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SerafĂ­n Fanjul

Serafín Fanjul (né le à Madrid) est un universitaire, islamologue et arabisant espagnol, spécialiste de la philologie sémitique. Professeur à l'Université autonome de Madrid, il fut également directeur du Centre culturel hispanique du Caire et membre de l'Académie royale d'histoire.

SerafĂ­n Fanjul
SerafĂ­n Fanjul en avril 2015.
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Biographie

Serafín Fanjul est diplÎmé en philologie sémitique de l'université complutense de Madrid. Son mémoire de diplÎme est dédié à « Ahmad Rami, poÚte populaire ». Sa thÚse de doctorat a été qualifiée avec mention cum laude exceptionnelle et il s'est penché sur « Le mawwal égyptien, expression littéraire populaire »[1].

Il a enseigné la littérature arabe à l'Université autonome de Madrid. Il est membre depuis 2011 de l'Académie royale d'histoire[1].

Il collabore aussi comme chroniqueur au journal ABC et au quotidien Ă©lectronique Libertad Digital.

Egalement diplÎmé en histoire américaine, Serafín Fanjul a publié de nombreux ouvrages, dont Literatura popular årabe (« Littérature arabe populaire ») en 1977[1]. Cet arabisant expert a traduit des ouvrages classiques, tels que Rihla d'Ibn Battûta, publié sous le titre A través del Islam (Rihla, Viajes), en collaboration avec F. Arbós, le Livre des Avares d'Al-Jahiz, les Maqùmùt, d'Al-Hamadhani, publié sous le titre Venturas y desventuras del pícaro Abu l-Fath de Alejandría, et la Description de l'Afrique de Léon l'Africain[1]. Il est également l'auteur de nouvelles et de romans[1].

SerafĂ­n Fanjul a concentrĂ© ses recherches notamment sur la sociologie d'Al-Andalus et sur les relations entre l'Espagne et Al-Andalus[1]. Il publie en l'an 2000 Al-Ándalus contra España : la forja del mito (Al-Ándalus contre l'Espagne. La crĂ©ation d'un mythe) et plus rĂ©cemment, chez le mĂȘme Ă©diteur La quimera de Al-Ándalus (« La chimĂšre d’Al-Andalus », 2004). Ces Ă©tudes prennent entiĂšrement le contrepied de la vision « irĂ©niste » et « idĂ©aliste » d'autres universitaires, tels que BernabĂ© LĂłpez GarcĂ­a, pour qui l'arrivĂ©e des immigrants marocains s'insĂ©rait dans le renouveau de « l'Espagne des trois cultures » (voir InmigraciĂłn magrebĂ­ en España : el retorno de los moriscos (Immigration maghrĂ©bine en Espagne : le retour des morisques) (Madrid, Mapfre, 1993).

Le « mythe d'Al-Andalus »

Dans Al-Ándalus contra España, Serafín Fanjul dénonce le « mythe d'Al-Ándalus » (c'est-à-dire de la contribution musulmane à la construction nationale), notamment la mythification de la pensée islamique développée au XIXe siÚcle par le romantisme littéraire qui tend à représenter une facette de l'histoire de l'Espagne d'une maniÚre erronée[2]. Cette mythification de la société « maure » ne serait qu'une reprise du discours eurocentrique, celui du « Bon sauvage » et celui du « Paradis perdu ». Ainsi, l'auteur veut « démythifier » l'idéalisation du passé islamique, autrement dit des Arabes supérieurs, raffinés et cultivés succombant aux chrétiens barbares, ignorants et maladroits. Il tente de montrer que cette image idéalisée d'une Espagne multiculturelle, terre de tolérance et de vie en commun entre trois cultures et trois religions monothéistes est, pour une trÚs large part, historiquement fausse.

