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Roquette de mer

Cakile maritima

Haut de plage végétalisé par Cakile maritima, avec formation de nebkas sous le vent de ces plantes.
La punaise du cakile, insecte phytophage, ne vit que sur sa plante hĂ´te, la roquette de mer.

La Roquette de mer (Cakile maritima), aussi appelée Cakilier maritime ou Tétine de souris, est une plante herbacée annuelle de la famille des Brassicaceae. Le nom scientifique du genre est emprunté à l'arabe kakeleh, qaqila ou qaqulla, nom qui désigne le Cardamone[1]. Le nom vernaculaire roquette vient de la plante Eruca, qui a donné le bas-latin ruca, puis le diminutif en vieil italien ruchetta[2].

Plante halonitrophile caractéristique du haut des plages[Note 1], elle profite de l'enrichissement en nitrates dû à la laisse de mer, ainsi que du sel déposé par les plus hautes marées ou les vagues[3].

Description

Appareil végétatif

Plante buissonnante annuelle glabre, cette roquette a une racine pivotante de 40 cm de longueur, le pivot gĂ©nĂ©ralement Ă©pais portant de longues racines latĂ©rales. Sa tige feuillĂ©e vert grisâtre, de 15 Ă  45 cm de haut, est d'abord Ă©talĂ©e puis redressĂ©e. D'abord succulente, elle devient ligneuse avec l'âge. Elle est flexueuse, rameuse dès la base, Ă  rameaux ascendants, formant des buissons d'un diamètre pouvant atteindre un mètre. Ses feuilles alternes, de forme variable ont une rĂ©serve d'eau (feuilles succulentes). L'hĂ©tĂ©rophyllie se traduit par des feuilles infĂ©rieures de 3-6 cm, sinuĂ©es-dentĂ©es ou pennatifides, Ă  lobes inĂ©gaux, obtus, entiers ou dentĂ©s. Les feuilles supĂ©rieures, entières et sessiles, sont moins lobĂ©es[4].

Elle évite le risque d'enfouissement dû au déplacement fréquent des sables et à l'accrétion, en n'assurant son développement qu'après les marées d'équinoxe. Elle germe après ces marées, assurant sa maturité et la production de graines avant l'automne ; ainsi, les individus meurent, mais la population survit via les semences produites et conservées dans le sable durant l'hiver : la Roquette de mer est une thérophyte estivale[5].

  • Tige feuillĂ©e et inflorescence
    Tige feuillée et inflorescence
  • Jeune semis avec ses deux cotylĂ©dons
    Jeune semis avec ses deux cotylédons

Appareil reproducteur

La pĂ©riode de floraison de cette plante mellifère s'Ă©tend d'avril Ă  octobre[6]. L'inflorescence est un racème simple portant de plus de 20 grandes fleurs odorantes, lilas, roses ou blanches, faisant jusqu'Ă  25 mm de diamètre. Les organes reproducteurs sont caractĂ©ristiques de la famille des BrassicacĂ©es : quatre sĂ©pales dressĂ©s de 3 Ă  mm, les latĂ©raux bossus Ă  la base ; quatre pĂ©tales assez larges, de 6 Ă  10 mm de longueur[4] ; l'androcĂ©e anisostĂ©mone, dialystĂ©mone, anisodyname et tĂ©tradyname est composĂ© de six Ă©tamines Ă  dĂ©hiscence longitudinale. La pollinisation est entomogame mais, si elle Ă©choue, peut devenir autogame[7]. Le gynĂ©cĂ©e est formĂ© de deux carpelles soudĂ©s Ă  un ovaire supère uniloculaire (mais ordinairement biloculaire car subdivisĂ© par une "fausse-cloison", le replum), et est caractĂ©risĂ© par l'absence de style. La grappe fructifère longue, Ă  pĂ©dicelles Ă©pais et courts, porte de 10 Ă  70 fruits[4]. Le fruit sec est une silique quatre fois plus longue[Note 2] que large, coriace, Ă  2 articles indĂ©hiscents, le supĂ©rieur tĂ©tragone-comprimĂ©, caduc, Ă  une graine dressĂ©e (occasionnellement 2, rarement 3), deux fois plus long que l'infĂ©rieur en cĂ´ne renversĂ©, Ă  deux cornes au sommet[Note 3], persistant, Ă  une graine pendante, oblongue. Le mode de dissĂ©mination est anĂ©mochore et hydrochore pour l'article supĂ©rieur[4], ce qui permet Ă  la plante d'avoir une large reprĂ©sentation dans les communautĂ©s de plage sèche des littoraux. L'article infĂ©rieur a tendance Ă  libĂ©rer sa graine alors qu'il est encore attachĂ© Ă  la plante-mère et contribue ainsi au maintien d'une population sur place[8].

