Accueil🇫🇷Chercher

Rue d'Astorg (Paris)

La rue d'Astorg est une voie du 8e arrondissement de Paris.

8e arrt
Rue d'Astorg
Voir la photo.
Rue d'Astorg vue de la place Saint-Augustin.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 8e
Quartier Madeleine
Début 24, rue de la Ville-l'Évêque
Fin Place Saint-Augustin
Voies desservies Rue Roquépine
rue Lavoisier
Morphologie
Longueur 280 m
Largeur 10 m
Historique
Création 1774
GĂ©ocodification
Ville de Paris 0474
DGI 0505
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue d'Astorg
GĂ©olocalisation sur la carte : 8e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 8e arrondissement de Paris)
Rue d'Astorg
Images sur Wikimedia Commons Images sur Wikimedia Commons

Situation et accès

Elle commence au 24, rue de la Ville-l'Évêque et se termine place Saint-Augustin.

Le quartier est desservi par la ligne de métro (M) (9) à la station Saint-Augustin et par les lignes de bus RATP 52 84.

Origine du nom

La rue porte le nom de Louis d'Astorg d'Aubarède (1714-1782), marquis de Roquépine, lieutenant général des armées du roi Louis XV.

Historique

Comme la rue Roquépine (ancienne rue Verte), la rue d'Astorg a été ouverte en vertu de lettres patentes du entre la rue Roquépine et la rue de la Ville-l'Évêque sur d'anciens marais appartenant à Louis d'Astorg d'Aubarède, marquis de Roquépine[1].

Par lettres patentes du , la rue d'Astorg fut prolongée vers le nord afin d'offrir aux Gardes françaises casernées rue Neuve-Saint-Charles (actuelle rue de la Pépinière) un passage facile vers les Champs-Élysées où ils faisaient leur exercice, en coupant à travers ces marécages et en évitant ainsi d'abimer les cultures[2]. Cette nouvelle partie de la rue fut pavée en vertu d'un arrêt du Conseil du .

Quelques années après, une troisième section fut ouverte sous le nom de « rue Maison-Neuve », entre la rue de la Pépinière (actuelle rue La Boétie) et la rue de la Voirie, aujourd'hui disparue, et qui desservait la voirie au nord-ouest parisien (actuelle place Henri-Bergson)[3]. Incorporée à la rue d'Astorg en 1840, cette dernière section a disparu en 1854 pour permettre le percement du boulevard Malesherbes.

La largeur de ces trois sections fut fixĂ©e Ă  10 mètres par dĂ©cision ministĂ©rielle du 3 thermidor an IX () puis par une ordonnance royale du .

