Sanusi Lamido Sanusi
Sanusi Lamido Sanusi (aussi appelé Muhammadu Sanusi II, raccourci en Sanusi II[1]), né le 31 juillet 1961, est un économiste, homme politique et leader spirituel nigérian, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria de 2009 à 2014[2] et émir de Kano de 2014 à 2020[3].
Sanusi Lamido Sanusi | |
Lamido Sanusi au gala du Time 100 en 2011 | |
Fonctions | |
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Émir de Kano | |
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Prédécesseur | Ado Abdullahi Bayero |
Successeur | Aminu Ado Bayero |
Gouverneur de la Banque centrale du Nigeria | |
– | |
Biographie | |
Surnom | Muhammadu Sanusi II |
Date de naissance | |
Père | Muhammad Aminu Sanusi |
Mère | Saudatu Anduwa Hussain |
Grand-père paternel | Muhammadu Sanusi I |
Diplômé de | Université Ahmadu-Bello |
Religion | Islam |
Biographie
Famille
Sa mère se nomme Saudatu Anduwa Hussain, tandis que son père, Muhammad Aminu Sanusi, est un éminent diplomate nigérian, plusieurs fois ambassadeur, notamment en Belgique et en Chine, et Ministre des Affaires étrangères du Nigeria jusqu'en 1979[4].
Son grand-père est déjà émir de Kano, sous le nom de Muhammadu Sanusi I, de 1954 à 1963[1], Sanusi décrit d'ailleurs sa politique comme la « continuité » de celle de son grand-père[4].
Sa famille descend d'une lignée importante de dignitaires religieux et politiques du pays[4], et est reliée à la famille royale peul[5].
Jeunesse et Ă©tudes
Sanusi Lamido Sanusi naît le 31 juillet 1961[6]. Il commence ses études à l'école primaire Sainte Anne à Kakuri, dans la banlieue de Kaduna. Il part ensuite étudier au King's College de Lagos, avant d'étudier à l'université Ahmadu-Bello, où il obtient une licence, en 1981, puis une maîtrise d'économie[6]. Il débute alors dans le secteur bancaire, employé par Icon Limited puis par d'autres banques[6] - [3]. Il quitte son poste de gestionnaire de risques[5] en 1990 et part étudier à Khartoum, au Soudan, où il se concentre sur l'apprentissage de l'arabe et de la théologie sunnite[3] - [7].
Dans le milieu bancaire privé
Il se familiarise brièvement avec le milieu bancaire lors de son passage chez Icon Limited.
Après avoir terminé ses études, Lamido Sanusi rejoint la United Bank of Africa en 1997, puis gravit les échelons au sein du milieu bancaire nigérian[6].
Il devient en janvier 2009 le directeur général de la First Bank of Nigeria[6].
Depuis 2015, il est président du conseil d'administration de l'entreprise bancaire Black Rhino, filiale africaine du fonds d'investissement Blackstone[1].
En tant que gouverneur de la Banque centrale
Le 1er juin 2009, Lamido Sanusi est nommé gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, par le président Umaru Yar'Adua[6].
Il prend en charge le redressement économique et financier du pays, se chargeant personnellement de conclure des partenariats entre le milieu agricole et des acteurs extérieurs, l'AGRA en tête. Il met aussi en place des plans ambitieux de sauvetage des banques du pays, et parvient à faire baisser l'inflation sous le seuil des 10 %[8].
Au cours de ses cinq années passées en poste, il est admiré pour son action contre la corruption et est reconnu comme celui qui a permis le redressement du pays[8]. Il est toutefois critiqué pour son abus des prérogatives prévues par sa fonction, ainsi que pour son influence dans des domaines comme l'agriculture[9] et l'industrie, qui ne font pas partie de son domaine d'action[8]. Il est nommé par le magazine Time parmi les 100 personnalités les plus influentes de 2011[1] - [8].
En 2013, dans une tribune publiée dans le Financial Times, il critique l'influence chinoise en Afrique, et en particulier au Nigeria, qu'il juge « impérialiste » et appelle à une plus grande indépendance vis-à -vis du pays, qui contribue selon lui à la « désindustrialisation et au sous-développement de l'Afrique »[10].
Il est renvoyé de son poste après avoir révélé une affaire de détournement de fonds. Dans une lettre à destination du président Goodluck Jonathan, il accuse la compagnie pétrolière nationale, Nigeria National Petroleum Company (NNPC), d'être à l'origine d'un détournement de plus de 20 milliards de dollars[8] - [11]. Il met aussi personnellement en cause la ministre du pétrole, Diezani Alison-Madueke[1]. À la suite de ses révélations, il est renvoyé, interdit de quitter le pays, et son passeport est saisi par la police secrète du Nigeria[11] - [12].
