Accueil🇫🇷Chercher

Superhélice

Une superhélice, ou coiled coil, est un motif structurel de protéines dans lequel de deux à sept[3] hélices α sont enroulées ensemble les unes autour des autres — les dimères et les trimères sont les structures les plus fréquentes. Des protéines présentant ce type de structures sont impliquées dans des fonctions biologiques importantes, par exemple les facteurs de transcription dans l'expression génétique. Les oncoprotéines c-Fos et c-Jun (en), de même que la tropomyosine, sont des exemples notables de telles protéines.

Glissière à leucine GCN4 (PDB 1ZIK[1]), offrant un exemple typique de superhélice.
Hexamère de gp41 (en) en superhélice (PDB 1AIK[2]).

Les structures en superhĂ©lices contiennent gĂ©nĂ©ralement des motifs rĂ©pĂ©tĂ©s de sept rĂ©sidus — heptade rĂ©pĂ©tĂ©e — de la forme hxxhcxc, constituĂ©s de rĂ©sidus d'acides aminĂ©s hydrophobes (h) et Ă©lectriquement chargĂ©s (c) sĂ©parĂ©s par des rĂ©sidus variables (x)[4]. Les positions des rĂ©sidus dans ce motif rĂ©pĂ©tĂ© sont gĂ©nĂ©ralement notĂ©s abcdefg, oĂą a et d sont les positions occupĂ©es par des acides aminĂ©s hydrophobes, souvent l'isoleucine, la leucine ou la valine. Lorsque cette sĂ©quence est enroulĂ©e en une hĂ©lice α, ces rĂ©sidus hydrophobes s'alignent en une bande formant elle-mĂŞme une hĂ©lice gauche autour de l'hĂ©lice α. Il en rĂ©sulte une structure amphiphile qui, dans le cytoplasme d'une cellule, tend Ă  dimĂ©riser de telle sorte que deux hĂ©lices α s'enroulent l'une autour de l'autre en mettant en contact leurs rĂ©sidus hydrophobes respectifs[5]. Le contact entre les deux hĂ©lices α est particulièrement Ă©troit, les chaĂ®nes latĂ©rales des rĂ©sidus a et d Ă©tablissant presque toutes les interactions de van der Waals possibles. Cet empilement Ă©troit avait Ă©tĂ© initialement prĂ©dit par Francis Crick en 1952 et est appelĂ© empilement « bosses dans creux Â» (knobs into holes)[6]. Les hĂ©lices α peuvent ĂŞtre parallèles ou antiparallèles, et forment gĂ©nĂ©ralement une superhĂ©lice gauche. Quelques superhĂ©lices droites ont Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©es dans la nature et dans des protĂ©ines synthĂ©tiques[7].

Rôle des superhélices dans l'infection à VIH

La pénétration du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) dans les lymphocytes T auxiliaires commence avec la liaison de trois sous-unités de la glycoprotéine gp120 au récepteur CD4 et à un corécepteur. La glycoprotéine gp120 est étroitement associée à un trimère de glycoprotéines gp41 (en) par des forces de van der Waals. La liaison de la gp120 au récepteur CD4 et au corécepteur induit un ensemble de modifications conformationnelles qui conduisent à la dissociation de la gp120, à l'exposition de la gp41 et à l'ancrage de l'extrémité N-terminale de cette dernière dans la cellule hôte. Un mécanisme à ressort met en contact la membrane plasmique avec l'enveloppe virale afin qu'elles fusionnent. Ce mécanisme à ressort est constitué par la glycoprotéine gp41 qui possède deux heptades répétées au niveau de l'extrémité N-terminale (HR1) et de l'extrémité C-terminale (HR2). La région HR1 forme une superhélice trimérique parallèle sur laquelle s'enroule la région HR2 en formant un trimère d'épingles à cheveux à six hélices qui provoque la fusion des deux membranes. Le virus peut alors pénétrer dans la cellule cible et y commencer à se répliquer.

Notes et références

  1. (en) Lino Gonzalez Jr., Derek N. Woolfson et Tom Alber, « Buried polar residues and structural specificity in the GCN4 leucine zipper », Nature Structural Biology, vol. 3, no 12,‎ , p. 1011-1018 (PMID 8946854, DOI 10.1038/nsb1296-1011, lire en ligne)
  2. (en) David C. Chan, Deborah Fass, James M. Berger et Peter S. Kim, « Core Structure of gp41 from the HIV Envelope Glycoprotein », Cell, vol. 89, no 2,‎ , p. 263-273 (PMID 9108481, DOI 10.1016/S0092-8674(00)80205-6, lire en ligne)
  3. (en) Jie Liu, Qi Zheng, Yiqun Deng, Chao-Sheng Cheng, Neville R. Kallenbach et Min Lu, « A seven-helix coiled coil », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 103, no 42,‎ , p. 15457-15462 (PMID 17030805, PMCID 1622844, DOI 10.1073/pnas.0604871103, lire en ligne)
  4. (en) Jody M. Mason et Katja M. Arndt, « Coiled Coil Domains: Stability, Specificity, and Biological Implications », ChemBioChem, vol. 5, no 2,‎ , p. 170-176 (PMID 14760737, DOI 10.1002/cbic.200300781, lire en ligne)
  5. (en) Israel Hanukoglu et Liora Ezra, « Proteopedia entry: Coiled-coil structure of keratins », Biochemistry and Molecular Biology Education, vol. 42, no 1,‎ , p. 93-94 (PMID 24265184, DOI 10.1002/bmb.20746, lire en ligne)
  6. (en) F. H. C. Crick, « Is α-Keratin a Coiled Coil? », Nature, vol. 170, no 4334,‎ , p. 882-883 (PMID 13013241, DOI 10.1038/170882b0, lire en ligne)
  7. (en) Pehr B. Harbury, Joseph J. Plecs, Bruce Tidor, Tom Alber et Peter S. Kim, « High-Resolution Protein Design with Backbone Freedom », Science, vol. 282, no 5393,‎ , p. 1462-1467 (PMID 9822371, DOI 10.1126/science.282.5393.1462, lire en ligne)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.