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Sannai Maruyama

Sannai Maruyama (三内丸山遺跡, Sannai Maruyama iseki, litt. « vestiges de Sannai Maruyama ») est un des sites archéologiques majeurs de la civilisation Jōmon. Il est situé dans la ville d'Aomori, au nord de l'île de Honshū, au Japon. Les premiers textes relatant son existence datent de l'époque d'Edo, tandis que les premières fouilles commencèrent en 1953. La période la plus active sur ce site semble être du XXXIXe au XXIIIe siècle av. J.-C. (de 3500 à 2000 av. J.-C.) durant le Jōmon Ancien et Moyen. Le site correspondait à une petite colline en bord de mer. Les graines et pollens retrouvés suggèrent que l'environnement général était boisé, notamment en châtaigniers, et qu'une rivière coulait au pied du site. Le climat était tempéré, mais relativement plus chaud qu'aujourd'hui.

Sannai Maruyama
三内丸山
Image illustrative de l’article Sannai Maruyama
Localisation
Pays Drapeau du Japon Japon
Région Tōhoku
Préfecture Aomori
Ville Aomori
Coordonnées 40° 48′ 41″ nord, 140° 41′ 49″ est
Altitude 20 m
Superficie 35 ha
Géolocalisation sur la carte : préfecture d'Aomori
(Voir situation sur carte : préfecture d'Aomori)
Sannai Maruyama
Sannai Maruyama
Géolocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Sannai Maruyama
Sannai Maruyama
Sources
[1]

Localisation

Le site archéologique Sannai Maruyama est situé dans le nord-ouest du chef-lieu de la préfecture d'Aomori : Aomori, une ville du nord de la région de Tōhoku, sur l'ile de Honshū, au Japon. À une altitude variant de 15 à 30 m, il couvre une superficie d'environ 350 000 m2[2] (35 ha), dans le quartier Sannai[3] - [4]. Sa partie septentrionale s'étend le long de la rive droite du fleuve Okidate dont l'embouchure s'ouvre sur la baie d'Aomori[5].

Historique

Les plus anciens documents évoquant la découverte de vestiges préhistoriques dans les collines de l'extrême nord de la province de Mutsu remontent au début de l'époque d'Edo (1603-1868). Au XVIIIe siècle, un écrivain voyageur rapporte de son voyage dans la région des dessins figurant des poteries et des figurines en terre cuite[6] - [2]. Un premier chantier archéologique est ouvert en 1953 à l'initiative de l'université Keiō de Tokyo et du comité d'Éducation de la ville d'Aomori. Abandonnée en 1967, l'entreprise d'exploration du site est reprise de 1976 à 1987 par la ville d'Aomori et le comité d'Éducation de la préfecture d'Aomori[6]. En 1992, dans la ville d'Aomori, des ouvriers déterrent des milliers de vestiges archéologiques et les ruines d'un village préhistorique, alors qu'ils travaillent sur le chantier d'un stade de baseball pour le compte de la préfecture. Le projet de construction est immédiatement annulé, et le chantier de 50 000 m2 (5 ha) est converti en un site archéologique[7] - [8] - [9]. Deux ans plus tard, le site est déclaré zone protégée par la préfecture et des travaux sont effectués pour l'aménager en un parc historique[6]. En novembre 2000, l'agence pour les Affaires culturelles classe Sannai Maruyama site historique national spécial[2] - [10]. Au fil des années, le périmètre d'exploration archéologique s'élargit ; en 2003, la surface excavée est estimée à 40 % de l'ensemble du site[6]. La même année, un ensemble de 1 958 objets extraits du sous-sol du site est classé bien culturel important[11] - [12].

Les vestiges de constructions

Une habitation en tipi reconstituée.

Les vestiges de plus de 800 habitations ont été mises au jour, mettant en évidence l'importance de la population sur le site (surtout pour cette époque). Quatre types de constructions sont distinguables : des habitations semi-enterrées, une grande demeure, des habitations sur pilotis, et une tour de 6 pylônes[13].

Les habitations semi-enterrées sont circulaires, de petite taille, environ 3 à 4 m de diamètre pour 12 m2[14]. Certaines ont été reconstituées par les archéologues en forme de tipi, avec une couverture végétale.

La grande demeure mesurait 32 m de long sur 10 m de large[15]. Elle pouvait servir de marché ou de maison commune, pour les fêtes ou les grands froids hivernaux (ou tout cela à la fois). Comme la plupart des habitations du site, elle est semi-enterrée.

La tour de 6 pylônes a été reconstituée à quelques mètres des vestiges de son emplacement initial. Les pylônes étaient constitués de tronc de châtaigniers mesurant environ un mètre de diamètre chacun. Ils sont espacés d'exactement 4,2 mètres les uns des autres pour former une structure rectangulaire[16].

Toutes ces habitations étaient de bois, et le Japon étant un pays particulièrement humide, peu de restes subsistent 5 000 ans plus tard. Si les fouilles permettent de connaître la surface au sol, la forme des constructions élevées reste elle-même purement hypothétique. Une des grandes inconnues est notamment la présence ou non d'un toit au sommet de la tour. Après de nombreux débats, elle fut reconstruite sans.

De longues pistes partent du site vers le sud, l'est et l'ouest. De 5 à 14 m de large, elles ont été mises à nu sur plus de 400 m pour celles de l'ouest et du sud[17]. Les tombes adultes sont distribuées de part et d'autre de ces pistes.

  • Habitation ou grenier sur pilotis.
    Habitation ou grenier sur pilotis.
  • Grande demeure commune.
    Grande demeure commune.
  • Tour à 6 pylônes.
    Tour à 6 pylônes.

