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Sylvain Kaufmann

Sali, dit Sylvain Kaufmann, né le à Metz et mort le à Créteil[1], est un homme d'affaires français juif, rescapé de la Shoah.

Sylvain Kaufmann
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  82 ans)
Créteil
SĂ©pulture
Nom de naissance
Sali (dit Sylvain) Kaufmann
Nationalité
Activité

Biographie

Sylvain Kaufmann (prénommé aussi Sali ou Sally[2]) est né à Metz le , il est le fils de Maurice Meyer Kaufmann and Rose Lilienbaum.

Seconde Guerre mondiale

Soldat français, Sylvain Kaufmann s'évade d'un camp de Bavière en 1940.

Sa dernière adresse avant sa déportation est au 77, rue Bertrand de Goth à Bordeaux (Gironde)[3]

Ă€ la suite de la dĂ©nonciation d'un dĂ©biteur, il sera arrĂŞtĂ© puis successivement internĂ©, entre et , Ă  Phitiviers, Beaune-la-Rolande, Drancy, Auschwitz, Varsovie et Dachau. Il y vit le paroxysme de l'horreur, expĂ©rience dont il tĂ©moigne dans deux livres Au-delĂ  de l'enfer[4] et Le Livre de la mĂ©moire[5]. Sylvain Kaufmann est un des rares rescapĂ©s ayant tentĂ© une Ă©vasion « rĂ©ussie Â» d'un des convois de la mort, le convoi n° 53 du 25 mars 1943[6], Ă  destination de Sobibor, Ă©vasion qui sauve la vie de trois[7] de ses compatriotes, Hughes Steiner[8], Robert et Paul Fogel[9] - [10].

Il est internĂ© au camp de Drancy en 1942 puis dĂ©portĂ© le vers Sobibor, oĂą son convoi, le numĂ©ro 53, est exterminĂ©. Après avoir sciĂ© avec une lime le plancher, il s'Ă©vade du wagon, de nuit, en territoire allemand, entre les roues du train en marche[6]. Repris, condamnĂ© Ă  la pendaison pour sabotage, il est « le » condamnĂ© Ă  mort qui a survĂ©cu Ă  tout, mĂŞme au pire. Après les prisons françaises et allemandes, il aboutit Ă  la section disciplinaire d'Auschwitz, le , sous le matricule 119 618. Le , dans la nuit de Kippour, il est transfĂ©rĂ© dans le camp de concentration de Varsovie, oĂą sous couvert de dĂ©blayer les ruines du Ghetto dĂ©moli, il s'agit surtout de dĂ©pouiller la ville juive de tous ses biens. Le , c'est le dĂ©part Ă  pied pour Dachau-MĂĽhldorf. Il est libĂ©rĂ© le par l'arrivĂ©e des AmĂ©ricains[11].

Après la Guerre

Après la guerre, Sylvain Kaufmann occupe d'importantes fonctions dans des institutions religieuses et culturelles juives en France et à l'étranger. Il devient membre de nombreux comités ou trésorier d'institutions éducatives (école Gilbert-Bloch d'Orsay, école Yabné), cultuelles (Synagogue de la rue de Montévideo), sionistes : Fonds national juif (KKL), Appel juif unifié de France (AUJF). Il est président du Mouvement sioniste de France durant de longues années[12].

Dès les années 1950, Il se dédie au commerce import-export entre la France et la Chine. Il sera l'un des premiers commerçants étrangers à pénétrer en Chine communiste, assistant périodiquement à la foire de Canton[12]. En 1968, en pleine révolution culturelle chinoise, il est arrêté par les Gardes rouges et est soupçonné d'espionnage tandis qu'il prenait des photos à Shanghai. Il sera relâché quelques heures plus tard mais ses films lui seront confisqués[13] - [14]

TĂ©moignage

Sylvain Kaufmann est l'auteur de deux livres, préfacés par Robert Badinter[15], témoignant de son expérience concentrationnaire : Au-delà de l'enfer en 1987 aux éditions Séguier-Garamont[4] et Le Livre de la mémoire en 1992 aux éditions Lattès[5].

