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Syndrome de Williams

Le syndrome de Williams (SW), ou syndrome de Williams et Beuren, est l’association d’un retard mental, d’une cardiopathie congénitale, d’un faciès et d’un comportement hypersocial caractéristiques de l’individu affecté. Il existe également des anomalies diverses du tissu conjonctif, et il y a possible hypercalcémie.

Syndrome de Williams
Description de l'image Williams syndromeCCBY.jpg.
Symptômes Sténose aortique supravalvulaire (en)
Classification et ressources externes
CIM-10 Q93.8
CIM-9 758.9
OMIM 194050
DiseasesDB 859
MedlinePlus 001116
eMedicine 893149
MeSH D018980

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

La recherche sur les gènes impliqués dans le syndrome de Williams a permis de comprendre le rôle de gènes impliqués dans les comportements sociaux chez l'humain et les animaux.

Historique

Poor little birdie teased, par l'illustrateur d'époque victorienne Richard Doyle. Un elfe y est dessiné sous les traits faciaux du syndrome de Williams[1].

Cette maladie génétique porte les noms du cardiologue néo-zélandais J. C. P. Williams, qui le premier identifia en 1961[2] cette maladie réunissant une malformation cardiaque (sténose aortique congénitale supra valvulaire), une déficience intellectuelle et des traits faciaux « elfiques » caractéristiques, et du pédiatre allemand A.J. Beuren (de l'université de Göttingen) qui décrivit indépendamment cette association en 1962[3].

Sa cause fut initialement attribuée à un surdosage en vitamine D[4] mais son origine génétique est suspectée au début des années 1990[5]. Il est alors démontré que la maladie correspond, non pas à une mutation, mais à une délétion d'au moins un gène[6].

Cause

MicrodĂ©lĂ©tion hĂ©mizygote de 1 500 000 paires de base du locus q11.23 du chromosome 7 retrouvĂ© dans 95 % des cas.

Cette microdĂ©lĂ©tion vient indiffĂ©remment du chromosome paternel ou maternel. Elle entraĂ®ne jusqu’à la suppression de plus de 17 gènes. La zone microdĂ©lĂ©tĂ©e correspond Ă  une zone oĂą sont situĂ©s de nombreux gènes (ou pseudo-gènes) dupliquĂ©s, ce qui expliquerait la plus grande probabilitĂ© d'erreur au cours de la mĂ©iose[7]. Les gènes les plus souvent impliquĂ©s sont :

L'essentiel des cas est sporadique (le père et la mère portant des versions normales du chromosome 7). La maladie ne compromettant pas la fertilité, une transmission de type autosomique dominante reste possible[9].

En 2018, les scientifiques ont pu mettre en Ă©vidence que le syndrome rĂ©sulte d'une dĂ©lĂ©tion de 26 Ă  28 gènes[10].

Épidémiologie

Sa prĂ©valence est d'environ une personne sur 20 000 Ă  une personne sur 7 500[11].

Diagnostic

Clinique

L’enfant est souvent né avant terme et petit. Il présente souvent des troubles digestifs avec vomissements, douleurs abdominales responsables de pleurs fréquents, signes pouvant évoquer une maladie de Hirschsprung. Il est souvent hypotonique, avec une hernie ombilicale et un strabisme. Il acquiert tardivement le langage mais celui-ci est de bonne qualité.

Le diagnostic du syndrome de Williams est souvent fait cliniquement sur l’association de plusieurs signes.

Le comportement est caractéristique avec un très bon contact. La personne est très gentille, serviable, souriante.

Les personnes atteintes de ce syndrome sont très sensibles au bruit[12], une hyperacousie est présente dans environ 95 % des cas[13]. Bien qu'elles soient réputées douées pour apprendre la musique, leur réputation d'« oreille musicienne » n'est pas scientifiquement étayée[14]. Chez l'adulte, il existe fréquemment une anxiété, des troubles de l'attention[15].

Certains cas de syndrome de Williams montrent une affinité particulière pour les rythmes et l'expression lyrique des émotions et ont été qualifiés de savants. Bien que la capacité attentionnelle de ces personnes soit éphémère, elles peuvent passer des heures à écouter ou produire de la musique. Un taux élevé d'oreille absolue existe dans cette population. Un garçon atteint de ce syndrome était capable de synchroniser des rythmes différents (un pour chaque main) dans le même espace de temps[16].

Gloria Lenhoff est une chanteuse soprano atteinte du syndrome de Williams. Elle est capable de chanter plus de 2 500 airs, en 25 langues diffĂ©rentes, avec un accent rapportĂ© comme Ă©tant parfait, et possède aussi l'oreille absolue. Son QI rapportĂ© est d'environ 55, et elle ne peut pas rĂ©aliser une opĂ©ration arithmĂ©tique de base[16].

