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Suzanne Citron

Suzanne Citron, née Grumbach le à Ars-sur-Moselle et morte le à Paris 4e, est une historienne et essayiste française de gauche[1].

Suzanne Citron
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
CimetiĂšre de Montjustin (d)
Nom de naissance
Suzanne Antoinette Grumbach
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
ƒuvres principales
Le Mythe national, Le Mythe national. L’histoire de France en question (d)

Elle est connue pour ses travaux sur le mythe national et l'enseignement de l'histoire en France.

Biographie

Suzanne Citron est issue d’une famille bourgeoise juive ayant des racines alsaciennes, parisiennes et portugaises. Ses deux grands-pĂšres ont reçu la LĂ©gion d'honneur : du cĂŽtĂ© paternel, Paul Grumbach (1861-1931), qui fut gĂ©nĂ©ral de brigade[2], et, du cĂŽtĂ© maternel, EugĂšne Dreyfus (1864-1936), magistrat qui fut prĂ©sident de la Cour d'appel de Paris[3]. Elle parlera d'une « famille qui se considĂ©rait comme franco-israĂ©lite, l'ordre Ă©tant important »[4]. Elle est Ă©levĂ©e dans une culture laĂŻque et patriote, son pĂšre Ă©voquant par ailleurs souvent l'affaire Dreyfus[5].

Elle étudie au lycée MoliÚre (Paris)[6]. Au début de la Seconde Guerre mondiale, son pÚre est fait prisonnier en Allemagne[7]. Pendant l'Occupation, aprÚs l'arrestation de deux de ses cousins au cours d'une rafle[7] , elle franchit clandestinement la ligne de démarcation le pour passer en zone libre[7]. Elle poursuit alors des études d'histoire et mÚne des activités de résistance.

Elle est arrĂȘtĂ©e Ă  Lyon le par la Gestapo et a vĂ©cu les derniĂšres semaines du camp de Drancy[8], le camp Ă©tant libĂ©rĂ© par l'avancĂ©e des AlliĂ©s avant sa dĂ©portation en Allemagne.

Elle est agrégée d'histoire (1947) et enseignera pendant une vingtaine d'années au lycée d'Enghien-les-Bains[7].

Pendant la guerre d'Algérie, qu'elle définit comme « un second choc intérieur »[7], elle est révoltée par les pouvoirs spéciaux votés à l'initiative du gouvernement socialiste de Guy Mollet en 1956[7]. Elle devient alors une militante anti-colonialiste[4].

Elle va alors se pencher sur l'histoire du colonialisme français : le rĂ©cit de la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie, les rĂ©pressions en Indochine dans les annĂ©es 1930 et les massacres Ă  Madagascar en 1947[7]. À la suite de sa dĂ©couverte sur l'occultation de ces faits dans le rĂ©cit national, elle deviendra trĂšs critique sur l'enseignement de l'histoire de France[7]. Peu aprĂšs Mai 68, elle publie une tribune dans Le Monde intitulĂ©e « Ce que nous attendons du ministĂšre de l’éducation » oĂč elle esquisse une rĂ©organisation et un dĂ©cloisonnement de la scolaritĂ©. Elle approfondira sa pensĂ©e dans son ouvrage L'École bloquĂ©e, paru en 1971[7].

Elle devient docteur de 3e cycle en histoire contemporaine de l'université Paris Nanterre (1974)[9]. Sa thÚse de doctorat, soutenue en 1974 mais non publiée, a pour titre Aux origines de la Société des professeurs d'histoire : la réforme de 1902 et le développement du corporatisme dans l'enseignement secondaire (1902-1914). Elle enseigne alors à l'université Paris XIII-Villetaneuse[7].

Elle a militĂ© dans les mouvements pĂ©dagogiques des annĂ©es 1960-1970 pour la rĂ©novation des contenus de l’enseignement et publiĂ© de nombreux articles dans diverses revues d’enseignants sur les problĂšmes de l’enseignement secondaire. Elle publie des « points de vue » pendant plus de trente ans dans Le Monde et dix ans dans LibĂ©ration.

Elle a appartenu au Parti socialiste unifiĂ© (PSU)[10]. De 1977 Ă  1983, elle est adjointe au maire PS de Domont (Val-d'Oise). Elle quitte le Parti socialiste en 1985[7] et reproche alors au ministre de l'Éducation nationale, Jean-Pierre ChevĂšnement, d'avoir rĂ©tabli une histoire nationale qui place la France au centre du monde[7].

En 1987, elle publie l'ouvrage qui restera associé à son nom, Le Mythe national, ouvrage de déconstruction de l'histoire telle qu'elle est enseignée à l'époque[11]. Cet ouvrage connaßtra plusieurs éditions. Dans la derniÚre, qui remonte à 2017[12], elle reconnaissait des avancées dans l'enseignement de l'histoire en France ces trente derniÚres années avec l'apparition d'une histoire critique du régime de Vichy[7], l'enseignement de la guerre d'Algérie[7], de la colonisation[7] et que l'on parle désormais dans l'espace public de l'histoire de l'immigration en France[7]. Mais elle continuait d'en dénoncer la matrice, à savoir le Petit Lavisse, manuel d'histoire des écoles de la IIIe République.