Habitat et répartition

Sous-espèces

En raison de la plasticité phénotypique de cette plante, les botanistes distinguent plusieurs sous-espèces[9] - [4] :

  • Cakile maritima Scop. subsp. maritima, des cĂ´tes de MĂ©diterranĂ©e occidentale
  • Cakile maritima Scop. subsp. integrifolia (Hornem.) Hyl. ex Greuter & Burdet, des cĂ´tes de l'Atlantique
  • Cakile maritima Jordan ex Rouy & Fouc. subsp. baltica, des cĂ´tes baltiques
  • Cakile maritima Pobed. subsp. euxina, des cĂ´tes de la Mer noire
  • Cakile maritima Willd. subsp. aegyptiaca, des cĂ´tes de MĂ©diterranĂ©e orientale

Utilisations

En dépit de son nom, elle n’est que très peu consommée. La racine pivotante a parfois été consommée, crue ou cuite, pour son goût piquant et sa texture charnue, mais elle est vite ligneuse et a une amertume marquée. Les jeunes feuilles peuvent être mangées crues (en salade) ou cuites (en légume). Leur texture charnue est agréable mais, soumises aux embruns, elles sont salées, ont une saveur piquante voir âcre et leur amertume est parfois marquée. Les fleurs et les fruits jeunes encore tendres sont également comestibles[10].

Sa richesse en vitamine C explique que cette plante a jadis été utilisée pour lutter contre le scorbut. Selon les phytothérapeutes, elle possède de nombreuses vertus, diurétique, purgatif, antiseptique[11].

Risque de confusion

Le cakilier maritime partage son habitat avec quelques autres Brassicacées à fleurs violettes, roses ou blanches dont les Matthioles (Matthiole à fruits à trois cornes, Giroflée des dunes) ou la malcolmie des côtes (es) (ou julienne des sables). Le risque de confusion est faible car ces espèces sont velues et leurs fruits sont de longues siliques.

Roquette de mer dans la littérature

Notes et références

Notes

  1. Cette espèce pionnière est plus généralement caractéristique de la première ligne de plage et jusqu'à la base de la première dune côtière.
  2. De 1,5 Ă  3 cm.
  3. Ces deux pointes leur donnent l'aspect de fers de flèches.

Références

  1. (en) Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Plant Names : Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology, CRC Press, (lire en ligne), p. 388.
  2. Mélinda Wilson, Fleurs comestibles, Les Éditions Fides, , p. 190
  3. Antoine Da Lage et Georges Métailié, Dictionnaire de Biogéographie végétale, CNRS Éditions, , p. 203
  4. (en) A.J. Davy, R. Scott, C.V. Cordazzo, « Biological flora of the British Isles: Cakile maritima Scop. », Journal of Ecology, vol. 94, no 3,‎ , p. 695-711 (DOI 10.1111/j.1365-2745.2006.01131.x).
  5. François de Beaulieu, La Bretagne. La géologie, les milieux, la faune, la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 66
  6. Benoît Larroque et Jean Favennec, Guide de la flore du littoral sableux méditerranéen : De la Camargue au Roussillon, Éditions Sud Ouest, , 277 p. (ISBN 9782817704487), p. 49
  7. (en) James E. Rodman, Systematics and evolution of the genus Cakile (Cruciferae), Contributions from the Gray Herbarium of Harvard University, n°205, 1974, p. 3-146
  8. Cakilier maritime, fiche du site DORIS
  9. Données d'après : Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.
  10. François Couplan, Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Delachaux et Niestlé, , p. 66.
  11. Michel Luchesi, Cueillette & récolte en bord de mer, Fleurus, , p. 15.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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