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Robert LaPalme

Robert LaPalme (Montréal, 1908-1997) est un caricaturiste et peintre québécois. Il est considéré par plusieurs comme l'un des plus grands caricaturistes du Canada du XXe siÚcle. Engagé politiquement et artistiquement, il a travaillé pour presque tous les quotidiens francophones du Canada. Son travail, qui s'est fait connaßtre un peu partout à travers le monde, a eu une grande influence sur la scÚne artistique montréalaise.

Robert LaPalme
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Robert LaPalme en 1935
Nom de naissance Robert Lapalme
Naissance
Montréal, Canada
DĂ©cĂšs
Montréal, Canada
Nationalité Canadienne
Profession
Autres activités
Formation
Distinctions
- National Newspaper Award (en) pour le meilleur dessin Ă©ditorial 1952 ;
- Officier de l'Ordre du Canada 1972 ;
- Le Prix Robert-LaPalme créé en son hommage en 2006.

Compléments

Biographie

Robert LaPalme, de son vrai nom Joseph-Anatole-Thomas-Robert Gaboriau, est nĂ© le Ă  MontrĂ©al. Il grandit dans une famille nombreuse et peu fortunĂ©e. ProtĂ©gĂ© et soutenu par sa mĂšre, qui lui prĂ©dit un avenir dans le domaine de la caricature ou de l’étalage, il se considĂ©rait pourtant comme le ratĂ© de la famille.

En 1918, il a quittĂ© la ville avec sa famille pour aller vivre dans une ferme en Alberta. Il a vĂ©cu prĂšs de la riviĂšre de la Paix de 10 Ă  17 ans. Lui et sa famille ne reviendront Ă  MontrĂ©al qu'Ă  la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale. LaPalme Ă©chouera au concours d'entrĂ©e des Beaux-Arts. Il accumulera alors les petits boulots (confectionneur de crucifix, fleuriste, ouvreur
) tout en commençant Ă  dessiner de son cĂŽtĂ©. Il s'intĂ©ressera Ă  la caricature, en s'inspirant principalement des formes gĂ©omĂ©triques.

Il aura droit Ă  sa premiĂšre publication en 1933 dans l'Almanach de la langue française, avec des caricatures de personnages politiques, ce qui lui apportera une certaine notoriĂ©tĂ© dans le monde de l'art contemporain. On commence Ă  associer son style au cubisme, on le qualifie d’ailleurs de "Picasso de la caricature politique au Canada".

En 1934, Olivar Asselin lui offre son premier emploi stable en tant qu'illustrateur au sein du quotidien de langue française l'Ordre[1] Ses dessins, en premiĂšre page du journal, viseront Ă  la fois les personnalitĂ©s politiques, littĂ©raires, culturelles et sportives. On publie Ă©galement ses caricatures dans la revue new-yorkaise Review of Reviews (en), ainsi que dans celle L'Écho de Paris.

En 1935, LaPalme part avec sa femme s'installer à New York pendant 2 ans, pour tenter une carriÚre internationale. Il travaillera en tant que pigiste pour plusieurs périodiques, dont The Nation, le Ringmaster et le Public Ledger de Philadelphie.

Lorsqu'il rentre au Canada en 1937, il sera le caricaturiste du journal d'Ottawa Le Droit. En 1938, il sera bibliothĂ©caire de l'École des beaux-arts de MontrĂ©al et le caricaturiste de l'Action catholique et de La Patrie.

En 1941, il fonde la Galerie municipale du QuĂ©bec, ce qui permet Ă  l'art contemporain d'avoir enfin une place et un lieu d'exposition dans la capitale quĂ©bĂ©coise. Dans cette pĂ©riode de guerre, il va commencer Ă  enseigner l'histoire de l'art, le dessin et l'architecture Ă  l'UniversitĂ© Laval. À ce moment, ses caricatures sont publiĂ©es dans L'ÉvĂ©nement-Journal, L'Action Catholique, La Patrie et Le Devoir.

De 1943 Ă  1959, il est le caricaturiste politique officiel du journal Le Devoir, oĂč il s'en prendra notamment au premier ministre Maurice Duplessis. Il recevra un prix au concours national de journalisme en 1952.