Une cardiopathie congénitale est présente chez 75 % des enfants atteints. L’anomalie cardiaque la plus fréquente est une sténose supra-valvulaire de l’aorte. Le rétrécissement peut atteindre également d'autres artères[7]. Le rapport « intima/media » mesuré au niveau d'une artère carotide semble constamment augmenté[17]. Il peut exister également des anomalies des valves cardiaques[18]. Une hypertension artérielle est constatée dans près de la moitié des cas[19].

Le faciès est caractéristique : habituellement décrit comme le visage d’un elfe, le faciès associe grand front, joues pleines, grande bouche avec lèvre inférieure éversée, pointe du nez bulbeuse.

Il existe souvent un retard mental.

Le QI des personnes atteintes est de 50 à 70 avec des meilleurs résultats aux tests verbaux[7].

Ces personnes ne peuvent pas faire d'opération mathématiques ou reproduire des dessins simples.

Le diagnostic est souvent posĂ© entre 3 et 6 ans en raison de l'impossibilitĂ© d'avoir une scolaritĂ© ordinaire Ă  cause de ce lĂ©ger retard intellectuel.

Il peut Ă©galement exister des troubles visuels.

L'examen neurologique peut montrer des signes extrapyramidaux, une hyper-réflexivité.

Au niveau biologique, une hypercalcémie peut être détectée : elle serait présente chez 5 à 50 % des personnes atteintes du syndrome[7]. Elle s'accompagne d'une fuite urinaire de calcium. Le mécanisme de ces anomalies n'est pas clair. Le diabète semble être plus fréquent que dans la population générale[20]. Une hypothyroïdie modérée n'est pas rare[21].

Les patients qui souffrent du syndrome de Williams et de Beuren peuvent être dans de rares cas sujets à de l'hypersensibilité accrue.

MĂ©thode de diagnostic

La recherche de la microdélétion se fait habituellement par la technique de FISH permettant de prouver l'absence d'une allèle du gène ELN[7]. Une autre méthode est la recherche de copie par PCR des trois gènes les plus impliqués dans la région critique soit ELN, LIMK1 et GTF21. La dernière méthode est la recherche de perte allélique par étude chromosomique des deux parents.

Pronostic

Peu d'adultes restent autonomes[7]. Outre les complications vasculaires, il semble exister un vieillissement prématuré[7]. L'espérance de vie est inconnue, et le facteur déterminant est probablement l'atteinte cardiovasculaire[22].

Diagnostic différentiel

Cette maladie doit être distinguée des autres pathologies associant visage caractéristique, cardiopathie congénitale et retard mental :

Diagnostic prénatal

Le diagnostic prénatal est possible par prélèvement du trophoblaste ou d’amniocentèse.

Conseil génétique

La nécessité d’un diagnostic prénatal nécessite une consultation de génétique, si possible avant la grossesse souhaitée.

Traitement

Il n'existe pas de traitement spécifique. Les rétrécissements vasculaires peuvent être corrigés chirurgicalement. Les perturbations endocriniennes (diabète, thyroïde…) doivent être traitées. Une prise en charge psychologique ou sociale doit être discutée au cas par cas.

Aspects sociaux et psychologiques

Malgré leurs déficits physiques et cognitifs, les personnes atteintes du syndrome de Williams présentent des capacités sociales et verbales impressionnantes. Les patients atteints du syndrome de Williams peuvent être très verbaux par rapport à leur QI. Lorsqu'on demande aux enfants atteints du syndrome de Williams de nommer un ensemble d'animaux, ils peuvent très bien énumérer un assortiment très étoffé de créatures telles qu'un koala, un tigre à dents de sabre, un vautour, une licorne, un lion de mer, un yack, un bouquetin et un brontosaure, un ensemble verbal beaucoup plus important que ce à quoi on pourrait s'attendre des enfants ayant un QI autour de 60[23]. Le langage utilisé par les personnes atteintes du syndrome de Williams diffère sensiblement de celui des populations non touchées, y compris les personnes dont le QI est apparié. Les personnes atteintes du syndrome de Williams ont tendance à utiliser un langage riche en descripteurs émotionnels, riche en prosodie (rythme et intensité émotionnelle exagérés), et qui comporte des termes inhabituels et des expressions idiomatiques étranges[24].

Parmi les traits distinctifs des personnes atteintes du syndrome de Williams, on retrouve un manque apparent d'inhibition sociale. Dykens et Rosner (1999) ont constaté que 100 % des personnes atteintes du syndrome de Williams étaient aimables, 90 % recherchaient la compagnie des autres, 87 % compatissaient à la douleur des autres, 84 % étaient attentionnées, 83 % étaient désintéressées et indulgentes, 75 % ne passaient jamais inaperçues dans un groupe et 75 % étaient heureuses lorsque les autres réussissaient[25]. Les nourrissons atteints du syndrome de Williams ont un contact visuel normal et fréquent, et les jeunes enfants atteints du syndrome de Williams s'approchent souvent d'étrangers et les embrassent. Les personnes atteintes du syndrome de Williams ont généralement une grande empathie et on les observe rarement en train de faire preuve d'agressivité. En ce qui concerne l'empathie, elles montrent une force relative en lisant dans les yeux des gens pour évaluer leurs intentions, leurs émotions et leurs états mentaux[26]. Le niveau d'amabilité observé chez les personnes atteintes de Williams est cependant souvent inapproprié pour le milieu social, et les adolescents et les adultes atteints du syndrome de Williams font souvent l'expérience de l'isolement social, de la frustration et de la solitude malgré leur désir évident d'établir des liens avec d'autres personnes[24].

