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Sciurus meridionalis

Écureuil de Calabre

Sciurus meridionalis
Description de cette image, également commentée ci-après
Écureuil de Calabre.

Espèce

Sciurus meridionalis
Lucifero, 1907

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
Aire de répartition de Sciurus meridionalis.

Sciurus meridionalis, l’Écureuil de Calabre[1], est une espèce de mammifères arboricoles diurnes de l'ordre des rongeurs et de la famille des Sciuridés. Cet écureuil au pelage sombre est endémique du sud de la péninsule italienne, plus précisément de la partie calabraise des Apennins. Il est très proche de l'Écureuil roux (Sciurus vulgaris) dont il a longtemps été considéré comme une sous-espèce. Ce sont les recherches italiennes en morphologie et en génétique des années 2000 et 2010 qui aboutissent à sa redescription et à son élévation au statut d'espèce en 2017.

Description

Sciurus meridionalis (Sila).

L’Écureuil de Calabre arbore un pelage d'hiver noir brillant sur toute la partie dorsale du corps, la tête et le cou. Sa queue est noire, ainsi que les pieds, les coussinets et les griffes. L'abdomen est d'un blanc pur depuis le dessus de la zone génitale jusqu'à la partie intérieure châtain des pattes antérieures. Entre l'abdomen blanc et les flancs noirs se trouve souvent une ligne gris ardoise. Les oreilles arborent de petits pinceaux parfois peu visibles. Dans le pelage d'été ou de transition, il y a souvent des zones brun foncé sur la tête, autour des yeux et sur le dos. Le sous-poil est généralement noir terne ou gris ardoise, rarement brunâtre. Le pied postérieur présente quatre tubercules à la base des orteils, contre cinq pour le pied antérieur. L'espèce ne présente aucun dimorphisme sexuel dans la taille et la couleur du pelage. La femelle est tout au plus légèrement plus lourde et compte 8 mamelles réparties en quatre paires[2].

RĂ©partition

L'aire de rĂ©partition de S. meridionalis comprend les trois principaux massifs montagneux de Calabre et du sud de la Basilicate : l'ensemble du massif du Pollino Ă  la frontière entre la Calabre et la Basilicate, le massif de la Sila et le massif de l'Aspromonte. L'espèce n'a pas Ă©tĂ© signalĂ©e dans le massif des Serres[2] - [3]. Elle est prĂ©sente de 600 Ă  1 500 mètres d’altitude[2].

Écologie et biologie

Forêt de Pin laricio de Calabre et de Châtaignier au nord-ouest du massif de la Sila.

Dans le massif de la Sila, l’Écureuil de Calabre vit dans les forĂŞts de Pin laricio de Calabre (Pinus nigra subsp. laricio var. calabrica), les forĂŞts mixtes dominĂ©es par le HĂŞtre et les forĂŞts de Châtaignier. Ses densitĂ©s varient de 0,44 Ă  0,61 Ă©cureuils par hectare, la prĂ©sence de Pins ayant un impact significatif sur la densitĂ© d'Ă©cureuils[4]. Dans le massif de Pollino, se trouve Ă©galement le Pin de Bosnie.

Comme l'Écureuil roux, l'Écureuil de Calabre est diurne et arboricole. Ses nids sont gĂ©nĂ©ralement construits dans les branches des pins ou des chĂŞnes au delĂ  des deux tiers de la hauteur de l'arbre, avec une densitĂ© moyenne de 2,75 nids par hectare[4].

À l'instar du Pin sylvestre pour l'Écureuil roux, les graines de Pin laricio de Calabre constituent la majeure partie de l'alimentation de l’Écureuil de Calabre. À partir de juin, les graines immatures des pommes de pin fraîches sont sa principale ressource alimentaire jusqu'à la fin août-début septembre, lorsque les graines mûrissent. Ces dernières sont alors consommées jusqu'à la fin mars. Néanmoins, les faînes et les châtaignes sont aussi privilégiées en automne et en hiver comme les bourgeons, les jeunes pousses et les fleurs mâles de Pin au printemps[4].

