Royaume du Rwanda
Le royaume du Rwanda est un royaume d'Afrique de l'Est qui put survivre avec une certaine autonomie durant la colonisation allemande puis belge. La monarchie est abolie à l'occasion de la révolution rwandaise. Après le référendum de 1961 (en), le Rwanda devient une république qui obtient son indépendance en 1962.
XVe siècle – 1962
Statut |
État indépendant (XVe siècle–1885) Composante de l'Afrique orientale allemande (1885–1916) Composante du Ruanda-Urundi (1916–1962) |
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Capitale | Nyanza |
Langue(s) | Kinyarwanda, français, allemand (officiel en 1885-1916) |
Entités suivantes :
- composante de l'Afrique orientale allemande
- composante du Ruanda-Urundi
- Rwanda
Instauration de la république : 1er juillet 1962
Période pré-coloniale
La zone qui compose le royaume est d'abord peuplée, entre le Ve siècle et le XIe siècle, par des populations dites Twa, des chasseurs. Le XIVe siècle voit l’arrivée de populations Tutsi, qui sont des pasteurs[1]. Au XVe siècle, une chefferie réussit à regrouper plusieurs territoires voisins et établit ainsi le royaume du Rwanda, après la disparition de l'empire du Kitara, lequel couvrait les territoires des actuels Rwanda, Burundi, Ouganda et une partie de la Tanzanie. La majorité hutu, 82 à 85 % de la population, est composée de paysans, alors que les rois, appelés mwamis, sont généralement Tutsis. Certains Hutus sont néanmoins nobles, et il y eut certainement des mélanges de populations.
Avant le XIXe siècle, on pense que les Tutsis détiennent le pouvoir militaire tandis que les Hutus s'occupent de médecine et possèdent les compétences en matière d'agriculture. Le « collège des conseillers du roi » (abiiru) est composé uniquement de Hutus et c'est lui qui gouverne. Aux alentours du milieu du XVIIIe siècle, cependant, l'abiiru connaît une période d'affaiblissement progressif.
Le rôle de la reine mère est important, elle tient la maison du roi et est fortement impliquée dans la politique de la cour[2]. Lorsque leurs fils montent sur le trône, les mères doivent prendre un nouveau nom. Il est composé du terme nyira, qui veut dire « mère de » suivi habituellement du nom royal porté par le nouveau souverain. Seuls les rois nommés Mutara ne suivent pas cette convention, leurs mères prenant le nom de Nyiramavugo (« mère de bon conseil »)[3].
Les rois, centralisant le pouvoir et l'autorité, distribuent des terres aux individus, rompant avec la logique d'héritage et de possession lignagère ; la plupart des chefs héréditaires sont Hutus alors que la plupart des chefs nommés par les mwamis sont Tutsis. La redistribution des terres, promulgée par Kigeli IV, met en place à un système clientéliste, où les chefs Tutsis demandent aux Hutus une rétribution sous forme de travail manuel en retour du droit d'occuper les terres[4].
Sous le règne du mwami Kigeli IV Rwabugiri, le Rwanda devient un État expansionniste. Le roi ne se préoccupe pas de l'identité ethnique des peuples conquis et les appellent « Hutus ». De ce fait, le terme « Hutus » tend à désigner une identité trans-ethnique, associée à la notion de sujétion. Dans la mesure où les Hutus sont privés de leurs droits sociaux et politiques, cela consolide l'idée que les Hutus et les Tutsis sont des distinctions socio-économiques et non pas des distinctions ethniques. En fait un individu peut abandonner l'identité Hutu (kwihutura) en accumulant les richesses, s'élevant ainsi dans la hiérarchie sociale.
Notes et références
- (en) « Kingdom of Rwanda », Encyclopædia Britannica en ligne (consulté le ).
- (en) GĂ©rard Prunier, The Rwanda Crisis, 1959-1994, C. Hurst & Co., (lire en ligne), p. 24.
- Leon Delmas, Généalogies de la noblesse (les Batutsi) du Ruanda, Vicariat Apostolique du Ruanda Kabgayi, (lire en ligne), p. 54 — le nom dynastique de leur fils, comme : Nyira-Yuhi, la mère de Yuhi-Musinga, Nyira-Kigeri, la mère de Kigeri-Rwabugiri, etc. […] Les rois du nom de Mutara devaient être des rois pacifiques et sociologues ; il leur fallait des conseillers experts pour bien gérer les intérêts du royaume, et le premier conseiller choisi fut la mère du roi, d'où le nom de Nyiramavugo qui signifie : mère du bon conseil, du bon langage.
- (en) Johan Pottier, Re-imagining Rwanda, Cambridge University Press, (lire en ligne), p. 13.