Reza Pahlavi (1960)
Reza Pahlavi (en persan : رضا پهلوی) est né le à Téhéran. Petit-fils de Reza Khan (Reza Chah), un officier cosaque auteur d'un coup d'État en 1921 à la suite duquel il se proclame chah[2], et fils aîné du dernier chah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi et de Farah Diba, il est, selon la Constitution iranienne de 1906, modifiée par son père en 1949 et qui n'est plus en vigueur depuis 1979, l'héritier du trône perse, dit « Trône du paon », et, pour ses partisans, roi de jure « Reza II ». Il est partisan d'un retour de la monarchie en Iran[3]. Pour ce projet de restauration, la dynastie Pahlavi bénéficie du soutien de médias persanophones basés à l'étranger.
رضا پهلوی
Titres
Depuis le
(42 ans, 11 mois et 3 jours)
Nom revendiqué | « Reza II » |
---|---|
Prédécesseur |
Mohammad Reza (empereur d'Iran) |
Prince héritier d'Iran
(de jure)
–
(1 an, 5 mois et 16 jours)
Prédécesseur | Lui-même |
---|---|
Successeur | Ali Reza (1980-2011) |
Prince héritier d'Iran
–
(18 ans, 3 mois et 11 jours)
Prédécesseur | Mohammad Reza |
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Successeur | Lui-même |
Titulature | Prince héritier d'Iran |
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Dynastie | Pahlavi |
Nom de naissance | Reza Kourosh Pahlavi |
Naissance |
Téhéran (Iran) |
Père | Mohammad Reza Shah |
Mère | Farah Diba |
Conjoint | Yasmine Etemad Amini |
Enfants |
Princesse Nour Pahlavi Princesse Iman Pahlavi Princesse Farah Pahlavi |
Religion | Islam chiite duodécimain[1] |
Signature
Biographie
Famille
Le prince Reza Pahlavi naît à Téhéran en tant que fils légitime aîné de Mohammad Reza Pahlavi, chah d'Iran, et de Farah Diba, la chahbanou. Il est le frère de la princesse Farahnaz Pahlavi (née le ), du prince Ali-Reza Pahlavi ( - ) et de la princesse Leila Pahlavi ( - ), ainsi que le demi-frère de la princesse Shahnaz Pahlavi (née le ).
Études
Le prince Reza étudie à l'école Reza Pahlavi, un établissement privé situé dans le palais royal et réservé à la famille royale et aux enfants des membres de la cour[4].
Il reçoit une formation de pilote, effectue son premier vol en solo à l'âge de 11 ans et obtient sa licence un an plus tard. En tant que cadet de l'Armée de l'air iranienne impériale, il est envoyé aux États-Unis en pour poursuivre sa formation de pilote et obtenir un diplôme à l'Air Force Academy. Il est l'un des 43 pilotes cadets dans le programme d'un an de formation à l'ancienne base de la Reese Air Force, ce qui exige la capacité de pilotage d'un Cessna T-37 Tweet et d'un Northrop T-38 Talon. À la suite de la révolution iranienne, il quitte la base en , environ quatre mois plus tôt que prévu.
La même année, il rejoint ses parents en exil au Maroc avant de partir avec eux pour les Bahamas et le Mexique.
Reza Pahlavi commence ses études au Williams College en [5], mais abandonne en 1980[6]. Il s'inscrit ensuite à l'université américaine du Caire en tant qu'étudiant en sciences politiques, mais sa présence est irrégulière[7]. Il obtient finalement un BSc par correspondance de l'université de Californie du Sud en 1985, dans la même matière[5].
Activité professionnelle
En 1989, le Washington Post indique que Reza Pahlavi est sans emploi. Interrogé au sujet de ses revenus, il avait répondu qu'il était depuis sept ans aidé financièrement par des amis et sa famille[8]. En 2017, il explique à Associated Press que depuis 1979, il n'a pas d'autre occupation que ses activités politiques, ajoutant que son argent vient de sa famille et de « nombreux Iraniens qui soutiennent sa cause »[9].