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

No 9.
  • No 1 : immeuble du XIXe siècle qui abrite le siège du cabinet parisien Clifford Chance depuis 2015, après avoir hĂ©bergĂ© le siège social de la sociĂ©tĂ© Suez-Environnement.
  • Nos 4 et 6 : ces deux immeubles de rapport en pierre de taille du XIXe siècle sont tout ce qui subsiste, avec l'hĂ´tel du no 12, de la vaste propriĂ©tĂ© Greffulhe (voir ci-dessous, nos 8, 10 et 12).
  • Nos 7 et 7 bis : deux hĂ´tels particuliers achetĂ©s en 1871 par le comte Charles Greffulhe. L'hĂ´tel particulier du comte et de la comtesse Greffulhe (modèles du duc et de la duchesse de Guermantes de Proust) se trouvait Ă  l'Ă©poque aux nos 8-10. Les bâtiments ont Ă©tĂ© dĂ©truits pour laisser place Ă  des immeubles de bureau.
  • Nos 8 et 10 : siège de la sociĂ©tĂ© d'assurance mutuelle Groupama.
  • No 9 : curieuse construction en pierre et briques comprenant un corps central et deux ailes. La comtesse Vilain XIIII a habitĂ© Ă  cette adresse (1891) [4], de mĂŞme que la comtesse Raymond de Turenne (1904) [5]. L'Ă©tude Thibierge, l'une des plus grosses Ă©tudes notariales de Paris, y a son siège depuis 1930[6].
  • No 11 : l'HĂ´tel Astor Saint-HonorĂ©, crĂ©Ă© par Lord Astor, homme d’affaires amĂ©ricain disparu dans le naufrage du Titanic en 1912.
Immeuble aux nos 12 et 12 bis.
  • No 12 : hĂ´tel de Bailleul. Bâtiment Ă  l'origine du XVIIIe siècle mais fortement remaniĂ© depuis. La vaste propriĂ©tĂ© qui se trouvait Ă  cet emplacement appartenait sous l'Empire au prince de Talleyrand qui l'Ă©changea en 1808 contre l'hĂ´tel Matignon Ă  la danseuse Anne ÉlĂ©onore Franchi, maĂ®tresse du riche banquier Quentin Crawford. L'hĂ´tel fut ensuite revendu au marquis d'Aligre qui divisa la propriĂ©tĂ© et fit bâtir l'actuel bâtiment du no 12 qu'il loua Ă  vie Ă  Mme de Bailleul. Cette dernière mourut le et la jouissance de l'hĂ´tel passa Ă  sa fille, Mme de Pomereu, puis, Ă  la mort de celle-ci en 1860, Ă  son troisième fils, le comte Armand de Pomereu d'Aligre. En 1865, l'hĂ´tel abrita la lĂ©gation du Portugal. JosĂ© de PaĂŻva, ministre du Portugal Ă  Paris y rĂ©sida. Le , le comte Charles Greffulhe (1814-1888) acquit du comte de Pomereu l'hĂ´tel oĂą il logea Ă  partir de 1871 sa fille Louise (1852-1932) et son gendre, le comte Robert des Acres de L'Aigle (1843-1931), dĂ©putĂ© de l'Oise de 1885 Ă  1893. Une galerie couverte le reliait alors Ă  l'hĂ´tel du no 10. L'hĂ´tel passa ensuite Ă  leur fils, Charles des Acres de L'Aigle (1875-1935), puis Ă  la fille de celui-ci, Louise, par son mariage, comtesse de Montmort, dont les trois fils le vendirent le Ă  la sociĂ©tĂ© ARC (AmĂ©nagement RĂ©novation Construction).
  • No 12 bis : ancien siège de l'Union des femmes françaises.
  • No 15 : immeuble abritant l'ambassade du Sri Lanka.
  • No 17 : cet immeuble a abritĂ© en 1925 et 1926 la rĂ©daction du quotidien russe pro-soviĂ©tique Parijski vestnik (« Le Courrier de Paris ») et de 1925 aux annĂ©es 1930 la rĂ©daction parisienne de l'agence soviĂ©tique Tass.
  • No 29 : hĂ´tel particulier dans lequel Le Corbusier installa son agence d'architecture en 1917. La photographe Dora Maar y eut son studio en 1935 et a d’ailleurs donnĂ© le titre 29, rue d’Astorg Ă  l’une de ses Ĺ“uvres [7].
  • No 29 bis : le marchand de tableaux Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979) s'associa en 1920 avec AndrĂ© Simon pour crĂ©er dans cet hĂ´tel la galerie Simon qui se substitua Ă  la galerie Kahnweiler, ouverte en 1907, et ce jusqu'en 1940.
  • No 30 : immeuble abritant l'ambassade d'Andorre. Il appartenait au XIXe siècle Ă  Charles Greffulhe. Abritait au rez-de-chaussĂ©e un magasin FĂ©lix Potin auquel a succĂ©dĂ© un Monoprix.