Ses engagements contre la corruption lui créent de nombreux ennemis à travers le pays[13], mais il est cependant populaire dans les pays européens, notamment pour son action financière[14].
En tant qu'Ă©mir de Kano
Peu après son renvoi du poste de gouverneur, il devient émir de Kano, à la suite de son prédécesseur, Ado Abdullahi Bayero, décédé à 83 ans des suites d'un cancer, et prend le nom de Muhammadu Sanusi II[13]. Il accède ainsi à un poste politico-religieux qui lui donne une influence sur plus de 10 millions de fidèles musulmans dans le Nord du Nigeria[3]. En tant qu'émir, il dirige la communauté soufie du Nigeria, rassemblés au sein de la branche des Tijaniyyas[1]. Il est ainsi le deuxième plus important dirigeant religieux du Nigeria, après le sultan de Sokoto
Dès sa nomination, il est critiqué par une partie de la population, les soutiens d'Aminu Ado Bayero, son rival, qui se rassemblent dans la rue et font face à ses partisans. les évènements tournent à l'affrontement, et la police, absente des lieux, ne peut empêcher plusieurs partisans de Sanusi d'être blessés[13].
Le 28 novembre 2014, un attentat dans une mosquée de Kano fait 120 morts et plus de 300 blessés. Lamido Sanusi affirme alors sa détermination face aux terroristes islamistes de Boko Haram : « Nous ne nous laisserons pas intimider », annonce-t-il. Il soutient alors la création de milices d'autodéfense populaires pour faire face au manque d'action de l'armée nigériane face aux groupes terroristes, ce qui déplaît au gouvernement fédéral, qui prend cette décision pour un « appel à l'anarchie »[15]. Il affirme « ne pas être la cible » de l'attentat, bien qu'il ait été désigné comme un homme à abattre par le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau[1].
À partir de 2015, il entre en conflit avec le gouverneur de l'État de Kano, Abdullahi Umar Ganduje, qui le soupçonne d'avoir soutenu un autre candidat aux élections pour le poste de gouverneur[3].
Il est renvoyé du poste d'émir le 9 mars 2020, officiellement pour « insubordination », officieusement pour ses prises de position virulentes à l'encontre des décisions gouvernementales[14].À
Opinions politiques
Lors d'un entretien avec le journal Jeune Afrique en 2017, il affirme être opposé à l'application de la charia[2], ce qui lui attire l'inimitié du groupe terroriste djihadiste Boko Haram. Il estime que le Nigeria « a besoin de justice sociale, d’éducation, d’une espérance de vie plus longue et de moins de violence domestique », et que ces mesures suffiront à rendre inutile l'application de la charia[2].
Opposé à la polygamie, il réforme le code de la famille pour lutter contre les violences domestiques et les mariages forcés[2].
Il critique l'influence des pays musulmans du Moyen-Orient, comme l'Arabie Saoudite et l'Iran, sur la politique religieuse au Nigeria[2], et plaide pour un rapprochement avec d'autres pays musulmans, comme le Maroc ou la Malaisie[1].
Il se revendique lui-même « moderne et musulman »[2].
Références
- « Nigeria : l’émir de Kano, entre islam et finance », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Nigeria : le puissant émir de Kano, Lamido Sanusi, se revendique « moderne et musulman » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Nigeria : Lamido Sanusi, le caméléon « détrôné » – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- (en) « His Highness Sanusi Lamido Sanusi », sur www.africanstudies.ox.ac.uk (consulté le )
- « L'émir de Kano détrôné pour "manque de respect" », BBC News Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Agence Ecofin, « Sanusi Lamido Sanusi ou le musulman africain du 21e siècle », sur Agence Ecofin (consulté le )
- Viviane Forson, « Nigeria : le puissant émir de Kano, Sanusi Lamido Sanusi, perd son trône », sur Le Point, (consulté le )
- « Lamido Sanusi, la polémique de trop – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Lamido Sanusi, le Nigérian sans peur – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Un gouverneur hausse le ton contre les Chinois – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- Malick Diawara, « Nigeria : Sanusi Lamido interdit de sortie », sur Le Point, (consulté le )
- « Au Nigeria, Lamido Sanusi « destitué » du titre d’émir de Kano – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Nigeria : affrontements à Kano après la nomination de Lamido Sanusi comme émir – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- « Fin de règne. Au Nigéria, Lamido Sanusi, trop moderne pour être émir », sur Courrier international, (consulté le )
- « Nigeria : Sanusi Lamido Sanusi, un émir dans la ligne de mire de Boko Haram – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- Rédaction, « Le banquier Sanusi Lamido nouveau président de Tabital Pulaaku International », sur Financial Afrik, (consulté le )
Voir aussi
Liens externes
- (en) Centre d'études africaines de l'Université d'Oxford, « His Highness Sanusi Lamido Sanusi »