Son dernier livre est réédité par les éditions du club le Grand Livre du mois[16] en 1992.

Il participe à de nombreuses émissions télévisées et radiophoniques notamment à la Source de vie de Josy Eisenberg, sur Antenne 2[17]. En 1987, Bernard Pivot le convie à son émission Apostrophes, dédiée aux génocides. Sylvain Kaufmann décline parce que celle-ci ayant lieu le vendredi soir en direct, il ne voulait pas enfreindre le repos rituel du shabbat[18].

Le , Sylvain Kaufmann et Ida Grinspan sont sollicitĂ©s en tant que rescapĂ©s des camps, Ă  accompagner le tout premier voyage scolaire français Ă  destination d'Auschwitz-Birkenau[19]. Quarante-cinq ans après son incarcĂ©ration, il revient, pour la première fois, sur les lieux douloureux de son calvaire et tĂ©moigne devant une centaine d'Ă©lèves Ă©mus, du processus de dĂ©shumanisation dont lui et les siens ont fait l'objet[20]. Les lycĂ©ens, issus d'une soixantaine d'Ă©tablissements parisiens, ont rĂ©pondu Ă  l'invitation du « ComitĂ© d'information des lycĂ©ens sur la Choa ». L'action est menĂ©e conjointement par la section française du CJM et du CRIF, et parrainĂ©e par le Ministère de l'Éducation Nationale, le SecrĂ©tariat des Droits de l'Homme et celui des Anciens Combattants[21]. « Dès le dĂ©part » raconte Marianne Picard, directrice d'Ă©cole, « le ton Ă©tait donnĂ©. Dans l'avion, les aĂ®nĂ©s donnèrent aux lycĂ©ens attentifs les premiers Ă©lĂ©ments d'information... La prĂ©sence des deux anciens dĂ©portĂ©s et leur tĂ©moignage firent une très forte impression sur les Ă©lèves. De manière gĂ©nĂ©rale, chaque Ă©lĂ©ment qui, visuellement, rappelait ces temps de dĂ©sespoir, touchait immĂ©diatement les participants[22]. »

Famille

Sylvain Kaufmann rencontre celle qui deviendra son épouse, née Rosenberg[2], au camp de Drancy. Elle est libérée en 1942, car elle est âgée de moins de 17 ans. Elle s'engage dans la Résistance, chez les MOI-FTP[23].

Il est le père de Francine Kaufmann, chercheur, essayiste, journaliste, interprète et professeur titulaire à l'université Bar-Ilan, Israël. Son fils Alain-Moché Kaufmann est rabbin à Bnei Brak (Israël). Il est rosh kollel et auteur de l'ouvrage Lev Avoth al Banim[24].

Mort

Sylvain Kaufmann meurt à Créteil le à l'âge de 82 ans des suites d'une leucémie et est inhumé à Jérusalem le 18 août[25].

Hommage posthume

Le , Daniel Radford, rabbin, Ă©diteur et homme de lettres, lui rend hommage dans l'Ă©mission de Michel Drucker Vivement Dimanche[26].

Publications

  • Sylvain Kaufmann, Au-delĂ  de l'enfer, SĂ©guier-Garamont, (lire en ligne)
  • Sylvain Kaufmann, Le livre de la mĂ©moire, Lattès,

