Accueil🇫🇷Chercher

Robert Jackson

Robert Houghwout Jackson, né le dans le comté de Warren (Pennsylvanie) et mort d'une crise cardiaque[1] le à Washington (district de Columbia), est un homme politique et juriste américain. Membre du Parti démocrate, il est procureur général des États-Unis entre 1940 et 1941 dans l'administration du président Franklin Delano Roosevelt puis juge de la Cour suprême entre 1941 et 1954. Il est procureur en chef pour les États-Unis au procès de Nuremberg en 1945 et 1946.

Robert Jackson
Illustration.
Robert Jackson aux alentours de 1945.
Fonctions
Juge de la Cour suprême des États-Unis
–
Prédécesseur Harlan Fiske Stone
Successeur John Marshall Harlan
57e procureur général des États-Unis
–
Président Franklin Delano Roosevelt
Gouvernement Administration F. D. Roosevelt
Prédécesseur William Francis Murphy
Successeur Francis Biddle
Biographie
Nom de naissance Robert Houghwout Jackson
Date de naissance
Lieu de naissance Comté de Warren (Pennsylvanie) (États-Unis)
Date de décès
Lieu de décès Washington (district de Columbia) (États-Unis)
Nationalité Américain
Parti politique Parti démocrate
DiplĂ´mĂ© de Albany Law School (en)

Liste des procureurs généraux des États-Unis
Membres de la Cour suprême des États-Unis

Jeunesse

Robert Jackson naĂ®t Ă  Spring Creek Township, au Nord-Ouest de la Pennsylvanie et grandit Ă  Frewsburg, qui est tout proche mais dans l'État de New York. Il Ă©tudie au lycĂ©e de Frewsburg, puis dans la ville voisine de Jamestown. Ă€ 18 ans, il commence un apprentissage dans un cabinet d'avocat Ă  Jamestown, il Ă©tudie deux ans Ă  la Law School (Ă©cole de formation des avocats) d'Albany, puis revient Ă  l'Ă©tĂ© 1912 Ă  Jamestown pour une autre annĂ©e d'apprentissage. Il est reçu Ă  l'examen du barreau de New York et ouvre son propre cabinet, toujours Ă  Jamestown. Il mène pendant près de vingt ans une carrière brillante d'avocat dans l'État de New York. C'est mĂŞme une des Ă©toiles montantes du barreau Ă  l'Ă©chelle du pays.

Gouvernement fédéral (1934-1940)

Robert Jackson est nommé dans l'administration fédérale par le président Franklin Roosevelt en 1934. Il est d'abord responsable juridique (general counsel) à la direction des impôts (Bureau of Internal Revenue, aujourd'hui Internal Revenue Service) qui appartient au département du Trésor. En 1936, il devient procureur général adjoint (Assistant Attorney General, un poste de rang élevé au sein du département de la Justice), chargé des questions fiscales, puis en 1937 de la division antitrust. En 1938, il est nommé solicitor general des États-Unis : il est chargé d'organiser la représentation en justice du gouvernement des États-Unis et de plaider pour lui devant la Cour suprême. Il devient enfin procureur général en 1940 lorsque son prédécesseur William Francis Murphy est nommé à la Cour suprême.

Les premières années à la Cour suprême

En 1941, le président de la Cour, Charles Evans Hughes part à la retraite et Franklin Roosevelt décide de promouvoir le juge Harlan Fiske Stone à la tête de la Cour. Il nomme en même temps Robert Jackson au siège laissé vacant par Stone. Il est un des grands juges de l'histoire de la Cour, une de ses grandes plumes, remarqué pour la vigueur de son style.

En 1943, c'est lui qui rĂ©dige l'opinion de la Cour pour un arrĂŞt majeur, West Virginia State Board of Education v. Barnette (en) (Commission de l'Ă©ducation de l'État de Virginie occidentale contre Barnette, ou simplement « arrĂŞt Barnette Â»). L'arrĂŞt, dans un revirement de jurisprudence, rejette l'obligation faite aux enfants des Ă©coles de saluer le drapeau et rĂ©citer le serment d'allĂ©geance, se fondant sur la libertĂ© d'expression garantie au premier amendement Ă  la constitution. Robert Jackson, abondamment citĂ© par la suite, Ă©crit : « Ceux qui veulent Ă©liminer l'expression d'opinion dissidente finissent bientĂ´t par Ă©liminer les dissidents eux-mĂŞmes. Ă€ uniformiser les opinions par la contrainte, on n'obtient que l'unanimitĂ© des cimetières » ; et plus loin : « L'objet mĂŞme de la DĂ©claration des droits (Bill of Rights) est de mettre certains sujets Ă  l'abri des vicissitudes des controverses politiques, et hors d'atteinte des majoritĂ©s : le droit de chacun Ă  la vie, Ă  la libertĂ©, Ă  la propriĂ©tĂ©, la libertĂ© d'expression, la libertĂ© de la presse et d'autres droits fondamentaux ne peuvent dĂ©pendre d'une Ă©lection ».