Tout en prĂ©cisant qu'on ne peut considĂ©rer de maniĂšre homogĂšne un processus historique qui s'Ă©tale sur prĂšs de huit siĂšcles, SerafĂ­n Fanjul dĂ©finit la sociĂ©tĂ© du royaume de Grenade (1238-1492) comme « une sociĂ©tĂ© monoculturelle, avec une seule langue, une seule religion. Une sociĂ©tĂ© terriblement intolĂ©rante, par instinct de survie, puisqu'elle Ă©tait acculĂ©e Ă  la mer ». D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, durant ces huit siĂšcles, la tolĂ©rance ne fut jamais sans limites et dĂ©pendit des circonstances. « Plus le pourcentage (des musulmans) Ă©tait important, moins la sociĂ©tĂ© Ă©tait tolĂ©rante ». Les concessions sont toujours octroyĂ©es Ă  des groupes. L'individu, lui, n'est jamais mis sur le mĂȘme pied que les musulmans. Il tente de montrer Ă©galement, contrairement aux interprĂ©tations d'un Arnold Toynbee, que cette sociĂ©tĂ© est loin d'ĂȘtre affranchie des prĂ©jugĂ©s raciaux. La pression religieuse est constante : « Les pouvoirs religieux d'al-Ándalus cherchĂšrent toujours l'islamisation totale et il y eut des exodes massifs de chrĂ©tiens vers le nord, jusqu'au XIIe siĂšcle[3]
 ».

Positions politiques

Serafin Fanjul est rĂ©putĂ© pour ĂȘtre passĂ© de l'extrĂȘme-gauche Ă  l'extrĂȘme droite[4] - [5].

L'historienne Mercedes GarcĂ­a-Arenal (es) souligne le rĂŽle prĂ©gnant de l'idĂ©ologie dans les ouvrages de S. Fanjul[6]. Elle note la prĂ©sence surprenante de S. Fanjul, un universitaire arabisant, aux cĂŽtĂ©s d'idĂ©ologues qui entretiennent «les fantĂŽmes de la pensĂ©e la plus rĂ©actionnaire» et qui sollicitent l'Histoire pour justifier des mesures d'exclusion de populations musulmanes europĂ©ennes[6]. De mĂȘme pour Alejandro GarcĂ­a SanjuĂĄn (es) «le travail historiographique de S. Fanjul coĂŻncide avec son activisme  politique»[7]. JosĂ© Antonio Gonzalez Alcantud, professeur d'anthropologie sociale Ă  l'universitĂ© de Grenade et Ă  l'EHESS Ă  Paris[8], a publiĂ© une longue critique des thĂšses de Fanjul, passĂ© pour lui "du statut de chercheur Ă  celui de paladin anti-arabe" (paladĂ­n de lo antiĂĄrabe)[9]. En 2005, Fanjul estime que l'Espagne s'est forgĂ©e « contre l'Islam »[10].

Serafin Fanjul fait partie de la fondation DENAES crĂ©Ă©e par Santiago Abascal, prĂ©sident du parti d'extrĂȘme droite Vox[10].

Critiques

Il est reprochĂ© Ă  Serafin Fanjul d'inventer des adversaires pour triompher d'eux plus facilement. Ainsi, Fanjul attaque les auteurs qui idĂ©alisent al Andalus, mais en rĂ©alitĂ©, il ne peut citer d'historiens modernes dĂ©fendant des thĂšses aussi simplistes, et ne trouve que des romanciers ou des essayistes[7]. «Le mythe d’al-Andalus n’a pas l’importance acadĂ©mique que Serafin Fanjul veut lui attribuer », Ă©crit Ă  ce sujet l'historien Alejandro GarcĂ­a SanjuĂĄn (es)[7]. A. GarcĂ­a SanjuĂĄn relĂšve la similitude de certains anachronismes commis par Serafin Fanjul et de ceux pratiquĂ©s par l'essayiste Bat Ye’or, gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme islamophobe[7].

L'historienne Mercedes GarcĂ­a-Arenal (es) attire l'attention sur la justification par Fanjul de l'expulsion d'Espagne, en 1610, des Morisques, au nom de l'idĂ©e que « les Morisques n’étaient pas des Espagnols » (La quimera de al-Andalus, La chimĂšre d’Al-Andalus, 2004)[6]. Les Morisques Ă©taient les musulmans demeurĂ©s en Espagne aprĂšs 1492 et convertis au catholicisme. Ainsi, les rejeter hors de la nation espagnole implique de dĂ©finir la nation espagnole selon un critĂšre ethnique, et fait appel Ă  un postulat nationaliste[6].