Cette derniĂšre Ă©dition connaĂźt une forte exposition mĂ©diatique pendant la campagne pour l’élection prĂ©sidentielle française de 2017. Sur le plateau de L'Émission politique, le , l'historienne de gauche Laurence De Cock en offre un exemplaire Ă  François Fillon, qui prĂ©conisait un retour au rĂ©cit national dans son programme[7]. Le titre se trouve alors en rupture de stock sur la plateforme de vente Ă  distance Amazon[13].

Suzanne Citron a par ailleurs été membre du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire[14].

Elle meurt Ă  Paris le Ă  l’ñge de 95 ans et est inhumĂ©e aux cĂŽtĂ©s de son mari Ă  Montjustin (Alpes-de-Haute-Provence).

Prise de position

En , dans une tribune parue sur le site Internet du quotidien Le Monde et intitulĂ©e « En invitant Netanyahou, Emmanuel Macron instrumentalise l’histoire de France », Suzanne Citron critique ce qu'elle juge comme une instrumentalisation de l'histoire de France par Emmanuel Macron, coupable, Ă  ses yeux, d'alimenter une confusion sur l’histoire de France en invitant le premier ministre israĂ©lien Ă  la commĂ©moration de la rafle du VĂ©l’ d’Hiv[15].

Sa position, Ă©tayĂ©e sous la forme de trois paragraphes, est la suivante : « InternĂ©e Ă  Drancy le 4 juillet 1944 et libĂ©rĂ©e par les Ă©vĂ©nements du 17 aoĂ»t 1944, je dĂ©nie formellement toute justification Ă  la prĂ©sence d’un homme cautionnant les exactions et les mĂ©faits de la colonisation israĂ©lienne en Palestine et je rĂ©cuse la sempiternelle et dĂ©magogique confusion entre antisĂ©mitisme et critique de l’État d’IsraĂ«l[1]. »

Vie privée

Elle était l'épouse de l'historien de la littérature française et musicologue Pierre Citron (1919-2010).

Publications

  • L'École bloquĂ©e, Bordas, 1971.
  • Enseigner l’histoire aujourd'hui : la mĂ©moire perdue et retrouvĂ©e, Les Éditions ouvriĂšres, 1984.
  • Le Mythe national : l'Histoire de France en question, Les Éditions ouvriĂšres, 1987.
  • Le Bicentenaire et ces Ăźles que l'on dit françaises, Syllepse, 1989.
  • L'Histoire de France autrement, Les Éditions de l'Atelier, 1992 ; 2e Ă©d. 1995.
  • L'Histoire des hommes, Syros jeunesse, 1996 ; nouvelle Ă©dition mise Ă  jour 1999, version numĂ©risĂ©e 2015 (« L'histoire des hommes, racontĂ©e par Suzanne Citron », sur www.chalifour.fr (pdf de 340 Mo)).
  • Mes lignes de dĂ©marcation : croyances, utopies, engagements, Syllepse, 2003.
  • Le Mythe national : l'Histoire de France revisitĂ©e, Les Éditions de l'Atelier/Les Éditions ouvriĂšres (poche), 2008 (Ă©dition de 1987 actualisĂ©e) ; nouvelle Ă©dition en 2017.

Distinctions

Hommage

Le , le Département donne son nom au bùtiment des Archives départementales de la Seine-Saint-Denis[16].

Notes et références

  1. Antoine Flandrin, « L’historienne Suzanne Citron est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne AccĂšs payant)
  2. MinistĂšre de la culture
  3. MinistĂšre de la culture
  4. "DĂ©cĂšs de Suzanne Citron : l’historienne qui a dĂ©construit le mythe national", francetvinfo, 25 janvier 2018.
  5. Suzanne Citron, Le mythe national : l'histoire de France revisitĂ©e, Éd. l'Atelier, L'Atelier de poche, rĂ©Ă©d. 2017, p. 17.
  6. Bulletin 2019 de l’Association amicale des anciennes et anciens Ă©lĂšves du lycĂ©e MoliĂšre, 2019, p. 23.
  7. Antoine Flandrin, « L’historienne Suzanne Citron est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. Sur sa jeunesse et les circonstances qui se trouvent Ă  l'origine de ses prises de position comme historienne et comme citoyenne, voir l'entretien qu'elle a accordĂ© Ă  L'HumanitĂ© en 2014 : « Suzanne Citron : “Une France des diversitĂ©s et des multiples racines reste Ă  inventer” », L'HumanitĂ©, 26 mars 2014.
  9. SUDOC 096750898
  10. « Citron Suzanne [née Grumbach Suzanne »], sur maitron-en-ligne.univ-paris1.fr
  11. Laurent Joffrin, « Une histoire de France dĂ©nationalisĂ©e », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  12. AndrĂ© Loez, « L’histoire, passion française, suite », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Emma Defaud, « Sur Amazon, les ventes du livre offert Ă  Fillon sur France 2 s'envolent », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. « Adhérents du CVUH », sur blogspot.fr (consulté le ).
  15. Suzanne Citron, « Suzanne Citron en invitant Netanyahou Emmanuel Macron instrumentalise l'histoire de france », sur https://www.lemonde.fr, (consulté le )
  16. « La Seine-Saint-Denis, toujours plus engagĂ©e en faveur de l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes », sur seinesaintdenis.fr (consultĂ© le )

Liens externes

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