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Symphonies de Gustav Mahler

Les symphonies de Gustav Mahler sont un ensemble de dix œuvres symphoniques numérotées de 1 à 10 (s'ajoute selon les sources le Chant de la Terre) dont les compositions se répartissent entre 1888 et 1910. Sa dixième symphonie demeure inachevée, seul le premier mouvement étant terminé. Plusieurs tentatives de reconstitutions complètes de l'œuvre furent réalisées par des compositeurs et musicologues, dont la plus notoire est celle de Deryck Cooke. Cinq des symphonies sont sous-titrées, la première est surnommée la « Titan », la deuxième « Résurrection », la sixième « Tragique », la septième « Chant de la nuit » et la huitième dite « Des Mille ». Gustav Mahler dirigea la première de toutes ses symphonies, excepté la 9e, créée après sa mort par Bruno Walter. Les symphonies ont contribué après la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement dans les années 1960-70 (période des commémorations de son centenaire) à établir la notoriété du compositeur[1], notamment par la production de plusieurs enregistrements dont des intégrales des symphonies dirigées par Leonard Bernstein (trois fois dans les années 1960, 1970 et 1980), Rafael Kubelík, Bernard Haitink, Klaus Tennstedt ou Claudio Abbado (deux fois dans les années 1980 et 2000).

Les symphonies

Le corpus des symphonies de Mahler peut être divisé en trois parties : la première partie, représentée par les quatre premières symphonies, appartient à la période du Wunderhorn. Ces symphonies ont en commun de s'inspirer du recueil de chants populaires Des Knaben Wunderhorn , que Mahler a mis en musique dans un cycle de 12 lieder portant le même titre[2]. La Titan cependant s'inspire d'un autre cycle les Lieder eines fahrenden Gesellen dont l'allegro reprend l'un des thèmes[3]. La deuxième partie est constitué par la trilogie des symphonies instrumentales avec les symphonies 5, 6, et 7, qui ne font pas appel à des voix, et adoptent une écriture tonale évolutive, particulièrement marquée dans la septième, tandis que la sixième présente une structure traditionnelle en quatre mouvement sur le modèle des symphonies d'Haydn[4]. La troisième partie constituée des symphonies 8 et 9 et dont on adjoint le Chant de la terre considéré comme une symphonie pour ténor, alto et orchestre[5], est marquée par l'abandon de la forme sonate pour évoluer vers une forme romanesque, par la division en chapitre des mouvements, quant à l'écriture musicale elle montre pour Massin qu'avant Schoenberg, c'est « Mahler, qui sut dire objectivement que la tonalité n'existait plus : paradoxalement, sans l'avoir jamais abandonnée[5] ».

Les Knaben Wunderhorn Symphonies

Symphonie no 1 en ré majeur « Titan »

Composée entre 1885 et 1888, dans sa première forme l'œuvre était constituée de cinq mouvements répartis en deux parties. Elle est créée en 1889 à Budapest et prend comme titre Titan, poème symphonique en forme de symphonie lors d'un concert à Hambourg en 1893[6]. Le titre Symphonie « Titan » en 5 mouvements a été ajouté à postériori en 1894 sur un manuscrit de 1889-93[6], et fait référence au roman Titan de Jean-Paul Richter auteur de chevet du compositeur[3]. Des cinq mouvements initiaux, Mahler retira en 1894 l'andante intitulé Blumine qui s'intercalait entre le 1er mouvement allegro Langsam. Schleppend et le scherzo Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell[6], la symphonie prend alors sa forme définitive constituée de quatre mouvements comme suit:

  1. Langsam. Schleppend. Wie ein Naturlaut, Im Anfang sehr gemächlich
  2. Kräftig bewegt, doch nicht zu schnell. Trio, Recht gemächlich
  3. Feierlich und gemessen, ohne zu schleppen
  4. Stürmisch bewegt

Mahler qui pensait avoir écrit une symphonie facile, eut toutes les difficultés à la faire jouer, devant finalement diriger lui-même la première à Budapest en 1889 dans l'indifférence générale[7]. De son vivant l'œuvre n'eut pas le succès escompté, ce n'est qu'à partir des années 1920-1930 qu'elle gagne en popularité[7], popularité qu'elle doit à sa simplicité alliée à un caractère robuste[3], Mahler montre déjà son originalité qui rompt avec la tradition symphonique de l'époque, en incorporant des éléments parodiques et d'ironie[8], tout en demeurant d'un romantisme parfaitement maitrisé[9].

