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Robert de La Rochefoucauld

Le comte Robert Jean Marie de La Rochefoucauld, né le à Paris et mort le à Ouzouer-sur-Trézée[1], est un résistant français de la Seconde Guerre mondiale.

Robert de La Rochefoucauld
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activité
PĂšre
Olivier de La Rochefoucauld (d)
MĂšre
Consuelo de Maillé de La Tour-Landry (d)

Biographie

Entrée dans la Résistance

Petit-fils d'Artus de MaillĂ© de la Tour-Landry, duc de MaillĂ©, et de Carmen de Wendel, fils du comte Olivier de La Rochefoucauld, Robert de La Rochefoucauld a 16 ans Ă  l'invasion allemande de . Il ne supporte pas l'occupation de la France et se dĂ©clare ouvertement gaulliste. DĂ©noncĂ© Ă  la Gestapo, il est envoyĂ© par ses parents se cacher Ă  Paris oĂč il dĂ©cide Ă  18 ans de rejoindre le gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Il arrive Ă  Perpignan en et franchit la frontiĂšre espagnole grĂące Ă  une filiĂšre de la RĂ©sistance. ArrĂȘtĂ© par la police franquiste, il est internĂ© au camp de Miranda. Il se fait passer pour Anglais et est remis Ă  l'ambassade britannique qui organise son Ă©vacuation. ArrivĂ© Ă  Londres, il veut s'engager dans les Forces françaises libres mais est sollicitĂ© par deux aviateurs anglais Ă©vadĂ©s avec lui de France, pour entrer dans la branche Action du Special Operations Executive (SOE). Reçu par de Gaulle Ă  qui il fait part de son dilemme, il est encouragĂ© Ă  choisir le SOE : mĂȘme alliĂ© avec le diable, c'est pour la France, allez-y[2].

Avec le SOE

RecrutĂ© dans la R/F Section du colonel Maurice Buckmaster, Robert de La Rochefoucauld suit un long entraĂźnement qui mettra en valeur ses qualitĂ©s de commando et lui sera trĂšs utile par la suite. Il est parachutĂ© en juillet 1943 dans le Morvan, alors qu'il n'a pas encore 20 ans, pour entraĂźner un maquis et saboter la centrale Ă©lectrique d'Avallon qui alimente aussi une usine travaillant pour l'armĂ©e allemande. La centrale saute. En novembre, Robert de La Rochefoucauld est arrĂȘtĂ© par la Gestapo. Il est conduit en camion Ă  Auxerre, assis sur son cercueil, pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©. ArrivĂ© dans la ville, il saute en marche et fuit dans les rues sous les rafales. Profitant de la distraction du chauffeur d'une personnalitĂ© allemande, il s'empare de la voiture, portant le pavillon nazi, et arrive Ă  gagner la campagne. Il force un barrage sous le feu, abandonne la voiture et arrive Ă  Paris par le train. Il se rend Ă  Amiens oĂč il est pris en mains par le rĂ©seau Zephir du SOE. À Calais, un sous-marin l'attend et le ramĂšne en Angleterre.

En , Robert de La Rochefoucauld est parachutĂ© en Gironde pour faire sauter la poudrerie de Saint-MĂ©dard-en-Jalles, gardĂ©e par les Allemands. Le maquis Bayard le fait embaucher comme ouvrier du chantier. La Rochefoucauld peut ainsi introduire ses explosifs un par un. La poudriĂšre saute le . La Rochefoucauld cherche Ă  joindre Ă  Bordeaux le chef rĂ©gional du SOE, Aristide (Roger Landes)[3]. Il est arrĂȘtĂ© par les Allemands et emprisonnĂ© pour interrogatoires au fort du HĂą. Simulant dans la nuit une crise d'Ă©pilepsie, il Ă©trangle son gardien, dont il prend l'arme et l'uniforme, abat deux gardes en faction et peut de nouveau s'Ă©chapper. Il rejoint Aristide Ă  Bordeaux puis poursuit la lutte au sein du rĂ©seau Charly.

Il continuera la guerre en Allemagne et restera ensuite dans l'armée, spécialisé dans les opérations de commando. Il formera ainsi des commandos pour l'Indochine et organisera des opérations parachutées dans le Sinaï pendant l'expédition de Suez en 1956.

Le procĂšs Papon

Robert de La Rochefoucauld témoigne en faveur de l'accusé au procÚs de Maurice Papon lors du procÚs de Bordeaux en . Il y rapporte que Maurice Papon était à l'été 1944 un relais de la Résistance.

