Scop-TI
Scop-TI est la Société française coopérative ouvrière provençale de Thés et Infusions une Société coopérative et participative (SCOP) fondée en 2014 à Gémenos (Bouches-du-Rhône) et issue de la reprise de l'usine Fralib, fabricante du thé Éléphant intégrée au groupe Unilever, qui annonce le son intention de fermer cette usine.
Fondation |
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Type | |
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Forme juridique |
Société anonyme à conseil d'administration (s.a.i.) |
Domaine d'activité |
Transformation du thé et du café |
Siège | |
Pays |
SIREN | |
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SIRET | |
TVA européenne |
FR42805019791 |
La coopérative produit sous ses propres marques, « 1336 » et « Scop-Ti », pour le bio et sous marque de distributeur pour la grande distribution[1].
Historique
Fondation et rachat par Unilever
En 1892, les deux frères Pétrus et Lazare Digonnet (1864-1944) créent leur entreprise d'importation et de vente de thé qui se renomme Société des Thés de l’Éléphant en 1927. Elle fusionne en 1967 avec la Compagnie commerciale Unité, puis est reprise par le groupe multinational Unilever en 1975. La marque Éléphant est intégrée en 1977 à Fralib[2]. Les salariés protestent en 2003 contre la décision d'Unilever d'abandonner les arômes naturels au profit d’arômes chimiques dans la confection de ses productions[3].
Conflit social
Le , Unilever annonce le projet de fermer cette usine et le transfert de sa production en Pologne[4]. Les salariés et leurs organisations syndicales CGT et CFE-CGC décident alors d'occuper l'usine pour le maintien de l’activité et de ses 182 emplois[5].
Le conflit social prend une ampleur médiatique nationale, notamment durant l'élection présidentielle de 2012 lorsque le candidat François Hollande vient soutenir les salariés[6] le [7]. Il participe à un meeting de soutien aux Fralib à Paris en [7].
Les salariés réclament la cession de la marque Éléphant et un accord de sous-traitance avec Unilever. En , après l'annulation par trois fois de son plan social par la justice et 1 336 jours d'occupation de l'usine, un accord est trouvé avec Unilever, qui conserve la marque, mais cède les machines pour un euro et finance la création d'une société coopérative et participative (SCOP) : la Scop-TI[8].
Relance sous forme de SCOP
Sous la marque « 1336 », en référence au nombre de jours de lutte, la SCOP annonce la relance de l'usine avec 58 anciens salariés qui y investissent 177 000 euros tirés de leurs indemnités de licenciement. Il est décidé d'un salaire unique pour chaque catégorie d'employés. Unilever s’est engagé à verser 2,85 millions d’euros à la coopérative et à céder des machines dont la valeur comptable s’élève à 7 millions d’euros.
Le leader syndicaliste Olivier Leberquier devient directeur délégué de la Scop TI, alors que Gérard Cazorla en est président[9].
Le projet doit favoriser la relance de la production provençale de tilleul et autres plantes aromatiques en culture biologique. Avec une production globale de 250 tonnes, pour un chiffre d’affaires de 3,3 millions d’euros en 2015, l'objectif est d’arriver en 2018 à 640 tonnes et 9,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en atteignant l'équilibre financier mi-2016[10]. L'association Fraliberthé, dont l’adhésion est symboliquement de 13,36 € permet à des personnes qui ne sont pas coopérateurs de la SCOP de soutenir l'entreprise[11].
Devenu président de la République, François Hollande reçoit les représentants des salariés à l'Élysée, puis se rend sur le site en [7].
Lors du lancement des premiers produits de la coopérative en grande surface, Martine Pinville, secrétaire d’État à l’économie sociale et solidaire, et le député Christophe Castaner, candidat socialiste aux régionales en région Provence-Alpes-Côte d’Azur se rendent à Gémenos en en soutien aux salariés[12].
Trois ans après la relance, en 2017, le chiffre d’affaires reste encore insuffisant pour atteindre l'équilibre financier, qui ne pourra être approché avant le premier semestre 2018. Un déficit mensuel de 100 000 € grève toujours la trésorerie initiale. Référencée dans la grande distribution par Auchan ou Carrefour, la marque reste absente d'autres enseignes comme Casino[13]. Le carnet de commandes de la société est plein, mais le manque de trésorerie détermine les coopérateurs à lancer un appel aux dons pour passer le cap difficile entre production et rentrée des factures[14]. La SCOP espère rentrer avec ces dons sous forme de financement participatif 700 000 €, elle a reçu un dixième de la somme en un mois[15]. Les sommes réunies se montent à 227 000 € en , alors que les ventes ont progressé de 60 % en 2017 (dépassant l'objectif de 175 tonnes produites) laissant ainsi entrevoir l'équilibre financier fin 2018 avec une production prévue sur l'exercice autour de 400 tonnes[16].
En fin de compte ce sont 265 000 € qui sont collectés pour un équilibre financier prévu pour 2019[17]. La société augmente sa gamme dans sa propre marque et lui ouvre un site de vente en ligne afin d'atteindre plus sûrement l'objectif d'équilibre financier 2018-2019[18].