L'annĂ©e suivante, lors d'un autre arrĂŞt historique, Korematsu v. United States (« Korematsu contre États-Unis Â») et cette fois contre la majoritĂ© de la Cour, il conteste la lĂ©galitĂ© de l'internement des AmĂ©ricains d'origine japonaise rĂ©sidant sur la cĂ´te Ouest pendant la guerre. « Korematsu a Ă©tĂ© condamnĂ© pour un acte qui ordinairement n'est pas un crime. Cela consiste Ă  se trouver dans l'État dont il est citoyen, près de l'endroit oĂą il est nĂ© et a vĂ©cu toute sa vie ». Ă€ l'inverse de son collègue Murphy, pour qui la dĂ©cision d'Ă©loignement des personnes d'origine japonaise relève de l'« abysse affreux du racisme », Robert Jackson ne veut pas se prononcer sur la nĂ©cessitĂ© militaire de l'Ă©vacuation. Mais au contraire de la majoritĂ© de la Cour, il refuse l'idĂ©e que la Cour, inapte Ă  juger de la nĂ©cessitĂ© militaire, ne puisse qu'approuver : « La condamnation de Korematsu repose sur un ordre du gĂ©nĂ©ral De Witt. Et on nous dit [la dĂ©cision de la Cour] que si cet ordre est raisonnablement fondĂ© sur des nĂ©cessitĂ©s militaires, alors il est constitutionnel et devient la loi, et cette Cour doit le faire appliquer. Pour plusieurs raisons, je ne peux souscrire Ă  cette doctrine ». Autant on ne peut exiger de l'armĂ©e en temps de guerre un respect permanent de la lĂ©galitĂ© (« la première considĂ©ration est que les mesures prises soient efficaces, non qu'elle soit lĂ©gales. Le rĂ´le de l'armĂ©e est de protĂ©ger la sociĂ©tĂ©, pas seulement la constitution ») , autant la Cour doit veiller Ă  ne pas y apporter la caution de la loi : « Une mesure militaire, si inconstitutionnelle qu'elle puisse ĂŞtre, ne dure que ce que dure l'urgence [...] Mais lorsque la Cour l'interprète pour montrer qu'elle est conforme Ă  la constitution, ou plutĂ´t interprète la constitution pour lui faire approuver une telle mesure, la Cour a validĂ© pour l'avenir le principe de la discrimination raciale dans une procĂ©dure pĂ©nale et celui du dĂ©placement forcĂ© de citoyens amĂ©ricains. Le principe dĂ©gagĂ© devient une arme chargĂ©e qui sera pour toujours Ă  la disposition de toute autoritĂ© qui pourrait Ă©tablir la plausibilitĂ© d'une nĂ©cessitĂ© urgente. [...] Un commandant militaire peut outrepasser les bornes de la constitution et c'est un incident. Mais si nous l'approuvons, cet incident passager devient la doctrine de la Constitution ».

Procès de Nuremberg

Robert Jackson s'adressant Ă  la cour.

Le président Harry S. Truman charge Robert Jackson, juge à la Cour suprême et ancien procureur général des États-Unis, de la préparation du procès. Proche de Roosevelt, Jackson avait légitimé sur le plan juridique l’aide apportée aux Alliés par les États-Unis avant leur entrée en guerre. Dans un de ses premiers rapports à Harry Truman quant au but du procès, il fait part au président de ses convictions : « Le procès que nous entamons contre les principaux inculpés a trait au plan de domination nazi, et non aux actes individuels de cruauté qui se sont produits hors de tout plan concerté. Notre procès doit constituer un historique bien documenté de ce qui était, nous en sommes convaincus, un plan d’ensemble, conçu en vue d’inciter à commettre des agressions et les actes de barbarie qui ont indigné le monde[2]. »

Robert Jackson fait le réquisitoire du procès[3], celui-ci reprend les grandes lignes des crimes imputés aux accusés : avant guerre, la prise du pouvoir, la suppression des libertés, la persécution des églises, et les crimes contre les Juifs ; pendant le conflit, le meurtre de prisonniers et d’otages, le pillage d'œuvres d'art, le travail forcé, etc. Il place la guerre d’agression, et donc les crimes contre la paix, au centre de son réquisitoire et lui oppose « la civilisation », entité supranationale, imparfaite, mais qui demande aux juges de mettre le droit au service de la paix[4].

Notes et références

  1. « " JUSTICE " JACKSON », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Annette Wieviorka, Le Procès de Nuremberg, Paris, Liana Levi, , p. 21.
  3. Annette Wieviorka, Le Procès de Nuremberg, Paris, Liana Levi, , p. 59-60.
  4. Annette Wieviorka, Le Procès de Nuremberg, Paris, Liana Levi, , p. 61.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.