Symphonie no 2 « Résurrection »

Première des symphonies vocales, du compositeur, elle est voulue par Mahler comme une réponse à la symphonie nº 9 de Beethoven et est aussi marquée par les influences de Bruckner, Wagner (ouverture de La Walkyrie) et Mendelssohn pour le deuxième mouvement[8]. Composée entre 1888 et 1894 avec plusieurs périodes d'interruptions, le dernier mouvement ne fut trouvé qu'en 1894 après avoir entendu lors des funérailles d'Hans von Bulow, le choral Resurrection du poète allemand Friedrich Gottlieb Klopstock qu'il reprend[10]. C'est la première symphonie de la trilogie à se baser sur les lieder Des Knaben Wunderhorn repris dans les troisième et quatrième mouvements (suivent les symphonies 3 et 4)[8]. Constitué de cinq mouvements, les deux derniers sont avec voix :

  1. Allegro maestoso
  2. Andante moderato
  3. In ruhig fließender Bewegung — attacca :
  4. « Urlicht ». Sehr feierlich, aber schlicht
  5. Im Tempo des Scherzos. Wild herausfahrend

Symphonie no 3

Symphonie la plus longue du compositeur (et l'une des plus longues de tout le répertoire symphonique), le programme est voulu par Mahler comme une ode à la nature, comme il le revendique à Bruno Walter « Inutile de regarder le paysage, il a passé tout entier dans ma symphonie[11] ». Mais il ne s'agit pas d'une nature calme, mais habitée par l'homme, et parsemée de citation de chants populaires et de marches[12]. Elle traduit, selon Tranchefort, l'évolutionnisme du XIXe siècle[11]. L'œuvre comporte six mouvements, dont deux vocaux Sehr langsam! Misterioso. O Mensch! gib Acht! et Lustig im Tempo und keck im Ausdruck et se termine, pour la première fois dans une symphonie de Mahler, par un finale adagio[13].

  1. Kräftig. Entschieden
  2. Tempo di Menuetto. Sehr massig
  3. Comodo. Scherzando. Ohne Hast
  4. Sehr langsam! Misterioso. O Mensch! gib Acht!
  5. Lustig im Tempo und keck im Ausdruck
  6. Langsam. Ruhevoll. Empfunden

Symphonie no 4

Composée entre 1899 et 1900, et dernière du cycle des « Wunderhorn Symphonies », la symphonie ne comporte ni sous-titre, ni programme. Si la troisième symphonie était la plus longue du répertoire de Mahler, la quatrième en est la plus courte, et dispose d'un effectif plus réduit que les précédentes[14]. La dimension modeste de la symphonie surprit et choqua le public, habitué à la monumentalité des deux précédentes symphonies, lors de la première à Munich en 1902, où elle fut sifflée[14]. C'est à Amsterdam qu'elle rencontra le succès, étant dirigée deux fois par le compositeur lors du concert du [14]. En quatre mouvements, le dernier est un lied pour soprano issu des Knaben Wunderhorn, Das himmlische Leben (la Vie céleste):

  1. Bedächtig. Nicht eilen
  2. In gemächlicher Bewegung. Ohne Hast
  3. Ruhevoll
  4. Das himmlische Leben : Sehr behaglich

La trilogie orchestrale

Les symphonies romanesques

Discographie

Intégrales

Intégrales vidéos

Notes et références

Bibliographie

  • Brigitte et Jean Massin, Histoire de la musique occidentale, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », (1re éd. 1983) (ISBN 2-213-02032-9), « L'Œuvre Mahlérien », p. 902-907.
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 896 p. (ISBN 2-213-01638-0), « Gustav Mahler », p. 436-456.
  • Michel Chion, La Symphonie à l'époque romantique : de Beethoven à Mahler, Paris, Fayard, coll. « Les Chemins de la musique », , 256 p. (ISBN 978-2-213-59271-8), « Gustav Mahler : tout un monde d'adieux », p. 218-241.
  • (en) David Hurwitz, The Mahler Symphonies : An Owner's Manual, Amadeus Press, coll. « Unlocking the masters series », , 194 p. (ISBN 1-57467-099-9).
  • Isabelle Werck, Gustav Mahler, Paris, Bleu Nuit éditeur, coll. « Horizons », , 176 p. (ISBN 978-2-35884-054-5, ISSN 1769-2571).
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