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Sim Var

Sim Var (en khmer : ស៊ážčម វ៉ា ; nĂ© le Ă  Phnom Penh et mort en Ă  Saint-Ouen[1]) est un homme politique cambodgien, premier ministre du Cambodge Ă  deux reprises entre le et le .

Sim Var
ស៊ážčម វ៉ា
Fonctions
Premier ministre du Cambodge
–
(2 mois et 16 jours)
Monarque Norodom Suramarit
Prédécesseur Penn Nouth
Successeur Norodom Sihanouk
–
(5 mois et 16 jours)
Monarque Norodom Suramarit
Prédécesseur Norodom Sihanouk
Successeur Ek Yi Oun
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Phnom Penh (Indochine française)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  83 ans)
Lieu de décÚs Saint-Ouen (France)
Nationalité Cambodgienne
Parti politique Parti démocrate cambodgien
Profession Diplomate

Sim Var
Premiers ministres du Cambodge

Il est l'oncle de l'Ă©crivain Soth Polin.

Biographie

Sim Var fut un des premiers nationalistes cambodgiens. En 1936, avec Son Ngoc Thanh et Pach Chhoeun, il lance un journal, Nagaravatta (« Notre cité »), dont le succÚs préoccupe les autorités françaises et qui aurait adopté à partir de 1940 une ligne éditoriale nettement anti-coloniale[note 1], mais également anti-vietnamienne[3].

En avril 1946, il fonde avec Sisowath Youtevong et Ieu Koeus le parti démocrate[4]. Cette formation militait pour une indépendance immédiate et un pays fondé sur le modÚle de la QuatriÚme République française[5].

Vainqueurs des Ă©lections de 1946, les dĂ©mocrates forment un gouvernement et offrent l'amnistie Ă  tous les rebelles indĂ©pendantistes Khmers issarak qui veulent les rejoindre. Pour les Français, cette offre incitait les Cambodgiens Ă  entretenir des relations avec la guĂ©rilla, ce qui ne pouvait que confirmer les soupçons de trahison du parlement envers le pouvoir colonial. En mars 1947, la police militaire française arrĂȘtait Sim Var, alors vice-prĂ©sident du parlement et 16 autres membres du parti. Ils Ă©taient accusĂ©s de faire partie d’une sociĂ©tĂ© secrĂšte pro-Japonaise prĂ©tendument dĂ©nommĂ©e « les Ă©toiles noires » liĂ©e au mouvement issarak et qui aurait projetĂ© l’assassinat de ressortissants français. Ils seront dĂ©tenus jusqu’à la fin de l’annĂ©e et relĂąchĂ©es sans procĂšs et sans qu’aucune preuve de l’existence de la sociĂ©tĂ© secrĂšte n’ait Ă©tĂ© fournie[6].

Il connaĂźtra sa premiĂšre expĂ©rience gouvernementale le 15 juin 1952, lorsque profitant de ses relations avec le prince Suramarit, pĂšre du roi, il est nommĂ© ministre de l’information d’un cabinet dirigĂ© par Norodom Sihanouk et dont le but avouĂ© est d’arracher aux Français l’indĂ©pendance totale du Cambodge dans les trois ans[7].

L'indépendance acquise dÚs l'année suivante, Norodom Sihanouk abandonne son trÎne à son pÚre en 1955 pour pouvoir se consacrer à la politique et fonde sa propre formation, le Sangkum Reastr Niyum[8]. Sim Var en devient le secrétaire, poste qu'il abandonnera à Sam Sary en décembre 1955[9].

Cinq annĂ©es plus tard, le 26 juillet 1957, alors que le prince se retire pour un temps de la politique, Sim Var accĂšde au poste de Premier ministre[10]. Le gouvernement veut « suivre la voie tracĂ©e par le prince », mais les parlementaires, qui veulent profiter de l'absence de Norodom Sihanouk pour acquĂ©rir une plus grande autonomie, se heurtent Ă  la rĂ©serve du nouveau Premier ministre Ă  leur Ă©gard. Le roi Norodom Suramarit ayant refusĂ© d’intervenir, le pouvoir se dĂ©lite et Sim Var, par le biais d’un Ă©ditorial dans un journal acquis Ă  sa cause demande instamment le retour du prince[11]. Quand Sihanouk revient Ă  Phnom Penh, il ne veut pas reprendre la tĂȘte du gouvernement et pense que la crise va se rĂ©sorber d’elle-mĂȘme. Toutefois, Sim Var est plus que jamais rĂ©solu Ă  cĂ©der la place et ses ennemis Ă  le faire partir. Le premier ministre suggĂšre alors de dissoudre l’assemblĂ©e, ce que Sihanouk hĂ©site Ă  faire et dĂ©cide de soumettre la question lors d’un prochain congrĂšs du Sangkum. Le congrĂšs est convoquĂ© pour janvier 1958. Il espĂšre alors qu’un dĂ©bat va rĂ©gler le problĂšme, mais les dissensions entre Sim Var et le parlement sont trop profondes pour ĂȘtre aplanies. AprĂšs deux jours de discussions, le gouvernement demande au roi de dissoudre l'assemblĂ©e. Le dĂ©cret est publiĂ© et les dĂ©putĂ©s Ă©lus en 1955 sont renvoyĂ©s Ă  leurs foyers[12].

AprÚs les nouvelles élections, Sim Var, qui avait été remplacé par Ek Yi Oun peu aprÚs la dissolution, retrouve son poste de premier ministre, mais trÚs vite des différends avec le parlement réapparaissent sur les questions économiques et il est contraint à la démission moins de trois mois aprÚs sa prise de fonction[13].

