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Sergent Laterreur

Sergent Laterreur est un personnage de bande dessinée inventé par Touïs et Frydman. Le nom Sergent la Terreur à l'origine était le titre d'un film de guerre américain de 1953, à l'époque de la guerre de Corée. Notre personnage, lui, a vu ses aventures publiées dans le magazine Pilote entre (à partir du n° 590[1]) et , donc en temps de paix pour la France.

Sergent Laterreur
Personnage de fiction apparaissant dans
Sergent Laterreur.

Activité militaire de carrière
Caractéristique sous-officier subalterne sadique
Entourage Les militaires

Créé par Touïs et Frydman
Première apparition 1971
Éditeurs L'Association

Équipement, armes et véhicules

Le sergent est presque en permanence en uniforme de l'armĂ©e de terre française Ă  l'Ă©poque de sa publication : pantalon, blouson de type battle dress avec des poches de poitrine, cravate, calot (aussi appelĂ© « bonnet de police Â») et chaussures indĂ©finissables. Le tout couleur kaki (ce qui signifie poussière en Inde). MĂŞme lorsqu'il est dans un milieu très diffĂ©rent de sa caserne (au front, en mer, dans la jungle, dans le dĂ©sert, etc.) il conserve la mĂŞme tenue. Il ne change jamais de couvre-chef : ni casque d'acier, ni casque colonial, ni chapeau de brousse etc. Sa seule concession aux conditions mĂ©tĂ©orologiques est une Ă©charpe violette qu'il porte l'hiver, dans un paysage couvert de neige, ou Ă  la montagne. On le voit aussi parfois en pyjama Ă  rayures verticales, souvent dans son lit lorsqu'il s'Ă©veille en sursaut d'un cauchemar, ou qu'il est hospitalisĂ©.

Le sergent sait se servir d'absolument tous les types d'armes existantes : revolver, fusil, baïonnette, mitraillette, grenade, mitrailleuse, canon antiaérien, obusier, bazooka etc. Avec les armes lourdes, il vise juste, grâce à un entraînement intensif. Avec les armes légères il a parfois des soucis :

  • Dans une aventure, il se blesse lui-mĂŞme en jonglant avec son revolver pour impressionner le soldat, mais le laisse tomber Ă  terre et un coup part.
  • Dans une autre aventure, le recul du fusil qu'il manie est tellement fort, par rapport Ă  sa taille modeste, qu'il le propulse en arrière dans une cible.
  • Dans une autre encore, il force le soldat, Ă  le saluer, ignorant qu'il tenait entre ses mains une grenade dĂ©goupillĂ©e, et est blessĂ© par l'explosion de la grenade.

De même, il sait piloter tous les véhicules que la générosité du contribuable permet aux militaires de s'offrir : jeep, tank, hélicoptère, bombardier, bateau de guerre... On ne le voit toutefois jamais aux commandes d'un avion de chasse ni d'un sous-marin.

Milieu et fréquentations

Le sergent vit à la caserne, jamais son nom n'est mentionné, ni celui de la ville de garnison où elle est située. Il y a sa chambre individuelle et son bureau. Il semble n’avoir pas de famille hormis l’armée. À Noël il reçoit une lettre avec satisfaction [2] mais on ne sait pas si c'est d'une bonne amie. On peut imaginer qu'une épouse lui écrirait plus d'une lettre par an ? Et puis, étant cadre, il aurait théoriquement le droit de loger à l'extérieur de la caserne avec sa famille.

Son souffre-douleur attitrĂ© est un Ă©norme soldat, aussi large que haut, qu'il n'appelle jamais par son nom ni mĂŞme son grade, mais nomme "5e compagnie". Le soldat vit Ă©galement Ă  la caserne. On hĂ©site Ă  appeler « dortoir Â» sa chambre puisqu’il y est seul. Le soldat a pourtant une famille (parents, femme et enfants) qui lui rend visite pour Noel au nez et Ă  la barbe du sergent. Mais Ă©tant homme du rang, il a l'obligation de vivre Ă  la caserne.