Revendication du trône
Après trois mois de silence, à la suite de la mort de son père, Mohammad Reza en 1980, il se proclame officiellement roi « par la volonté de Dieu »[10]. Au palais de Koubbeh, au Caire, le jeune prince prête serment le au jour de son 20e anniversaire conformément à la Constitution de 1906 qui n'est plus en vigueur depuis 1979[11]. Seuls une équipe de télévision et un photographe sont autorisés à couvrir l'événement[5]. Devant une caméra de TF1, il enregistre sa déclaration mais celle-ci est peu diffusée, le satellite de transmission étant tombé en panne[12]. Aussi, l'événement est-il peu relayé dans le monde. Avec sa mère et son équipe, ils doivent envoyer des télex en Iran et divers pays pour faire connaître la cérémonie[13].
Il reste cependant prince héritier selon l'ancienne Constitution, car il devrait d'abord prêter serment devant le Parlement iranien[14]. Dans le livre d'entretien avec Christian Malar et Alain Rodier, publié en 1986, il renouvelle son souhait d'instaurer à nouveau une monarchie en Iran[15]. Il défend alors le projet de monarchie parlementaire, au sein de laquelle un Premier ministre serait détenteur du pouvoir exécutif, tandis que « cinq oulémas statuent sur la conformité des lois par rapport à l'Islam »[16].
Les 27 et 28 avril 2013, il participe, en tant que membre fondateur, au Conseil national iranien. À cette occasion, il donne un entretien au journal Le Monde où il analyse la situation politique et sociale du pays en déclarant « ce n'est pas dans la rue ou par les armes que nous gagnerons ». Il appelle à un soutien économique des pays étrangers pour appuyer des mouvements de grèves en Iran[17].
Si à certaines occasions, Reza Pahlavi a laissé transparaître son souhait d'un retour de la monarchie[18] - [19], la plupart du temps, il entretient une ambiguïté sur ses desseins, indiquant se tenir prêt à servir son pays[20], sans expliquer ce qu'il entend par là.
La dynastie Pahlavi bénéficie du soutien de chaînes persanophones, comme Manoto et Iran International[21], financée par un homme d’affaires saoudien proche de la famille royale à Riyad. Concernant les financements de Monoto, « la chaîne maintient le secret […]. Les Iraniens soupçonnent les États-Unis, l’Arabie saoudite et Israël, rivaux de Téhéran ». Le journal Le Monde qui avait contacté la chaîne en 2019 indiquait que celle-ci avait refusé de répondre à ses questions : « Nombre d’analystes estiment que Manoto est à l’origine des slogans prodynastie prononcés lors de la dernière vague de manifestations, début 2018 »[21].
Dans le cadre du mouvement de protestation ayant pour slogan « Femmes, vie, liberté », engagé à la suite de la mort de Jina Mahsa Amini, les étudiants, les travailleurs et les habitants des provinces périphériques (kurdes, baloutches) qui constituent l'essentiel des manifestants, scandent parmi les slogans « À bas le dictateur, ni shah, ni mollahs »[22] - [23] - [24].
En janvier 2023, une pétition en ligne est lancée pour faire de Reza Pahlavi le représentant du mouvement de protestation auprès d'instances internationales. Ses soutiens ne sont pas nécessairement des partisans de la monarchie, mais des partisans d'une vision pragmatique qui considèrent que le mouvement a besoin d'un leader pour s'organiser. En Iran, les médias de la République islamique raillent cette campagne de soutien numérique tandis que des opposants au régime considèrent que la démarche de Reza Pahlavi fragilise la révolution contre la théocratie. En effet, ils contestent la légitimité de celui qui revendique l'héritage d'une dynastie ayant un lourd bilan concernant le non-respect des droits humains[25].