Robert de La Rochefoucauld a laissĂ© des mĂ©moires de guerre. Il a Ă©tĂ© maire d'Ouzouer-sur-TrĂ©zĂ©e (Loiret) oĂč il Ă©tait exploitant forestier dans son domaine de Pont-Chevron. Il est mort Ă  88 ans et repose Ă  Diors (Indre).

Discordances dans le récit de R. de La Rochefoucauld

Cette section est partiellement ou en totalité issue de la section Discrepancies in La Rochefoucauld's account de l'article de Wikipedia en anglais intitulé Robert de La Rochefoucauld, dans sa version du .

Ni Robert de La Rochefoucauld ni ses missions en France n'apparaissent dans l'histoire officielle du "SOE en France", publiĂ©e initialement en 1966[4]. Étant donnĂ© la nature extraordinaire de son parcours pendant la guerre, il est Ă©galement Ă©tonnant que d'autres rĂ©cits notables et les mĂ©moires d'anciens agents du SOE ne le mentionnent pas, et son nom reste Ă  trouver dans les archives du SOE conservĂ©es aux National Archives (Royaume-Uni).

De plus, des Ă©vĂšnements dĂ©crits dans l'autobiographie de La Rochefoucauld sont contredits par d'autres preuves. Par exemple, bien qu'il affirme avoir sabotĂ© le dĂ©pĂŽt de munitions de Saint-MĂ©dard-en-Jalles en , cette cible avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© attaquĂ©e avec succĂšs par le Royal Air Force Bomber Command trois semaines plus tĂŽt, dans la nuit du 29 au [5]. Un rĂ©cit dans The Times du 1er mai dĂ©crit les rĂ©sultats exceptionnellement spectaculaires du raid et comment de "colossales" explosions ont Ă©tĂ© entendues une demi-heure aprĂšs la fin des bombardements[6]. Évaluant les rĂ©sultats peu de temps aprĂšs, un rapport de reconnaissance photographique de la RAF confirme que la cible a Ă©tĂ© lourdement endommagĂ©e : six grands entrepĂŽts ont Ă©tĂ© dĂ©truits, au moins la moitiĂ© des bĂątiments plus petits ont Ă©tĂ© endommagĂ©s ou dĂ©truits. La voie ferrĂ©e dans le site a Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement touchĂ©e par des coups directs en plusieurs points et trois cratĂšres de 90 pieds sont visibles depuis les airs[7].

La Rochefoucauld affirme aussi qu'il a été exfiltré par sous-marin de la cÎte de Berck prÚs de Calais à la fin du mois de [8], alors que d'aprÚs les sources officielles, le SOE n'a mené aucune opération maritime à l'est de la Bretagne durant cette période[9].

Au sujet de son recrutement, La Rochefoucauld mentionne qu'Éric Piquet-Wicks, commandant de la Secction RF du SOE Ă  l'Ă©poque, a repĂ©rĂ© son potentiel en Espagne en , mais Piquet-Wicks n'est pas arrivĂ© en Espagne avant le printemps 1944, quand il prit une fonction plus modeste Ă  Madrid aprĂšs avoir Ă©tĂ© soignĂ© de la tuberculose[10].

Un dossier sur La Rochefoucauld conservé par le Service historique de la Défense (SHD) à Vincennes soulÚve une interrogation supplémentaire : dans une demande aux Forces Françaises de l'Intérieur pour la reconnaissance de son activité de Résistance, son état de service indique qu'il n'a pas voyagé en Espagne ou en Angleterre, ni rejoint le SOE ou aucun autre service secret[11].

RĂ©ponses aux discordances

Cette section est partiellement ou en totalité issue de la section Answering the Discrepancies in La Rochefoucauld's account de l'article de Wikipedia en anglais intitulé Robert de La Rochefoucauld, dans sa version du :

La raison pour laquelle les missions de La Rochefoucauld n'apparaissent pas dans ‘SOE en France’ est que ce livre est une histoire de la section F du SOE. La Rochefoucauld Ă©tait alignĂ© sur la section R / F. De plus, son nom n'est pas retrouvĂ© dans les archives du SOE en raison de la perte d'un nombre important de fichiers SOE lors d'un incendie dĂ©sastreux survenu en 1946[12]. MĂȘme l'auteur de ‘SOE en France’, M.R.D. Foot, dit que 7 / 8e des dossiers du SOE ont Ă©tĂ© perdus Ă  cause de l'incendie et d’un nouvel Ă©lagage de la documentation[13] dĂ©tenue par les Archives nationales, Kew[14]. De plus, ‘Le Saboteur’ cite les archives sur La Rochefoucauld de l'armĂ©e française, et l'armĂ©e lui demande, Ă  l'automne 1944, de former d'autres cadets au parachutisme. Les registres de l'armĂ©e indiquent clairement que l'armĂ©e française savait que La Rochefoucauld Ă©tait un saboteur avec une formation Ă©trangĂšre. Les archives de La Rochefoucauld citent son gestionnaire britannique secret, qui avait le nom de code, "Henri"[13]'.

