Symbolique du chien
Le chien et les créatures canines en général sont mentionnées de très nombreuses fois dans les mythes et les légendes.
Ils y possèdent des attributs fantastiques, comme plusieurs têtes, la capacité de cracher du feu, celle de devenir invisible, de guider les âmes des morts... ou encore, celle de dévorer la lune et le soleil. La plupart de ces chiens légendaires sont issus de mythes, de légendes, de traditions religieuses et de folklores à travers le monde.
Plus tard, la littérature de fantasy, les jeux de rôle et le cinéma s'en sont souvent inspiré pour créer leurs bestiaires. Ces chiens ont toujours une forte symbolique liée à leur apparence et à leurs attributs, parfois gardiens inflexibles, la plupart généralement associée au monde des morts, aux enfers ou aux univers chtoniens.
Symbolique du chien
D'après le dictionnaire des symboles, le chien est lié à une trinité élémentaire terre, eau et lune, à symbolique végétative, féminine, sexuelle et divinatoire, aussi bien dans le domaine inconscient que pour le subconscient[1]. Son rôle principal est celui de psychopompe, « guide de l'homme durant la nuit de la mort après avoir été son compagnon durant le jour de la vie[1]. »
Dans les églises on peut aussi le voir au pied des personnages représentés sur un cénotaphe (chez les femmes et chez les hommes). Dans ce cas il symbolise la loyauté.
Chien et alchimie
Dans le bestiaire alchimique et philosophique, la figure du chien dévoré par le loup représente la purification de l'or par l'antimoine, qui est aussi l'avant-dernière étape du Grand œuvre. Le chien et le loup symbolisent le sage, ou le saint, qui se purifie lui-même en se sacrifiant et en se dévorant, pour accéder à la connaissance spirituelle ultime[2].
Apparences
Cynocéphales
La cynocéphalie est le fait de posséder une tête de chien. Le terme désigne les humanoïdes possédant une tête canine ou celle d'un animal apparenté, comme les hyènes ou les chacals. Cette particularité peut concerner aussi bien des divinités que des créatures humanoïdes et thérianthropes. « Cynocéphale » est aussi le nom d'une créature spécifique, présente dans les bestiaires médiévaux. La symbolique cynocéphale sert généralement à mettre en avant la sauvagerie et la bestialité[3], notamment dans les représentations antiques grecques et chrétiennes. Dans la mythologie égyptienne, ces créatures ont au contraire pour fonction de garder les lieux sacrés[1]. Il existe de nombreuses variétés de cynocéphales, comme les cynodontes, des hommes à mâchoire de chien[4]. Selon Henri Cordier, la source commune de toutes les légendes sur des barbares à tête canine peut être trouvée dans la Romance d'Alexandre[5]. Dans les figures chrétiennes orthodoxes, de nombreux cynocéphales sont présents[6] comme Saint Christophe[7].
Légendes sur les chiens par origine
Folklore britannique
Le folklore britannique mentionne plusieurs chiens noirs comme des spectres principalement nocturnes. Leur apparition était considérée comme présage de mort.
Il est souvent décrit plus grand et plus gros qu'un chien normal, et doté d'yeux rougeoyants. Il se dégage de lui une impression de froid, de découragement, et de désespoir. Ses apparitions sont souvent associées à des orages (comme celle de Bungay, dans le Suffolk) et se situent souvent dans les carrefours, les lieux de l'exécution et sur les voies antiques. Au Pays de Galles, elles se limitent à la mer, et aux paroisses du littoral. Sur la côte du Norfolk, la créature est censée être amphibie, sortant de la mer pour voyager de nuit sur les voies isolées. Les origines du mythe du chien noir sont difficiles à discerner. Les chiens noirs sont presque toujours malveillants, mais quelques-uns seulement (comme les Barghest) sont directement dangereux. La plupart ne sont en eux-mêmes qu'un signe de la mort, associé d'une façon ou d'une autre au diable. Certains, cependant, comme les chiens Gurt à Somerset et le chien de la pendaison Hills, peuvent parfois agir avec bienveillance.
Mazdéïsme
Le chien est l'animal d'Ahura Mazda dans l'ancienne religion perse, où son rôle est de chasser les mauvais esprits[8].
Selon l'interprétation de Jean-Paul Roux, le chien est à la fois un esprit protecteur et bénéfique et le support des malédictions divines, ce qui lui fait rejoindre l'ange déchu[9].
Mythologie arménienne
L'Aralez est une créature de la mythologie arménienne ressemblant à un chien ailé.