Vivent Ă©galement Ă  la caserne de nombreux officiers supĂ©rieurs (major pour le moins gradĂ©) voire gĂ©nĂ©raux. Apparemment, il n'existe pas dans cette armĂ©e d'officier subalterne, comme un capitaine ou un (sous-) lieutenant, ni de sous-officier supĂ©rieur, comme un sergent-chef ou un adjudant (-chef). Les officiers supĂ©rieurs laissent le sergent faire ce qu'il veut (notamment brimer le soldat la plupart du temps, mais parfois ils lui donnent des ordres qu'on ne dĂ©couvre que par leur rĂ©alisation. Les officiers sont immatures, Ă©goĂŻstes, jouisseurs, lâches (ils n’hĂ©sitent pas Ă  indiquer Ă  l’ennemi les coordonnĂ©es du sergent pour que leurs tirs Ă©vitent leur poste de commandement). Ils briment souvent le sergent, qui Ă  son tour se venge sur le soldat. Le sergent est vantard, tatillon, imbu de sa personne et de la parcelle d’autoritĂ© qu’il dĂ©tient. Le soldat, lui, a toutes les qualitĂ©s : patient (il le faut, avec ce petit excitĂ© de sergent), persĂ©vĂ©rant, fidèle, courageux (souvent il se bat seul contre l'ennemi), malin (il parvient parfois Ă  tromper la vigilance du sergent)…

Le sergent vit en temps de paix la plupart du temps, d'où ses mesquineries de la vie de caserne envers le soldat. Mais il ne vit que dans l'espoir de la guerre. Parfois celle-ci est déclarée, à sa grande joie, mais on ne connait pas le nom du pays ennemi. Le sergent se bat alors avec enthousiasme, sauf lorsque la situation est désespérée, ce qui lui arrive souvent, vu qu'avec la cinquième compagnie il est tout seul à se battre contre toute l'armée ennemie ! Il lui arrive même parfois de se rendre quand il est encerclé.

Mise en page

La prĂ©face de l’album de 1976 Ă©voque « la souveraine libertĂ©, et la souveraine beautĂ© Â» du trait. La nouveautĂ© du graphisme vaut Ă  TouĂŻs d'obtenir le prix Phoenix, tandis que les scĂ©narios obtiennent le prix Saint Michel du meilleur scĂ©nario satirique. La rĂ©Ă©dition de l'album Ă  L'Association en 2006 recevra le prix du patrimoine au Festival d’AngoulĂŞme en 2007.

La mise en page se distingue par quatre caractĂ©ristiques :

  • Les aventures sont courtes, la plupart du temps deux planches.
  • La forme des cases n’est absolument pas figĂ©e. Parfois elles ne sont pas rectangulaires mais rondes. Parfois une case occupe toute une planche, surtout en « gag Â» final de l’histoire.
  • Chaque aventure a une couleur dominante, que ce soit celle du ciel ou celle du paysage. Toutes les couleurs sont essayĂ©es successivement (bleu, blanc, rouge, jaune, rose, orange, kaki, marron, gris…) ce qui donne une tonalitĂ© souvent « psychĂ©dĂ©lique Â» au dessin.
  • Les textes sont Ă©crits souvent très gros, en proportion des hurlements du sergent, si gros que parfois ils dĂ©bordent de la case, obligeant le lecteur Ă  un effort pour les dĂ©chiffrer, surtout que le sergent n’articule pas quand il crie (ainsi, « Garde Ă  vous Â» devient « Aouuu ! Â»). Ce procĂ©dĂ© est aussi utilisĂ© pour les bruits d'explosion ("Baoum !" etc) lorsque la guerre fait rage. Un commentateur a Ă©crit que "cette BD est certainement la plus bruyante qui ait jamais existĂ©."[3]

Albums

  • Sergent Laterreur, DistriBD (Belgique), 1976.
  • Sergent Laterreur, Dargaud (Belgique), 1981.
  • Sergent Laterreur, L'Association, 2006.

Références dans la culture populaire

Lors de sa publication (1971-1973) dans le magazine Pilote, le sergent était très populaire auprès des lecteurs jeunes adultes, qui avaient connu récemment le service militaire de l'époque, voire étaient encore sous les drapeaux, et avaient rencontré bien des sous-officiers sadiques dans son genre. La France n'avait plus connu de guerre depuis la fin de la guerre d'Algérie dix ans plus tôt (1962) et n'en connaîtrait plus avant vingt ans, et la guerre du Golfe Arabo-Persique en 1990. De plus, peu d'années après , cette bande dessinée était une contestation de l'autorité incarnée par l'armée. Il est à noter que durant sa période de parution, le statut général des militaires (SGM) a été rénové en 1972, pour supprimer certains archaïsmes et donner plus de libertés aux militaires, rapprochant leurs droits de ceux des citoyens.

Notes et références

  1. « Pilote année 1971 », sur bdoubliees.com (consulté le ).
  2. Il s'exclame "Ah ah, ponctuelle, comme tous les ans"
  3. http://bdoubliees.com/journalpilote/series5/laterreur.htm

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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