À partir du milieu des annĂ©es 1960, les relations entre Norodom Sihanouk et Sim Var se tendent, le second reprochant au premier de ne s'entourer que de courtisans plus intĂ©ressĂ©s par flatter l'orgueil du chef de l'État qu'Ă  lui prodiguer les conseils avisĂ©s dont il aurait bien besoin. Il finira par rejoindre l'aile conservatrice du Sangkum qui gagnera les Ă©lections de 1966[14].

Peu aprĂšs cette victoire, il prend le contrĂŽle du quotidien La DĂ©pĂȘche, puis, en 1967, de Khmer Ækreatch (« Khmer indĂ©pendant ») qui soutiennent ouvertement la politique menĂ©e par le nouveau Premier ministre Lon Nol[15]. Par leur ligne rĂ©solument anticommuniste, ces journaux s'opposent Ă  l'aile gauche du mouvement sihanoukhiste qui se rassemble derriĂšre Chau Seng et Hu Nim au sein d'un autre quotidien appelĂ© La Nouvelle DĂ©pĂȘche[16]. La bataille d’éditoriaux qui s'ensuit se transforme dĂšs le printemps 1967 en Ă©meute. Des centaines de jeunes sympathisants de gauche rĂ©pondent Ă  des articles acerbes de Khmer Ækreatch qui critiquaient la politique de rapprochement avec la Chine en prenant d’assaut le siĂšge du journal et dĂ©truisent son imprimerie. Les dĂ©gĂąts sont importants, mais il n’y aura ni blessĂ©s ni arrestations. Parmi les graffitis sur les murs, Ă  cĂŽtĂ© des « Longue vie Ă  Monseigneur Papa », on trouve des « Sim Var est un chien amĂ©ricain ». D’aprĂšs plusieurs comptes rendus de l’époque, beaucoup de manifestants semblaient d’origine chinoise, certainement excĂ©dĂ©s par les propos de Sim Var qui les accusait d’ĂȘtre au service du prĂ©sident Mao. Ces actes de violence servaient les desseins de Sihanouk et l’enquĂȘte qui en dĂ©coulera ne dĂ©bouchera sur aucune condamnation[17].

Membre de l’assemblĂ©e nationale qui dĂ©posera Norodom Sihanouk de son poste de chef de l’État le 17 mars 1970[18], il sera nommĂ© peu aprĂšs ambassadeur de la RĂ©publique khmĂšre Ă  Tokyo. Lorsque les troupes khmĂšres rouges investissent Phnom Penh en avril 1975, il se rĂ©fugie en France oĂč il dĂ©cĂ©dera en octobre 1989[19].

Lien externe

Notes et références

Notes

  1. D'aprÚs Ben Kiernan, l'anticolonialisme de Nagaravatta restait mesuré et se limitait à inciter les Cambodgiens à casser le monopole commercial détenu de fait par les communautés étrangÚres en créant leurs propres négoces[2].

Références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 22
  3. Philip Short (trad. Odile Demange), Pol Pot : Anatomie d'un cauchemar [« Pol Pot, anatomy of a nightmare »], Denoël éditions, , 604 p. (ISBN 9782207257692), p. 47
  4. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 30
  5. (en) Arthur J. Dommen, The Indochinese experience of the French and the Americans : nationalism and communism in Cambodia, Laos, and Vietnam, Indiana University Press, , 1168 p. (ISBN 978-0-253-33854-9, présentation en ligne), p. 196
  6. Marie-Alexandrine Martin, Le mal cambodgien : histoire d'une société traditionnelle face à ses leaders politiques, 1946-1987, vol. 4, Hachette, coll. « Histoire des gens », , 304 p. (ISBN 978-2-01-012251-4), p. 64
  7. Achille Dauphin-Meunier, Histoire du Cambodge, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? / 916 », , 128 p., « La croisade royale pour l’indĂ©pendance », p. 15
  8. Norodom Sihanouk, Souvenirs doux et amers, Hachette, , 413 p. (ISBN 978-2-01-007656-5), p. 218-219
  9. (en) « Cambodia: Sam the Whipper », Time Magazine,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Ross Marlay et Clark D. Neher, Patriots and tyrants : ten Asian leaders, Rowman & Littlefield, , 368 p. (ISBN 978-0-8476-8442-7, présentation en ligne), p. 159
  11. (en) David M. Ayers, Anatomy of a Crisis : Education, Development, and the State in Cambodia, 1953-1998, University of Hawai'i Press, , 304 p. (ISBN 978-0-8248-2238-5, lire en ligne), « Sihanouk and the Sangkum », p. 41-45
  12. Renée Bridel, Neutralité : Une voie pour le Tiers Monde?, vol. 4, L'Age d'Homme, coll. « Mobiles littérature », , 288 p. (ISBN 978-2-8251-2988-3), p. 150
  13. (en) Justin J. Corfield, The History of Cambodia, Greenwood Press, , 192 p. (ISBN 978-0-313-35722-0, présentation en ligne), p. 53
  14. (en) Dennis Bloodworth, An eye for the dragon : Southeast Asia observed, 1954-1970, Penguin Books, , 448 p. (ISBN 978-0-14-003818-7), p. 113-125
  15. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), chap. 4 (« Cambodia clouds over, 1963-1966 »), p. 156
  16. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, prĂ©sentation en ligne), chap. 5 (« Changing the rules 1967 – 1969 »), p. 168
  17. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 260-261
  18. (en) David Porter Chandler, The Tragedy of Cambodian History : Politics, War, and Revolution Since 1945, Yale University Press, , 414 p. (ISBN 9780300057522, présentation en ligne), p. 195-196
  19. (en) Associated Press, « Sim Var, Ex-Cambodian Premier, 85 », The New York Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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