars T-28 ou T-35. Le de la même année, une réorganisation intervient et les chars lourds et moyens sont regroupés au sein de brigades blindées indépendantes, regroupant des T-28 ou des T-35. Celles équipées de T-28 comprennent trois bataillons de combat, un d'entraînement et un de logistique. Le , ces brigades sont de nouveau placées directement sous les ordres du haut commandement. En 1939, il en existe quatre : les 4e, 5e, 10e et 20e brigades. Seule la 5e est mixte, avec à la fois des T-28 et des T-35, les autres sont entièrement dotées de T-28. Les 4e et 10e sont employées lors de l'occupation de la Bessarabie en juin 1940, ce qui constitue le premier emploi opérationnel du T-28. L'expérience de cette intervention provoque une nouvelle fois une réorganisation des brigades qui sont alors transformées en trois bataillons de combat, avec 156 chars soit 117 T-28 et 39 Chars BT.

Un des deux T-28 capturés par les finlandais vers la fin de la Guerre d'Hiver (1940).

Le vrai baptĂŞme du feu du T-28 intervient en novembre 1939, Ă  l'occasion de la guerre d'Hiver contre les Finlandais. Il est alors utilisĂ© contre les ouvrages de la ligne Mannerheim. Les progrès des armes antichars, constatĂ©s dès le dĂ©but de la guerre civile espagnole, se confirment : leurs unitĂ©s subissent alors de nombreuses pertes, leur blindage Ă©pais de 30 mm se rĂ©vĂ©lant nettement insuffisant alors qu'ils attaquent les bunkers finlandais Ă  bout portant. Pour remĂ©dier d'urgence au problème, on improvise un surblindage sur les T-28, donnant naissance aux T-28e, qui se rĂ©vèlent dĂ©terminants dans la rupture finale des dĂ©fenses finlandaises.

Un T-28 détruit par la Wehrmacht en 1941.

En 1941, lorsque l'Allemagne attaque, de nombreux T-28 sont encore en service, dispersés dans les nouvelles division blindées formées à partir de . Ce sont loin d'être de mauvais chars, encore mieux armés et protégés que la majorité des Panzers. Néanmoins leurs problèmes récurrents de fiabilité et l'âge de la majorité d'entre eux ne permet qu'un faible taux de disponibilité ; combiné à un mauvais entretien et au manque d'organisation des forces soviétiques, cela les empêche de jouer un rôle majeur. Il arrive cependant parfois que ce blindé pose encore des problèmes aux Allemands, du fait de sa puissance : ainsi, lors de la contre-attaque du 16e corps mécanisé sur Jitomir, le , un peloton de T-28 du 29e régiment blindé, commandé par le lieutenant Vasiliy Sumtzov, parvient à infliger de lourdes pertes à la Wehrmacht, détruisant pas moins de trois chars, sept camions, deux canons antichars et mettant hors de combat plus de cent hommes. Néanmoins, les pertes sont encore plus lourdes et le T-28 disparaît rapidement de l'inventaire de l'Armée rouge qui possède des blindés plus modernes, capables surtout d'un meilleur potentiel d'évolution. Seuls les Finlandais, qui en ont capturé deux pendant la guerre d'hiver, puis cinq en 1941, continueront à utiliser ce char jusqu'à la fin de la guerre, au sein de l'une de leurs brigades blindées. Un exemplaire sera transformé en véhicule de dépannage en 1944, par le retrait de ses tourelles, et servira jusqu'en 1951[1].

Variantes

  • T-28 - Prototype avec une caisse rivetĂ©e et armĂ© d'un canon de 45 mm, fin 1931.
  • T-28A ou modèle 1933 - Caisse soudĂ©e, armĂ© d'un canon de 76,2 mm KT-28.
  • T-28B ou modèle 1938 - Il possède un canon allongĂ© L-10, plus efficace contre les blindĂ©s adverses.
  • T-28C ou modèle 1940 - Version avec une tourelle semi-conique.
  • T-28E ou modèle 1939 - Blindage amĂ©liorĂ© par le rivetage de plaques, masse 32 tonnes.
  • T-28V - Char de commandement. Il Ă©tait identique au T-28A mais Ă©quipĂ© d'une radio en plus, l'antenne entourant la tourelle.
  • OT-28 - ÉquipĂ© d'un lance-flammes, quelques exemplaires transformĂ©s.
  • IT-28 - Version poseur de ponts, idem.
  • T-29 - Version expĂ©rimentale du T-28 avec adaptation de la suspension amĂ©ricaine Christie.

Voir aussi

Notes et références

  1. collectif, L’encyclopédie des armes : les chars soviétiques et américains 1939/1945 fascicule n°53 et TNT Hors-série n° 3 chars de combat soviétiques, Paris, Atlas, (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

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