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Snark (graphe)

En thĂ©orie des graphes, une branche des mathĂ©matiques, un snark est un graphe cubique connexe, sans isthme et d'indice chromatique Ă©gal Ă  4. En d'autres termes, c'est un graphe dans lequel chaque sommet a trois voisins, et dont les arĂȘtes ne peuvent pas ĂȘtre colorĂ©es avec seulement 3 couleurs sans que deux arĂȘtes de mĂȘme couleur ne se rencontrent en un mĂȘme sommet (d'aprĂšs le thĂ©orĂšme de Vizing, l'indice chromatique d'un graphe cubique est 3 ou 4).

Le snark fleur est l'un des 6 snarks Ă  20 sommets.
Une coloration des arĂȘtes de avec 4 couleurs.

Pour Ă©viter les cas triviaux, on exige souvent de plus que les snarks aient une maille d'au moins 5.

Les snarks ont été nommés ainsi par le mathématicien américain Martin Gardner en 1976, d'aprÚs l'objet mystérieux et insaisissable du poÚme La Chasse au Snark de Lewis Carroll[1].

Historique

Peter Guthrie Tait a initiĂ© l'Ă©tude des snarks en 1880, quand il a prouvĂ© que dĂ©montrer le thĂ©orĂšme des quatre couleurs revenait Ă  dĂ©montrer que tout graphe cubique planaire pouvait avoir ses arĂȘtes colorĂ©es avec trois couleurs. Ou dit autrement, qu'aucun snark n'est planaire[2].

Le premier snark connu était le graphe de Petersen, découvert en 1898. En 1946, le mathématicien croate Danilo Blanuƥa découvrit deux autres snarks, tous deux à 18 sommets, à présent appelés les snarks de Blanuƥa[3]. Le quatriÚme snark connu a été découvert deux ans plus tard par Bill Tutte, sous le pseudonyme de Blanche Descartes, et comportait 210 sommets[4] - [5]. En 1973, George Szekeres a découvert le cinquiÚme snark connu, le snark de Szekeres[6]. En 1975, Rufus Isaacs a généralisé la méthode de Blanuƥa afin de construire deux familles infinies de snarks : les snarks fleurs et les BDS ou snarks de Blanuƥa-Descartes-Szekeres, une famille qui comprend les deux snarks de Blanuƥa, le snark de Descartes et le snark de Szekeres[7]. Isaacs découvrit aussi un snark à 30 sommets qui n'appartient pas à la famille BDS et qui n'est pas un snark fleur : le snark double étoile.

Écrivant dans The Electronic Journal of Combinatorics, Miroslav ChladnĂœ affirme que « En Ă©tudiant les nombreux problĂšmes importants et difficiles de la thĂ©orie des graphes (comme la conjecture du double recouvrement et la conjecture du 5-flux, on tombe sur une sorte intĂ©ressante de graphes quelque peu mystĂ©rieuse appelĂ©s snarks. En dĂ©pit de leur simple dĂ©finition 
 et aprĂšs plus d'un siĂšcle d'investigations, leurs propriĂ©tĂ©s et leur structure restent largement inconnues[8]. »

Propriétés

Tous les snarks sont non-hamiltoniens, et plusieurs snarks connus sont hypohamiltoniens : en supprimant n'importe quel sommet, le graphe devient hamiltonien. Un snark hypohamiltonien est forcĂ©ment bicritique : en supprimant n'importe quelle paire de sommets, les arĂȘtes du graphes peuvent ĂȘtre colorĂ©es avec 3 couleurs[9] - [10].

On a pu démontrer que le nombre de snarks ayant un nombre pair donné de sommets est minoré par une fonction exponentielle de ce nombre de sommets[11] (comme les snarks sont des graphes cubiques, ils ont forcément un nombre de sommets pair). La suite A130315 de l'OEIS donne le nombre de snarks non triviaux à sommets pour les petites valeurs de : 0, 0, 0, 0, 1, 0, 0, 0, 2, 6, 20, 38, 280, 2900, 28399, 293059, 3833587, 60167732.

Conjecture du double revĂȘtement

Un double revĂȘtement du graphe de Petersen Ă  l'aide de cycles.

La conjecture du double revĂȘtement (en) affirme que dans tout graphe sans isthme, on peut trouver un ensemble de cycles passant deux fois par chaque arĂȘte. Une formulation Ă©quivalente est que le graphe peut ĂȘtre plongĂ© (en) dans une surface de telle sorte que toutes les faces du plongement soient des cycles simples.

Les snarks forment le cas difficile dans cette conjecture : si elle est vraie pour les snarks, elle le sera pour tous les graphes[12].

En rapport avec ce problĂšme, Branko GrĂŒnbaum a Ă©mis la conjecture qu'il Ă©tait impossible de plonger un graphe sur une surface de sorte que toutes les faces soient des cycles simples et que deux faces quelconques soit soient disjointes soit partagent une seule arĂȘte commune. Cette conjecture s'est rĂ©vĂ©lĂ©e fausse, Martin Kochol ayant trouvĂ© un contre-exemple[13] - [14] - [15].

ThéorÚme du snark

W. T. Tutte a Ă©mis la conjecture que tout snark a le graphe de Petersen comme mineur. En d'autres termes, il a Ă©mis l'hypothĂšse que l'on pouvait obtenir le plus petit snark, le graphe de Petersen, Ă  partir de n'importe quel autre snark en contractant certaines arĂȘtes et en supprimant des sommets isolĂ©s ou des arĂȘtes.

