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Steinway & Sons

Les pianos Steinway & Sons sont issus d'une firme créée par une famille allemande, la famille Steinweg, déjà détentrice d'une marque de pianos. Le père Heinrich est né en 1797 (mort en 1871). Le nom Steinway est ainsi une américanisation de Steinweg[2], nom d'origine de la famille. Les pianos Steinway & Sons font partie du haut de gamme du marché des pianos.

Steinweg arrive en Amérique début avec trois de ses fils, où il travaille chez Bacon & Raven. New York est un eldorado puisque la majorité des ménages possède un piano.

Il décide de former ses fils qui déjà à l'âge de cinq ans aident leur père. Après son décès, sera fondée une filiale à Hambourg, en 1880 (les pianos Steinway de Hambourg et de New York n'ont pas la même sonorité).

Il fonde sa propre firme en 1853 avec ses fils avec un capital de 6 000 dollars.

Depuis l'origine, au total, un peu plus d'un demi-million d'instruments sont sortis des ateliers de Hambourg où, malgré le progrès des techniques, la place est laissée au coup de main et au talent de chacun ; seule manière de résister à la vague déferlante des pianos produits à la chaîne et à meilleur prix. Un piano Steinway & Sons est toujours à 80 % un produit fait main.

Steinway & Sons commence à déposer des brevets dès 1857, développant de nombreuses innovations dès les années 1860. Elles consistent notamment :

  • à créer un cadre en fonte d'une seule pièce pour le piano à queue (1859 et 1875) afin d'augmenter la résistance de l'instrument à la traction des cordes, dont la tension augmente continuellement face à la demande de piano de plus en plus puissants ;
  • à réaliser un croisement des cordes sur le piano à queue (1859) afin d'avoir des cordes basses plus longues et, par conséquent, d'une meilleure qualité sonore que ce qui était possible alors.

De plus, Wilhelm Steinweg, fils de Heinrich, fait en sorte que le piano devienne un instrument de plus en plus accessible : dons de pianos Steinway & Sons aux gens de renom et aux artistes, facilité de paiement (mensualités) ; ces pratiques donnent l'exemple à d'autres firmes.

Histoire

Immigration

Les membres de la famille Steinweg/Steinway.

Face à la révolution allemande de 1848 et aux difficultés économiques, Heinrich Engelhard Steinweg (1797 - 1871), facteur de pianos de la marque Steinweg, émigre aux États-Unis en 1850 avec une partie de sa famille[3]. Un de ses fils, Christian Friedrich Theodor Steinweg, reste en Allemagne, poursuivant l'entreprise de son père. Arrivés à New York, Steinweg et trois de ses fils travaillent pour la manufacture de piano de Bacon & Raven, jusqu'à ce que l'usine entre en grève, en 1853.

En , les Steinweg fondent alors leur propre firme, Steinway & Sons. Leur premier atelier se trouve dans un petit loft au 85 Varick Street à Manhattan, New York[4]. Le premier piano produit par Steinway & Sons porte le numéro de série 483, Steinweg ayant construit 482 pianos avant la fondation de Steinway & Sons. Vendu à une famille new-yorkaise pour 500 dollars, cette pièce de collection est aujourd'hui exposée au Städtisches Museum Seesen à Seesen, Allemagne. Moins d'un an après la fondation de l'entreprise, la demande est telle que la société est contrainte de déménager dans des locaux plus vastes au 82-88, rue Walker.

Il faut attendre l'année 1864 pour que les Steinweg américanisent légalement leur nom de famille en « Steinway »[5].

L'usine Steinway

Dans les années 1860, Steinway fait construire une nouvelle usine et des hangars pour abriter les réserves de bois. À l'époque, 350 hommes travaillent à Steinway & Sons, et la production passe de 500 à 1 800 pianos en une année. Les pianos Steinway subissent de nombreuses améliorations substantielles grâce à des innovations de Steinway, de la recherche scientifique et des industries (métallurgie, chimie, acoustique, etc.)[6] - [7]. Près de la moitié des 125 inventions brevetées sont élaborées par les première et seconde générations de la famille Steinway. Rapidement, les pianos Steinway remportent plusieurs prix importants lors d'expositions à New York, Paris et Londres[8].

Steinway Halls

En 1864, le fils de Henry E. Steinway, William Steinway, connu pour avoir établi le succès commercial de Steinway, construit une série de nouvelles salles d'exposition hébergeant plus de 100 pianos sur la 14e rue à New York. Deux ans plus tard, il supervise la construction du Steinway Hall à l'arrière des salles d'exposition. Le premier Steinway Hall ouvre ses portes en 1866[9]. Comptant plus de 2 000 places assises, il s'impose dans la vie culturelle new-yorkaise et accueille en résidence le New York Philharmonic les 25 années suivantes, jusqu'à l'ouverture du Carnegie Hall en 1891[10]. William Steinway crée également le département Concert & Artist, toujours existant aujourd'hui.