Prises de position
En 1986, il défend le tournant autoritaire du règne de son père en déclarant : « Il y a vingt ans, il était difficile pour mon père, en dépit de sa volonté d'être un monarque constitutionnel, de ne pas faire d'autoritarisme » et ajoute « il aurait fallu que cette société iranienne, dans sa masse illettrée et peu évoluée, eût compris les principes de la démocratie pour les utiliser »[26].
La même année, Reza Pahlavi déclare au sujet de la presse occidentale : « Celle-ci, dit-il, s’attendrissaient sur les innocents torturés par la Savak, ainsi que sur les pauvres prisonniers politiques ! Ce sont les mêmes qui sont devenus les chefs sanguinaires de ces comités constitués par d’anciens criminels, des terroristes et beaucoup de ceux qui ont participé à la prise d’otages de l’ambassade américaine de Téhéran ! »[27]. Il niait ainsi, dans cet amalgame, l’existence de différents groupes politiques qui ont été à la fois opposés au Chah d’Iran mais aussi à la République Islamique. Reza Pahlavi s’inscrivait, sept ans après la Révolution et la mort du dernier Chah, dans l’héritage de son père qui considérait une grande part de ses opposants politiques comme de potentiels terroristes.
Lors de l'élection présidentielle iranienne de 2009, il prend publiquement position pour condamner la répression. Sur la télévision québécoise, quand on demande à Joyce Napier ce que représente alors Reza Pahlavi, elle répond : « il représente finalement, un des derniers vestiges d'un ancien régime qui était répressif, si répressif d'ailleurs qu'il a donné lieu à la révolution islamique »[28].
En , il lance un appel au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il défère Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique, devant la justice internationale, afin d'être jugé pour crimes contre l'humanité[29] - [30].
Mariage et descendance
Le prince Reza est marié depuis 1986 à Yasmine Etemad Amini (née en 1968), une ancienne avocate iranienne exilée en Californie avec sa famille pendant la révolution. De leur union sont nées trois filles (altesses impériales) :
- la princesse Noor Pahlavi ()
- la princesse Iman Pahlavi ()
- la princesse Farah Pahlavi ().
Les femmes n'étant pas successibles au trône d'Iran, le frère de Reza Pahlavi, Ali-Reza, était l'héritier présomptif jusqu'à son décès, le aux États-Unis. Le nouvel héritier présomptif pourrait être le cousin de Reza, Patrick Ali (né en 1947), fils d'Ali-Reza (1922-1954) et neveu du dernier chah, mais il existe une controverse au sujet de ses droits de succession.
La famille Pahlavi vit aujourd'hui en exil, et elle est actuellement installée dans le Maryland aux États-Unis. Proche des milieux néoconservateurs américains, Reza Pahlavi propose l'alternative d'une monarchie constitutionnelle au gouvernement de la république islamique d'Iran et tente régulièrement de rassembler les Iraniens en exil autour d'un projet de séparation de la religion et de l'État et de tenue d'élections libres. Il appelle régulièrement, par l'intermédiaire des médias et des réseaux sociaux, à des actes non violents de désobéissance civile, notamment au lendemain de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République le .
Distinctions et décorations
Décorations iraniennes
- Grand collier de l'ordre des Pahlavi ().
- Médaille du Couronnement de Mohammad Reza Shah Pahlavi ().
- Médaille du 2500e anniversaire de la fondation de l'Empire perse ().
- Médaille commémorative des fêtes de Persépolis ().
Décorations étrangères
- Grande Étoile (Groß-Stern) de l'Ordre du Mérite autrichien, Autriche (1976).
- Collier de l'Ordre d'Isabelle la Catholique, Espagne ().
- Grand-croix de la Légion d’honneur, France ()[31].
- Chevalier grand-croix au grand cordon de l'Ordre du Mérite de la République italienne, Italie ().
- Chevalier avec collier de l'Ordre de la Maison royale du Rwanda[32].
- Chevalier de l'Ordre des Séraphins, Suède ().