En 1945, encouragé par Jean Paul Lemieux, il commence à peindre. Il débute ainsi une série de tableaux et de murales, ayant pour thÚme la guerre et l'histoire de la médecine. Une suite de tableaux, Histoire de guerre, est exposée à Toronto en 1946, puis à São Paulo et à Rome, et enfin à Paris.

Au cours des annĂ©es 1950, on le verra dans des Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es, animateur de Ma ligne maligne, avec son ami Normand Hudon. Il tiendra Ă©galement un rĂŽle de nain dans la sĂ©rie quĂ©bĂ©coise NĂ©rĂ©e Tousignant. Cette mĂȘme annĂ©e, il se verra recevoir le National Newspaper Award pour la meilleure caricature de l'annĂ©e.

En 1959, Ă©mu de quitter Le Devoir, il entre au journal La Presse, oĂč il ne restera que deux ans, avant d'aller travailler au Nouveau Journal jusqu'Ă  sa fermeture en 1962.

TrĂšs influencĂ© par le cubisme Ă  ses dĂ©buts, il est un ami d'Alfred Pellan, sur qui on dira qu'il a eu une certaine influence, de mĂȘme que Jean Paul Lemieux, dont il fut l'assistant.

Il sera ensuite nommĂ© directeur du Salon international de la caricature, qui se dĂ©roulera chaque annĂ©e Ă  MontrĂ©al de 1963 Ă  1988. Tout caricaturiste Ă©tait libre de prĂ©senter une caricature de son choix, un catalogue rĂ©pertoriant toutes les caricatures exposĂ©es Ă©tait publiĂ© chaque annĂ©e. Ainsi, MontrĂ©al devint la capitale de la caricature, oĂč se retrouve chaque annĂ©e des caricaturistes du monde entier.

On lui confiera ensuite la tĂąche de directeur artistique de l’Expo 67 (exposition universelle de MontrĂ©al). Il participera Ă  de nombreux projets, comme la crĂ©ation de fresques murales pour le nouveau mĂ©tro de MontrĂ©al, pour lequel il prĂ©voira des Ɠuvres pour chacune des stations. NĂ©anmoins, seulement quelques-unes d’entre elles verront le jour. Il fonde Ă©galement le Pavillon de l'Humour (1967-1968). En 1968, le maire de MontrĂ©al Jean Drapeau, un ami de longue date, lui demande de rĂ©itĂ©rer l'expĂ©rience du Pavillon de l'Humour Ă  Terre des Hommes (exposition). Le pavillon accueillera plus de 1 200 000 visiteurs pendant trois mois. Il rĂ©alise pour la Place d'accueil de l'Expo 67, trois tableaux dont les thĂšmes sont la science, la culture et les divertissements[2]. Ces tableaux sont installĂ©s dans le mĂ©tro de MontrĂ©al, station Berri-UQAM en 1970, Ă  la demande du maire Jean Drapeau.

En 1972, il reçoit de la SociĂ©tĂ© nationale des caricaturistes de New York un diplĂŽme reconnaissant les services rendus au monde de l'humour. Cette mĂȘme annĂ©e, on le nommera membre de l'Ordre du Canada pour sa contribution Ă  l'art canadien.

En 1973, il tente sans succĂšs de relancer Le Canard, fondĂ© par Hector Berthelot en 1877. AprĂšs quelques numĂ©ros, la publication s'arrĂȘte. LaPalme continue de peindre et d'exposer. Il collabore au Macleans.

À la fin de sa vie, il est le sujet d'un recueil d'entretiens avec Jean-François Nadeau intitulĂ© LaPalme, la caricature et autres sujets sĂ©rieux. Le livre a Ă©tĂ© publiĂ© aux Éditions de l'Hexagone en 1997.

Robert LaPalme décÚde le .

En 2006, l'organisme Visages donne un prix annuel nommé Prix Robert LaPalme en son honneur.