D'après le mythe, ils vivraient dans le ciel ou sur le mont Ararat, et auraient le pouvoir de ressusciter les morts en leur léchant les plaies : ainsi donc, ils descendraient de leur environnement pour faire revivre les héros. Selon une légende, à la mort de Moušeł Ier Mamikonian ses proches auraient placé son cadavre sur une tour dans l'espoir que les Aralezes le lèchent et le fassent revivre.
Mythologique celtique
Le chien de la mythologie celtique le plus connu est un héros : Cúchulainn (traduit au choix « [celui qui a tué] le chien de Culann »).
Ce personnage est un demi-dieu, fils de Lug et de Eithne. Il a obtenu son nom en tuant à l'âge de cinq ans le chien (cu) de Culann, le forgeron du roi.
Il est le héros combattant par excellence.
Mythologie centraméricaine
Au Mexique, des chiens étaient élevés spécialement pour pouvoir accompagner et guider les âmes des morts dans l'au-delà.
Ces chiens, « couleur de lion » c'est-à-dire de soleil, « accompagnaient le défunt comme Xolotl avait accompagné le soleil pendant son voyage sous la terre »[10]. Le chien était parfois sacrifié à la mort de son maître afin de l'aider à franchir les neuf fleuves qui le séparaient de Chocomemictlan, le royaume des morts[11].
Mythologie grecque
Les chiens de la mythologie grecque sont connus grâce à la myriade de textes légués par les poètes grecs comme Hésiode.
Le gardien des Enfers, Cerbère, est décrit comme un chien monstrueux à trois têtes et à queue de serpent, capable de cracher du feu, et empêchant ceux qui passent le Styx de pouvoir s'enfuir. Il a parfois cinquante têtes[12] ou même cent[13].
Mythologie nordique
La mythologie nordique est très riche en loups, chiens et autres canidés monstrueux.
Par exemple, le chien Garm, qui garde l'entrée du Niflheim (le pays des glaces et des brumes) et rejoint Cerbère par leur rôle de gardien infernal.
Sirius et la canicule
Plusieurs mythologies mentionnent les « jours du chien » ou canicule : ce nom vient du latin canicula signifiant « petite chienne ».
Il était donné aux jours où l'étoile Sirius se levait initialement avec le Soleil, c'est-à-dire du au , les jours du débordement du Nil ainsi que les plus chauds.
Sirius, qui signifie par ailleurs « ardent », était le nom de l'un des chiens — avec Procyon — d'Orion : les deux étoiles homonymes font partie de la constellation du Grand Chien (Canis Major), du Petit Chien (Canis Minor) pour Procyon. Orion et le Grand Chien furent placés dans le ciel à la suite du décès tragique d'Orion.
Dans la tradition chrétienne, saint Christophe, le saint cynocéphale (voir plus haut), a sa fête le , c'est-à-dire en fin de période caniculaire.
Notes et références
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris, Éditions Robert Laffont, Jupiter, , 1110 p. (ISBN 2-221-08716-X), p. 239
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris, Éditions Robert Laffont, Jupiter, , 1110 p. (ISBN 2-221-08716-X), p. 245
- Voir ceux que décrit Mégasthène dans Indica » », rapporté par Pline l'Ancien, Histoire naturelle 7.2: 14-22; Fragments XXX. B. Solin. 52. 26-30
- Alexandre le Grand, Le roman d'Alexandre, cité par Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Paris, Éditions le pré aux clercs, , 435 p. (ISBN 978-2-84228-321-6), p. 206
- (en) Henri Cordier, Notes and Addenda dans l'édition de the Sir Henry Yule The Travels of Marco Polo, Volume 2
- David Gordon White, Myths of the Dog-man, University of Chicago Press, 1991:32
- Walter de Spire,Vita et passio sancti martyris Christopher 75
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Paris, Éditions Robert Laffont, Jupiter, , 1110 p. (ISBN 2-221-08716-X), p. 244
- Jean Paul Roux, Faune et flore sacrée dans les sociétés altaïques, Paris,
- Raphaël Girard, Le Popol Vuh, Histoire culturelle des mayas Quiché, Paris, , p. 161
- Alexander Hartley Burr, Le cercle du monde, Paris, , p. 246
- Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], 311 : [...]Κέρβερον ὠμηστήν, Ἀΐδεω κύνα χαλκεόφωνον, Πεντηκοντακέφαλον.
- Horace, Odes [détail des éditions] [lire en ligne], II, 13 : Demittit atras belua centiceps / Auris..., Wikisource
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, (1re éd. 1969) [détail des éditions] p. 239-245