Nouvelles usines Steinway

En 1880, William Steinway établit un complexe, le Steinway Village, à Astoria dans le comté de Queens, à New York. Le Steinway Village devient une véritable ville d'entreprise, comprenant une nouvelle usine (encore utilisée aujourd'hui) avec ses propres fonderies, un bureau de poste, et des parcs et logements pour les employés. Il fait aujourd'hui partie de la ville de Long Island.

L'usine Steinway de Hambourg.

Pour répondre à la demande des clients du vieux continent et pour éviter les taxes européennes, William et Theodor ouvrent une nouvelle usine dans la ville allemande de Hambourg, sur la Schanzenstraße, en 1880[11]. Jusqu'à cette date, la société française Mangeot Frères et Cie de Nancy détenait l'exclusivité de l'utilisation des brevets de Steinway en France et fabriquait des pianos associant les deux marques[12]. En 1880 est également établie à Hambourg la « Steinway-Haus ». Puis, en 1909, une autre Steinway-Haus ouvre ses portes à Berlin. Dans les années 1900, Steinway s'établit dans les grands centres culturels de New York, Londres, Paris, Berlin, et de Hambourg.

Nouveau siècle

Steinway, Maison-Blanche.

En 1900, les deux usines Steinway produisent plus de 3 500 pianos par an, qui trouvent leur place dans de nombreuses salles de concert, écoles et maisons particulières à travers le monde. Dès 1857, Steinway commence à produire une nouvelle et très lucrative gamme de pianos de décoration (Art Case), conçus par des artistes de renom, qui devint populaire parmi les célébrités et les personnes aisées. Ces pianos se vendent aujourd'hui pour d'importantes sommes d'argent dans les enchères du monde entier. En 1903, le piano à queue Steinway numéro 100 000 est offert en cadeau à la Maison-Blanche. L'instrument – désormais exposé au National Museum of Natural History (Smithsonian Institution) – est remplacé en 1938 par le 300 000e, qui demeure à ce jour dans le salon Est de la Maison-Blanche[13].

Par la suite, Steinway diversifie sa gamme en fabriquant des pianos automatiques actionnés par énergie pneumatique. Plusieurs systèmes tels que Welte-Mignon, Duo-Art et Ampico sont retenus. Durant les années 1920, Steinway vend plus de 6 000 pianos par an. La production baisse après 1929, et pendant la Grande Dépression Steinway ne construit qu'un peu plus de 1 000 pianos par an. Entre 1935 et la Seconde Guerre mondiale, la demande augmente de nouveau.

Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'usine Steinway de New York reçoit de la part des armées alliées l'ordre de construire des planeurs en bois pour communiquer avec les troupes se situant derrière les lignes ennemies. De fait, peu de pianos peuvent être construits, à l'exception d'un modèle particulier, le Victory Vertical (aussi appelé G.I. piano), un petit piano droit transportable, fabriqué en 3 000 exemplaires et destiné à divertir les soldats américains.

L'usine de Hambourg, juridiquement américaine, est déclarée propriété ennemie à l'entrée en guerre des Américains, fin 1941[14]. Bechstein étant considéré fournisseur officiel de pianos du troisième Reich, l'usine Steinway n'est autorisée à vendre que vingt instruments par mois[14]. Entre 1942 et 1944, l'usine est réquisitionnée par le gouvernement nazi pour fabriquer des avions factices servant de leurres et des lits pour les abris anti-aériens. Dans les dernières années de la guerre, on ordonne à l'entreprise de se débarrasser de ses réserves de bois pour la production de guerre (notamment des crosses d'armes et des lits superposés[15]).

En 1943, un raid-aérien sur Hambourg détruit entièrement l'ancienne usine de Schanzenstraße, qui ne comprenait à cette époque plus que des bureaux administratifs. Un des bâtiments de l'usine de Rondenbarg est également endommagé par un bombardement allié en 1944.

Après la Guerre

Steinway achève la restauration de son usine de Hambourg avec l'aide du plan Marshall. La renaissance culturelle d'après-guerre stimule la demande pour le divertissement, et Steinway augmente sa production pour les usines de New York et de Hambourg de 2 000 en 1947 à 4 000 pianos par an dans les années 1960. Pendant la guerre froide, les instruments Steinway demeurent l'un des rares produits du monde libre achetés par l'Union soviétique ; on trouve des pianos Steinway au Théâtre Bolchoï, à l'Orchestre philharmonique de Moscou, au Conservatoire de Moscou, au Conservatoire de Saint-Pétersbourg et à l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, parmi d'autres écoles et orchestres symphoniques de l'URSS.