Formation

Robert LaPalme est un autodidacte, il considĂšre que le dessin s'apprend seul. Bien qu'il ait Ă©tĂ© refusĂ© Ă  l'École des beaux-arts de MontrĂ©al, il a continuĂ© Ă  dessiner, Ă  peindre et Ă  dĂ©velopper son style. Il commence d'ailleurs trĂšs jeune Ă  dessiner, vers l'Ăąge de 4 ou 5 ans. Il dĂ©clare mĂȘme qu'il est nĂ© caricaturiste. Il ne se considĂšre pas meilleur que les autres, mais son intĂ©rĂȘt et son amour pour le dessin sont des Ă©lĂ©ments qui l'ont poussĂ© Ă  Ă©voluer dans le domaine, mĂȘme sans l'apprentissage scolaire. Il dira : "Ce qui m'amuse le plus dans cette histoire, c'est qu'aprĂšs j'en ai battu plusieurs qui avaient passĂ© leur diplĂŽme comme il faut et qui sont devenus professeurs"[3].

Contexte historique québécois

Entre 1936 et 1939, ainsi qu’entre 1944 et 1959, le parti de droite L’Union nationale, de Duplessis, est Ă  la tĂȘte du gouvernement provincial. Le QuĂ©bec devient tranquillement une province plus moderne, sous l’Ɠil rĂ©probateur de l’autoritĂ© religieuse et de la droite. La province canadienne connaĂźt un dĂ©veloppement des moyens de communication en lien avec l’évolution de la technologie (journaux, radio, cinĂ©ma, tĂ©lĂ©vision).

La RĂ©volution tranquille, qui s’amorce dans les annĂ©es 1950, amĂšne des changements dans toutes les sphĂšres de la sociĂ©tĂ© : Ă©conomique, sociale, Ă©ducative, politique. Des conditions de vie favorables et une Ă©conomie florissante encouragent l’urbanisation. Un changement des mentalitĂ©s s’opĂšre, contribuant Ă  la contestation du rĂ©gime duplessisme, qui s’adapte difficilement Ă  ces changements : « Le niveau socio-Ă©conomique de la population Ă©volue rapidement, tandis que les institutions sont incapables de s’ajuster Ă  la nouvelle rĂ©alitĂ©, comme l’illustrent si bien La Palme et Hudon, qui se dĂ©chaĂźneront contre le gouvernement Duplessis »[4].

Engagement politique

Robert LaPalme, dans une lettre qu'il a Ă©crit pour le journal Le Devoir : « Parfois, on m'a reprochĂ© d'ĂȘtre sĂ©vĂšre et cruel envers certains politiciens, de manquer de respect envers l'autoritĂ©. Je crois pouvoir me justifier en faisant remarquer que, de bonne foi, ne dessinant sous la dictĂ©e de personne, j'ai refusĂ© de vĂ©nĂ©rer nos Batista qui se prostituent et qui trahissent pour avoir le plaisir orgueilleux de gouverner. Avilie, l'autoritĂ© devient mĂ©prisable et il est impĂ©rieux pour tous les journalistes honnĂȘtes de la dĂ©noncer[5]. »

Robert LaPalme a publié plus de 2500 caricatures dans le journal Le Canada.

Dans les annĂ©es 1950, il rĂ©alise ses caricatures les plus connues : de vĂ©ritables pamphlets qui incarnent toute une Ă©poque de luttes contre le duplessisme, luttes auxquelles LaPalme participe trĂšs activement. NĂ©anmoins, Robert LaPalme n'est pas l'homme d'un parti; il dĂ©montre clairement ses diffĂ©rentes opinions politiques dans ses caricatures. D'abord favorable Ă  Duplessis, il devient son plus grand dĂ©tracteur Ă  partir des annĂ©es 1940, on dit mĂȘme qu'il contribuera Ă  faire tomber le rĂ©gime. Dans les annĂ©es 1960, il s'oppose au nuclĂ©aire et appuie le Nouveau Parti quĂ©bĂ©cois. Plus tard, il prend parti pour Pierre Elliott Trudeau en raison d'une certaine hostilitĂ© envers les indĂ©pendantistes quĂ©bĂ©cois, bien qu'il admire RenĂ© LĂ©vesque, leur principal chef de file.