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. (en) Francine Kaufman. Geni.com.
  3. Voir, Klarsfeld, 2012.
  4. Sylvain Kaufmann, Au-delĂ  de l'enfer, SĂ©guier, , 400 p. (ISBN 978-2-906284-10-4)
  5. Sylvain Kaufmann (préf. Robert Badinter), Le livre de la mémoire : au-delà de l'enfer, Paris, J.-C. Lattès, , 522 p. (ISBN 2-7096-1174-0).
  6. (en) Tanja von Fransecky, Escapees : The History of Jews Who Fled Nazi Deportation Trains in France, Belgium, and the Netherlands, Berghahn Books, , 362 p. (ISBN 978-1-78533-887-8, lire en ligne)
  7. Centre d’histoire de Sciences Po, « Histoire@Politique n°32 : Le dossier : Pour une histoire de la Lorraine (1870-1962) au prisme du concept d'espace de violence (Gewaltraum) », sur www.histoire-politique.fr, (consulté le )
  8. Henry Bulawko, Les jeux de la mort et de l'espoir : Auschwitz-Jaworzno, Montorgueil, (ISBN 978-2-87874-065-3), p. 176
  9. « Mémoire de la Shoah », sur INAthèque, .
  10. « Paul Fogel - Grands Entretiens Patrimoniaux - Ina.fr », sur entretiens.ina.fr (consulté le )
  11. Sylvain Kaufmann, Le livre de la mémoire : Au-delà de l'enfer, J.-C. Lattès, (ISBN 978-2-7096-1174-9), Quatrième de couverture.
  12. (en-US) « Sylvain Sali Sally Kaufmann », sur geni_family_tree (consulté le ).
  13. (en) « Guards grill frenchman- 2,5-hour ordeal in Shanghai room », The STAR, Hongkong,‎ , p. 4.
  14. Juif? selon le rabbin David Radford, Jewpop
  15. Sylvain (1914- ) Auteur du texte Kaufmann et Francine (1947- ) Auteur du texte Kaufmann, Au-delà de l'enfer : Sylvain Kaufmann ; préf. de Robert Badinter ; postf. de Francine Kaufmann, (lire en ligne)
  16. « Le livre de la mémoire : Au-delà de l'enfer - Babelio », sur www.babelio.com (consulté le ).
  17. Source de Vie: il faudra que je me souvienne.
  18. Bourreaux et victimes, Apostrophes du 17/04/1987, Antenne 2, CPB87004721.
  19. Bertrand Poirot-Delpech, « Le Monde », quotidien,‎
  20. « L'Arche, », n° 373,‎
  21. « Opération : des lycéens à Auschwitz », HAMORÉ No 122-123,‎ , p.39 (lire en ligne)
  22. « Tribune Juive », mensuel, no 1015,‎ non notée
  23. Francine Kaufmann, linguiste du mois d'avril. Le mot juste en anglais, 28 avril 2013.
  24. Rav Moche Kaufmann. torah-box.com.
  25. « Fichier Insee des décès Kaufmann Sali », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  26. Lirone Chimoni, « Daniel Radford - Sheila - Vivement Dimanche - 6 Janvier 2013 », (consulté le ).

Annexes

Bibliographie et sitographie

  • (en) Susan Zuccotti, The Holocaust, the French, and the Jews, U of Nebraska Press, , 383 p. (ISBN 978-0-8032-9914-6, lire en ligne), p. 313.
  • Beate et Serge Klarsfeld, MĂ©morial de la dĂ©portation des Juifs de France, Paris, FFDJF, .
  • Daniel Radford, L'Homme Aux Livres, Édition Presse Chatelet, (prĂ©sentation en ligne)
  • Paul Fogel, Grands entretiens : MĂ©moires de la Shoah (prĂ©sentation en ligne)
  • (de) Tanja von Fransecky, Flucht von Juden aus DeportationszĂĽgen in Frankreich, Belgien und den Niederlanden, Berlin, Metropol Verlag, , 398 p. (ISBN 978-3-86331-168-1)
  • Henry Bulawko, Les jeux de la mort et de l'espoir : Auschwitz-Jaworzno, Montorgueil, (ISBN 978-2-87874-065-3)
  • Francis Marmande, « La morte-saison », Lignes,‎ 1987/1 numĂ©ro=1, p. 95-111 (DOI 10.3917/lignes0.001.0095)
  • (de) Hans-Joachim Lang, Wer waren sie? Woher kamen sie? Wie lebten sie?, Freiburger FrauenStudien 19, .
  • Sylvain Kaufmann (prĂ©f. Robert Badinter, postface Francine Kaufmann), Au-delĂ  de l'enfer, Garamont, Librairie SĂ©guier, (lire en ligne).

Liens externes

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