Le mode de vie des habitants

La nourriture

Les hommes de la période Jōmon étaient des cueilleurs-chasseurs. De nombreux restes témoignent de l'utilisation de fruits, notamment de châtaignes. D'importants restes d'os de lapin et d'écureuils volants montrent qu'ils étaient un produit important de la chasse. Parmi les autres mammifères, des os de daim, de sangliers, de baleines et de lions de mer ont été retrouvés, mais en quantité plus restreinte. Canards et oies sont les volatiles les plus fréquemment identifiés. De nombreux os de poissons dont des requins, aussi bien de rivières que de mer, et présents à différentes saisons, indiquent qu'ils pêchaient dans toutes les eaux à leur disposition[18].

De très nombreux fruits et graines ont été retrouvés, et la possibilité de boisson vinifiée à partir de ces fruits a été avancée par plusieurs chercheurs.

Les poteries

Poteries.

La plus grande quantité de poteries découvertes au Japon se trouve sur ce site, correspondant en tout à 40 000 vases. Certaines ont été retrouvées dans des amoncellements (interprétés comme des déchèteries), d'autres dans des tombes. Les vases sont relativement allongés, de forme conique. Ce style est nommé ento. Elles sont décorées par des motifs en creux, formés par l'application de cordes sur les poteries avant cuisson. Ces formes particulières, appelées jōmon, ont donné le nom de cette civilisation : «  » signifie « corde » et « mon », « motif ». L'ouverture large est plus ou moins travaillée[19].

Les figurines

Plus de 1 600 figurines de terre ont été retrouvées à Sannai Maruyama. Plates et cruciformes, elles ont souvent la bouche ouverte et des yeux ronds. Certaines possèdent des pieds qui leur permettent de tenir debout. Elles ont des protubérances au niveau des seins et du nombril, suggérant qu'elles représentent toutes des femmes[20].

Le commerce et les relations avec d'autres sites

Les objets retrouvés sur le site, notamment les pierres précieuses, attestent de relations avec d'autres populations. Des jades provenant de la rivière Itoi, dans la préfecture de Niigata, ont voyagé 500 km pour servir à Sannai Maruyama. Les jades retrouvés correspondent soit à des objets travaillés, soit à des jades bruts. L'obsidienne servant à faire des flèches provenait de deux endroits opposés : Nagano à 580 km au Sud, et Hokkaidō, l'ile située de l'autre côté du détroit de Tsugaru. Une glu naturelle et de l'ambre étaient récoltés dans un rayon de 200 km autour du site[21].

Ces objets montrent que Sannai Maruyama avait des relations déjà très développées avec d'autres peuplements. Celles-ci s'effectuaient probablement par la mer, indiquant déjà une parfaite maîtrise de la navigation maritime.

Notes et références

  1. Préfecture d'Aomori 2013.
  2. (ja) Agence pour les Affaires culturelles, « 三内丸山遺跡 » [« Site archéologique Sannai Maruyama »], sur Cultural Heritage Online (consulté le ).
  3. (ja) Asahi Shinbun, « 三内丸山遺跡 » [« Site archéologique de Sannai Maruyama »], sur Kotobank, (consulté le ).
  4. (ja) Institut d'études géographiques du Japon, « GSI Maps » (consulté le ).
  5. Préfecture d'Aomori 2013, p. 6.
  6. Préfecture d'Aomori 2013, p. 5.
  7. Marc Durin-Valois, « Les Jômon ou les hommes de cordes et de laques », sur Le Figaro, Le Figaro Magazine, (consulté le ).
  8. (en) Tomoko Shibuya, « Sannai-Maruyama excavation illuminating Jomon life », The Japan Times, (consulté le ).
  9. Louis Frédéric, Le Japon : dictionnaire et civilisation, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1419 p. (ISBN 978-2-221-06764-2 et 2221067649, OCLC 36327575), p. 951.
  10. (ja) Agence pour les Affaires culturelles, « 三内丸山遺跡 » [« Site archéologique Sannai Maruyama »](Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur www.bunka.go.jp (consulté le ).
  11. Préfecture d'Aomori 2013, p. 2.
  12. (ja) Agence pour les Affaires culturelles, « 青森県三内丸山遺跡出土品 » [« Préfecture d'Aomori : artéfacts du site archéologique Sannai Maruyama »], sur Cultural Heritage Online (consulté le ).
  13. Préfecture d'Aomori 2013, p. 3.
  14. Préfecture d'Aomori 2013, p. 9.
  15. Préfecture d'Aomori 2013, p. 3, 5.
  16. Préfecture d'Aomori 2013, p. 3, 5 et 9.
  17. Préfecture d'Aomori 2013, p. 10.
  18. Préfecture d'Aomori 2013, p. 7.
  19. Préfecture d'Aomori 2013, p. 11.
  20. Préfecture d'Aomori 2013, p. 13.
  21. Préfecture d'Aomori 2013, p. 15.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Préfecture d'Aomori, « The Sannai Maruyama Site : An Extraordinarily Large Settlement in Prehistoric Japan » [« Le site Sannai Maruyama : un extraordinaire et vaste hameau du Japon préhistorique »] [PDF], sur jomon-japan.jp, (consulté le ).
  • Uncovering the details of Jomon culture: From the Sannai Maruyama ruins to the Jomon Archipelago, National Museum of Japanese History, 2001.
  • Jonathan M. Reynolds, « Les parcs archéologiques de Sannai Maruyama et Yoshinogari : Identité culturelle et préhistoire dans le Japon contemporain », Perspective, vol. 1 « Japon », , p. 329-345 (lire en ligne, consulté en )

Articles connexes

Lien externe

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