Il collabore avec de nombreux journaux dits engagés, comme L'Ordre et La Renaissance d'Olivier Asselin, The Nation, Le Devoir, Combat, Vrai de Jacques Hébert et Cité Libre.

Robert LaPalme et Duplessis

Dans le domaine des caricatures, Robert LaPalme est reconnu pour son travail acharnĂ© et sa mĂ©chancetĂ© envers le rĂ©gime de Duplessis. Il a produit une trĂšs grande quantitĂ© de caricatures Ă©voquant son opinion nĂ©gative envers Duplessis, qu’il surnommait d’ailleurs le Cheuf, en faisant allusion Ă  un dictateur. Parmi celles-ci : « Vas-y » (Le Canada, 1948), « Laissez-moi finir mon Ɠuvre » (Le Devoir, ), « Le bill 34 » (Le Devoir, 1953), « L’immoraliste » (Le Devoir, ), « Quand la canaille a besoin d’un alliĂ© », (Le Devoir, ), « Lendemain d’élections » (Le Devoir, ), etc.

Des Ă©lĂ©ments caractĂ©ristiques de Duplessis se retrouvent dans plusieurs des caricatures de LaPalme : l’accentuation et la dĂ©formation de son nez, pointu ou allongĂ© selon le discours ; des lignes courbes et sinueuses sont Ă©vocatrices de sa vie personnelle. Dans plusieurs de ses caricatures, LaPalme fait allusion Ă  la relation de Duplessis avec sa maĂźtresse, en y intĂ©grant parfois le nom de la rue oĂč le premier ministre du QuĂ©bec la rencontrait. Le caricaturiste dĂ©sapprouve Ă©galement l’anti-syndicalisme de Duplessis. De plus, il lui reproche son rapport avec l’évolution grandissante d’une injustice sociale quĂ©bĂ©coise, ainsi qu’un aveuglement face Ă  la situation difficile des plus dĂ©munis. Il s’attaquera au bill 34, une loi qu’il jugeait anti-dĂ©mocratique.

« La carriĂšre de LaPalme comme caricaturiste politique de combat prend fin en 1959 Ă  la mort de Duplessis, comme s’il avait eu la mission de mettre fin Ă  ce rĂ©gime, et qu'une fois cela acquis, il Ă©tait passĂ© Ă  autre chose[6]. »

Engagement artistique

Tout d'abord, il est à considérer que les caricaturistes québécois, dans leur travail, réunissent les styles des deux grandes écoles fondatrices de la caricature mondiale, française et anglaise. Les caricatures anglaises sont caractérisées par une déformation, une exagération exponentielle des lignes, formes, gestes, situations, etc. On peut illustrer ce style par le travail de Terry Mosher (dit Aislin), Serge Chapleau et André-Philippe CÎté. Quant à la tradition française de la caricature, elle se définit principalement par un dessin schématique. Le travail de Robert Lapalme, Normand Hudon, Berthio, Jean-Pierre Girerd, Pier et autres en font partie[7].

Dans les années 1930, les caricatures de Robert Lapalme sont de plus en plus dépouillées et s'apparentent à des figures géométriques. Sa caricature Hitler, publié dans le journal l'Ordre en 1934, illustre bien ces caractéristiques. Il est l'un des premiers à s'intéresser au cubisme, qu'il associe d'ailleurs à une forme de caricature.

Pendant l'entre-deux-guerres, il développe son propre style, un style moderne : des traits noirs au pinceau, dans un style libre et souple, avec une grande sincérité. Sa ligne va à l'essentiel, tout en recherchant la vérité. Pour y arriver, LaPalme passe par de nombreuses heures de travail et de nombreux croquis de recherche.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec Duncan Macpherson (en), Leonard Norris et Ed McNally, ils forment un groupe de caricaturistes et feront émerger un style spécifiquement québécois, avec des dessins plus vifs et mordants que ceux de leurs confrÚres américains.

LaPalme revendique ses influences auprĂšs de Miguel Covarrubias et Paolo Garetto.

TĂ©moignages

CollĂšgues de travail, critiques, amis

Robert LaPalme : « J’ai des tĂ©moignages extraordinaires. J’ai des tĂ©moignages que j’aime mieux montrer que mes dessins, d’ailleurs »[8].