Bien que ces enfants semblent souvent heureux en raison de leur nature sociable, il y a souvent des inconvénients internes à leur façon d'agir. 76-86 % de ces enfants ont déclaré croire qu'ils avaient peu d'amis ou des problèmes avec leurs amis. Cela est peut-être dû au fait que, bien qu'ils soient très amicaux envers les étrangers et qu'ils aiment rencontrer de nouvelles personnes, ils peuvent avoir de la difficulté à interagir à un niveau plus profond. De 73 à 93 % des répondants ont déclaré qu'ils n'avaient aucune réserve à l'égard des étrangers, 67 % étaient très sensibles au rejet, 65 % étaient susceptibles d'être taquinés et les statistiques sur les abus et la violence envers ces enfants ne sont pas disponibles[25] - [27] - [28] - [29] - [30]. Ce dernier point est un problème important. Les personnes atteintes du syndrome de Williams sont souvent très confiantes et veulent plus que tout se faire des amis, ce qui les amène à se soumettre à des demandes qui, dans des circonstances normales, seraient rejetées. Il y a aussi des problèmes externes. 91-96 % font preuve d'inattention, 75 % d'impulsivité, 59-71 % d'hyperactivité, 46-74 % de crises de colère, 32-60 % de désobéissance et 25-37 % de bagarres et de comportements agressifs[25] - [27] - [31].

Dans une expérience, un groupe d'enfants atteints du syndrome de Williams n'a montré aucun signe de préjugé racial, contrairement aux enfants qui n'ont pas le syndrome. Ils ont cependant montré des préjugés sexistes à un degré similaire à celui des enfants sans le syndrome, ce qui suggère des mécanismes distincts pour ces préjugés[32].

Recherche comportementale

Les scientifiques ont utilisé le syndrome de Williams pour étudier l'influence des gènes impliqués sur les comportements sociaux chez l'humain et les animaux[10].

Des souris modifiées génétiquement ont été capables de reproduire des aspects cruciaux du syndrome de Williams humain, y compris une sociabilité accrue, à divers degrés. Les scientifiques ont pu montrer que de multiples gènes dans la région de délétion entière donnent lieu à ce comportement d'hypersociabilité[10].

Chez l'humain, les polymorphismes communs du gène GTF2I (en), trouvé dans la région de délétion du syndrome de Williams, sont associés à une réduction de l'anxiété dans la population générale et à un comportement chaleureux.

Une étude sur la base génétique des diverses caractéristiques associées à la domestication des chiens a révélé que cette domestication du chien s'est accompagné d'une délétion génétique dans la région génomique équivalente à celle liée au syndrome de Williams chez les humains. Ce qui expliquerait le comportement très social des chiens[10].

Dans la culture populaire

Le film Gabrielle de Louise Archambault met en vedette un personnage atteint du syndrome de Williams.

Le Sumo qui ne pouvait pas grossir de Éric-Emmanuel Schmitt met en scène un personnage dont la mère est atteinte du syndrome de Williams.

Dans l'épisode 4 de la saison 9 de la série New York, unité spéciale: « La Voix du plus fort », une petite fille, seul témoin d'un meurtre, est atteinte de ce syndrome.

Dans l'épisode 13 de la saison 4 de la série Dr House : « Trop gentil pour être vrai », le patient trop gentil est d'abord suspect de syndrome de Williams.

Dans l'épisode 8 de la saison 2 de la série Chicago Med : Libre arbitre, la patiente du Dr Rhodes est atteinte du Syndrome de Williams.

Le livre Williams et nous de l'écrivaine Moka à L'École des loisirs met en scène une petite fille atteinte du syndrome de Williams.

Dans le roman policier Monteperdido d'AgustĂ­n MartĂ­nez, le personnage Pilar est atteinte de ce syndrome.

Notes et références

  1. (en) Nursery realms: children in the worlds of science fiction, fantasy, and horror. Gary Westfahl, George Edgar Slusser, University of Georgia Press (en), 1999, (ISBN 978-0-8203-2144-8), page 153. lire en ligne sur google books.
  2. (en) Williams JC, Barratt-Boyes BG (en), Lowe JB, « Supravalvular aortic stenosis » Circulation 1961;24:1311-8.
  3. (en) Beuren AJ, Apitz J, Harmjanz D. « Supravalvular aortic stenosis in association with mental retardation and a certain facial appearance » Circulation 1962;26:1235-40.
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  8. (en) 130160
  9. (en) Morris CA, Thomas IT, Greenberg F. « Williams syndrome: autosomal dominant inheritance » Am J Med Genet. 1993;47:478-81.
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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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