Transformations

En 1972, après une crise financière de longue durée, des problèmes juridiques avec la marque Grotrian-Steinweg, et un manque d'intérêt pour l'entreprise de la part de certains membres de la famille, Steinway & Sons est vendue à CBS. En 1985, CBS vend Steinway à un groupe d'investisseurs privés, Steinway Musical Properties Inc, dont font partie les frères John et Robert Birmingham[16].

Steinway numéro 500 000.

En 1988, Steinway & Sons fabrique son 500 000e piano. Le piano est construit par l'usine Steinway de New York avec la participation de l'usine de Hambourg. Le 500 000e piano est dessiné par l'artiste Wendell Castle et porte les signatures de plusieurs centaines de pianistes jouant avec les pianos de la marque, tels que Vladimir Horowitz et Elton John[17].

En 1995, Steinway Musical Properties est racheté pour plus de 100 millions de dollars par un groupe d'investisseurs appartenant à Kyle Kirkland et Dana Messina. La maison mère de Steinway & Sons fusionne avec le fabricant d'instruments à vent Selmer, acquis deux ans plus tôt, pour former Steinway Musical Instruments, qui entre en Bourse en 1996.

Nouveau millénaire

L'entreprise a mis à jour et augmenté la production de ses deux autres marques, Boston et Essex, en plus des produits phares Steinway & Sons. De nouveaux salons et salles d'exposition Steinway ouvrent, principalement au Japon, en Corée et en Chine.

En 2003, Steinway célèbre son 150e anniversaire à Carnegie Hall[18]. De plus, le couturier Karl Lagerfeld dessine une piano pour l'occasion que la marque eut produit en 150 exemplaires, le A-188 "Karl Lagerfeld".

En , l'usine Steinway de Hambourg célèbre son 125e anniversaire.

Henry Ziegler Steinway, l'arrière-petit-fils du fondateur de Steinway, travaillait toujours pour Steinway et apposait sa signature sur les pianos fabriqués sur mesure en édition limitée, jusqu'à sa mort en [19].

En 2015, Steinway produit son 600 000e piano, le Fibonacci, décoré par le maître artisan Frank Pollaro et estimé à 2,4 millions de dollars[20].

En , Steinway annonce l'acquisition de l'entreprise allemande Louis Renner GmbH & Co. KG[21], qui manufacture des mécaniques de pianos à queue et de pianos droits, des pièces détachées et des outils destinés aux professionnels de la facture de piano.

Fabrication actuelle et prix de vente moyen

Sur la plaque de fonte, colonne vertébrale de l’instrument, la signature Steinway est peinte à la main.

Les usines Steinway, avec en chef de file la manufacture historique de Hambourg et ses 450 employés, produisent annuellement 600 pianos droits (prix moyen de 31 000 ) et 3 000 pianos à queue (petits au prix moyen de 64 000 , grands pianos de concert au prix moyen de 144 000 )[22]. Un Steinway est composé de plus de 12 000 pièces différentes[23]. Il faut environ un an pour en fabriquer un, car 80 % du travail est toujours fait à la main. Après deux années de séchage des bois (érable, tilleul, ébène), les ouvriers confectionnent une ceinture constituée de 20 couches de bois. Cette ceinture subit un séchage en une centaine de jours, puis est assemblée à des éléments de stabilisation (cadre en fonte sur lequel la signature Steinway est peinte à la main, table d'harmonie) pour résister aux 20 tonnes de tension que supportent les cordes tendues du piano. Les touches du clavier, longtemps en ivoire, sont en PVC depuis 1989[24]. Les pianos Steinway allemands fabriquent leurs tables d'harmonies avec le bois de la forêt Tarvisio en Italie (là où Antonio Stradivari prenait son bois de lutherie).

Cette fabrication est aussi bien destinée aux particuliers qu'aux professionnels. Steinway revendique que neuf pianistes concertistes sur dix utilisaient les pianos de sa marque en 2012[25].