Publications

Ouvrages traduits en français
  • Al Andalus, l'invention d'un mythe: La rĂ©alitĂ© historique de l'Espagne des trois cultures, L'Artilleur, 2017

Ouvrage critique publié en français

Gonzales Alcantud, José Antonio (2007). Le maure d'Andalousie : les raisons d'une exclusion et la formation d'un stéréotype. Montpellier: Archange Minotaure

Travaux universitaires
  • (es) Canciones populares ĂĄrabes, Madrid, Almenara, .
  • (es) Literatura popular ĂĄrabe, Madrid, ed. Nacional, .
  • (es) El Mawwal egipcio : ExpresiĂłn literaria popular, Madrid, Instituto Hispano-Arabe de Cultura, .
  • (es) Al-Ándalus contra España : La forja del mito, Madrid, Siglo XXI, .
    • Al Andalous, l'invention d'un mythe : La rĂ©alitĂ© historique de l'Espagne des trois cultures (trad. Nicolas Klein), Paris, L'Artilleur, .
  • (es) La quimera de Al-Andalus, Madrid, Siglo XXI, .
  • (es) Buscando a Carmen, Madrid, Siglo XXI, .
  • (es) Al-Andalus, una imagen en la Historia, Madrid, RAH, .
Traductions de l'arabe
  • (es) Libro de los avaros de Al-Yahiz. Madrid: Editora Nacional, 1974.
  • (es) A travĂ©s del Islam de Ibn Battuta (en colaboraciĂłn con Federico ArbĂłs)
  • (es) Venturas y desventuras del pĂ­caro Abu l-Fath de AlejandrĂ­a Maqamas de Al-Hamadani. Madrid: Alinaza Editorial, 1988
  • (es) DescripciĂłn general de África de LĂ©on l'africain.
Fictions
  • (es) El retorno de Xan Furabolos (brĂšves)
  • (es) Los de Chile (nouvelle)
  • (es) Habanera de Alberto GarcĂ­ (nouvelle)

Notes et références

  1. (es) Serafín Fanjul, nuevo académico de la Historia, elmundo.es, 8 avril 2011
  2. Jaume Flaquer, Al Andalus de Serafín Fanjul, revue-etudes.com, Numéro 4250, Juin 2018
  3. Serafín Fanjul, entretien, « Le « mythe d'Al-Ándalus », La Nouvelle Revue d'histoire, no 62, septembre-octobre 2012, p. 31-34.
  4. «son voyage idĂ©ologique du communisme Ă  l’extrĂȘme droite, secteur avec lequel il s’identifie prĂ©sentement», Alejandro GarcĂ­a-SanjuĂĄn, «Reseña de S. Fanjul, Al-Andalus, L’invention d’un mythe. La rĂ©alitĂ© historique de l’Espagne des trois cultures», Cahiers de Civilisation MĂ©diĂ©vale, 2018
  5. «Un prominente comunista que ahora oficia de ultraderechista», (es) José Antonio Gonzålez Alcantud, Al Ándalus y lo andaluz, Editorial Almuzara, (ISBN 978-84-17044-17-6, lire en ligne), note 827
  6. GARCÍA ARENAL, Mercedes. «Al-Andalus et l’Espagne : La trajectoire d’un dĂ©bat», In : Construire un monde ? Mondialisation, pluralisme et universalisme [en ligne]. Tunis : Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, 2007, lire en ligne. (ISBN 9782821850439). DOI : 10.4000/books.irmc.435.
  7. Alejandro GarcĂ­a-SanjuĂĄn, «Reseña de S. Fanjul, Al-Andalus, L’invention d’un mythe. La rĂ©alitĂ© historique de l’Espagne des trois cultures», Cahiers de Civilisation MĂ©diĂ©vale, 2018
  8. « José Antonio Gonzalez Alcantud - Biographie, publications (livres, articles) », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le )
  9. Gonzålez Alcantud, José Antonio (2002). Lo moro: las lógicas de la derrota y la formación del estereotipo islåmico. Rubí: Anthropos. (ISBN 84-7658-620-5). p. 225
  10. Alejandro Garcia Sanjuan, « SerafĂ­n Fanjul, Al-Andalus, l’invention d’un mythe. La rĂ©alitĂ© historique de l’Espagne des trois cultures », Cahiers de civilisation mĂ©diĂ©vale. Xe-XIIe siĂšcle, no 243,‎ , p. 299–301 (ISSN 0007-9731, lire en ligne, consultĂ© le )

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