Sept pièces brèves
Les Sept pièces brèves (H. 25) d'Arthur Honegger est une œuvre pour piano composée en 1919 et 1920, éditée par Max Eschig.
Sept pièces brèves H. 25 | |
Les Sept Pièces brèves sont la quatrième œuvre notoire d'Arthur Honegger pour piano après Scherzo, Humoresque, Adagio espressivo, Trois pièces et Toccata et Variations. | |
Genre | Musique moderne |
---|---|
Nb. de mouvements | 7 |
Musique | Arthur Honegger |
Effectif | Piano |
Durée approximative | 6 minutes |
Dates de composition | 1919 et 1920 |
Genèse
Le jeune Honegger, au sortir de la guerre commence à acquérir une certaine notoriété avec son Premier Quatuor à cordes (1917), Le Chant de Nigamon (1917-1918), sa Première Sonate pour violon et piano (1916-1918) et quelques pièces éparses pour piano ou des recueils de mélodie dont les Six Poème de Guillaume Apollinaire. À sa sortie du Conservatoire de Paris avec un seul accessit, sa pièce Le Dit des jeux du monde est créée 15 jours après l'armistice de 1918 et accueillie par un scandale[T 1]. Sa rencontre avec Jean Cocteau en 1915 va aboutir au coup d'état musical de l'auteur surréaliste[F 1] et la naissance du Groupe des six[note 1] en . Les Sept Pièces brèves commencées en , sont achevées au cours du même mois de [1].
Postérité
Ces sept pièces sont parfois considérées comme le meilleur de ce qu'Honegger a composé pour le piano seul[2] et sont associées aux Six Poésies de Jean Cocteau (1920-1923) pour constituer des modèles du genre, reflet d'une « époque paradoxale et agressivement fantaisiste »[M 1]. Peu jouées, ces pièces sont délaissées à tort par les pianistes selon Pierre Meylan[M 2].
En 1939 les Sept pièces brèves furent utilisées avec Toccata et Variations pour le ballet Lady into Fox ou « La Femme changée en renard » d'après le roman de David Garnett[3]. La musique était arrangée par Charles Lynch, la chorégraphie de Andrée Howard fut créée par Sally Gilmour dans le rôle principal dans le décor et les costumes de Nadia Benois[4].
Style
Si certains y voient l'influence de Arnold Schoenberg dans les sonorités et la précision harmonique[2], voire de Max Reger dans sa « franchise un peu bourrue »[M 3], l'œuvre est toutefois d'une importance mineure dans les œuvres pour piano du compositeur[M 3].
Structure et analyse
L'œuvre comporte sept morceaux distincts, d'inégales longueurs : de 20 secondes à deux minutes.
Première pièce
La première pièce, d'une durée d'exécution d'environ 30 secondes, est de nature mélodique et s'accompagne de croches égales. Chantante[M 3], gracieuse et insouciante[2] ou inquiétante[1], elle s'achève dans une cadence en sol dièse mineur qui rappelle Erik Satie[1].
Deuxième pièce
La deuxième pièce, d'une durée d'exécution d'environ 20 secondes, est de nature chromatique. Ce « petit coup de tabac »[2] très personnel[M 3], est un mouvement rapide, agité contraint dans la tessiture d'une seule octave[2] à l'exception des « deux traits de colère »[1] en notes descendantes qui l'encadrent. La pièce déroule une petite mélodie triste de signature rythmique 3/8 qui s'oppose à l'accompagnement en ostinato à deux temps.
Troisième pièce
La troisième pièce, d'une durée d'exécution d'environ 2 minutes est de loin la plus longue et la plus développée des sept pièces. Elle totalise à elle seule un tiers de la durée totale du recueil[2]. Lente et expressive[2], sorte de « cortège »[2] ou de « marche »[1] funèbre, elle développe une polyphonie complexe d'accords sonores de 6 ou 7 notes[2].
Quatrième pièce
La quatrième pièce, d'une durée d'exécution d'environ 20 secondes, est de nature polytonale. Claire et joyeuse[1], elle est qualifiée par Harry Halbreich d'« acidulée qui agace les dents »[2].
Cinquième pièce
La cinquième pièce, d'une durée d'exécution d'environ 1 minute et 30 secondes, est une habanera dans la veine de Claude Debussy[1] ou selon Harry Halbreich, un tango langoureux et nostalgique[2].
Sixième pièce
La sixième pièce, d'une durée d'exécution d'environ 1 minute, présente des polyrythmies nettes qui mêlent des traits saillants et des douceurs soudaines[1]. Qualifiée de « sarcasme à la Prokofiev » par Guy Sacre[1], elle dissimule selon Pierre Meylan, une disposition propre à une possible orchestration[M 3].
Septième pièce
La septième et dernière pièce, d'une durée d'exécution d'une minute et 20 secondes environ, marque l'apothéose du cycle par sa joie exubérante[1]. Elle présente un thème simple sur des accords répétés et préfigure par ses martèlements, la technique utilisée par le compositeur dans son Mouvement symphonique Pacific 231[M 3].
Discographie
- Alain Raës, Arthur Honegger - L'œuvre pour piano, label FY ;
- Jean-François Antonioli, Arthur Honegger - L'œuvre pour piano, label Timpani.
Bibliographie
- Harry Halbreich, « Arthur Honegger », dans François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 869 p. (ISBN 978-2-213-01639-9)
Notes et références
Sources et références
- Michel Faure, Du néoclassicisme musical dans la France du premier XXe siècle, Paris, Klincksieck, , 384 p. (ISBN 2-252-03005-4)
- p. 113
- Pierre Meylan, Honegger, L'Âge d'Homme, , 205 p.
- p. 28
- p. 29
- p. 30
- Marcel Delannoy, Honegger, Pierre Horay, , 250 p.
- Jacques Tchamkerten, Arthur Honegger, Papillon, , 261 p.
- p. 37
Autres références
- Guy Sacre dans le livret du CD Arthur Honegger - L'œuvre pour piano par Jean-François Antonioli, label Timpani, pp. 5 et 6
- Harry Halbreich, Arthur Honegger in Guide de la musique de piano et de clavecin, op. cit., p. 418
- « Lady into Fox », sur Rambert (consulté le )
- (en) Deryck Lynham, Ballet Then and Now : A History of the Ballet in Europe, Londres, Sylvan Press, , 214 p., p. 154