Titulature
- - : Son Altesse Impériale le prince héritier (naissance) ;
- depuis le : Sa Majesté l'empereur / le roi (de jure).
Bibliographie
- Reza Pahlavi, Pour l'Iran - Entretiens avec Ahmad Ahrar, Éditions Flammarion, 2004. (ISBN 2080682202)
- Reza Pahlavi, Iran, L'heure du choix - Entretiens avec Michel Taubmann, Éditions Denoël, 2009. (ISBN 9782207261033)
- Christian Malar et Alain Rodier, Reza Pahlavi : Le fils du Shah, de l'exil à la reconquête, Paris, Plon, .
Notes et références
- (en) Deborah Solomon, « The Exile », sur NYTimes.com, (consulté le )
- Jean-Pierre Digard, Bernard Hourcade et Yann Richard, L'Iran au XXe siècle, Fayard, , 461 p., p. 64
- « Exclusif : Reza Shah Pahlavi en faveur d’une monarchie élective », sur www.monarchiesetdynastiesdumonde.com (consulté le )
- (en) Pete Axthelm et Victoria Brynner, « The Man Who Would Be Shah », sur PEOPLE.com, People, (consulté le )
- (en) Carla Hall, « The shah without a country », sur https://www.washingtonpost.com/, The Washington Post, (consulté le )
- (en) « Empress Farah Dibah Pahlavi, widow of the deposed shah... », sur https://www.upi.com/, UPI, (consulté le )
- (en) Maurice Guindi, « Fulfilling his father's deathbed wish, Crown Prince Reza will... », sur https://www.upi.com/, UPI, (consulté le )
- (en) Carla Hall, « The Shah Without A Country », The Washington Post, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Associated Press, « Iran's Long-exiled Prince Wants a Revolution in Age of Trump », sur VOA, (consulté le ).
- Malar et Rodier 1986, p. 112.
- (en) « Reza Pahlavi - 'It is my duty' », sur Rezapahlavi.org, (consulté le )
- Malar et Rodier 1986, p. 110.
- Christian Malar et Alain Rodier, Reza Pahlavi. Le fils du Shah, de l'exil à la reconquête, Paris, Plon, , p. 112
- (fa) « قانون اساسی ایران ۱۳۲۴ », sur fis-iran.org, (consulté le )
- Malar et Rodier 1986, p. 16.
- Malar et Rodier 1986, p. 21-22.
- « Nous préconisons la désobéissance civile déclare Reza Pahlavi », sur Le monde, (consulté le )
- « Vingt-cinq ans après la révolution, le fils de l'ancien chah rêve d'un retour triomphal », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
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- Emmanuel Razavi, « En Iran, qui pour remplacer les mollahs ? », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
- « Manoto TV, au service des nostalgiques de la monarchie iranienne », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Kaf1, « EUROPE. Les royalistes iraniens s'en prennent aux drapeaux kurdes et baloutches », sur Kurdistan au féminin, (consulté le )
- Sophie Binet, « Soutien à la révolution iranienne ! », L'humanité, (lire en ligne )
- (fa) « اعتراضها به سرنگونی هواپیمای مسافربری توسط سپاه، به شهرهای مختلف کشیده شد », sur رادیو فردا (consulté le )
- Marc Daou, « Reza Pahlavi, fils du Shah, porte-voix légitime du mouvement de protestation en Iran ? », sur France 24, (consulté le )
- Malar et Rodier 1986, p. 126.
- Malar et Rodier 1986, p. 68.
- Geneviève Asselin, « La communauté internationale hausse le ton face à la situation en Iran. », SRC Télévision - Le Téléjournal / Le Point,
- Reza Pahlavi : « Il faut juger les crimes du régime iranien », Le Figaro, 14 décembre 2011.
- Interview de Reza Pahlavi, BFM TV, 17 décembre 2011.
- Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN 978-2-35077-135-9), p. 473.
- Guidance for Honours in the De Jure Kingdom of Rwanda