Sous-espèces d'Écureuil roux proches

Sciurus meridionalis (Sila).

En Italie, deux autres populations distinctes d'Écureuil roux (Sciurus vulgaris) sont identifiées au xxe siècle[4] :

  • Sciurus vulgaris fuscoater Altum, 1876. Il s'agit de la sous-espèce europĂ©enne prĂ©sente dans les Alpes et dans le nord des Apennins. Elle est caractĂ©risĂ©e par une taille relativement petite et un fort degrĂ© de polymorphisme au niveau de la couleur de son pelage ;
  • Sciurus vulgaris italicus Bonaparte, 1838. Il s'agit d'une sous-espèce polymorphe endĂ©mique d'Italie centrale. Également caractĂ©risĂ©e par une taille relativement petite, elle arbore un pelage gĂ©nĂ©ralement brun foncĂ©, surtout les populations montagnardes.
Sciurus meridionalis (Sila).

Sciurus meridionalis se diffĂ©rencie des sous-espèces italiennes de Sciurus vulgaris par son endĂ©misme du sud des Apennins, en Calabre et par son uniformitĂ© morphologique : cette espèce prĂ©sente une plus grande taille ainsi qu'une couleur de fourrure diffĂ©rente : la partie dorsale est toujours noire avec des nuances de gris sur les cĂ´tĂ©s et sa queue est entièrement noire, le tout contrastant avec son ventre blanc[4]. S. meridionalis est un Ă©cureuil de taille moyenne, lĂ©gèrement plus grand que les deux sous-espèces italiennes. La longueur de son pied arrière est de 56 Ă  66 millimètres et son poids varie entre 280 et 530 grammes, soit environ 35 % de plus. La longueur du pied arrière est Ă©galement significativement plus grande, de mĂŞme que la longueur et la largeur du crâne ainsi que la longueur de la mâchoire infĂ©rieure[5]. Outre les diffĂ©rences morphologiques, ce sont surtout les diffĂ©rences gĂ©nĂ©tiques qui soutiennent la dĂ©limitation de S. meridionalis en tant qu'espèce autonome par rapport Ă  S. vulgaris[6].

Taxonomie et phylogénie

Sciurus meridionalis (Massif du Pollino).

En 1907, Armando Lucifero décrit une nouvelle espèce d'écureuil qu'il nomme Sciurus meridionalis sur la base de spécimens capturés dans les forêts de Calabre[7]. Cependant, en 1912, le mammalogiste américain Gerrit Smith Miller, Jr néglige ce taxon dans son catalogue des mammifères d'Europe de l'Ouest[8] alors que le zoologiste italien Philippe Cavazza le reconnaît comme une sous-espèce valide en 1913[9]. En 1951, les britanniques John Reeves Ellerman et Terence Morrison-Scott jugent ce taxon comme un synonyme de Sciurus vulgaris subsp. italicus Bonaparte, 1837 tout en reconnaissant Sciurus vulgaris subsp. silanus Heinrich, 1934 comme une sous-espèce valide[10], qui est traitée dans les années 2000 comme un synonyme junior de S. meridionalis[2]. Mais depuis l'ouvrage fondamental Fauna d’Italia d'Augusto Toschi (d) en 1965, S. meridionalis est considérée comme une sous-espèce clairement différenciée dans les différentes révisions du genre comme celle de l'Écossais Gordon Barclay Corbet (d) en 1978[11] et celle d'Amori et al. de 2008[12] - [2].

Sciurus meridionalis (Massif du Pollino).

En , une étude phylogénétique portant sur l'analyse de l'ADN mitochondrial des populations eurasiatiques de Sciurus vulgaris démontre son homogénéité génétique sur l'ensemble du continent à l'exception notable de la population calabraise. Cette dernière aurait divergé lors de la dernière période glaciaire et serait restée isolée des populations d'écureuils voisines jusqu'à une époque récente[6]. En 2014, des différences significatives dans les dimensions du crâne de l'Écureuil de Calabre sont mises en évidence[5]. Compte tenu des recherches génétiques et des particularités morphologiques et géographiques de cette population, elle est élevée au rang d'espèce en sous le nom Sciurus meridionalis Lucifero, 1907[2].