En rĂ©fĂ©rence au sabotage de Saint-MĂ©dard-en-Jalles, le rapport dĂ©taillĂ© final relatif aux circuits SOE en France soumis en (juste avant sa fusion par le MI6) cite ce qui suit Ă  la p. 75 : "Corps Franc Georges - Attaque de la poudrerie de Saint-MĂ©dard (15 jours hors service) ", ce qui soulĂšve la question de l'Ă©tendue des dĂ©gĂąts causĂ©s par le raid de la RAF du / , comme le London Times le rapporta avec tant d'enthousiasme le jour suivant. De mĂȘme que les archives locales de Saint-MĂ©dard ne signalent aucun dommage matĂ©riel important Ă  cette date[15].

En ce qui concerne l'absence de toute mention de ses activitĂ©s en temps de guerre dans les formulaires personnellement remplis et soumis aux autoritĂ©s françaises par La Rochefoucauld, cette omission aurait pu ĂȘtre le rĂ©sultat d'une certaine rĂ©ticence de La Rochefoucauld Ă  rĂ©vĂ©ler son association passĂ©e avec la section F britannique ou SOE[13] compte tenu de l'opinion dĂ©favorable que de Gaulle avait sur les Britanniques en gĂ©nĂ©ral et sur le SOE en particulier (Ray Argyle ‘The Paris Game’ -2014-).

En ce qui concerne le débarquement sous-marin, le livre de Kix, The Saboteur, cite un Motor Gun Boat, n ° 502, comme moyen pour La Rochefoucauld de s'échapper de la France (mais pas par Calais) et rentrer en Angleterre[16] - [17].

Concernant Piquet Wicks, The Saboteur affirme que La Rochefoucauld a rencontré l'ambassadeur Samuel Hoare en Espagne, pas Piquet-Wicks[18]. La Rochefoucauld a rencontré plus tard Piquet-Wicks à Londres[19].

MĂ©moires

  • Robert de La Rochefoucauld, La libertĂ©, c'est mon plaisir (1940-1946), Paris, Perrin, (ISBN 2-262-01984-3, BNF 38909865).
  • (en) Paul Kix, The Saboteur, The Aristocrat Who Became France's Most Daring Anti-Nazi Commando, New York, HarperCollins, , p.226.

Distinctions

Sources

  • Robert de La Rochefoucauld, Le Figaro, p. 17,
  • Article Ouest-France lors de son dĂ©cĂšs.
  • DĂ©cĂšs de Robert de La Rochefoucauld, La Croix,
  • "Count Robert de La Rochefoucauld", in The Telegraph,
  • "Robert de La Rochefoucauld, Wartime Hero and Spy, dies at 88", Richard Goldstein, in New York Times,
  • Hubert de Beaufort, Le Libre blanc, Histoire de l'occupation de Bordeaux, chapitre : Robert de La Rochefoucauld : agent du SOE et RĂ©sistant parachutĂ© Ă  Bordeaux, Paris, 2001, en ligne.

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Cité par Hubert de Beaufort
  3. RĂ©seau Actor
  4. (en) M.R.D. Foot, SOE in France, Routledge, (1re Ă©d. 1966).
  5. RAF History - Bomber Command 60th Anniversary : Campaign Diary, April 1944 (http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20070706011932/http.raf.mod.uk.bombercommand/apr44.html)
  6. R.A.F. Night Assault, The Times, London, 1 May 1944, p. 4
  7. Interpretation Report K.2100, AIR 51/218, National Archives, Kev
  8. La Rochefoucauld 2002, p. 70-71.
  9. (en) Brooks Richards, Secret Flotillas : Clandestine Sea Operations to Britanny, vol. I, Routledge, (ISBN 0714653160), Appendix A.
  10. Eric Piquet-Wicks, Personal File (http://discovery.nationalarchives.gov.uk/SearchUI
  11. File ref. SHD GR16 P 168168, Service historique de la DĂ©fense, Vincennes, France
  12. Abbott: From Failure to Success : A Re-Evaluation of the Special Operations Executive's Achievements in France. p. 8
  13. Kix 2018, p. 226..
  14. Foot 2004, p. 449.
  15. Kix 2018, p. 154, 272-273.
  16. Kix 2018, p. 138.
  17. Richards 2004, Appendixes A-F.
  18. Kix 2018, p. 49-51, 244-245.
  19. Kix 2018, p. 54-55, 245-246.
  20. La Rochefoucauld 2002, p. 121.

Liens externes

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