ConsidĂ©rĂ© comme un promoteur de l’humour Ă  travers tous les aspects de sa vie, il se distingue par son talent, son intelligence, sa modestie, sa positivitĂ©; des traits de sa personnalitĂ© que plusieurs s’entendront Ă  lui accorder. Jean-Pierre Pilon, son avocat, mentionne Ă©galement sa gĂ©nĂ©rositĂ© et sa curiositĂ© intellectuelle[9]. Cette curiositĂ© dont il est question est d’ailleurs un Ă©lĂ©ment central du caractĂšre de LaPalme : un homme sans grande Ă©ducation, mais un autodidacte et un curieux, dont le besoin d’apprendre est impĂ©ratif, que ce soit par les livres ou par tout autre moyen. Alain StankĂ© Ă©crit : « La postĂ©ritĂ©, ce n’était pas sa tasse de thĂ©. Modeste, il n’a jamais prĂ©tendu ĂȘtre un grand artiste et ne jugeait pas ses crĂ©ations comme des chefs-d'Ɠuvre. Perfectionniste, il travaillait avec application, avec passion et semblait tirer de ses crĂ©ations une joie instantanĂ©e qui lui suffisait »[10].

À travers le monde entier, une reconnaissance gĂ©nĂ©ralisĂ©e s’est instaurĂ©e Ă  propos du travail de Robert LaPalme. À MontrĂ©al, plusieurs de ses collĂšgues de travail et critiques vont reconnaĂźtre et admirer son travail, marquĂ© selon eux par un talent incontestable.

D’ailleurs, il est considĂ©rĂ© comme un « grand prĂ©dĂ©cesseur »[11] par ses pairs. Hudon, Girerd, Berthio, Chapleau, Phanoeuf, Bado, Garnotte, Yayo et Pijet, autant de noms dans le domaine de la caricature qui vont lui succĂ©der tout en reconnaissant l’impact d’un travail marquĂ© par son intelligence, son humour, sa lĂ©gĂšretĂ©. Il a acquis une notoriĂ©tĂ© dans ce milieu : « Comme on pourra le constater, si LaPalme a Ă©tĂ© pour eux une indĂ©niable source d’inspiration morale, ils n’ont jamais copiĂ© ne serait-ce qu’un coup de crayon de celui que certains considĂ©raient comme leur maĂźtre »[12]. Par ailleurs, plusieurs se sont amusĂ©s Ă  parodier LaPalme dans une sĂ©rie de caricatures Ă  l’image de leur propre style. L’un d’entre eux, Yayo, a joint un texte Ă  son dessin, dans lequel il mentionnait l’impact du travail du caricaturiste : « Pour tous ces satires rĂȘveurs, le Canada –plus que la neige et les grands espaces- est associĂ© Ă  l’image humoristique et Ă  LaPalme, une sorte de mot de passe, un gardien de phare qui a laissĂ© la lumiĂšre allumĂ©e »[13].

Des critiques Ă  travers le monde applaudissent son travail. DĂ©jĂ , Ă  MontrĂ©al, une reconnaissance publique est instaurĂ©e. Jean-Pierre Pilon, avocat de La Palme, mentionne que : « Les autoritĂ©s reconnurent son immense talent lorsque Robert fut nommĂ© responsable du Pavillon de l’humour Ă  Terre-des-Hommes et que, pendant presque 30 ans, il prĂ©sida aux destinĂ©es du Salon international de la caricature »[14]. NĂ©anmoins, MontrĂ©al ne sera pas le seul endroit qui apprĂ©ciera les Ɠuvres du caricaturiste.

Ailleurs dans le monde, on dĂ©couvre son travail et les nombreux tĂ©moignages pour le qualifier sont admiratifs. George Micher, important critique de New York dans les annĂ©es 1930, Ă©crit un bref commentaire sur son travail de peinture dans lequel une phrase marquera particuliĂšrement le caricaturiste : « Tant mieux si le laboratoire dĂ©veloppe des trouvailles comme celles de LaPalme »[8] (citĂ© approximativement par La Palme). Toujours Ă  New York, Ă  la suite d'une exposition de peinture sur la guerre, les hommages sont nombreux : « The best show we have had since war began »[15]. Robert LaPalme, dans une entrevue accordĂ©e Ă  Alain StankĂ©, avoue mĂȘme avoir Ă©tĂ© catĂ©gorisĂ© comme Ă©tant « (
) l’un des quatre plus grands peintres au Canada »[8].