Bâtiments détruits

  • Nos 8 et 10 : hĂ´tels Greffulhe. Vers 1867, le comte Charles Greffulhe (1814-1888), qui habitait jusqu'alors rue de la Ville-l'ÉvĂŞque, achetait Ă  Antoine de Noailles (Ă©galement propriĂ©taire de l'HĂ´tel de Mouchy aux nos 21-23 de la mĂŞme rue), la propriĂ©tĂ© familiale de 4 850 m2 de contenance qui s'Ă©tendait du 4 au 10, rue d'Astorg et comprenait, outre les deux immeubles de rapport mentionnĂ©s plus haut (nos 4 et 6), deux hĂ´tels particuliers, le no 8 Ă©tant adossĂ© au no 10 avec lequel il communiquait par les salons[8]. Les deux hĂ´tels ont Ă©tĂ© dĂ©truits en 1958 et remplacĂ© par un immeuble de bureaux :
    • l'hĂ´tel du no 8 fut habitĂ© par le comte Henri Greffulhe, frère cadet de Charles, mort cĂ©libataire, puis, en 1881, par le fils de Charles, le comte Henry-Jules Greffulhe (1848-1932) et sa femme Élisabeth de Riquet de Caraman (1860-1952), jusqu'alors logĂ©s dans un appartement du no 10 ;
    • le no 10 disposait d'un immense jardin communiquant avec celui de l'hĂ´tel d'Arenberg, au 20, rue de la Ville-l'ÉvĂŞque. L'antichambre, tendue de tapisseries, donnait accès sur la gauche Ă  une enfilade de quatre salons. La façade sur jardin comportait une rotonde Ă  laquelle on accĂ©dait par un perron et oĂą se trouvait le grand salon, aux meubles capitonnĂ©s recouverts de damas vert. La salle Ă  manger, très vaste, donnant sur la cour, Ă©tait dĂ©corĂ©e de tapisseries des Flandres[9]. Demeure mythique pour le gratin parisien, qui le surnommait « le Vatican », l'hĂ´tel Greffulhe abritait une remarquable collection de meubles, tableaux et objets XVIIIe, rassemblĂ©e par Henri Greffulhe, puis par son neveu. Marcel Proust, qui y fut reçu quelquefois, fut fort impressionnĂ© par cet hĂ´tel et son mobilier, qui figure nommĂ©ment dans ses Cahiers de brouillon, et qui nourrit plusieurs passages de Ă€ la recherche du temps perdu[10].
  • No 14 (angle de la rue RoquĂ©pine) : autrefois dĂ©pendance de l’hĂ´tel d'Aligre qui se trouvait rue d'Anjou[11], ce qui donne une idĂ©e de la taille de cette propriĂ©tĂ©.
  • Nos 17-19 : le fondeur d'art Debreaux d'Englures, Ă©tabli rue de Castiglione, ouvrit en 1837 une galerie Ă  cette adresse. Vers 1900, une Ă©picerie-fruiterie et un cafĂ©-restaurant s'y trouvaient. La maison fut ensuite dĂ©molie pour cĂ©der la place Ă  un immeuble de rapport.
  • Nos 21-23 : hĂ´tel de Mouchy. RĂ©sidence d'Antoine de Noailles (1841-1909), duc de Mouchy. DĂ©truit et remplacĂ© aujourd'hui par un immeuble de bureaux.
  • Nos 25-27 : un bel hĂ´tel particulier du XIXe siècle a cĂ©dĂ© la place Ă  un immeuble de bureaux de plus de 11 500 m2 dans les annĂ©es 1930. Celui-ci a Ă©tĂ© depuis sa construction le siège de la Caisse Autonome Mutuelle de Retraite (CAMR), rĂ©gime spĂ©cial des agents des chemins de fer secondaires, qui a disparu dĂ©finitivement en 1992. Par un dĂ©cret d’, le gouvernement dĂ©cida « d’affecter Ă  titre dĂ©finitif » l’immeuble de la rue d’Astorg au ministère de la SantĂ© et des Affaires sociales qui l'attribua Ă  titre de dotation Ă  la Caisse nationale de l'assurance vieillesse des travailleurs salariĂ©s (CNAV)[12]. Vendu en 2006 par l'État pour 101,2 millions d’euros Ă  la Compagnie immobilière BĂ©telgeuse contrĂ´lĂ©e par un fonds d’investissement europĂ©en, Orion Capital Managers, il abrite aujourd'hui divers locataires dont le Conseil national du sida.
  • No 31 : hĂ´tel de RoquĂ©pine. C'est lĂ  que naquit Louis d'Astorg d'Aubarède, marquis de RoquĂ©pine, propriĂ©taire des terrains marĂ©cageux sur lesquels la rue d'Astorg fut ouverte. L'hĂ´tel appartint ensuite, en 1856, au gĂ©nĂ©ral-comte de Goyon (1803-1870), sĂ©nateur du Second Empire, membre de la maison de l'Empereur et qui fut appelĂ© en 1859 au commandement du corps d'occupation de Rome. Il n'existait plus en 1910[13].

