Accueil🇫🇷Chercher

Stéphane Ier (exarque bulgare)

L’exarque Stéphane Ier, en bulgare Екзарх Стефан I, translittération scientifique internationale Ekzarh Stefan I (nom civil : Stojan Popgeorgiev Šokov) était un religieux bulgare, qui dirigea la hiérarchie de l’Église orthodoxe bulgare de 1945 à 1948 avec le titre d'exarque. Il est l’auteur de nombreux textes, études théologiques, discours, etc. Son nom est aujourd’hui surtout associé à son rôle dans le sauvetage des juifs bulgares pendant la Seconde Guerre mondiale. En 2001, le Mémorial de Yad Vashem lui a décerné le titre de « Juste parmi les nations ».

Exarque Stéphane Ier
Description de cette image, également commentée ci-après
L’exarque Stéphane Ier
Nom de naissance Stojan Popgeorgiev Šokov
Naissance
Široka lăka, Principauté de Bulgarie Drapeau de la Bulgarie
Décès
Banja, République populaire de Bulgarie, obština de Karlovo
Nationalité bulgare
Pays de résidence Bulgarie
Profession
ecclésiastique
Activité principale
ecclésiastique, théologien
La maison natale de l’exarque Stéphane à Široka lăka

Jeunesse et formation, 1878-1910

Stojan Popgeorgiev Šokov est né le (19 septembre selon le calendrier grégorien) 1878 dans le village de Široka lăka dans l’oblast de Smoljan, dans les Rhodopes[1] Il fréquenta l’école primaire de son village natal (1886-1893), puis continua sa formation dans les villages d’Orehovo près de Čepelare (1892-1893). Il fut ensuite formé au séminaire de Samokov, de 1893 à 1896, et en en sortit premier de sa promotion. De 1896 à 1900, il travailla comme instituteur dans le village de Solica près de Široka lăka. Il adhéra à cette époque au comité révolutionnaire organisé par Vălčo Sarafov[2].

Il étudia ensuite à l’Académie religieuse de Kiev (1900-1904), d’où il sortit avec le titre de « candidat ». De 1904 à 1907, il travailla ensuite comme professeur au lycée de garçons de Plovdiv. De 1907 à 1910, il enseigna ensuite au séminaire bulgare de Constantinople.

Carrière dans l’Église orthodoxe bulgare

Le 16 octobre (29 octobre selon le calendrier grégorien) 1910, il reçut la tonsure et revêtit l’habit monastique sous le nom de Stéphane. Trois jours plus tard, il devint protosingel de l’exarchat bulgare de Constantinople. Le 8/, le hiéromoine Stéphane fut intronisé archimandrite. En 1912-1913, il soutint la campagne de christianisation des Pomaks dans les terres annexées par la Bulgarie après les guerres balkaniques.

En 1913, il collabora à l’enquête menée par la Fondation Carnegie pour la paix internationale et à la commission chargée de conclure la paix avec l’Empire ottoman. Au début de l’été 1913, l’archimandrite Stéphane rentra en Bulgarie et s’installa avec l’exarque Joseph Ier à Sofia où le siège de l’exarchat avait été déplacé.

De 1915 à 1919, il se spécialisa en théologie à Genève, puis soutint un doctorat à Fribourg (Suisse). Pendant son séjour en Suisse, l’archimandrite Stéphane fut membre de l’Union bulgare, dont le but était de défendre les intérêts nationaux bulgares à l’étranger. Polyglotte remarquable, il fut un des représentants les plus actifs de l’émigration bulgare en Suisse.

En 1921, il fut ordonné évêque de Marcianopolis (nom antique de l’actuel village de Devnja près de Varna), et en 1922, il fut élu métropolite de Sofia, poste qu’il conserva pendant 26 ans. Entre les deux guerres, il participa activement au mouvement œcuménique et représenta l’Église orthodoxe bulgare dans un grand nombre de conférences internationales. Il œuvra à la remise en cause du schisme qu’il considérait comme imposé à l’Éparchie bulgare en 1872.

Rôle dans le sauvetage des juifs bulgares

En 1943, il participa activement au mouvement de sauvetage des Juifs bulgares. Stéphane avait pris position contre l’antisémitisme dès 1938[3]. En 1941, le gouvernement de Bogdan Filov décréta, sous la pression de l’Allemagne nazie, une série de mesures antisémites, que Stéphane critiqua ouvertement, demandant même à ses popes de ne pas refuser le baptême à tout juif souhaitant le recevoir[4]. Au moment où devait être mise en œuvre la législation, Stéphane s’opposa aux humiliations infligées aux juifs et à leur déportation par des déclarations fracassantes, affirmant notamment dans un sermon que Dieu punissait les juifs pour leurs péchés, mais qu’il revenait à Dieu seul de décider de leur sort, aucun homme n’ayant le droit de les persécuter. Il concluait même en affirmant qu’au contraire, il était du devoir de tout chrétien de les traiter comme des frères et de leur venir en aide par tous les moyens[5]. En , le Grand-Rabbin de Sofia se réfugia chez lui[6].

Le dernier des exarques

De 1944 à 1945, il exerça en outre les fonctions de vice-président du Saint-Synode. Le , il fut élu exarque par cette même instance : il sera le quatrième et dernier à exercer ces fonctions. Le 22 février de la même année, il abolit le schisme de l’Église orthodoxe bulgare. Cette décision fut acceptée par le Patriarcat de Constantinople, qui reconnut l’autocéphalie de l’Église bulgare. Dans le contexte de prise du pouvoir du Parti communiste bulgare devenu parti unique, Stéphane s’opposa à toute participation du clergé à la vie politique d’un État athée persécutant les religieux. Dans ce contexte il fut obligé le à démissionner de ses fonctions d’exarque.