Son dĂ©cĂšs, en , laissera dans le deuil une gĂ©nĂ©ration de caricaturistes qui lui succĂ©deront, de mĂȘme que ses proches qui se souviendront de lui comme Ă©tant non seulement un grand caricaturiste, mais aussi un grand homme.

Jacques Languirand : « À mes yeux, tout un pan de notre histoire est disparu avec lui »[16].

Politiciens

Le rĂ©pertoire artistique de La Palme est en grande partie constituĂ© de caricatures de politiciens, dont il brosse le portrait avec humour, parfois sĂ©vĂ©ritĂ© et mĂȘme cruautĂ© selon certains, teintĂ© de son « esprit corrosif »[9]. Robert LaPalme considĂ©rait que les critiques Ă©taient implicites aux mĂ©tiers de la sphĂšre publique (comme la politique); ceux qui ne pouvaient l’accepter devaient changer de mĂ©tier[17].

« MĂȘme si les politiciens avaient peu de chance d’échapper Ă  la plume acĂ©rĂ©e de Robert, rares Ă©taient ceux qui lui en tenaient rigueur. Beaucoup d’entre eux, d’ailleurs, considĂ©raient son intervention comme une sorte de reconnaissance par le grand public »[17].

Son travail : un legs pour la société artistique montréalaise

Jean-Pierre Pilon: « Il n’en tient qu’à nous de prĂ©server le vĂ©ritable trĂ©sor que Robert LaPalme nous a lĂ©guĂ©, un trĂ©sor qui fait partie de notre patrimoine artistique »[18].

Jean-Pierre Pilon : « Qu’on se rassure, l’esprit de Robert LaPalme vit encore »[19].

Le travail de Robert LaPalme continue Ă  vivre, mĂȘme aprĂšs sa mort. Il a Ă©tĂ© pour plusieurs une influence, un prĂ©dĂ©cesseur. Une image Ă©vocatrice de la caricature Ă  MontrĂ©al. Comme les nombreux tĂ©moignages le confirment, il a su laisser sa trace dans la scĂšne artistique de MontrĂ©al. Par ailleurs, sa personnalitĂ© colorĂ©e combinĂ©e Ă  son travail (comme celui de d’autres caricaturistes, tel Normand Hudon) a permis Ă  la caricature de multiplier ses parutions dans divers moyens de communication (journaux, tĂ©lĂ©vision, expositions, etc.)[20]. Son ambition de faire de la caricature un grand art n’est pas restĂ©e sans rĂ©ponse : « Il se disait volontiers futile, superficiel et creux. Il possĂ©dait juste l’inimitable grĂące de faire de cette lĂ©gĂšretĂ© un ART ! Avec lui, la caricature est devenue un grand art qui entre aujourd’hui dans les musĂ©es »[21] - [22].

Robert LaPalme a fait une demande particuliĂšre dans son testament, qui ne manque pas de trahir son intĂ©rĂȘt pour la caricature Ă  MontrĂ©al. Il demande Ă  son avocat de s’assurer de la poursuite de son Ɠuvre au moyen d’une fondation, laquelle portera son nom. Pour LaPalme, c’est un gage de protection de son Ɠuvre et Ă©galement une maniĂšre de garantir « (
) l’avancement du statut social des artistes qui ont choisi de s’exprimer dans le domaine de la caricature »[19]. Pour le caricaturiste, il est impĂ©ratif de conserver dans nos mĂ©moires les Ɠuvres des artistes, mĂȘme aprĂšs leur dĂ©cĂšs : MontrĂ©al regorge d’artistes talentueux qui sont reconnus ou aimĂ©s de leur vivant, mais oubliĂ©s aprĂšs leur mort.