Autres résidents célèbres

Notes et références

  1. « Louis, etc. Par arrêt rendu en notre Conseil d'État, cejourd'hui, nous y étant, sur la requête de nos chers et bien-amés Louis d'Astorg d'Aubarède, marquis de Roquépine, lieutenant général de nos armées, comme ayant des droits considérables de propriété sur un grand terrain contigu aux rues Verte et de la Ville-l'Évêque, appartenant, pour la majeure partie, aux héritiers Belloy, et se portant fort pour eux, Louis-Charles Froment et Marie-Anne-Élisabeth Louvet, sa femme, Charles Lemaître, Jean Toray, François Drouet et Marie-Marthe Louvet, sa femme, et autres copropriétaires de différents terrains contigus auxdites rues, et ayant consenti d'abandonner gratuitement les portions nécessaires à la formation d'icelles, même de contribuer à la dépense du premier pavé et des terrasses, par acte passé devant notaire à Paris le 4 novembre 1773, etc. ordonnons que la rue Verte sera prolongée. Comme aussi, ordonnons qu'il sera ouvert, sur le terrain de la succession de Belloy, une nouvelle rue sous le nom d'Astorg, qui commencera par embranchement à la rue de la Ville-l'Évêque, et qui finira à la continuation de la rue Verte ; voulons que la largeur de ladite rue d'Astorg soit fixée à 30 pieds […] Donné à Versailles, le 4 mars 1774. » Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, 1855 ; rééd. Maisonneuve & Larose, 2003, p. 177.
  2. « Louis, etc. Nous étant fait représenter les plans du faubourg Saint-Honoré et des nouvelle rue d'Astorg et prolongation de la rue Verte, formées en conséquence des lettres patentes du 4 mars 1774, nous avons reconnu que, pour rendre ce quartier plus commode, donner les accès et débouchés qui y sont nécessaires, faciliter à nos Gardes françaises, qui y sont casernées rue Neuve-Saint-Charles et rue Verte, les moyens de se rendre aux exercices qui se font dans les Champs-Élysées et aux lieux où leur service peut les appeler, en évitant aux soldats l'occasion de passer et traverser les marais, où, malgré toutes leurs précautions, ils ne peuvent s'empêcher d'occasionner beaucoup de dégâts ; il serait également utile, et dans l'intention desdites lettres patentes, que ces deux rues fussent prolongées, la première pour avoir son ouverture dans la rue Neuve-Saint-Charles, près de ladite caserne […] ; ordonnons que la rue d'Astorg sera prolongée et ouverte à travers les terrains appartenant aux sieurs Louvet et Moreau, et sur celui appartenant à la compagnie des monnoyeurs et ajusteurs de la Monnaie de Paris […] Donné à Versailles, le 24 juillet 1778. » Ces lettres patentes donnèrent lieu à des observations consignées dans un procès-verbal du 30 janvier 1779 et qui ne furent pas admises. Cf. Félix Lazare, op. cit., p. 177-178.
  3. Selon Charles Lefeuve, dans une notice écrite en 1856, la rue, dans cette section, « a pris la place d'un chemin montant ; cette rampe conduisait à un lieu parfaitement infect où se jetaient encore les immondices il y a vingt ans, et où les chiffonniers s'abattaient ainsi que les corbeaux, au grand chagrin des rats qu'ils y dérangeaient à chaque instant. » Cf. Les Anciennes Maisons de Paris, op. cit., tome I, p. 174-175.
  4. « Vol mystérieux », Le Mot d’ordre, 19 mars 1891, sur RetroNews.
  5. « Nécrologie », Le Triboulet, 20 mars 1904, sur RetroNews.
  6. Le Petit Parisien, 6 février 1930, sur RetroNews.
  7. « 29, rue d’Astorg », Centre Pompidou.
  8. Anne de Cossé Brissac, La Comtesse Greffulhe, Paris, Perrin, 1992, p. 53-54.
  9. Description dans les années 1880, du temps de la comtesse Félicie Greffulhe. Cf. Anne de Cossé Brissac, op. cit., p. 81.
  10. Laure Hillerin, La Comtesse Greffulhe. L'ombre des Guermantes, Paris, Flammarion, , 400 p. (ISBN 978-2-08-129054-9, lire en ligne), p. 260-265 et 444-447.
  11. Charles Lefeuve, op. cit., tome I, p. 174.
  12. Yves Housson, « Un patrimoine des retraités détourné », L'Humanité, 26 décembre 2006.
  13. F. de Rochegude, op. cit., p. 27.

Sources

  • Charles Lefeuve, Les Anciennes Maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Paris, C. Reinwald, 5e Ă©dition, 1875.
  • FĂ©lix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, 1910.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.