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SĂ©bastien-Louis-Gabriel Jorry

Sébastien-Louis-Gabriel Jorry, né le à Paris, où il est mort le [1], est un militaire et un militant révolutionnaire français.

SĂ©bastien-Louis-Gabriel Jorry
Biographie
Naissance
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(Ă  84 ans)
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Biographie

Fils de Louis Jorry, libraire-imprimeur, et de son épouse, Marie-Charlotte Valeyre, il s'engage dans l'armée le , à 19 ans, avec le grade de sous-lieutenant au 11e régiment de chasseurs à cheval. Il prend part à la bataille de Jemmapes (1792), où il est blessé. Lieutenant (), puis chef de bataillon et adjudant général provisoire, il sert dans l'armée des Ardennes, puis de Sambre-et-Meuse. Accusé de « lâcheté » lors de l'attaque du château de Bouillon par les Autrichiens, il est suspendu le .

Trois ans après, le , il est admis au traitement de réforme, à la suite de son implication dans la conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf. Arrêté comme complice, il sera acquitté[2], l'accusateur de la Haute-Cour de Vendôme ne trouvant pas de charges suffisantes contre lui.

Quelques jours après le Coup d'État du 18 fructidor an V (), le Directoire cherche Ă  se concilier son aile gauche en offrant un emploi Ă  certaines figures jacobines (Ă©galement pour les surveiller et les Ă©loigner), particulièrement Jean Antoine Rossignol et Jorry. Conduits par Sotin, ministre de la police gĂ©nĂ©rale auprès de Talleyrand, ministre des Relations extĂ©rieures, fin octobre, les deux hommes se voient offrir un poste Ă  Rome. Tandis que Rossignol dĂ©cline l'offre, Jorry l'accepte et reçoit un acompte de 100 louis (soit 2 400 francs) sur son futur traitement, avec l'engagement de partir sans retard pour l'Italie. Mais, par la suite, Jorry demeure Ă  Paris, attendant, d'après ses dires, ses instructions, que Talleyrand ne prend pas la peine de lui remettre.

Au bout de cinq mois, les Directeurs s'émeuvent de cette présence irrégulière et demandent, fin mars 1798, des explications à Talleyrand. En réponse, le ministre envoie son rapport le 26 mars. En tête, Merlin de Douai note : « Faire sur le champ poursuivre comme escroc l'ex-adjudant général Jorry ». Arrêté le 5 avril, à 5 h du matin, Jorry est écroué à la prison de l'Abbaye, où il passe cinq jours, avant d'être libéré le 9, à 4 heures de l'après-midi, à la demande du juge de paix Hanoteau, de la section du Mail, et avec l'accord des Directeurs. Le même jour est diffusé, sous la forme d'une lettre au Journal des hommes libres, un placard dans lequel « le citoyen Jorry, électeur » dénonce Talleyrand, qu'il accuse d'être à l'origine de son emprisonnement. Le 12 avril, dans un second placard, Jorry indique qu'il a remis les cent louis confiés par Talleyrand au juge Hanoteau[3]. Talleyrand, de son côté, se figure qu'il s'agit d'une manœuvre de Barras pour l'empêcher d'entrer au Directoire. De fait, lors du remplacement de François de Neufchâteau, le , il se voit préférer Jean-Baptiste Treilhard.

Par ailleurs, Jorry introduit auprès du parquet du département de la Seine une demande de poursuites contre Talleyrand pour arrestation arbitraire, mais, d'ajournement en ajournement, elle n'aboutit pas. Toutefois, à l'époque, une Deuxième Coalition se forme contre la République, qui est chassée de presque toute l'Italie et menacée en Allemagne et en Suisse. L'opinion attribue ses défaites au Directoire et à son ministre des Relations extérieures ; de nombreux pamphlets paraissent, à la faveur des mesures libérales votées par les Conseils en juin 1799, et le Journal des hommes libres, dirigé par Pierre-Antoine Antonelle lance une campagne contre Talleyrand.

Une nouvelle tentative pour devenir directeur, après la démission de Merlin de Douai et de Jean-François Reubell : Louis Gohier, Roger Ducos et Jean-François Moulin lui sont préférés.

Le 24 messidor an VII (), la première section du tribunal de police correctionnelle du canton de Paris reconnaĂ®t que Talleyrand s'est livrĂ© Ă  une « dĂ©nonciation injurieuse et calomnieuse » et que les poursuites menĂ©es contre Jorry Ă©taient « inconstitutionnelles et vexatoires », lui permet d'imprimer et d'afficher le jugement Ă  2 000 exemplaires et lui alloue 100 000 francs de dommages et intĂ©rĂŞts. Le lendemain, Talleyrand envoie sa dĂ©mission aux Directeurs. Après une nouvelle demande le 2 thermidor (20 juillet), elle est acceptĂ©e par le Directoire. Enfin, le 17 thermidor (4 aoĂ»t), un arrĂŞtĂ© du ministre de la guerre Bernadotte rĂ©intègre Jorry dans l'armĂ©e ; il est affectĂ© Ă  l'armĂ©e d'Italie.

Toutefois, après le coup d'État du 18 brumaire et l'instauration du Consulat, un arrĂŞtĂ© en deux articles ordonne l'emprisonnement de 37 rĂ©publicains, dont Jorry, Ă  Rochefort (article 1), et l'exil de 22 autres, dont Antonelle, dans diverses localitĂ©s de Charente-InfĂ©rieure (article 2), le 25 brumaire (). Ă€ cette occasion, Talleyrand intervient en faveur de Jorry, dans une lettre Ă  FouchĂ©, ministre de la police gĂ©nĂ©rale, publiĂ©e dans le Moniteur le 29 brumaire (20 novembre). La demande est assez intĂ©ressĂ©e, car cette mesure de rigueur a Ă©tĂ© très mal accueillie par l'opinion, et les Consuls sont obligĂ©s de rapporter l'arrĂŞtĂ© le 3 frimaire an VIII (). Le mĂŞme jour, l'habile Talleyrand retrouve son poste de ministre des Relations extĂ©rieures.

Pendant la Restauration, Jorry est gouverneur de l'île d'Oléron[4]. Sous la monarchie de Juillet, il commande la place de Navarin, en Morée de 1830 à 1833. Il meurt en 1857, à l'âge de 84 ans, sans avoir jamais pu obtenir, malgré des sollicitations répétées, le grade de colonel.

Notes et références

  1. Base LĂ©onore
  2. Alfred Espinas, La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution, Félix Alcan, , « VII. Le procès de Vendôme », p. 369-370.
  3. René de La Croix de Castries, « Revue critique de "Talleyrand et le Directoire" », Revue des Deux Mondes,‎ , p. 104-114
  4. Christine Le Bozec, Barras, Paris, Perrin, coll. « Biographies », (lire en ligne), « 22. Le retraité de Chaillot », p. 326 à 339

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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