Robert LaPalme : « Quant Ă  mes dessins et Ă  mes peintures que les gens vont montrer aprĂšs ma mort
 Je m’en fiche comme de mon premier pinceau ! La seule chose que je souhaite par-dessus tout, c’est que MontrĂ©al puisse reprendre un jour sa place de capitale de la caricature »[10].

Citations

"MaĂźtriser veut dire n'ĂȘtre pas maĂźtrisĂ©"[23].

"La caricature est sans doute aussi vieille que le rire, et le rire est aussi vieux que l'humanité"[23].

"L'humour c'est sérieux"[23].

Bibliographie

Robert Aird, Mira Falardeau, Histoire de la caricature au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2009.

Jean-François Nadeau, Robert LaPalme, La caricature et autres sujets sérieux, Collections Entretiens, Québec, L'Hexagone, 1997.

Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme : entretiens avec Alain Stanké; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique de Robert LaPalme, Montréal, Stanké, 1997.

La palme; suivi de Norris, Ottawa, Musee canadien de la caricature; Archives nationales du Canada, 1990.

La Palme : les 20 premiÚres années du caricaturiste canadien / The First Twenty Years of the Canadian Caricaturist, Montréal, Cercle du livre de France, 1950.

Dominic Hardy A Metropolitan Line. Robert LaPalme (1908-1997), Caricature and Power in the Âge of Duplessis (1936-1959), (thĂšse de doctorat en histoire de l’art), MontrĂ©al, Concordia University, 2006

Alexandre Turgeon Le nez de Maurice Duplessis. Le QuĂ©bec des annĂ©es 1940 tel que vu, reprĂ©sentĂ© et racontĂ© par Robert La Palme : analyse d’un systĂšme ïŹguratif, (mĂ©moire de maĂźtrise histoire), QuĂ©bec, UniversitĂ© Laval, 2009

PĂ©riodiques

Journaux

ƒuvres

Musées et collections publiques

  • Centre d'histoire de MontrĂ©al
  • MusĂ©e acadien du QuĂ©bec
  • MusĂ©e McCord
  • MusĂ©e Lachine
  • MusĂ©e national des beaux-arts du QuĂ©bec[24]

Revues et journaux

Chicago's Ringmaster

Public Legder

Distinctions

  • 1952 : National Newspaper Award (en) pour le meilleur dessin Ă©ditorial, Concours canadien de journalisme de l'Association canadienne des journaux ;
  • 1965 : Premier prix au concours international d'affiches de Tokyo (Tokyo International Poster Competition) ;
  • 1972 : NommĂ© Officier de l'Ordre du Canada ;
  • 2006 : Le Prix Robert-LaPalme est crĂ©Ă© pour lui rendre hommage.

Notes et références

  1. Asselin a aussi fondé La Renaissance l'année suivante. Il n'est pas dit si ce dernier a remplacé l'Ordre. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=12762&type=pge
  2. « Tous les chemins de l'art mĂšnent au Canada », montrĂ©al '67,‎ , p. 4
  3. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de La Palme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 54.
  4. Robert Aird, Mira Falardeau, Histoire de la caricature au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2009, p. 119.
  5. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 20.
  6. Robert Aird, Mira Falardeau, Histoire de la caricature au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2009, p. 127-128
  7. Robert Aird, Mira Falardeau, Histoire de la caricature au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2009, p. 8.
  8. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 103.
  9. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 9.
  10. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 19.
  11. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de La Palme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 11.
  12. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de La Palme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 25.
  13. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 38.
  14. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de La Palme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 10.
  15. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 129.
  16. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 14.
  17. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 10.
  18. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 12.
  19. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 11.
  20. Robert Aird, Mira Falardeau, Histoire de la caricature au Québec, Montréal, VLB éditeur, 2009, p. 118.
  21. Alain Stanké, Motobiographie ou Le joyeux testament de LaPalme entretiens avec Alain Stanké ; suivi de Ma vie de chien avec Lambert Closse : une fantaisie historique, Montréal, Montréal Stanké, 1997, p. 21.
  22. « Robert La Palme | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  23. Jean-François Nadeau, Robert LaPalme, La caricature et autres sujets sérieux, Collections Entretiens, Québec, L'Hexagone, 1997.
  24. « Robert La Palme | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org

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