Une hypothĂšse Ă©quivalente est que tout snark peut ĂȘtre formĂ© Ă  partir du graphe de Petersen en subdivisant certaines de ses arĂȘtes par homĂ©omorphisme.

En 1999, Neil Robertson, Daniel Sanders, Paul Seymour et Robin Thomas ont annoncé une démonstration de la conjecture de Tutte[16]. Sarah-Marie Belcastro fait néanmoins remarquer qu'en 2012, leur démonstration reste en grande partie non publiée.

Tutte a Ă©galement Ă©mis une conjecture gĂ©nĂ©ralisant le thĂ©orĂšme du snark Ă  des graphes arbitraires : tout graphe sans isthme et sans graphe de Petersen comme mineur un flux nulle part nul de type 4 (en). Cela signifie que les arĂȘtes du graphe peuvent se voir affecter une orientation et un nombre Ă©gal Ă  1, 2 ou 3, de façon que la somme des nombres entrants moins la somme des nombres sortants soit divisible par 4 quel que soit le sommet. Comme Tutte l'a montrĂ©, pour les graphes cubiques une telle affectation existe si et seulement si les arĂȘtes peuvent ĂȘtre colorĂ©es avec 3 couleurs, donc la conjecture dĂ©coule du thĂ©orĂšme du snark dans le cas des graphes cubiques. NĂ©anmoins, la conjecture reste ouverte pour les autres graphes[17].

Liste de snarks

En 2012, Gunnar Brinkmann, Jan Goedgebeur, Jonas HÀgglund et Klas Markström ont généré tous les snarks jusqu'à 36 sommets grùce à une recherche par ordinateur[18].

Notes et références

  1. (en) Martin Gardner, « Mathematical Games », Scientific American, vol. 4, no 234,‎ , p. 126 Ă  130
  2. (en) Peter Guthrie Tait, « Remarks on the colourings of maps », Proc. R. Soc. Edinburgh, vol. 10,‎ , p. 729
  3. (hr) Danilo BlanuĆĄa, « Problem četiriju boja », Glasnik Mat. Fiz. Astr. Ser II, vol. 1,‎ , p. 31 Ă  42
  4. (en) Blanche Descartes, « Network-colourings », The Mathematical Gazette (London), no 32,‎ , p. 67 Ă  69
  5. (en) Martin Gardner, The Last Recreations : Hydras, Eggs, and Other Mathematical Mystifications, Springer, , 392 p. (ISBN 978-0-387-25827-0, lire en ligne).
  6. (en) George Szekeres, « Polyhedral decompositions of cubic graphs », Bull. Austral. Math. Soc., vol. 8, no 3,‎ , p. 367 Ă  387 (DOI 10.1017/S0004972700042660)
  7. (en) Rufus Isaacs, « Infinite families of non-trivial trivalent graphs which are not Tait-colorable », American Mathematical Monthly, vol. 82, no 3,‎ , p. 221 Ă  239 (DOI 10.2307/2319844, JSTOR 2319844)
  8. (en) Miroslav ChladnĂœ et Martin Ć koviera, « Factorisation of snarks », The Electronic Journal of Combinatorics, vol. 17,‎ , p. 32
  9. (en) E. Steffen, « Classification and characterizations of snarks », Discrete Mathematics, vol. 188, nos 1–3,‎ , p. 183 Ă  203 (DOI 10.1016/S0012-365X(97)00255-0, MR 1630478)
  10. (en) E. Steffen, « On bicritical snarks », Math. Slovaca, vol. 51, no 2,‎ , p. 141 Ă  150 (MR 1841443)
  11. (en) ZdzisƂaw SkupieƄ, « Exponentially many hypohamiltonian snarks », dans 6th Czech-Slovak International Symposium on Combinatorics, Graph Theory, Algorithms and Applications, coll. « Electronic Notes in Discrete Mathematics » (no 28), , 417 Ă  424 (DOI 10.1016/j.endm.2007.01.059)
  12. (en) F. Jaeger, « A survey of the cycle double cover conjecture », dans Annals of Discrete Mathematics 27 – Cycles in Graphs, vol. 27, , 1 Ă  12 (ISBN 978-0-444-87803-8, DOI 10.1016/S0304-0208(08)72993-1).
  13. (en) Martin Kochol, « Snarks without small cycles », Journal of Combinatorial Theory, Series B, vol. 67,‎ , p. 34 Ă  47.
  14. (en) Martin Kochol, « 3-Regular non 3-edge-colorable graphs with polyhedral embeddings in orientable surfaces », dans Graph Drawing 2008, Editors: I.G. Tollis, M. Patrignani, vol. 5417, , 319 à 323.
  15. (en) Martin Kochol, « Polyhedral embeddings of snarks in orientable surfaces », dans Proceedings of the American Mathematical Society, vol. 137, , 1613 à 1619.
  16. (en) Robin Thomas, « Recent Excluded Minor Theorems for Graphs », dans Surveys in Combinatorics, 1999, Cambridge University Press, , 201 à 222 (lire en ligne)
  17. (en) 4-flow conjecture, Open Problem Garden.
  18. (en) Gunnar Brinkmann, Jan Goedgebeur, Jonas HĂ€gglund et Klas Markström, « Generation and Properties of Snarks », arXiv,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Crédit d'auteurs

Liens externes

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