Le , il fut assigné à résidence dans le village de Banja près de Karlovo. Le pouvoir lui interdit d’en sortir, d’avoir des activités en faveur de l’Église et de célébrer le culte, mais évita de l’emprisonner[7]. Il mourut à Banja le et fut enterré dans l’église du monastère de Bačkovo.

Stéphane est l’auteur de nombreux textes et travaux théologiques, notamment Sur le chemin de Damas (На път за Дамаск, 1932), L’Église bulgare (Българската Църква, 1932), La Notion de service pastoral (Същината на пастирското служение, 1935), Religion et science (Религия и наука, 1937).

Hommage à Stéphane Ier

L’intérêt pour la vie et l’œuvre de Stéphane Ier a connu une renaissance dans les années 1990, à la suite des changements politiques qui menèrent à la fin du régime communiste. Des publications lui ont été consacrées, en particulier en 1998, lors de la commémoration du 120e anniversaire de sa naissance.

Le nom de Stéphane a surtout été évoqué afin de rendre hommage à son rôle dans le sauvetage des juifs bulgares pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours de sa session du , le Mémorial de Yad Vashem lui a décerné le titre de « Juste parmi les nations », pour le rôle qu’il joua en 1943. Le certificat, daté du , précise que « son nom sera gravé pour toujours sur le mur d’honneur de l’allée des Justes parmi les nations ».

Monument en l’honneur de l’exarque Stéphane à Široka lăka

En 2003, le 125e anniversaire de sa naissance a été célébré avec un relief particulier. À cette occasion, une cérémonie commémorative s’est déroulée dans son village natal de Široka lăka, au cours de laquelle a été inauguré un buste-mémorial. L’ambassadeur d’Israël en Bulgarie, Avram Sharon, ainsi que son prédécesseur, Emanuïl Zisman, accompagné d’une délégation israélienne de 43 personnes, ont assisté à cette cérémonie. Avram Sharon a évoqué les mérites de Stéphane de la façon suivante : « Pour les juifs bulgares et pour la nation israélienne, l’exarque Stéphane symbolise le sauvetage, qui résulte de la tolérance bulgare. La nation israélienne et les juifs du monde entier ne l’oublieront pas et seront toujours profondément reconnaissants envers ses sauveteurs. » Emanuïl Zisman, pour sa part, déclara au sujet de la vie et des mérites de Stéphane : « Si l’humanisme était un critère, il faudrait que l’Europe adhère à la Bulgarie et non le contraire[8]. »

Annexes

Bibliographie

  • Marshall Lee Miller, Bulgaria during the Second World War, Stanford University Press, 1975, (ISBN 0-8047-0870-3), p. 96 (site Google livres, consulté le ).
  • Борис Цацов, Архиереите на Българската православна църква. София, Хеликон, 2003, 360 p.
  • Spas Raikin, « The Communists and the Bulgarian Orthodox Church: The Rise and Fall of Exarch Stefan », in: Religion in Communist Lands, Chislehurst, 1984, Winter, p. 281-291.
  • Даниела Калканджиева, « Изборът на Софийския митрополит Стефан за екзарх », in: Минало, 1995, № 4, p. 65-71.
  • Даниела Калканджиева, « Българската православна църква и държавата 1944-1953 », София, Албатрос, 1997, 351 p.
  • Български екзарх Стефан I, Сборник. Избрани речи, слова, поучения, статии и архипастирски напътствия. [2 доп. изд.]. София, Сиела, 1998, 552 p.
  • Татяна В. Волокитина, « Съдбата на Екзарх Стефан в контекста на съветско-българските отношения (40-50-те години на ХХ век) », in: Исторически преглед, София, БАН, 2003, № 5-6, p. 212-231.
  • Екзарх Стефан I Български, Документален сборник. Съст. Л. Любенова, Л. Спасов, Р. Пенджекова, П. Карамфилова. Смолян, „Отворено общество”, 2003, 383 p.
  • Русалена Пенджекова, Личността и делото на екзарх Стефан в българската историческа памет. Смолян, „Отворено общество”, 2007, 349 p. (site electronic-library, consulté le ).
  • Русалена Пенджекова-Христева, Един забравен ръкопис на екзарх Стефан I Български ("Богомилите и Презвитер Козма"- извороведски и археографски аспекти), Смолян. Издателство "Съюз на учените в България", 2011, 156 p. (site electronic-library, consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. La plupart des informations biographiques contenues dans cet article sont extraites du site de l’Église orthodoxe bulgare : Екзарх Стефан I Български (site consulté le 17 août 2010).
  2. Христо Караманджуков, Западнотракийските българи в своето култорно-историческо минало с особен поглед към тяхното политико-революционно движение. София, 1934, p. 51.
  3. The Salvation of Bulgarian Jews (site de l’association des étudiants bulgares de Toronto, consulté le 17 août 2010).
  4. Marshall Lee Miller, Bulgaria during the Second World War, Stanford University Press, 1975, (ISBN 0-8047-0870-3), p. 96 (site Google livres, consulté le 17 août 2010).
  5. Ibid., p. 98 (site Google livres, consulté le 17 août 2010).
  6. Ibid., p. 104 (site Google livres, consulté le 17 août 2010).
  7. Екзарх Стефан I Български (site consulté le 17 août 2010).
  8. На 14 май 1957 година умира Екзарх Стефан I (site consulté le 18 août 2010).

Cet article utilise le système de l'Organisation des Nations unies de translittération de l'alphabet cyrillique (également appelé « système scientifique de translittération »), le seul qui constitue une norme scientifique internationalement reconnue.

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.