Marques 1336 et Scop-Ti
La coopérative est soumise à un cahier des charges pour sa production sous marque distributeur qui assure un volume de commandes de 250 tonnes en 2016[3]. Cependant, les salariés souhaitent une production aux arômes naturels entièrement bio sous leur propre marque. Ils choisissent le chiffre symbolique 1336[19] pour lancer cette marque éponyme de thé bio, infusions bio nature ou avec arômes 100 % naturels produits localement[20]. Fin 2017, ces marques produisent une gamme de sept thés bio et dix-neuf infusions bio aux arômes 100 % naturels[21].
Relance de circuits courts de production
La coopérative favorise les circuits courts comme la relance de la filière tilleul à Buis-les-Baronnies dans la Drôme et lorsque des produits comme le thé ne sont pas disponibles en circuit court, elle pratique partenariat et commerce équitable avec vérification du respect environnemental et qualitatif. Sa propre marque est commercialisée uniquement en bio. Son process industriel est économe en eau[22] - [23].
« À la fin des années 1980-1990, la cueillette annuelle de tilleul sur le territoire était de 400 à 500 tonnes. Aujourd’hui, elle est seulement de 10 à 15 tonnes alors que les tilleuls sont toujours là , mais ils ne sont plus cueillis ! Et c’est pareil pour la camomille, la verveine ou la mélisse » explique Olivier Leberquier en 2016[3]. Les infusions de plantes aromatiques et médicinales sont donc produites d'abord avec des produits de pays voisins, seuls les produits Scop-Ti étant produits exclusivement avec des plantes locales jusqu'à épuisement des stocks[3].
Après la filière tilleul, la coopérative signe fin 2017 des partenariats avec d'autres sociétés coopératives, la Sicarappam (groupement auvergnat de producteurs de plantes[24]) et la SCOP spécialisée dans le commerce équitable Ethiquable[25] pour créer une filière de plantes sauvages pour vendre les tisanes Paysans d'ici[16].
Film et théâtre
Le combat des Fralib est retranscrit dans le film 1336 jours, des hauts, débats, mais debout[26] réalisé par Claude Hirsch et sorti au cinéma le .
Il inspire le one-man-show 1336 (parole de Fralibs) de Philippe Durand[11], publié aux éditions D'ores et déjà [27].
Notes et références
- Corinne Boyer, « Les anciens de Fralib prennent un nouveau départ », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
- « Astra Fralib, la nouvelle société deux-en-un d'Unilever », sur LSA Conso.
- Agathe, « Le thé “1336” made in Gémenos des Fralib envahit les supermarchés | Made In Marseille », sur madeinmarseille.net (consulté le ).
- Keren Lentschner, « Unilever solde le conflit avec les «Fralib» » , sur Le Figaro, (consulté le )
- Gérard Cazorla, Charles Hoareau, Freddy Huck et Olivier Leberquier, Fralibres : 1 336 jours de lutte, Le Temps des cerises, coll. « Le cœur à l'ouvrage », .
- Louise Bodet, « Hollande de retour chez les ex-Fralib : une visite très politique », francetvinfo.fr, (consulté le ).
- « Pour François Hollande, les ex-Fralib sont « condamnés à réussir » », lemonde.fr, (consulté le ).
- « Scop : les Fralib dans l’infusion de la victoire », Libération, 15 juin 2014.
- Francine Aizicovici, « Quand les ex-Fralib font buffet campagnard à Bercy », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Francine Aizicovici, « « 1336 », ou le retour des ex-Fralib », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Sarah Lefèvre, « Le combat continue pour les Fralib », streetpress.com, (consulté le ).
- « Une tasse de “1336” ? Le thé des ex-Fralib arrive dans les rayons de la grande distribution », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
- Francine Aizicovici, « Scop-TI, la coopérative des anciens de Fralib, sur la corde raide », lemonde.fr, (consulté le ).
- « Les ex-Fralib lancent un appel aux dons », LCI,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Pauline jacot, « Les anciens Fralib lancent une campagne pour récolter des fonds », Europe1,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Paul Molga, « Scop TI (ex Fralib) tente de fédérer une filière française de plantes aromatiques », lesechos.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Marc Vincenti, « Avec le thé 1336, les anciens salariés de Fralib réunis en coopérative ne boivent pas la tasse », Var-Matin,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Geneviève Vanlede, « À Gémenos, Scop-TI étoffe sa gamme 1336 », sur LaProvence.com, (consulté le ).
- Karine Belifa, « 1336 : c'est la nouvelle marque des ex-Fralib comme 1336 jours de conflit - France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur », France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Marie-Cécile Berenger, « Gémenos : le rebond difficile des ex-Fralib », LaProvence.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Eric Wattez, « Fralib : les ouvriers découvrent qu'être patron, c'est pas si facile ! », Capital.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Frédérique Gros, « Aubagne : des actions pour soutenir l'économie sociale et solidaire », LaProvence.com,‎ (lire en ligne, consulté le ) :
« Au-delà de la dimension sociale et du combat qui a été mené, Scop-Ti fait la démonstration qu'on peut faire autrement, souligne Christian Pellicani, président du MNLE : elle produit du bio, sans arômes artificiels et de qualité, son process industriel est économe en eau, elle favorise les circuits courts, et a notamment permis de relancer la filière tilleul à Buis-les-Baronnies dans la Drôme. »
- Nicolas Joxe, « L'usine est à nous », Public Senat,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « La Sicarappam : une coopérative pas comme les autres ! », sur sicarappam.com, .
- « Ethiquable », sur Ethiquable (consulté le ).
- Voir sur imdb.com.
- Voir sur doresetdeja.fr.