Statut, menaces et protection

En 2017, il n'existe aucune donnĂ©e sur la taille de la population de Sciurus meridionalis et l'espèce n'est pas inscrite sur des listes rouges telles que celle de l'UICN[2]. Cependant, malgrĂ© sa distribution limitĂ©e sur environ 7 000 km2, l'espèce ne semble pas menacĂ©e[2], sa population semble stable et Ă©tend partiellement son aire de rĂ©partition, notamment dans le sud de la Basilicate[3]. La fragmentation de ses habitats a un effet sur le nombre d'individus, mais les zones forestières de petite taille n'excluent pas sa prĂ©sence[4]. NĂ©anmoins, la propagation de l'Écureuil de Finlayson sud-asiatique introduit dans une rĂ©gion proche de l'aire de rĂ©partition de Sciurus meridionalis pourrait constituer une menace potentielle future[2].

Notes et références

  1. Muséum National d'Histoire naturelle, « Les Sciuridés en Europe », sur Les écureuils en France Accès libre
  2. (en) Wauters et al., « New endemic mammal species for Europe: Sciurus meridionalis (Rodentia, Sciuridae) », Hystrix, vol. 28, no 1,‎ (DOI 10.4404/hystrix–28.1-12015, lire en ligne) Accès libre
  3. (it) Bartolomei, Remo ; Sgrosso, Silvia & Aloise, Gaetano, « Espansione recente di Sciurus meridionalis Lucifero, 1907 in Basilicata », Hystrix, the Italian Journal of Mammalogy, vol. 68 (supplementi),‎ (DOI 10.13140/RG.2.2.25913.39527, lire en ligne)
  4. Cagnin, M., Aloise, G., Fiore, F., Oriolo, V., & Wauters, L. A., « Habitat use and population density of the red squirrel, Sciurus vulgaris meridionalis, in the Sila Grande mountain range (Calabria, South Italy) », Italian Journal of Zoology, vol. 67, no 1,‎ , p. 81-87 (DOI 10.1080/11250000009356299, lire en ligne)
  5. (en) Amori, G., Aloise, G., & Luiselli, L., « Modern analyses on an historical data set: skull morphology of Italian red squirrel populations », ZooKeys, vol. 368,‎ , p. 79-89 (DOI 10.3897/zookeys.368.4691, lire en ligne)
  6. (en) Grill et al., « Molecular phylogeography of European Sciurus vulgaris: refuge within refugia? », Molecular Ecology, vol. 18, no 12,‎ , p. 2687-2699 (DOI 10.1111/j.1365-294X.2009.04215.x, lire en ligne) Accès libre
  7. (it) Armando Lucifero, « Elenco dei mammiferi calabresi », Rivista italiana di scienze naturali, vol. XXVI,‎ june, 1907, p. 45 (lire en ligne)
  8. (en) Miller G.S., Catalogue of the mammals of Western Europe, London, British Museum,
  9. (it) Philippe Cavazza, « Studio intorno alla variabilità dello Sciurus vulgaris in Italia », Atti della Regia Accademia dei Lincei, vol. 59,‎ , p. 504–593
  10. (en) Ellerman J. R., Morrison-Scott T.C.S., Checklist of Palaearctic and Indian mammals, London, United Kingdom, British Museum,
  11. (en) Corbet G.B., The mammals of the Palaearctic region: a taxonomic review, London, United Kingdom, British Museum,
  12. (it) Amori G., Contoli L., Nappi A., Fauna d’Italia : Mammalia II. Erinaceomorpha, Soricomorpha, Lagomorpha, Rodentia, Bologna, Calderini,

Liens externes

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