Notes et références

  1. « http://www.neighborhoodpreservationcenter.org/db/bb_files/2013-SteinwaySonsReceptionRoomHallwayInterior.pdf » (consulté le )
  2. « Weg », en allemand, et « Way », en anglais, signifient tous les deux « chemin ».
  3. Lieberman: Steinway & Sons. pp. 14-15.
  4. Goldenberg: Steinway. p. 20.
  5. Lieberman: Steinway & Sons. p. 17.
  6. (en) Steinway patents
  7. (en) Steinway patents acquired from 1850 to 1874
  8. (en) Keys to success, David Liebeskind, New York University's Leonard N. Stern School of Business.
  9. (en) A Brief History of Steinway & Sons, Steinway Dallas.
  10. Lieberman: Steinway & Sons. p. 51.
  11. (en) Steinway History, Steinway & Sons Official Website, 2007.
  12. « Tout savoir sur les pianos Steinway » (consulté le )
  13. "A Piano is Born, Needing Practice", The New York Times, .
  14. Ronald V. Ratcliffe, Steinway. San Francisco: Chronicle Books, 2002. (ISBN 0-8118-3389-5).
  15. Charles Gautier, « À Hambourg, le secret symphonique des pianos Steinway », Le Figaro, samedi 3 / dimanche 4 juin 2017, page 17.
  16. (en) Steinway musical instruments, EDGAR Online, 14 mai 1996.
  17. (en) Lyra - 150 years Steinway & Sons, p. 15.
  18. "Fanfare for the Uncommon Piano", The New York Times, 6 juin 2003.
  19. (en) Henry Z. Steinway, Piano Maker, Dies at 93, The New York Times, 18 septembre 2008.
  20. Cécilia Delporte, « Le nouveau piano d’exception de Steinway & Sons », sur lesechos.fr,
  21. (en) « Steinway & Sons announces the acquisition of the Louis Renner Company », sur https://www.steinway.com, (consulté le )
  22. (en) Miles Chapin, 88 Keys. The Making of a Steinway Piano, Amadeus Press, , p. 136
  23. Nathalie Chahine, « Steinway: dans l'atelier des Rolls du piano », sur lexpress.fr,
  24. Vanessa Zocchetti, « Dans l’atelier de Steinway & Sons », sur leparisien.fr,
  25. (en) « Steinway & Sons Releases “Box Score” Results for Last Concert Season », sur steinway.com,

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Susan Goldenberg, Steinway: from glory to controversy; the family, the business, the piano. Oakville, Ontario: Mosaic Press, 1996. (ISBN 0-88962-607-3).
  • (en) Ronald V. Ratcliffe, Steinway. San Francisco: Chronicle Books, 1989. (ISBN 0-87701-592-9). upd. édition, 2002. (ISBN 0-8118-3389-5)
  • (en) Richard K. Lieberman, Steinway & Sons. New Haven: Yale Univ. Press, 1995. (ISBN 0-300-06364-4)
  • (en) Miles Chapin, 88 keys: the making of a Steinway piano. New York: Potter, 1997. (ISBN 0-517-70356-4)
  • (en) Theodore E. Steinway, People and Pianos, A Century of Service to Music, Steinway & Sons, New York, 1853-1953. 1re édition. New York: Steinway, 1953. OCLC 685863
  • (en) Theodore E. Steinway, People and Pianos: A Pictorial History of Steinway & Sons, 3e édition. [S.l.]: Classical Music Today; Pompton Plains, N.J. : Amadeus Press, 2005. (ISBN 1-57467-112-X) or (ISBN 978-1-57467-112-4)
  • (en) James Barron, Piano: The Making of a Steinway Concert Grand. New York: Holt, 2006; reprint: Times Books, 2007. (ISBN 0805078789) or (ISBN 978-0805078787)
  • (en) Arthur Loesser, Men, women, and pianos: a social history. Mineola, NY: Dover Publications, 1990. Replication of the work published by Simon and Schuster, New York, 1954. (ISBN 0-4862-6543-9)
  • (en) Cyril Ehrlich, The Piano: A History, revised edition. Oxford: Clarendon, 1990. (ISBN 0-19-816171-9)
  • (en) (de) Max Matthias, Steinway Service Manual - Guide to the care of a Steinway, 3e édition. Bergkirchen: PPV-Medien/Bochinsky, 2006. (ISBN 978-3-923639-15-1)
  • (en) Larry Fine, The Piano Book: Buying & Owning a New or Used Piano. Jamaica Plain, Mass.: Brookside Press, 2001.
  • (en) Larry Fine, 2007-2008 Annual Supplement to The Piano Book. Jamaica Plain, Mass.: Brookside Press, 2007. (ISBN 1-929145-21-7) (pages 13–14, 96-100, 184-187.)

Filmographie

  • Note by Note: The Making of Steinway L1037, film documentaire qui suit la construction d'un piano Steinway (2007).
  • Pianomania (2009).
  • Anime: Shigatsu wa kimi no uso : Your lie in april (2014)

Lien externe

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